
Ă 70 ans, lâancien prĂ©sident de la RĂ©publique Nicolas Sarkozy nâa plus rien Ă perdre. Ni carriĂšre Ă protĂ©ger, ni ambitions Ă©lectorales Ă nourrir. Et câest prĂ©cisĂ©ment Ă cet Ăąge charniĂšre, entre bilan et hĂ©ritage, quâil choisit de lĂącher une bombe politique. Une confession tardive, lourde de sens, visant directement François Hollande, son successeur Ă lâĂlysĂ©e. Une vĂ©ritĂ© quâil dit avoir longtemps gardĂ©e pour lui, par devoir rĂ©publicain⊠mais qui, aujourdâhui, ne peut plus rester enfouie.
Pendant des annĂ©es, Nicolas Sarkozy et François Hollande ont incarnĂ© deux visions opposĂ©es de la France, deux styles, deux tempĂ©raments. Lâun hyperactif, clivant, volontiers provocateur. Lâautre plus feutrĂ©, ironique, adepte des compromis et des silences calculĂ©s. Mais derriĂšre cette rivalitĂ© publique se cacherait, selon Sarkozy, une fracture bien plus profonde, presque personnelle.
Une rivalité politique devenue blessure intime
Dans un cercle restreint, puis lors dâĂ©changes rapportĂ©s par plusieurs proches, Nicolas Sarkozy aurait confiĂ© son immense amertume. « Je pensais que François Hollande serait un adversaire loyal. Je me suis trompĂ© », aurait-il lĂąchĂ©. Une phrase lourde de reproches, qui rĂ©sume des annĂ©es de ressentiment.
Selon lâancien prĂ©sident, la passation de pouvoir en 2012 aurait marquĂ© le dĂ©but dâun profond malaise. Sarkozy affirme avoir respectĂ© les usages rĂ©publicains, transmis les dossiers sensibles, partagĂ© les informations cruciales sur la sĂ©curitĂ© et lâĂ©conomie du pays. Mais il accuse François Hollande dâavoir, par la suite, systĂ©matiquement dĂ©construit son hĂ©ritage, parfois au prix de la stabilitĂ© nationale.
« Il a préféré me faire tomber plutÎt que de faire grandir la France »
La phrase est brutale. Elle rĂ©sume le cĆur de la âterrible vĂ©ritĂ©â que Sarkozy dit vouloir rĂ©vĂ©ler. Pour lui, François Hollande aurait gouvernĂ© non pas contre une situation Ă©conomique difficile, mais contre son prĂ©dĂ©cesseur. Une obsession politique qui aurait guidĂ© certaines dĂ©cisions majeures : rĂ©formes abandonnĂ©es, dossiers enterrĂ©s, alliances rompues.
Sarkozy va plus loin. Il Ă©voque un sentiment de trahison morale. « Il savait. Il savait ce que certaines dĂ©cisions allaient coĂ»ter Ă long terme, mais il les a prises quand mĂȘme », confie-t-il, sans toujours entrer dans les dĂ©tails, laissant planer le doute et nourrissant les interprĂ©tations.
Le poids du silence et le temps des regrets
Pourquoi parler maintenant ? Ă cette question, Nicolas Sarkozy rĂ©pondrait simplement : le temps. Le temps qui passe, qui apaise parfois, mais qui rend aussi les non-dits plus lourds Ă porter. Ă 70 ans, lâancien prĂ©sident se dit habitĂ© par une forme dâurgence : celle de rĂ©tablir sa vĂ©ritĂ©, non pour se justifier, mais pour « laisser une trace honnĂȘte ».
Il reconnaĂźt aussi ses propres erreurs. « Je nâai pas tout bien fait. Loin de là », admet-il. Mais il refuse dâĂȘtre, selon ses mots, « le bouc Ă©missaire commode » dâun quinquennat suivant qui aurait manquĂ© de courage politique.
François Hollande, le président du double discours ?
Dans les confidences prĂȘtĂ©es Ă Sarkozy, Hollande apparaĂźt comme un homme Ă deux visages : affable en privĂ©, redoutable en coulisses. Un stratĂšge discret, capable de sourire tout en prĂ©parant des coups politiques sĂ©vĂšres. Une image qui tranche avec celle, plus bonhomme, quâil cultivait auprĂšs du grand public.

Sarkozy Ă©voque notamment des promesses non tenues, des accords verbaux jamais respectĂ©s, et une volontĂ© constante de réécrire lâhistoire. « Il voulait ĂȘtre celui qui rĂ©parerait tout, mĂȘme ce qui nâĂ©tait pas cassĂ© », ironise-t-il amĂšrement.
Une confession qui divise encore la France
Ces rĂ©vĂ©lations tardives ne laissent personne indiffĂ©rent. Ă droite, certains saluent le courage dâun homme qui ose enfin parler. Ă gauche, on dĂ©nonce une tentative de revanche, voire une relecture opportuniste de lâhistoire. Sur les rĂ©seaux sociaux, le dĂ©bat sâenflamme đ„ : Sarkozy dit-il enfin la vĂ©ritĂ©, ou cherche-t-il Ă solder de vieux comptes ?
Les proches de François Hollande, eux, minimisent. Ils parlent dâaigreur, de nostalgie du pouvoir, et rappellent que lâhistoire jugera les deux hommes, bien au-delĂ de leurs querelles personnelles.
LâhĂ©ritage dâune guerre froide politique
Ce qui frappe, au-delĂ des accusations, câest la violence feutrĂ©e de cette rivalitĂ©. Pas de cris, pas dâinsultes publiques, mais une guerre froide, faite de silences, de sous-entendus et de rancunes durables. Une rivalitĂ© qui, selon Sarkozy, aurait pesĂ© sur la vie politique française bien plus quâon ne lâimagine.
Ă 70 ans, lâancien prĂ©sident semble vouloir tourner la page. Mais en rĂ©vĂ©lant cette âterrible vĂ©ritĂ©â, il rouvre aussi des plaies que beaucoup pensaient cicatrisĂ©es.
Une vérité définitive⊠ou un dernier combat ?
Au fond, cette confession pose une question essentielle : peut-on jamais clore le chapitre du pouvoir ? Pour Nicolas Sarkozy, parler aujourdâhui, câest reprendre la main sur son rĂ©cit. Pour ses dĂ©tracteurs, câest refuser dâaccepter le verdict du temps.
Une chose est sĂ»re : mĂȘme Ă 70 ans, Nicolas Sarkozy reste fidĂšle Ă lui-mĂȘme. Combatif, passionnĂ©, incapable de se taire quand il estime que lâhistoire est injuste. Et François Hollande, quâil le veuille ou non, demeure lâombre politique contre laquelle il continue de se mesurer.
đ Une rivalitĂ© qui, manifestement, nâa pas fini de faire parler dâelle. đ«đ·âš