« Je n’oublierai jamais Zahia » : À 40 ans, Franck Ribéry révèle pourquoi il a définitivement tourné le dos à la France

Le monde du football a toujours vu en Franck Ribéry le génie du dribble, le guerrier au visage balafré, l’icône du Bayern Munich. Mais à 40 ans, alors qu’il vient d’obtenir son diplôme d’entraîneur UEFA, l’homme a laissé échapper une confidence inattendue, murmurée en coulisses : « Je n’oublierai jamais Zahia ».
Cette phrase, glissée sans colère mais avec une infinie tristesse, ressuscite l’un des plus grands scandales qui a failli détruire sa carrière et son couple en 2010. Pourquoi ce besoin de faire ressurgir ce passé, après plus d’une décennie passée à l’enfouir ? La déclaration de Ribéry est plus qu’une simple allusion à une erreur de jeunesse ; elle est la clé pour comprendre pourquoi le “miraculé de Boulogne-sur-Mer” a choisi de tourner le dos à la France, ce pays qui l’a transformé en héros avant de le traîner dans la boue.
De l’enfant blessé à l’icône controversée
Né le 7 avril 1983 à Boulogne-sur-Mer, le destin de Franck Ribéry est marqué par un accident de voiture à l’âge de deux ans, lui laissant une profonde cicatrice sur le visage. Surnommé “Scarface” bien avant la gloire, il grandit dans un environnement modeste, subissant le rejet et les moqueries. Cette douleur, il la transforme en une force brute, se réfugiant dans le football pour exister.
Son ascension est fulgurante : après des débuts à Boulogne puis à Metz, il explose à l’Olympique de Marseille à partir de 2005. L’Hexagone découvre un joueur sincère, combatif et capable d’électriser les foules. Sa performance contre l’Espagne lors de la Coupe du Monde 2006 l’inscrit définitivement au panthéon des Bleus.
Mais c’est en 2007, en rejoignant le Bayern Munich, qu’il devient une légende. En Bavière, aux côtés d’Arjen Robben, il forme un duo mythique et empile les trophées, dont la Ligue des Champions en 2013, l’année où il finit troisième du Ballon d’Or. Ribéry apprend l’allemand, se mêle à la vie locale ; son franc-parler et sa proximité avec le public allemand le rendent adoré. Il est le symbole vivant du mérite, le gamin cabossé devenu roi par la seule grâce du travail.
La déflagration de l’affaire Zahia
Pourtant, si Ribéry est adulé à Munich, il reste une figure controversée en France. On lui reproche son langage, son comportement, son incapacité à incarner un modèle « lisse ». Cette marginalité explose au visage de l’Hexagone en avril 2010.
Le scandale éclate autour du nom de Zahia Dehar, une jeune femme au cœur d’une enquête pour prostitution, impliquant plusieurs joueurs majeurs de l’Équipe de France. Très vite, le nom de Franck Ribéry est cité. Il est accusé d’avoir eu une relation tarifée avec elle en avril 2009, alors qu’elle était âgée de 17 ans. Bien que le joueur ait reconnu la relation, il a toujours nié avoir eu connaissance de sa minorité.
Pour Ribéry, c’est le début d’une descente aux enfers médiatique. La presse titre sur « L’idole déchue » et « Le visage du football français dans la tourmente ». Le parquet de Paris ouvre une enquête pour sollicitation de prostituée mineure, une accusation grave qui fragilise son couple avec Waïba. Le silence s’impose, brisé seulement par ses prestations sur le terrain.
Le fiasco de Knysna et le divorce avec la France

L’affaire Zahia n’est pas isolée. Elle arrive à un moment critique, juste avant la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. L’ambiance en Équipe de France est délétère, marquée par des tensions entre clans. Ribéry est perçu comme faisant partie d’un groupe controversé.
Le fiasco de Knysna, lorsque les Bleus refusent de s’entraîner après l’exclusion de Nicolas Anelka, achève de plomber l’image du groupe. Ribéry devient l’un des symboles du désastre. Dans son propre pays, on lui reproche tout : son accent, son comportement, son langage. Un véritable « délit de sale gueule » médiatique.
Malgré la relaxe par le tribunal correctionnel de Paris en 2014 — la justice n’ayant pu prouver qu’il savait que Zahia était mineure — la blessure reste vive. La loi le blanchit, mais l’opinion publique a déjà jugé. Le nom de Zahia reste accroché à lui comme une étiquette indélébile.
« J’ai attendu des excuses, elles ne sont jamais venues »
Après la tempête, la carrière internationale de Ribéry ne sera plus jamais la même. Les apparitions sous le maillot tricolore suscitent sifflets et moqueries. En Allemagne, il est une légende ; en France, une figure fracturée que l’on ne pardonne pas. Il incarne tout ce que la République aime détester : une star issue de la marge, trop entière, trop brute.
En août 2014, à seulement 31 ans, il annonce sa retraite internationale, épuisé : « J’ai tout donné pour la France, mais je n’ai reçu que des coups ».
C’est à cette période qu’il se replie sur lui-même, s’éloignant du tumulte médiatique parisien. Dans une confidence rapportée par L’Équipe, il aurait résumé son sentiment amer : « En Allemagne, je suis un roi. En France, je suis un problème. »
Mais c’est cette phrase, lâchée sans colère mais avec une infinie tristesse, qui donne la clé de son éloignement : « J’ai attendu des excuses, elles ne sont jamais venues. »
Ribéry n’a jamais cherché à effacer ses erreurs. Il espérait seulement un regard plus juste, moins méprisant, que l’on puisse voir l’enfant blessé derrière le joueur provoquant. La France, cruelle avec ses idoles brisées, ne lui a jamais offert cette chance.
Une reconstruction silencieuse loin de l’Hexagone
Le 21 octobre 2022, Franck Ribéry annonce sa retraite définitive du football professionnel, sans faste ni conférence de presse théâtrale. Il quitte la scène comme il a souvent vécu : en marge des projecteurs français.
Depuis 2021 à Salernitana, en Italie, il se mue en mentor, partageant son expérience. Cette reconversion discrète, loin du tumulte, lui offre une forme de rédemption. En octobre 2023, l’obtention de son diplôme d’entraîneur UEFA passe presque inaperçue en France, mais elle est un symbole de sa résilience.
Aujourd’hui, à 40 ans, Franck Ribéry est un ancien guerrier apaisé. Il ne cherche plus à séduire la France, mais à transmettre. Sa déclaration sur Zahia n’est pas une plainte, mais une vérité posée : l’ombre de ce scandale et le manque de pardon national l’ont poussé à se reconstruire ailleurs.
L’héritage sportif de Ribéry est indiscutable : des dribbles fulgurants, des titres par dizaines. Son héritage humain, lui, reste divisé. Il n’a jamais été l’homme lisse que la République aime fabriquer. Son vrai luxe est d’avoir trouvé, loin de la France, la paix, le sens et la possibilité de continuer à exister selon ses propres termes, sans avoir besoin de plaire à tout prix.