De la Gloire au Silence : La Fin Glaçante et Digne de Béber Kassabi, Chanteur Emblématique des Forbans

Le 25 novembre 2025, une brève dépêche a rompu un long silence médiatique : Albert “Béber” Kassabi, le chanteur emblématique du groupe Les Forbans, s’était éteint. L’annonce, confirmée par son ancien acolyte Michel Papin, a révélé une fin d’existence menée dans la plus grande discrétion, loin des projecteurs qui l’avaient adulé. Celui dont la voix entraînante avait fait danser toute la France au rythme de Chante et Tape des Mains s’est retiré du monde sans bruit, sans drame public. La disparition de Béber, à 63 ans, est le point final sobre d’une vie de contrastes, mêlant la gloire fulgurante des années 80 à un oubli médiatique de plus de deux décennies, marqué par des revers personnels et une lutte silencieuse contre la maladie.
L’Ascension Fulgurante d’un Artiste Atypique
Né en 1962 à Tunis, dans une famille modeste d’origine juive séfarade, Albert Kassabi émigre jeune en région parisienne. Il grandit dans un environnement populaire où il développe très vite une passion dévorante pour le rock’n’roll américain et la culture yéyé des années 50.
À la fin des années 1970, il cofonde Les Forbans, un groupe rock aux influences rétro qui se distingue par une esthétique joyeuse, des costumes colorés et une forte présence scénique. Leur persévérance paie au début des années 1980. Le grand tournant intervient en 1982 avec le tube Chante, qui devient un phénomène national. Porté par la voix enjouée et la gestuelle exubérante de Béber, le groupe incarne l’emblème d’une génération en quête de légèreté. Entre 1982 et 1986, Les Forbans enchaînent les succès (Flip Flap, Lève ton fulguro poing), vendant des centaines de milliers d’albums. Béber, avec son sourire contagieux, devient la figure de proue d’un phénomène culturel qui va bien au-delà de la musique.
Malgré cette gloire, Béber est un artiste simple. Il refuse l’excès, préfère l’authenticité des rencontres aux mondanités et maintient un lien fort avec ses fans. Cet ancrage humain lui vaut l’affection sincère du public.
Les Revers Amers et l’Oubli Médiatique

La vague de popularité des Forbans finit par s’essouffler à la fin des années 1980, le paysage musical évoluant vers d’autres horizons. Malgré la baisse d’exposition, Béber s’obstine, continuant à se produire, faisant des Forbans un groupe culte pour la nostalgie. Mais derrière les paillettes du souvenir, la réalité est plus sombre.
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Tensions et isolement : Dès la fin des années 80, des tensions sourdes mènent au départ de plusieurs membres. Béber, lui, continue, mais au prix de sacrifices personnels. Dans une rare interview en 1995, il confie : « J’ai donné toute mon énergie à la scène et parfois j’ai oublié d’exister ailleurs. » Une phrase révélatrice d’une solitude croissante.
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La précarité financière : Contrairement à d’autres stars de l’époque, Béber ne capitalise pas sur son succès. Une gestion approximative des droits et l’absence de stratégies à long terme l’obligent à se former au métier d’ébéniste dans les années 2000. Ce virage, à la fois surprenant et digne, lui permet de construire une nouvelle existence loin de la pitié.
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L’abandon du système : Ses tentatives de relancer le groupe échouent faute de ventes. Un projet d’album hommage tombe à l’eau en 2007. Selon des proches, le chanteur se serait senti profondément blessé par une presse le qualifiant de « groupe fantôme » et par le silence de l’ancienne maison de disques à qui il aurait sollicité une aide financière.
La presse people, qui l’avait adulé, ne s’intéresse plus à lui, ne l’invitant que pour des émissions nostalgiques, une récupération qu’il supporte mal. Sa dignité le pousse à refuser de susciter la compassion.
Le Combat Silencieux et l’Ultime Message
À partir de la fin des années 2010, un combat plus intime et insidieux s’engage. La santé de Béber commence à décliner. Atteint d’une maladie longue et progressive qu’il n’a jamais nommée publiquement, il fait le choix de la discrétion totale. Il annule des dates, évoque de la simple fatigue, et refuse catégoriquement que son état de santé ne devienne un sujet médiatique.
Son entourage respecte ce choix : « Il ne se plaignait jamais. Même affaibli, il restait fidèle à lui-même, drôle, généreux, pudique, » confie Michel Papin. Béber continue de bricoler dans son atelier d’ébénisterie, le travail manuel étant devenu un refuge. À partir de 2023, il se fait reclus, ses apparitions publiques cessent.
Ce retrait, volontaire, est son ultime acte de contrôle sur son image. Pas de réseaux sociaux alarmistes, pas de reportage intrusif. Dans une photo discrètement prise en 2024, il apparaît aminci, mais toujours vêtu de son éternel perfecto noir, un dernier clin d’œil aux années rock.
Selon un témoignage recueilli en 2023, Béber aurait laissé une lettre non publiée à un ami, résumant sa vie de contraste avec sobriété : « J’ai connu des scènes pleines et des silences profonds, mais je n’ai pas de regret. »
Une Mort dans le Silence et la Dignité
Le 25 novembre, Albert Kassabi s’éteint discrètement, dans un établissement de soins près de Paris, aux alentours de 16h. Il est entouré de sa compagne et de deux membres de sa famille. Ce moment est d’une sobriété absolue, sans cri ni drame.
Selon leurs confidences, Béber était calme et serein, ayant murmuré à son frère aîné quelques jours auparavant : « Je suis fatigué mais je suis en paix. » Il aurait simplement fermé les yeux, la main posée sur celle de sa compagne. Le personnel soignant, respectueux de son souhait, est resté en retrait.
Ce décès s’est produit sans douleur, dans un silence total qui contraste fortement avec le bruit des concerts passés. Le dernier souhait de Béber, transmis par Michel Papin, était clair : « Pas de cérémonie grandiloquante, s’il vous plaît. Gardez les chansons, mais laissez-moi partir tranquille. »
Sa mort a suscité une vague d’émotion inattendue en ligne, où les fans ont partagé des souvenirs bouleversants. Béber Kassabi ne laisse pas derrière lui une fortune colossale, mais un héritage de sincérité et de dignité. Il est parti comme il a vécu ses dernières années : simplement, humblement, sans rien demander à personne. Son silence est finalement devenu son ultime et plus éloquent message.