Dernier souffle de Biyouna : La diva est morte seule à l’hôpital d’Alger, un message bouleversant retrouvé après sa disparition

Baya Bouzar, mondialement connue sous le nom de Biyouna, s’est éteinte le 25 novembre 2025, à l’âge de 73 ans. Celle qui incarna l’exubérance, l’insolence et la passion sur scène et à l’écran, est partie dans la plus grande discrétion, loin des projecteurs, dans une chambre d’hôpital à Beni Messous, sur les hauteurs d’Alger. Son décès, survenu après des années de bataille silencieuse contre la maladie, a bouleversé l’Algérie et la France. Adulée pour son franc-parler et jugée pour sa liberté, Biyouna a toujours refusé les cases. Son ultime acte d’insoumission fut d’exiger le silence complet pour son départ, sans hommage national ni protocole. Mais c’est un message, retrouvé après son dernier souffle, qui révèle la vérité la plus intime et la plus poignante de l’artiste : la solitude cachée derrière ses éclats de rire.
Les derniers jours : le silence après le tumulte
Dans les dernières années de sa vie, la santé de Biyouna s’était considérablement dégradée. Atteinte d’une forme de cancer du poumon et de complications respiratoires chroniques, elle avait choisi de se retirer du tumulte médiatique, refusant d’être filmée “diminuée”.
Elle avait quitté le centre animé d’Alger pour un appartement modeste à El Madania, un quartier calme et en hauteur. Son dernier acte public fut, en 2023, de refuser un rôle dans une série Netflix sur les figures féminines du Maghreb, insistant pour que son personnage soit « libre, pas victime ».
Fin octobre 2025, son état s’aggrave rapidement. Elle est transférée de nuit, en toute discrétion, à l’hôpital de Beni Messous, réputé pour son service de pneumologie.
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Le Dernier Souffle : Biyouna s’est éteinte le 25 novembre à 5h43 du matin, dans la semi-obscurité d’une chambre du 3e étage. Le personnel soignant, respectueux de sa volonté, ne l’a surnommée que l’“Allabuna” (la joueuse de luth) et avait été briefé : aucune caméra, aucune visite politique, pas de fleurs.
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La Scène Finale : À son chevet, seule restait une photo ancienne en noir et blanc et une radio usée diffusant faiblement la voix d’Oum Kalthoum. L’artiste a voulu que le silence domine, exigeant le noir complet pour son ultime passage.
Un héritage d’insoumission : le refus de la gloire posthume

La vie de Biyouna fut jalonnée de conflits : dès l’âge de 17 ans, ses performances dans les cabarets d’Alger lui valurent des critiques acerbes d’une société conservatrice. Elle fut écartée de la télévision nationale pour son franc-parler et s’attira l’animosité des milieux islamistes en déclarant en 2002 : « Je crois en Dieu mais je ne crois pas aux barbes qui veulent nous faire taire. »
Fidèle à son esprit rebelle, Biyouna avait réglé ses affaires avec rigueur, laissant un testament clair :
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Pas d’hommage national : Aucun discours officiel, aucune retransmission télévisée. Elle voulait « partir comme elle l’avait vécu, sans permission, sans protocole ».
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Inhumation : Elle a été inhumée le lendemain, dans l’intimité, au cimetière d’El Alia, non loin de la tombe de l’écrivain Kateb Yacine.
Cette décision contrastait avec l’onde de choc de son décès. Le ministère de la Santé a annoncé la nouvelle via un communiqué bref, et seule la chaîne Canal Algérie a diffusé une rediffusion d’un entretien de 2005 où elle riait.
Le message bouleversant retrouvé à son chevet
C’est un détail bouleversant qui a révélé la face cachée de cette diva exubérante. Dans une enveloppe retrouvée sur sa table de nuit d’hôpital, Biyouna avait écrit une seule phrase, à la main, en arabe :
« Ceux qui rient ne sont pas toujours heureux. »
Cette vérité intime, murmurée post-mortem, jette une lumière nouvelle sur le parcours de cette femme, souvent entourée mais confrontée à une profonde solitude, comme l’évoquaient ses proches. L’artiste qui a tant fait rire l’Algérie et la France laisse derrière elle non pas une fortune colossale (son appartement d’El Madania a été légué à ses deux nièces), mais cet héritage de courage et d’une lucidité mordante sur les masques que l’on porte.
Son silence final raisonne désormais plus fort que ses éclats de voix. Sa plus grande trace restera celle d’un souffle d’émancipation, celui d’une femme libre qui, même dans la maladie, a refusé d’être une victime.