La matinée avait pourtant commencé innocemment, comme une journée ordinaire dans une petite ville rurale. Lilly et Jack, vêtus de leurs tenues habituelles, jouaient dehors, près de leur mobile home sur Gairloch Road. Leur mère, Malehya Brooks-Murray, et leur beau-père, Daniel Martell, étaient dans la chambre avec leur fille d’un an, Meadow, lorsque les enfants se sont éloignés. Ce qui semblait être une simple escapade dans les bois voisins s’est rapidement transformé en un cauchemar imprévisible.
L’appel paniqué au 911 passé par Malehya à 9 h 40 ce matin-là a déclenché une vaste opération de recherche menée par la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Malgré les efforts considérables des équipes de recherche, des hélicoptères et des bénévoles, les enfants restaient introuvables. Aucun signe de lutte, aucune trace de pas, aucun indice de leur parcours. Les recherches se sont étendues à travers les 16 hectares de bois denses, mais Lilly et Jack semblaient s’être volatilisés.

Les semaines se sont transformées en mois, et l’Unité des crimes majeurs de la GRC a pris en charge l’enquête, approfondissant les détails entourant la disparition des enfants. Les enquêteurs ont commencé à reconstituer le déroulement des événements, révélant une famille en proie à la tourmente. Les enfants avaient été malades la veille, le 1er mai, et avaient manqué l’école, mais quelques jours auparavant, ils avaient été aperçus en train de faire des courses avec leur mère et leur beau-père dans un magasin Dollarama du quartier. Les images de vidéosurveillance montraient la famille déambulant ensemble dans les rayons, l’air heureux et serein. Mais en coulisses, des tensions couvaient : des secrets commençaient à refaire surface et les soupçons à se multiplier.
L’enquête a pris un tournant décisif lorsqu’une voisine discrète, Nicola Seguin, a remis des heures d’enregistrements de ses caméras de surveillance, qui avaient fonctionné du 27 avril au 3 mai. Initialement, seules les images du 1er au 3 mai avaient été demandées, mais en visionnant les bandes, les enquêteurs ont remarqué des anomalies. Le soir du 30 avril, les caméras ont capturé d’étranges ombres près de la maison des Sullivan, tandis que des voitures étaient garées le long de la route de campagne et que des rires et des vrombissements de moteurs déchiraient le silence de la nuit. Ces images, combinées aux témoignages, laissaient penser qu’une fête avait eu lieu – un rassemblement qui, dans cette petite ville tranquille, paraissait étrange et déplacé.
Mais ce qui suivit changea complètement la donne. Des images granuleuses, filmées le soir du 1er mai, quelques heures avant la disparition des enfants, montraient de petites silhouettes d’enfants se dirigeant vers la lisière de la forêt. Ces silhouettes semblaient porter des sacs à dos bien remplis – peut-être de provisions achetées chez Dollarama, ou, plus inquiétant encore, d’affaires essentielles pour un long voyage. La tenue rose emblématique de Lilly et les bottes bleues à dinosaures de Jack apparurent brièvement sur les images, et l’on aperçut un adulte gesticulant avec animation avant de disparaître dans l’ombre.
Les implications de cette découverte étaient stupéfiantes. Il semblait que Lilly et Jack ne s’étaient pas égarés par simple curiosité, comme on l’avait d’abord cru. Au contraire, ils semblaient se diriger délibérément vers les bois, avec un plan précis – un plan impliquant une tierce personne. La GRC croit désormais que les enfants étaient préparés à bien plus qu’une simple exploration ; ils étaient conduits dans les bois, peut-être par un complice manipulé ou par un ravisseur.
Une analyse plus poussée des images a révélé des micro-détails, comme le reflet d’une fermeture éclair de sac à dos, suggérant une préméditation. Les experts ont émis l’hypothèse que les enfants auraient pu être enlevés, soit par un membre de la famille, soit par une personne extérieure aux intentions malveillantes. Des théories évoquant des conflits de garde, des membres de la famille éloignés, voire des prédateurs en ligne profitant de l’isolement rural, ont commencé à émerger. Cette théorie glaçante rappelle la disparition d’Asha Degree, une affaire survenue en Caroline du Nord, où une enfant avait quitté son domicile avec un sac prêt à emporter et n’était jamais revenue.
Au fil de l’enquête, les soupçons de la communauté n’ont fait que croître. Sur internet et sur les forums locaux, théories et rumeurs ont fusé. Daniel Martell, le beau-père, est devenu le principal suspect. Son amnésie présumée concernant les événements de cette nuit-là, conjuguée aux premiers détails de l’affaire – comme la clé à molette sur la porte d’entrée et le fait que la famille n’ait remarqué l’absence des enfants que plusieurs heures plus tard – a semé le doute sur leur version des faits. La GRC a poursuivi ses recherches, utilisant drones, imagerie thermique et plongeurs pour explorer les eaux environnantes à la recherche d’indices.

La frustration était palpable parmi les enquêteurs. Le sergent d’état-major Curtis MacKinnon, commandant du district de Pictou, s’est engagé à poursuivre l’enquête avec la plus grande détermination, promettant une mobilisation générale. Mais le temps pressait et chaque piste semblait s’éteindre. Malgré la frustration et le malaise grandissant, la GRC restait déterminée à découvrir la vérité.
Alors que l’enquête entrait dans son septième mois, la douleur et la frustration de la famille devenaient palpables. Malehya, en proie à une profonde détresse, serrait sa fille Meadow contre elle, le visage marqué par le chagrin et la suspicion. De son côté, Daniel Martell, le beau-père, toujours très loquace, continuait de lancer des appels à témoins passionnés, désespéré de retrouver ses beaux-enfants disparus.
Malgré les obstacles croissants, une lueur d’espoir subsiste. L’analyse vidéo assistée par l’IA a permis des avancées majeures, révélant de nouveaux détails sur l’endroit où pourraient se trouver les enfants. Sont-ils encore en vie, cachés par une personne de confiance ? Ont-ils été emmenés au chalet d’un proche ou au-delà des frontières provinciales ? La communauté internationale des personnes disparues s’est mobilisée, maintenant le hashtag #FindLillyAndJack actif sur les réseaux sociaux, et les témoignages en provenance du Canada et des États-Unis continuent d’affluer.
Alors que le froid de l’hiver s’installe en Nouvelle-Écosse, les caméras de surveillance restent muettes, leurs secrets à demi dévoilés. La communauté retient son souffle, dans l’attente de réponses. Pour Lilly et Jack, l’espoir de résoudre le mystère grandit de jour en jour, mais l’incertitude demeure aussi épaisse que le brouillard qui enveloppe les bois. Se sont-ils égarés, ou quelque chose de plus sinistre est-il à l’œuvre ? Les forêts de Nouvelle-Écosse, à l’image du mystère lui-même, restent plongées dans le silence, attendant un éclair de génie qui pourrait tout changer.