Le monde littéraire vient de perdre l’une de ses lumières les plus vives. Ce mardi 10 décembre 2025, Sophie Kinsella, de son vrai nom Madeleine Wickham, s’est éteinte à l’âge de 55 ans. Connue mondialement pour avoir donné naissance à l’inoubliable Becky Bloomwood dans la saga L’Accro au shopping, elle luttait en secret contre un glioblastome — un cancer du cerveau agressif — depuis la fin de l’année 2022. Elle laisse derrière elle une œuvre colossale, cinq enfants et des millions de lecteurs orphelins de son humour si particulier.

Un combat mené dans l’ombre et la dignité
C’est en avril 2024 que Sophie Kinsella avait choisi de briser le silence, révélant au public la maladie qui la rongeait. Cependant, on apprend aujourd’hui que ce combat avait débuté bien plus tôt, en décembre 2022. Fidèle à son élégance et à sa discrétion légendaire, l’autrice n’avait pas souhaité que ses lecteurs associent ses écrits à la souffrance. Elle a continué d’écrire, de créer et de sourire, même lorsque les cycles de radiothérapie épuisaient ses forces.
Cette volonté de fer a permis à Sophie de préserver son espace de création. Pour elle, la littérature devait rester un refuge de joie, pas une tribune médicale. Son entourage proche raconte comment elle gérait ses soins palliatifs à domicile, dans son cottage du Dorset, entourée d’une équipe médicale tenue au secret absolu pour éviter tout mélodrame médiatique.
Le mystère “What Does It Feel Like” : une confession anticipée
Avec le recul, les critiques et les fans relisent aujourd’hui sa novella publiée en 2023, What Does It Feel Like, avec une émotion renouvelée. Le récit, qui met en scène une femme confrontée à une tumeur cérébrale, est apparu comme une mise à nu brutale et magnifique. Le New York Times a d’ailleurs souligné que l’autrice avait semé les indices de sa propre fin dans ces pages, offrant à son public une confession intime que peu avaient alors osé interpréter comme autobiographique. En 2025, ce texte devient son testament littéraire le plus poignant, prouvant que même face à la mort, sa plume n’a jamais perdu de sa précision.
Un dernier souffle dans la douceur du Dorset
Les derniers instants de Sophie Kinsella ont été à l’image de ses romans : empreints de tendresse et d’une chaleur familiale réconfortante. Le 10 décembre 2025, à 6 heures du matin, elle a rendu son dernier soupir dans sa chambre de Meudon. La veille, toute la famille Wickham s’était réunie dans le salon déjà paré des décorations de Noël.
Henry Wickham, son mari et pilier depuis leurs années à Oxford, a veillé sur elle jusqu’au bout. “Elle est partie”, a-t-il simplement murmuré à leurs enfants à l’aube. Pas de cris, pas de drame, juste la fin paisible d’une bougie qui s’éteint après avoir éclairé le monde. Sur sa table de chevet, un carnet bleu restera à jamais fermé, contenant peut-être les ultimes pensées de celle qui voulait nous faire rire “même quand la vie est dure”.
L’héritage d’une icône de la comédie romantique
L’héritage de Sophie Kinsella est immense. Avec plus de 45 millions de livres vendus dans 40 pays, elle a redéfini le genre de la Chick-lit pour en faire une littérature universelle, sensible et profondément humaine. Becky Bloomwood n’était pas seulement une acheteuse compulsive ; elle était le miroir de nos propres fragilités et de notre besoin d’optimisme.
Au-delà de ses succès commerciaux et de l’adaptation cinématographique avec Isla Fisher, Sophie laisse derrière elle des lettres scellées pour ses enfants, destinées à les accompagner dans les grandes étapes de leur vie future. Un geste d’une tendresse infinie qui montre que, pour l’autrice, l’histoire ne s’arrête jamais vraiment.
Une lumière qui ne s’éteindra pas
En ce mois de décembre 2025, les hommages affluent de la part de ses pairs, comme Helen Fielding ou Marian Keyes, saluant une “plume lumineuse qui savait transformer les banalités du quotidien en aventures palpitantes”. Bien que la production de la nouvelle série télévisée adaptée de ses œuvres soit actuellement en pause, l’intérêt pour son catalogue est plus fort que jamais.
Sophie Kinsella a réussi l’ultime tour de force de sa carrière : partir avec une dignité exemplaire, en laissant à ses lecteurs le souvenir d’une femme qui, jusqu’à son dernier souffle, a préféré la lumière à l’ombre. Elle n’est plus là pour écrire la suite, mais Becky Bloomwood, elle, continuera de courir après ses rêves (et les soldes) pour l’éternité.