
Ce 28 novembre 2025, Michel Berger aurait eu 78 ans. Né en 1947, l’auteur-compositeur-interprète a profondément marqué la chanson française, modernisant la variété dans les années 1970 et 1980 avec une signature musicale unique, mêlant influences classiques et groove américain.
Créateur prolifique, il a laissé douze albums studio, deux comédies musicales cultes – dont Starmania – et six albums écrits pour France Gall, sa muse et son grand amour.
Mais le 2 août 1992, à seulement 44 ans, l’histoire s’est brutalement interrompue : alors qu’il jouait au tennis dans sa propriété de Ramatuelle, il est victime d’un double infarctus. Un drame survenu dans un lieu qui symbolisait pourtant le bonheur familial.
La maison de Ramatuelle
À quelques kilomètres de Saint-Tropez, sur les hauteurs de la presqu’île, se dressait “La Grande Baie” – parfois appelée “La Grand-Baie” –, la villa où France Gall et Michel Berger avaient trouvé leur équilibre. Un écrin méditerranéen entouré de mûriers, tourné vers la mer, et où trônait un piano blanc demi-queue sur lequel Michel Berger aimait composer. En 2018, le journaliste Patrick Ploix évoquait sa dernière rencontre avec l’artiste, sur place. Il s’était souvenu : “Michel, en boxer-short et tee-shirt large, nous a fait faire un petit tour du propriétaire (…) Nous nous sommes ensuite installés sous les mûriers de la terrasse”.
Le terrain, d’environ 7 000 m², possédait une particularité qui amusait beaucoup le couple : “Il y a une partie du terrain qui est sur Saint-Tropez et l’autre sur Ramatuelle. Donc sur le court de tennis, selon le côté où l’on est, on joue sur Saint-Tropez ou Ramatuelle !” Une ironie tragique, puisque c’est sur ce même court que Michel Berger s’est effondré quelques heures après avoir accueilli les journalistes.

Un drame qui a surpris tout le monde
Le lendemain du drame, Jean-Jacques Goldman, voisin et ami du couple, se présente au portail, bouleversé. La décoratrice Françoise Piault se souvient : “Il était très lié au couple”. Malgré la douleur, France Gall n’a jamais voulu vendre ce lieu chargé de souvenirs : “Pour elle, pas question de vendre. Ramatuelle, c’était la maison de famille où nous continuions de faire les anniversaires des enfants”. Elle y avait même fait installer de petits kiosques de bois, dont l’un, nommé “Maison des femmes”, servait à la méditation.
Si Ramatuelle fut leur refuge solaire, le duo possédait d’autres lieux devenus tout aussi emblématiques de leur histoire. Dans les années 1970, ils tombent sous le charme de cette petite maison normande près de Honfleur. Le Clos Saint-Nicolas, à Vasouy est rapidement agrandie. “Le frère de Michel Berger était architecte, c’est lui qui avait fait les plans” rappelle Gérard Lust, ancien maire –, elle devient leur cocon créatif. France Gall aimait y vivre discrètement : “Elle n’aimait pas se faire voir (…) Elle avait mis des grosses lunettes et un chapeau (…) On la reconnaissait quand même“, sourit l’élu.
Selon la légende, c’est là que Michel Berger compose “Résiste”, l’un des hymnes majeurs du duo. Le piano du musicien y trône encore, témoin silencieux de ces heures partagées entre écriture et tendresse.
Les autres propriétés de Michel Berger et France Gall

Très attachée au continent africain, France Gall avait aussi acheté une maison sur l’île de Ngor, près de Dakar. Une propriété jaune aux volets verts, entourée de jardins luxuriants, où elle aimait se retirer pour retrouver la paix. Un refuge, un lieu pour se ressourcer loin de la pression médiatique. Après le décès de Michel Berger, puis celui de leur fille Pauline en 1997, elle s’y rendra de plus en plus souvent.
Et lorsqu’elle ne pouvait voyager jusqu’au Sénégal, la chanteuse retrouvait la Normandie : “C’était un endroit merveilleux pour se reposer”, confiait-elle en 1993. Un lieu où le couple a vécu des moments simples, essentiels, faits de balades, de musique et de famille.
Entre 1966 et 2005, la mère de Michel Berger possédait une demeure à Feucherolles, au 1 rue James-Lepais. Le village garde encore une profonde connexion avec le couple. “La maison est imprégnée de l’esprit de ce duo iconique”, confiait Isabelle Robaï, nouvelle propriétaire. Les habitants y voient un fragment de la légende, un lieu de souvenirs heureux. Le couple partageait aussi des adresses parisiennes, pour finir