À 73 ans, Jean-Jacques Goldman brise enfin le silence sur Johnny Hallyday

Le 14 janvier 2025 restera gravé dans la mémoire collective française comme le soir où le silence a enfin pris la parole. Sur le plateau de France 2, dans une atmosphère quasi religieuse, Jean-Jacques Goldman est réapparu. Pas de promotion, pas d’album à vendre, pas de tournée à annoncer. Juste un homme de 73 ans, cheveux gris et chemise simple, venu solder les comptes avec son propre mythe. Huit ans après la mort de Johnny Hallyday, celui qui avait brillé par son absence aux funérailles nationales a brisé le sceau du secret.
“Nous étions de deux planètes différentes”
L’absence de Goldman à la Madeleine avait choqué, interrogé, parfois indigné. Comment l’auteur de l’album Gang, celui qui a offert à Johnny des hymnes comme Je te promets ou L’Envie, pouvait-il ignorer l’adieu au Taulier ? La réponse, livrée ce soir-là face à Anne-Sophie Lapix, est d’une honnêteté désarmante : “Nous n’étions pas amis au sens courant, mais il m’a appris le courage.”
Pas de fausse intimité, pas de récupération posthume. Goldman a expliqué que leur lien n’était pas fait d’effusions publiques, mais de respect artistique absolu. “Johnny m’a offert son âme, j’ai essayé d’en faire une chanson.” Cette confession balaye d’un revers de main les polémiques stériles. Elle révèle un Goldman fidèle à sa ligne de conduite : la vérité des sentiments plutôt que la mise en scène des émotions. Il n’était pas là pour pleurer devant les caméras, mais pour honorer une dette artistique, à sa manière, sobre et pudique.
Le Refus à 150 Millions d’Euros : La Liberté n’a pas de Prix
Mais l’interview a aussi levé le voile sur la gestion fascinante de sa carrière et de son patrimoine. Dans une époque où les catalogues d’artistes se vendent à prix d’or à des fonds d’investissement (Bob Dylan, Bruce Springsteen…), on apprend que Goldman a refusé une offre colossale de 150 millions d’euros d’Universal Music.
Sa raison ? “Je ne veux pas que mes chansons deviennent des produits.” Une phrase qui claque comme une gifle au visage du capitalisme musical. Pour Goldman, une chanson née de la sincérité ne peut servir à vendre du dentifrice ou une assurance. Cette intégrité a un prix, celui de l’indépendance totale. Gérant lui-même ses droits via une société familiale, il assure l’avenir de ses six enfants sans jamais trahir son art. La Cour des comptes elle-même cite sa gestion en exemple ! C’est la victoire d’un artisan sur l’industrie, d’un homme qui a compris que “gagner de l’argent c’est bien, ne pas en dépendre c’est mieux”.
La Vie Secrète d’un Monsieur Tout-le-Monde

Loin des fantasmes sur une vie de reclu dépressif ou malade, Jean-Jacques Goldman mène en réalité une existence choisie. Entre Londres et Marseille, il roule à vélo, fait ses courses, vit dans un anonymat relatif qu’il défend farouchement. Ce retrait, entamé en 2004 avec son départ des Enfoirés, n’était pas une fuite, mais une quête de cohérence.
Marqué par le drame de son frère Pierre, assassiné en 1979, et par une méfiance viscérale envers la lumière qui brûle, il a construit une forteresse autour de sa vie privée. “Je suis juste un citoyen qui chante”, répète-t-il. Un citoyen qui a su dire stop quand le spectacle de la charité aux Restos du Cœur lui pesait, quand le star-system devenait trop lourd.
Un Héritage Immense et Intangible
Que reste-t-il après cette interview événement ? Une certitude : Jean-Jacques Goldman ne reviendra pas. Le plan final de l’émission, un fondu au noir sur son regard baissé, sonnait comme un adieu définitif à la vie publique. “Je n’ai plus rien à défendre, ce qui reste c’est la musique.”
Et quelle musique ! Ses titres explosent à nouveau dans les charts, redécouverts par une jeunesse qui voit en lui un repère de stabilité dans un monde chaotique. De Vianney à la nouvelle génération, tous revendiquent son héritage : celui de la “chanson utile”.
Jean-Jacques Goldman nous a offert une dernière leçon magistrale. Il nous a montré qu’on peut être une star sans être une marchandise, qu’on peut aimer Johnny sans se montrer à ses obsèques, et qu’on peut marquer son époque en choisissant de se taire. Sa gloire est silencieuse, et c’est pour cela qu’elle est éternelle. Merci, Monsieur Goldman, d’avoir prouvé que la dignité est la plus belle des mélodies.