Affaire des Labels Médias : Pascal Praud Dénonce une “Volonté Claire de Faire Taire CNews” et Accuse l’Élysée de Censure

Affaire des Labels Médias : Pascal Praud Dénonce une “Volonté Claire de Faire Taire CNews” et Accuse l’Élysée de Censure

C’est une escalade verbale et politique comme on en a rarement vu sous la Ve République. Ce qui n’était jusqu’alors qu’une friction latente entre le pouvoir exécutif et le groupe Bolloré s’est transformé, en l’espace de quelques heures, en un conflit ouvert, brutal et public. Au cœur de la tempête : une vidéo publiée sur les réseaux sociaux d’Emmanuel Macron et la riposte cinglante de Pascal Praud sur les antennes d’Europe 1. L’animateur vedette, visiblement outré, n’y est pas allé par quatre chemins : pour lui, l’objectif de l’Élysée est limpide, il s’agit de “faire taire CNews”.

L’Étincelle : Une Vidéo de l’Élysée qui Met le Feu aux Poudres

Tout est parti d’une communication digitale de l’Élysée. Sur ses comptes personnels, le Président de la République a diffusé une vidéo promouvant la fiabilité de l’information et la nécessité de “labelliser” les médias sûrs. Le problème ? Pour illustrer les “fake news” ou la désinformation, le montage utilise explicitement des extraits de CNews, du Journal du Dimanche et d’Europe 1, mettant en scène Pascal Praud ou Philippe de Villiers.

Pour l’animateur de “L’Heure des Pros”, c’est une déclaration de guerre. “Il y a une volonté claire d’attaquer ce groupe et pourquoi pas de faire taire CNews”, a-t-il martelé au micro d’Europe 1. Selon lui, le Président ne se contente plus d’être un arbitre au-dessus de la mêlée, mais “descend dans l’arène” pour cibler un acteur médiatique privé spécifique. Une démarche jugée “indigne” non seulement par les intéressés, mais aussi par une partie de la classe politique, de Marine Le Pen à David Lisnard.

La Polémique de la “Labellisation” : Vers un Ministère de la Vérité ?

Le fond du problème dépasse la simple querelle de personnes. Il touche à la structure même de la liberté de la presse en France. Emmanuel Macron a relancé l’idée d’une certification des organes de presse par des “professionnels”, citant Reporters Sans Frontières (RSF) comme un partenaire potentiel de confiance.

C’est là que le bât blesse pour Pascal Praud. Il accuse RSF d’avoir abandonné sa mission originelle de protection des journalistes pour devenir un organe de “contrôle des idées”, biaisé idéologiquement. “Le Président veut choisir des arbitres qui ne sont pas impartiaux”, s’insurge-t-il. L’argument est redoutable : si l’État choisit qui distribue les labels de “bonne information”, et que ces labels sont vitaux pour la crédibilité ou l’existence économique d’un média, ne crée-t-on pas insidieusement un média d’État ?

L’expression “Ministère de la Vérité”, en référence au “1984” de George Orwell, a été lâchée. Pour les détracteurs du projet présidentiel, cette volonté de trier le bon grain de l’ivraie médiatique s’apparente à une dérive autocratique. “C’est pas à l’État de dire ‘ceci est une information, ceci n’en est pas'”, rappelle Praud, soulignant qu’en démocratie, seul le public devrait être juge via sa télécommande.

Le Spectre de la Fermeture de C8

L’inquiétude de Pascal Praud est exacerbée par un précédent tout récent et traumatisant pour son groupe : la décision de l’Arcom de ne pas renouveler la fréquence de C8. Ce qui est perçu par l’animateur comme une décision politique (“une opportunité saisie”) agit comme une épée de Damoclès.

“S’ils pouvaient nous fermer, ils le feraient demain matin”, assure-t-il. Si CNews n’est pas menacée d’une fermeture immédiate faute de calendrier de renouvellement, la crainte est que ce système de “label” ne soit l’étape suivante pour marginaliser, voire étouffer financièrement, les voix discordantes. Pour Praud, il s’agit ni plus ni moins d’une “guerre culturelle” menée contre un média qui ose aborder des thèmes (sécurité, immigration, identité) que le service public ou les autres chaînes privées traiteraient avec trop de pudeur.

l'Elysée temporise après la contre-attaque de CNews

L’Audience comme Bouclier… ou comme Cible ?

Ironie du sort, cette offensive présidentielle pourrait bien avoir l’effet inverse de celui escompté. Pascal Praud, jamais avare d’une provocation, a souligné les audiences records de sa chaîne, qui devance régulièrement BFM TV. Il analyse cette attaque comme un signe de fébrilité du pouvoir face à un média qui connecte avec le “réel” des Français.

“Ils nous font une publicité formidable”, glisse-t-il avec malice, suggérant que la défiance des Français envers Emmanuel Macron est telle que sa désapprobation devient un gage de qualité pour une partie du public. Il imagine même, non sans humour, une campagne de publicité vantant CNews comme la “chaîne non labellisée”, un macaron qui deviendrait synonyme de liberté de ton face au “récit officiel”.

Un Climat Délétère pour la Démocratie

Au-delà des petites phrases assassines, cet épisode révèle une fracture béante dans le paysage médiatique et politique français. D’un côté, un exécutif qui s’inquiète de la polarisation et de la qualité de l’information ; de l’autre, des médias d’opinion qui crient à la censure et au deux poids, deux mesures.

La question reste posée : jusqu’où ira ce bras de fer ? Si le Président de la République s’implique personnellement pour discréditer un groupe de presse, le débat démocratique en sort-il grandi ou affaibli ? Pour Pascal Praud, la réponse est claire. En voulant réguler la parole, l’Élysée risque surtout de radicaliser les positions et de valider, aux yeux de millions de téléspectateurs, l’idée qu’il y a des vérités qu’on ne veut pas qu’ils entendent.

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