Bernard Werber bouleversé : il révèle sa maladie et ses craintes pour l’avenir

C’est une séquence qui restera gravée dans les annales de l’émission “Un dimanche à la campagne”. Ce dimanche 30 novembre 2025, sur France 2, l’atmosphère feutrée et bienveillante orchestrée par Frédéric Lopez a été le théâtre d’une confession aussi inattendue que bouleversante. Bernard Werber, l’homme aux millions de livres vendus, le père des “Fourmis”, a fendillé l’armure pour révéler la blessure originelle qui a forgé son destin d’écrivain : une maladie incurable diagnostiquée dans sa plus tendre enfance.
La maison de campagne de Frédéric Lopez a ce don unique : elle délie les langues et ouvre les cœurs. Loin des plateaux parisiens aseptisés, entre une balade en barque et un coin du feu, les invités déposent leurs masques. Après les passages remarqués de personnalités comme Éric Dupond-Moretti ou Garou, c’était au tour de Sidonie Bonnec, Pierre Lapointe et Bernard Werber de se prêter au jeu de l’introspection. Mais personne, pas même l’animateur, ne s’attendait à la profondeur du témoignage de l’auteur à succès.
Le matin où tout a basculé
C’est dans le célèbre grenier de la maison, lieu propice aux confidences les plus intimes, que le temps s’est suspendu. Bernard Werber, d’ordinaire discret sur sa vie privée, a plongé son regard dans le passé, vers un matin traumatisant qui a marqué la fin de son insouciance. Il n’avait que 9 ans.
“Il m’est arrivé un drame vers 9 ans”, a-t-il commencé d’une voix calme, mais chargée d’émotion. “Tout d’un coup, je me lève pour essayer d’aller à l’école et je suis bloqué du dos.”
Imaginez la terreur d’un petit garçon qui, du jour au lendemain, se retrouve prisonnier de son propre corps. S’ensuit alors ce que beaucoup de malades chroniques connaissent : l’errance médicale. De médecin en médecin, de cabinet en cabinet, l’enfant Werber est ausculté, manipulé, interrogé. L’inquiétude de ses parents grandit, son incompréhension aussi. Jusqu’à ce qu’un spécialiste décide de creuser une piste alors méconnue.
Une nouvelle pathologie venait d’être identifiée par la médecine : la spondylarthrite ankylosante. Le test tombe, implacable. Bernard Werber est positif.
“Tu vas être handicapé” : La sentence brutale
Si la douleur physique était une épreuve, la violence psychologique du diagnostic fut un séisme. À cette époque, la pédagogie médicale n’était pas celle d’aujourd’hui. Les mots du médecin, rapportés par l’écrivain, résonnent encore avec une brutalité glaçante :
“Le diagnostic a été brutal. Il m’a dit que j’allais être handicapé et que chaque année qui passe me rapproche d’une infirmité totale.”
Recevoir une telle “condamnation” à l’aube de sa vie aurait pu briser n’importe qui. Comment se projeter dans l’avenir quand on vous promet la paralysie progressive ? Comment rêver de voyages, d’aventures et de découvertes quand la science vous prédit l’immobilité ? Pour le jeune Bernard, l’horizon semblait s’être bouché définitivement. La réalité devenait une prison dont les murs se resserraient un peu plus chaque année.
L’évasion par l’imaginaire : La naissance d’un écrivain

C’est ici que l’histoire de Bernard Werber bascule du drame vers la légende. Face à cette annonce terrifiante, l’enfant ne s’est pas résigné. Au contraire, il a opéré une métamorphose mentale stupéfiante. Si le monde réel, celui de la matière et du corps, devenait hostile et limité, alors il allait conquérir d’autres mondes.
“Je me suis dit qu’avec le temps les choses allaient devenir plus compliquées”, a-t-il expliqué à un Frédéric Lopez et des invités visiblement émus. “Ça m’a donné encore plus envie de lire, de créer encore plus de mondes imaginaires et surtout de ne pas me contenter du réel.”
La maladie a agi comme un puissant catalyseur. La spondylarthrite ankylosante, en menaçant de figer ses articulations, a paradoxalement décuplé la souplesse de son esprit. C’est dans cette urgence de vivre, dans cette nécessité de fuir une réalité douloureuse, que le génie créatif de Werber a puisé sa source.
On comprend mieux, à la lumière de cet aveu, l’univers foisonnant de l’auteur. Les infiniment petits des “Fourmis”, les voyages dans l’au-delà des “Thanatonautes”, les explorations de la conscience… Tout cela n’était pas qu’un simple divertissement littéraire. C’était une survie. C’était une manière de courir, de voler, d’explorer, là où son corps menaçait de ne plus pouvoir le suivre.
Une leçon de résilience universelle
Le silence qui a suivi cette confession sur le plateau en disait long. Sidonie Bonnec et Pierre Lapointe, témoins privilégiés de cet instant de vérité, semblaient suspendus aux lèvres de l’écrivain. Au-delà de l’anecdote personnelle, Bernard Werber a offert aux téléspectateurs une leçon de philosophie appliquée.
Il ne s’est pas posé en victime. Il n’a pas cherché la pitié. Il a simplement montré comment une épreuve, aussi injuste soit-elle, peut être le point de départ d’une reconstruction magnifique. “Ce qui ne me tue pas me rend plus fort”, disait Nietzsche. Werber pourrait ajouter : “Ce qui me paralyse me donne des ailes.”
Ce témoignage résonne particulièrement fort dans une société où l’on cherche souvent à fuir la moindre contrariété. Il nous rappelle que nos plus grandes faiblesses peuvent devenir nos plus grandes forces, pour peu qu’on décide de les transformer. La maladie a tenté de voler l’avenir de Bernard Werber ; en réponse, il a offert des milliers de futurs possibles à ses lecteurs.
Aujourd’hui, alors que l’émission “Un dimanche à la campagne” continue de séduire plus d’un million de fidèles chaque semaine, ce numéro restera sans doute comme l’un des plus marquants de la saison 4. Il nous a permis de voir l’homme derrière l’auteur, le combattant derrière le rêveur. Et la prochaine fois que vous ouvrirez un roman de Bernard Werber, vous ne pourrez vous empêcher de penser à ce petit garçon de 9 ans, bloqué dans son lit, qui décida ce jour-là que si son corps ne pouvait pas bouger, son esprit, lui, voyagerait plus loin que n’importe qui.