Comment Donald Trump favorise les théories fumeuses des extrêmes droites européennes dans sa « nouvelle stratégie de sécurité »

Comment Donald Trump favorise les théories fumeuses des extrêmes droites européennes dans sa « nouvelle stratégie de sécurité »

La nouvelle stratégie de sécurité des États-Unis, un document de 33 pages publié par la Maison-Blanche, le 5 décembre, donne un coup de pouce aux extrêmes droites européennes et acte la relégation du continent. Sans que la Commission européenne ne cille.

C’est un séisme diplomatique dont les ondes de choc n’ont pas fini de faire trembler les chancelleries européennes. Oubliez les tweets rageurs ou les sorties médiatiques improvisées : cette fois, c’est écrit noir sur blanc, tamponné du sceau officiel de la présidence des États-Unis. La nouvelle « Stratégie de Sécurité Nationale » dévoilée par l’administration Trump ne se contente pas de redéfinir les priorités américaines ; elle acte une rupture idéologique brutale et sans précédent avec le Vieux Continent.

Sous le vernis du langage diplomatique, le message est clair et terrifiant : Washington ne voit plus l’Union Européenne comme un partenaire stable, mais comme une civilisation en voie d’effondrement qu’il faut « sauver » contre son gré, en s’appuyant sur les forces les plus radicales de l’échiquier politique.

La validation officielle des théories complotistes

Le point le plus stupéfiant de ce document de 33 pages est l’adoption décomplexée de la rhétorique du « Grand Remplacement ». Ce concept, jadis cantonné aux franges les plus obscures de l’internet et de l’extrême droite identitaire, trône désormais au cœur de la doctrine stratégique de la première puissance mondiale.

Le texte affirme sans détour que l’Europe fait face à une « perspective réelle et brutale d’effacement civilisationnel ». L’administration Trump prophétise que « d’ici quelques décennies au plus tard, certains membres de l’OTAN deviendront majoritairement non-européens ». Une affirmation qui ne repose sur aucune donnée démographique sérieuse, mais qui reprend mot pour mot les angoisses identitaires agitées par les partis nationalistes européens.

Stratégie nationale de sécurité des Etats-Unis : Donald Trump lâche  officiellement l'Europe – L'Express

Pour la Maison Blanche, le danger ne vient plus des chars russes ou de la concurrence chinoise, mais de l’intérieur même de nos sociétés. Le document dénonce une « perte de confiance civilisationnelle » et une « suffocation réglementaire » imposées par des élites jugées déconnectées. En clair : pour Trump, l’ennemi de l’Europe, c’est l’Union Européenne elle-même.

« Cultiver la résistance » : un appel à l’ingérence

Jamais une administration américaine n’avait été aussi loin dans l’ingérence politique. La stratégie ne se contente pas de faire un constat ; elle appelle à l’action. Washington se donne pour mission de « cultiver la résistance à la trajectoire actuelle de l’Europe au sein des nations européennes ».

Cette phrase, lourde de sens, est une déclaration de guerre ouverte aux gouvernements libéraux et pro-européens actuellement au pouvoir. Elle signifie que les États-Unis n’hésiteront plus à soutenir activement, financièrement ou politiquement, les partis d’opposition nationalistes et eurosceptiques. Le document salue d’ailleurs explicitement « l’influence croissante des partis patriotiques européens » comme une « source de grand optimisme ».

C’est un renversement total des alliances. L’Amérique de Trump ne cherche plus à unir l’Occident face aux autocraties, mais à remodeler l’Europe à son image : une collection d’États-nations fermés, obsédés par leur identité ethnique et hostiles à toute forme de coopération supranationale.

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L’Europe livrée à elle-même face à la Russie

Cette offensive idéologique s’accompagne d’un désengagement militaire qui sonne comme un abandon. La nouvelle doctrine suggère que les États-Unis vont concentrer leurs forces sur leur propre hémisphère (une résurrection de la doctrine Monroe) et se désintéresser des théâtres d’opérations jugés « secondaires », dont l’Europe fait désormais partie.

Pire encore, le document critique l’attitude des Européens vis-à-vis de la Russie, les accusant de percevoir Moscou comme une « menace existentielle » à tort, tout en étant incapables de se défendre seuls. C’est une musique douce aux oreilles de Vladimir Poutine. En adoptant cette posture, Trump valide implicitement les revendications du Kremlin et fragilise considérablement la position de l’Ukraine et de ses alliés.

Bruxelles sous le choc, les extrêmes droites jubilent

À Bruxelles, c’est la consternation. Si les diplomates s’attendaient à des relations tendues, personne n’avait anticipé une telle violence idéologique. L’UE se retrouve face à un allié historique qui non seulement ne la protège plus, mais souhaite activement sa désintégration.

À l’inverse, pour les leaders de l’extrême droite européenne, de Viktor Orban aux dirigeants du RN ou de l’AfD, ce document est une consécration. Ils ne sont plus des parias aux yeux de Washington, mais les fers de lance d’une « renaissance » civilisationnelle voulue par le président américain. Ils se sentent désormais investis d’une mission, soutenus par la puissance du bureau Ovale.

Une menace existentielle pour la démocratie européenne

Ce virage américain n’est pas juste une question de géopolitique ; c’est un défi direct à notre modèle de société. En légitimant des théories racistes et en appelant à la déstabilisation de nos institutions, Donald Trump exporte la polarisation extrême qui déchire l’Amérique.

L’Europe va devoir se réveiller, et vite. Elle ne peut plus compter sur le « grand frère » américain. Face à cette stratégie de la terre brûlée, le Vieux Continent doit choisir : se soumettre à cette vision sombre et paranoïaque du monde, ou affirmer avec force ses propres valeurs de démocratie, de tolérance et d’unité. La bataille pour l’âme de l’Europe ne fait que commencer, et elle s’annonce féroce.

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