Disparue 30 ans — sa mère la croise tous les jours au marché sans le savoir

Le septembre 2000, Henri Fontaine monte les marches grinçantes qui mènent au grenier de sa maison familiale de Lyon pour la dernière fois. Dans quelques semaines, la propriété sera vendue et avec elle, les fantômes de 22 années de recherches infructueuses. Sa fille Marguerite a disparu un soir de septembre 1978 quand elle n’avait que 17 ans.
Depuis, Henry a consacré chaque instant de sa vie à la retrouver. Il a parcouru la France entière, collé des milliers d’affiches, contacté tous les services de police possibles. Mais ce matin-là, en déplaçant une vieille étagère couverte de poussière pour préparer le déménagement, Henry découvre quelque chose qui le fait s’effondrer sur le plancher.
Derrière le meuble, dissimulé dans un compartiment qu’il n’avait jamais remarqué en 22 ans, se trouve un objet qui va révéler une vérité si bouleversante que toute la famille Fontaine devra reconsidérer chaque souvenir, chaque moment vécu depuis cette nuit fatidique de septembre. Comment est-il possible qu’après plus de deux décennies de recherches acharnées, la réponse ait toujours été là, cachée sous leur propre toit ? Avant de continuer avec cette histoire troublante, si vous appréciez les affaires mystérieuses réelles comme celle-ci, abonnez-vous à la chaîne et activez les notifications pour ne manquer aucun nouveau cas. Maintenant, découvrons comment tout a commencé. Lyon
septembre, la France traverse une période de transformation sociale importante. La ville deuxième agglomération du pays, vit au rythme de son industrie textile en déclin et de son essort dans le secteur tertiaire. Le quartier de la Croix Rousse, ancien fièvre des canutes, garde encore cette atmosphère particulière des pentes où se mêlent vieilles bâtises ouvrières et petits commerces familiaux. C’est dans ce quartier que vivent les fontaines depuis trois générations.
Henry, ans, a repris la petite imprimerie familiale située rue des tables Claudiennes. Un homme méticuleux aux mains taché d’ancre qui connaît chaque machine de son atelier comme si c’était un membre de sa famille. Son épouse Claire, 40 ans, enseigne à l’école primaire du quartier depuis quinze ans.
Une femme douce mais ferme, respectée par ses collègues et adorée par ses élèves. Leur fille aînée, Marguerite, a 17 ans en cette rentrée de septembre. Grande les cheveux chatins coupés au carré selon la mode de l’époque, elle possède ce mélange particulier de timidité et de détermination qui caractérise souvent les adolescentes.
Élève sérieuses au lycée Édouard Eriot, elle se destine à des études de lettrre. Marguerite passe ses après-midis plongé dans les romans de Zola et de mot passant, rêvant de devenir professeur de français. Ses cahiers, toujours impeccablement tenus, témoignent de son caractère appliqué. Julien son frère cadet de ans et son opposé.
Garçon turbulent et passionné de football, il passe son temps au stade municipal avec ses camarades. Malgré leur différence, le lien entre le frère et la sœur est profond. Marguerite aide Julien avec ses devoirs chaque soir et celui-ci la défend farouchement contre les moqueries de ses camarades de classe qui trouvent sa sœur trop sérieuse.
La famille occupe une maison de trois étages typiques de la Croix Rousse avec ses hauts plafonds et son escalier en colmaçon. Le rez-de-chaussée abrite un petit salon et la cuisine. Le premier étage compte trois chambres et le dernier niveau sous les toit sert de grenier où s’accumulent les souvenirs de plusieurs générations de fontaines.
Des meubles anciens, des cartons de documents, des vêtements d’époque, des jouets d’enfants oubliés. L’atmosphère familiale est stable, presque routinière. Henri rentre de l’imprimerie chaque soir à précise. Claire prépare le dîner en écoutant les informations à la radio. Les enfants font leurs devoirs dans leur chambre respectives.
Le dimanche, la famille déjeune chez les parents de Claire à Villeurbane. Une vie ordinaire, paisible, où les seuls drames sont les mauvaises notes occasionnelles de Julien ou les petites disputes conjugales sur les dépenses du ménage. Marguerite a une meilleure amie, Simone Lacroix, qu’elle connaît depuis l’école primaire.
Les deux jeunes filles sont inséparables. Elles partagent tout, leurs secrets, leurs rêves, leurs premiers et mois amoureux. Simone, plus extraverti que Marguerite, l’encourage souvent à sortir davantage, à profiter de sa jeunesse. Mais Marguerite préfère la sécurité de sa chambre et de ses livres. Cette normalité rassurante va être brisée en une seule soirée de septembre.
transformant à jamais la vie de cette famille lyonnaise. Personne ce matin-là ne pouvait imaginer que le quotidien qu’il connaissait touchait à sa fin, que leur certitude allait être pulvérisée et qu’une absence inexpliquée allait les hanter pendant plus de deux décennies. Le samedi 16 septembre commence comme n’importe quel weekend pour la famille Fontaine.
Le ciel lyonnais est gris, typique de ses débuts d’automne où la chaleur de l’été s’efface progressivement. Henry part tôt à l’imprimerie pour terminer une commande urgente. Claire profite de la matinée pour faire les courses au marché de la Croix Rousse. Julien joue au football avec ses amis sur le terrain vague près de la montée de la Grande Côte. Marguerite se réveille vers 10 heure.
Elle descend à la cuisine en robe de chambre, les cheveux en désordre, encore en sommeillé. Claire lui prépare un chocolat chaud et des tartines. La mère remarque que sa fille semble préoccupée, distante. Quand elle lui demande si tout va bien, Marguerite répond simplement qu’elle a mal dormi, qu’elle a fait des cauchemars, qu’elle ne parvient pas à se rappeler clairement. L’après-midi, Marguerite monte dans sa chambre.
On l’entend mettre un disque de Françoise Hardy. Par la fenêtre entrouverte, la mélodie de “Comment te dire adieu” flotte dans l’escalier. Claire reprise des chaussettes dans le salon en écoutant les informations radiophoniques. À 16h, le téléphone sonne. Claire décroche. C’est Simone Lacroix qui demande à parler à Marguerite. La conversation dure environ dix minutes.
Claire n’entend que les réponses de sa fille. Des oui, des quelques rire. Quand Marguerite redescend, elle annonce à sa mère que Simon l’a invité à retrouver des amis au café près du lycée. Claire hésite un instant.
Ce n’est pas dans les habitudes de Marguerite de sortir le soir, surtout sans prévenir longtemps à l’avance. Mais sa fille insiste dit que ce sera juste quelques heures qu’elle sera rentrée avant 22h. Claire finit par accepter, heureuse de voir Marguerite faire un effort pour être plus sociable. À 18h30 précise, Marguerite descend l’escalier.
Elle porte un jean, un pull bleu marine et sa veste en jean qu’elle affectionne particulièrement. Ses cheveux sont attachés en queue de cheval. Elle embrasse rapidement sa mère sur la joue, prend son petit sac à main beige et sort par la porte principale. Claire la regarde s’éloigner dans la rue. C’est la dernière fois qu’elle voit sa fille.
Les premières heures passent normalement. Henri rentre de l’imprimerie vers un peu plus tard que d’habitude. Julien revient du football vers 20h, affamé et couvert de bout. La famille d’ sans marguerite, chose inhabituelle mais pas alarmante. Claire a préparé un pote au feu. Il parle de choses banales du match de Julien, d’une machine à l’imprimerie qui nécessite des réparations.
22h arrive, pas de marguerite. Claire commence à regarder l’horloge plus fréquemment. He heh se l’inquiétude monte. Henry essaie de la rassurer. Dit que les jeunes perdent la notion du temps, que Marguerite est sûrement en train de bavarder avec ses amis. Mais Claire connaît sa fille. Marguerite n’est pas du genre à rentrer en retard sans prévenir.

À 23h, Henry décide d’appeler chez les Lacroix. C’est la mère de Simone qui répond. Non, Simone est rentrée depuis longtemps, vers 20h30. Elle est déjà couchée. Marguerit ? Non, Simon n’a pas vu Marguerite ce soir. Il doit y avoir une confusion. Henry insiste, explique que Marguerite est sortie après avoir reçu un appel de Simon. Un silence gêné à l’autre bout du fil.
Madame Lacroix va réveiller sa fille. Simon prend le téléphone. La voix pâteuse de sommeil. Non, elle n’a pas appelé Marguerite aujourd’hui. Elle l’a vu hier au lycée, mais elle n’avait rien prévu pour ce soir. Elle ne comprend pas de quoi Monsieur Fontaine parle. L’angoisse devient panique.
Henry et Claire enfilent leurs manteaux et sortent dans la nuit lyonnaise. Il parcourent les rues de la Croix-Rousse, interroge les rares passants, vérifient les cafés encore ouverts. Personne n’a vu Marguerite. Les bistro ferment les uns après les autres. La ville s’endort.
Pendant que les parents de Marguerite sombrent dans le cauchemar, à 2h du matin, Henry se rend au commissariat central de Lyon, rue de la République. L’agent de permanence, un homme d’une cinquantaine d’années aux yeux fatigués prend note de la disparition. Mais son attitude est celle qu’ont souvent les policiers face aux fugues adolescentes.
Il explique à Henry que la plupart des jeunes qui disparaissent ainsi reviennent dans les 48 heures. Une dispute familiale, un petit ami secret, le désir de liberté. Henry insiste sur le fait que Marguerite n’est pas comme ça, qu’elle n’a aucune raison de fuir. L’agent remplit quand même le formulaire de disparition inquiétante, promet qu’ils commenceront les recherches dès le lendemain. Claire attend à la maison au cas où Marguerite rentrerait.
Elle est assise dans le salon, les lumières allumées, incapable de bouger. Julien, réveillé par l’agitation, est descendu et s’est assis près de sa mère en silence. Quand Henri rentre du commissariat, le jour commence à poindre. La famille Fontaine n’a pas dormi et cette insomnie ne sera que la première d’une longue série qui s’étendra sur 22 années.
Le dimanche, les recherches s’organisent. Des voisins, des collègues de claire, des clients de l’imprimerie d’Henry se joignent pour ratisser le quartier. L’inspecteur Bernard Marchand, un homme d’une quarantaine d’années au regard perçant, prend en charge l’enquête. Il interroge longuement les parents Julien, Simon. Tous racontent la même version.
L’appel téléphonique, le départ de Marguerite, l’attente, l’angoisse. Mais l’appel téléphonique pose problème. Simon jure qu’elle n’a pas appelé. Qui alors ? Les relevés téléphoniques de l’époque sont rudimentaires et il faudra des semaines pour obtenir les informations de l’opérateur. En attendant, l’inspecteur marchand explore toutes les pistes. Le petit ami secret.
Marguerite n’en avait pas. Tous les témoignages concordent. Une fugue ? Aucun vêtement ne manque dans sa chambre. Son livret de caisse d’épargne n’a pas été touché. Un enlèvement. Mais pourquoi ? Les fontaines ne sont pas riches. Aucune demande de rançon n’arrive. Les jours passent. Les affiches avec le visage souriant de Marguerite apparaissent sur tous les murs de Lyon.
Sa photo, prise lors du dernier été, montre une jeune fille aux yeux clairs, un léger sourire aux lèvres, disparu le 16 septembre 1978. Si vous avez des informations, contactez. Le numéro de téléphone des fontaines est imprimé en gros caractère. Les témoignages afflu, contradictoires et souvent inutiles. Quelqu’un a vu une jeune fille correspondant à la description près de la gare Perche.
Un autre l’a aperçu montant dans une voiture noire. Un troisième affirme l’avoir croisé à Villeurban. Chaque piste est vérifiée méthodiquement par l’inspecteur marchand et son équipe. Toutes mènent à des impasses. Un détail cependant intrigue l’inspecteur. Dans la chambre de Marguerite sur son bureau, il y a un cahier ouvert. La dernière page écrite contient un poème que Marguerite était en train de recopier.
Un verre de baud de l’air. Là, tout n’est cordre et beauté, luxe, calme et volupté. Le stylo est posé à côté, le capuchon dévissé. comme si elle avait été interrompue en pleine écriture. Mais c’était l’après-midi avant le fameux appel téléphonique. Ce détail est noté dans le dossier mais ne mène nulle part pour le moment.
Les premières semaines après la disparition de Marguerite sont un brouillard de douleur et d’incompréhension pour la famille Fontaine. Glau, elle est incapable d’enseigner, incapable de se concentrer sur quoi que ce soit d’autre que l’absence de sa fille. Elle passe ses journées assises près du téléphone, espérant l’appel qui annoncerait que Marguerite a été retrouvée. Chaque sonnerie l’a fait sursauter.
Chaque fois, c’est une fausse alerte. un journaliste, un curieux, parfois un fou qui prétend savoir quelque chose. Henry continue d’aller à l’imprimerie, mais son esprit est ailleurs. Ses employés, deux hommes qui travaillent avec lui depuis des années, font de leur mieux pour maintenir l’activité à flot.
Henry fait des erreurs dans les commandes, oublie des rendez-vous avec des clients. La nuit, il ne dort presque pas. Il reste éveillé, ressassant chaque détail du 16 septembre, cherchant ce qu’il aurait pu faire différemment. Julien retourne au lycée après une semaine d’absence. Ses camarades ne savent pas comment réagir face à lui. Certains évite son regardé.
D’autres lui posent des questions insensibles sur sa sœur. Il se bagarre avec un garçon qui a fait une remarque déplacée sur Marguerite. Le garçon de 14 ans qu’il était, insouciant et rieur, disparaît. À sa place, émerge un adolescent renfermé, colérique, qui traîne sa peine comme un fardeau trop lourd pour ses épaules.
L’inspecteur marchand continue son enquête méthodiquement. Les relevés téléphoniques arrivent finalement en novembre. L’appel du X septembre provenait bien du domicile des la croix. Mais à une heure où toute la famille jure qu’ils étaient sortis, la maison vide. Quelqu’un a donc utilisé leur téléphone en leur absence.
Mais qui ? Comment cette personne est-elle entrée ? Les Lacroix ne se souviennent d’aucune effraction, aucune fenêtre brisée, aucune porte forcée. Madame Lacroix se rappelle cependant avoir trouver une fenêtre de la cuisine entrouverte à leur retour alors qu’elle était certaine de l’avoir fermé avant de partir. Détail troublants mais insuffisants. Les mois passent, l’hiver arrive.
Froid et humide, lion se couvre de brouillards. Les recherches actives diminuent progressivement. L’inspecteur marchand garde le dossier ouvert, mais d’autres affaires réclament attention. Il continue à appeler les fontaines régulièrement pour leur dire qu’il n’abandonne pas, qu’il y pense encore. Mais Henry et Claire voi bien que l’espoir s’auise dans son regard. Claire retourne enseigner en janvier 1979.
Elle a besoin de la routine, de l’occupation mentale que procure le travail, mais elle n’est plus la même enseignante. Les enfants le sentent. Elle est plus stricte, moins patiente comme si elle leur en voulait secrètement de leur insouciance, de leur présence. Alors que Marguerite n’est pas là. La première année s’écoule dans une attente douloureuse.
Chaque événement familial est marqué par l’absence. Le 18 mars 1979, Marguerite aurait eu 18 ans. Claire prépare son gâteau préféré, une tarte aux pommes. Il la mangent en silence. trois personnes autour d’une table qui devrait en accueillir quatre. Une place reste vide, le couvert mis comme si Marguerite allait arriver d’un instant à l’autre. L’été suivant, la famille ne part pas en vacances.
Comment pourrait-il profiter de la mer ou de la montagne alors que Marguerite est quelque part, peut-être en danger, peut-être pire ? Cette pensée entre surtout Henri. Où est-elle ? Que lui est-il arrivé ? Est-elle encore en vie ? Ces questions tournent en boucle dans sa tête, jour et nuit, sans réponse. Les théories se multiplient au fil des ans.
Certains voisins murmurent que Marguerite a fui un foyer malheureux, qu’il devait y avoir des tensions familiales dont personne n’était au courant. Claire surprend un jour une conversation de ce genre à l’épicerie du coin. Elle en est blessée profondément. Comment os-il ? Comment ose-t-il salir la mémoire de sa fille avec leur supposition malveillante ? D’autres théories plus sombres circulent.
Un prédateur qui rodait dans le quartier, une secte qui enlevait des jeunes filles, un réseau de prostitution. Chaque nouvelle disparition de jeunes femmes en France ravive l’espoir terrible des fontaines. Et si c’était lié ? Et si Marguerite était détenue quelque part avec d’autres victimes ? À chaque fois, l’inspecteur marchand vérifie, compare, cherche des similitudes. À chaque fois rien.
5 ans après la disparition, en septembre 1983, un corps est retrouvé dans la Saun près de Neuville sur Saun. Une jeune femme noyée depuis plusieurs mois selon l’expertise médicale. Les autorités contactent Henry. Il doit venir identifier le corps. Le trajet jusqu’à la morgue est le plus long de sa vie.
Dans sa tête, il prie pour que ce ne soit pas Marguerite, tout en espérant paradoxalement que ce soit elle, que l’attente s’arrête enfin, qu’il puisse au moins la ramener à la maison, l’enterrer dignement. Ce n’est pas elle. Le corps est celui d’une autre disparue. Henry ressort de la morgue avec un mélange de soulagement et de désespoir renouvelé.
Julien grandit dans l’ombre de sa sœur disparue à an quitte Lyon pour Paris. Il ne supporte plus l’atmosphère pesante de la maison familiale, les silences lourds, les regards tristes de ses parents. Il s’inscrit à l’université, étudie l’ingénierie. Il appelle ses parents chaque dimanche, mais les conversations sont brèves, tendues.
Julien se sent coupable de vivre sa vie alors que Marguerite n’a jamais eu cette chance. Henry, lui, ne renonce jamais. Il constitue des dossiers méticuleux. Chaque coupure de journal sur une disparition, chaque information qui pourrait avoir un lien, même tenu avec le cas de Marguerite. Il contacte des associations de familles de disparu, participent à des émissions de télévision où l’on appelle les témoins colle de nouvelles affiches chaque année à la date anniversaire de la disparition.
Claire développe une relation particulière avec Simon Lacroix qui continue de venir régulièrement à la maison. Simon se sent terriblement coupable. comme si c’était sa faute, comme si l’usage de son téléphone familial pour cet appel mystérieux la liait d’une manière ou d’une autre à la disparition de sa meilleure amie.
Elle étudie la psychologie à l’université et consacre son mémoire de maîtrise au traumatisme des familles de disparu. Claire trouve un certain réconfort dans ses visites, comme si une partie de Marguerite vivait encore à travers cette jeune femme qui l’aimait tant. Les années 90 arrivent, la technologie progresse, les ordinateurs se démocratisent.
L’inspecteur marchand, désormais proche de la retraite informatise l’ancien dossier papier de Marguerite Fontaine. Il le verse dans les nouvelles bases de données nationales. Peut-être qu’un jour une correspondance surviendra, une empreinte digitale, un témoignage dans une autre région. En, diß, Claire tombe gravement malade, un cancer du sein diagnostiqué trop tard.
Elle lutte pendant 2 ans, affaiblie par la chimiothérapie. Henry s’occupe d’elle avec un dévouement absolu, comme s’il essayait de compenser son impuissance face à la disparition de Marguerite. Claire meurt en février 1997, à l’âge de 59 ans sur son lit de mort. Elle tient la main d’Henry et murmure : “Tu la retrouveras. Je sais que tu la retrouveras.
” Après la mort de Claire, Henry vit seul dans la grande maison de la Croix- Rousse, Julien, qui s’est marié et a deux enfants, vite. Il propose à son père de venir habiter avec eux, mais Henry refuse. Il ne peut pas quitter cette maison. C’est le dernier endroit où Marguerite a vécu. S’il part, il aura l’impression de l’abandonner définitivement. Les pièces vides raisonnent du silence.
Henri continue de monter de temps en temps dans la chambre de Marguerite, resté exactement comme elle l’avait laissé ce samedi de septembre. Les posters au mur, les livres sur l’étagère, le cahier avec le verre de baudir inachevé, un sanctuaire figé dans le temps. En 1999, l’inspecteur marchand prend sa retraite. Il passe voir Henry une dernière fois avant de quitter Lyon pour s’installer dans le midi.
Les deux hommes qui ont passé 21 ans à chercher Marguerite ensemble restent assis dans le salon sans beaucoup parler. Qu’y a-t-il à dire après tout ce temps ? Marchandisse à Henry son numéro personnel si jamais il y a du nouveau qu’il n’hésite pas à appeler. Mais tous deux savent que les chances s’amnuisent chaque année.
Pourtant, le destin réserve encore une surprise, une découverte qui va tout changer. Mais pour cela, il faudra attendre septembre 2000. et un déménagement que Henry repousse depuis des années, le printemps de l’an 2000 marque un tournant pour Henry Fontaine. À ans, il se fait à l’idée qu’il ne peut plus vivre seul dans cette grande maison. Son fils Julien insiste depuis des mois. Les escaliers deviennent difficiles à monter, les pièces trop nombreuses pour un homme seul.
L’imprimerie a été vendue trois ans plus tôt lors de la maladie de Claire. Henry vit désormais de sa retraite modeste. En mai, un jeune couple visite la maison. Il la trouve charmante malgré son état vieillot et le besoin évident de rénovation. Ils font une offre. Henry hésite longuement.
Accepter cette vente, c’est accepter de fermer définitivement un chapitre de sa vie. C’est admettre que Marguerite ne reviendra jamais. Mais les arguments pratiques finissent par l’emporter. Il signe la promesse de vente en juin. Le notaire fixe la date de l’acte définitif au 15 octobre 2000.
Henri a donc 5 mois pour préparer le déménagement. Julien vient de Paris début juillet pour aider son père à trier les affaires. Les deux hommes travaillent en silence, vidant les placards, emballant les souvenirs. Julien a maintenant 36 ans. Il ressemble de plus en plus à son père, la même mâchoire carrée, les mêmes rides de soucis au coin des yeux.
Ses propres enfants, un garçon et une fille de six ans, courent dans les pièces vides, ignorant le poids d’histoire que contiennent ces murs. Fin août, la plupart des pièces sont vidées. reste la chambre de Marguerite que Henry n’a pas encore osé toucher, est le grenier, ce grenier immense qui court sur toute la longueur de la maison, remplie de trois générations d’objets accumulés, des mâles contenant les vêtements de ses grands-parents, des cartons de dossier de l’imprimerie, des jouets d’enfants, des meubles brisés qu’on pensait un jour
réparer. Le 7 septembre 2000, exactement 22 ans, jour pour jour après la disparition de Marguerite, Henry décide de s’attaquer au grenier. Il est seul dans la maison. Julien est reparti à Paris la veille. Il reviendra pour l’acte de vente en octobre.
La météo est clémente, un de ses derniers beaux jours avant l’automne. Henry monte lentement les marches qui mènent au grenier. La porte grince sur ses gons rouillés. L’odeur de poussière et de bois ancien le saisit. Une seule lucarne éclaire faiblement l’espace encombré. Des ombres dansent sur les piles de carton. Henry allume l’ampoule nue qui pend du plafond.
La lumière jaonâre révèle le chaos organisé de décennies de vie. Il commence par les objets les plus évidents, des valises vides bonnes pour la déchetterie, des cadres sans tableau, des lampes cassé, chaque objet qu’il soulève soulève aussi un nuage de poussière et parfois un souvenir. Cette chaise, c’était celle de son père qui aimait s’asseoir devant la fenêtre du salon.
Cette machine à coudre, c’était celle de sa mère qui racommodait les vêtements de toute la famille. Vers midi, Henry fait une pause. Il redescend à la cuisine, se prépare un sandwich, boit un verre d’eau. Il regarde par la fenêtre la rue où Marguerite a marché pour la dernière fois, 22 ans, plus de la moitié de sa vie passée à la chercher. Il remonte au grenier, déterminé à finir au moins une partie du tri aujourd’hui.
En déplaçant une vieille étagère en bois massif coincée contre le mur du fond, fait une découverte étrange. L’étagère résiste, lourde et encombrante. Il la tire de toutes ses forces. Elle bascule légèrement. Derrière, le mur présente une irrégularité, une sorte de panneau de bois qui ne correspond pas au reste du mur blanchi à la chaud.
Henry s’approche intrigué. Ce panneau d’environ quatre centimètres de haut sur soixante de large semble avoir été ajouté après coup. Il n’est pas peintrairement au reste du grenier. Henry passe sa main dessus. Le bois est brut, légèrement rugueux. Sur le côté, il y a deux petites charnières rouillées. Ce n’est pas un mur, c’est une porte, un compartiment secret.
Son cœur se met à battre plus vite. En 22 ans de vie dans cette maison, dont avant la disparition de Marguerite, il n’a jamais remarqué ce panneau. L’étagère était là depuis toujours. Personne ne l’avait jamais déplacé. Personne ne savait qu’il y avait quelque chose derrière. Henry cherche un moyen d’ouvrir le panneau. Il n’y a pas de poignée visible.
Il glisse ses doigts sur le bord, trouve une prise, tire doucement. Le bois grince. Le panneau s’ouvre vers l’extérieur, révélant un espace creux d’environ 50 cm de profondeur creusé dans l’épaisseur du mur. Un espace juste assez grand pour y cacher des objets. Et il y a quelque chose à l’intérieur. Henry distingue des formes dans l’obscurité du compartiment.
Sa main tremble quand il tend le bras pour saisir ce qui s’y trouve. Ses doigts touchent du tissu. Il tire vers lui. C’est une veste. Une veste en jean délavée. La veste de Marguerite, celle qu’elle portait le soir de sa disparition. La pièce se met à tourner autour d’Henry. Il s’assoit lourdement sur le plancher poussiéreux, la veste entre les mains. Il la porte à son visage.
L’odeur a disparu depuis longtemps, remplacée par celle du rang fermé et de la moisissure. Mais c’est bien la veste de sa fille. Il reconnaît la déchirure sur la manche gauche que Marguerite avait fait en s’accrochant à une clôture l’année avant sa disparition. Il reconnaît le pins sur le col, un petit badge avec le symbole de la paix.
Comment est-ce possible ? Comment cette veste peut-elle être ici cachée dans un compartiment secret du grenier familial ? Henry plonge de nouveau la main dans le compartiment. Il y a d’autres objets. Un sac à main beige, le sac de Marguerite. Henry l’ouvre d’une main tremblante.
À l’intérieur, son portefeuille contenant sa carte d’identité, quelques francs, des tickets de bus, une photo de la famille prise l’été précédent, un tube de rouge à lèvres et il y a autre chose, un cahier. Un cahier à spirale similaire à ceux que Marguerite utilisait pour l’école. Henri le sort du compartiment, l’approche de la lumière. Sur la couverture d’une écriture qu’il reconnaît immédiatement, le prénom Marguerite est inscrit.
Henri ouvre le cahier. La première page est date du 10 septembre, 6 jours avant la disparition. Les pages sont couvertes de l’écriture appliquée de sa fille. C’est un journal intime. Henry commence à lire, les larmes brouillant sa vision. Les premières entrées parlent de choses banales. Les cours au lycée, une dispute avec Julien à propos d’un disque emprunté sans permission, les devoirs de français.
Puis le ton change. À la date du 14 septembre, Marguerite écrit quelque chose qui glace le sang d’Henry. Je ne peux plus continuer à garder ce secret. Ça me ronge de l’intérieur. Je dois en parler à quelqu’un. Mais à qui ? Si je le dis, tout va exploser. La famille sera détruite. Mais si je ne dis rien, je vais devenir folle. Henry tourne les pages fébrilement.
L’entrée du 15 septembre, la veille de la disparition est plus longue, plus désespérée. Marguerite y décrit une conversation qu’elle a surprise quelques jours auparavant. Une conversation entre deux personnes qu’elle ne nomme pas clairement, mais dont elle suggère qu’elles sont proches de la famille. une conversation qui révélait quelque chose de terrible, quelque chose qu’elle n’aurait jamais dû entendre.
La dernière entrée date du 16 septembre, le jour même de la disparition. Elle est brève, griffonnée rapidement, l’écriture moins soignée que d’habitude. C’est décidé, je vais tout dire ce soir. Je ne peux plus vivre avec ça. Simon m’a conseillé de réfléchir encore, mais c’est tout réfléchi. Après le dîner, je parlerai à papa. Il saura quoi faire.
J’ai tellement peur de sa réaction. Mais je n’ai plus le choix. Henry reste figé, le cahier sur les genoux. Le soleil a commencé à descendre, projetant des ombres allongées dans le grenier. Marguerite savait quelque chose, un secret si important qu’elle envisageait de le révéler. Et elle a disparu le jour même où elle devait en parler. Ce ne peut pas être une coïncidence.
Mais qui d’autre savait pour ce journal ? Qui a caché ces objets ici ? Surtout, où est Marguerite maintenant ? Henri Fontaine reste assis dans le grenier jusqu’à ce que l’obscurité soit presque complète. Le cahier de Marguerite serré contre sa poitrine, il essaie de mettre de l’ordre dans ses pensées. 22 ans.
Pendant 22 ans, ces objets étaient là, à quelques mètres au-dessus de sa tête, pendant qu’il cherchait sa fille aux quatre coins de la France. Il redescend finalement, ses genoux craquant douloureusement dans l’escalier. Dans le salon, il allume toutes les lumières. Il étale les objets trouvés sur la table basse.
La veste, le sac, le portefeuille, le journal intime. Il photographie chaque objet avec l’appareil photon numérique que Julien lui a offert pour son anniversaire. Ses mains tremblent tellement qu’il doit s’y reprendre à plusieurs fois. Il est 23 heures passé quand il compose le numéro de Julien. Son fils répond après plusieurs sonneries, la voix enmeillée.
Papa, tout va bien, il est tard. Henry a du mal à parler. Sa gorge est serrée. Il inspire profondément. Julien, j’ai trouvé quelque chose dans le grenier. Les affaires de Marguerite, sa veste, son sac, un journal intime, un silence à l’autre bout du fil. Puis la voix de Julien, soudain totalement réveillé, tendu.
Quoi ? Comment est-ce possible ? Où était-elle ? Henry explique le compartiment secret, l’étagère, les 22ux ans passés sans savoir. Julien écoute sans l’interrompre. Quand Henry a terminé, son fils reste silencieux un long moment. Papa, il faut appeler la police immédiatement. Je sais, mais Julien, il y a quelque chose dans son journal.
Elle savait quelque chose, un secret. Elle voulait m’en parler le soir de sa disparition. Un secret sur quoi ? Je ne sais pas. Elle ne le dit pas clairement. Mais c’était grave, assez grave pour qu’elle ait peur de le révéler. Tu as lu tout le journal ? Pas encore. Je voulais t’appeler d’abord. Papa, lis-le entièrement cette nuit. Demain matin, je prends le premier train pour Lyon.
On ira ensemble à la police avec tous les éléments. Après avoir raccroché, Henry se prépare un café fort et s’installe dans le fauteuil du salon. Il ouvre le journal de Marguerite et commence à lire depuis le début, méthodiquement cette fois. Les premières pages remontent à juin Marguerite y parle de ses révisions pour le baccalauréat, de ses projets d’étude, de ses lectures.
Elle mentionne ses sorties avec Simon, un film qu’elles sont allées voir au cinéma, une discussion sur l’avenir. Le ton est celui d’une adolescente ordinaire avec ses préoccupations, ses rêves, ses petites anxiétés. Puis début septembre, quelque chose change. Le 6 septembre, Marguerite écrit “Aujourd’hui, je suis rentré plus tôt que prévu de chez Simone.
J’avais oublié mon livre de français. En montant cherché dans ma chambre, j’ai entendu des voix au deuxième étage. La porte du bureau était entrouverte. Je n’aurais pas dû écouter, mais j’ai reconnu la voix et je me suis demandé ce qu’il faisait là. Ce que j’ai entendu m’a glacé le sang. Je ne peux pas l’écrire. C’est trop terrible. J’ai peur.
Qu’est-ce que je dois faire ? Henry se redresse dans son fauteuil. Le bureau du deuxième étage, c’était son bureau. L’endroit où il gérait les papiers de l’imprimerie, où il recevait parfois des fournisseurs ou des clients. Quelqu’un était là avec lui un jour de septembre. Henry fouille dans sa mémoire il y a 22 ans. Les souvenirs sont flous.
Il recevait tellement de monde à l’époque. Il continue de lire. Le 8 septembre. Je n’arrive pas à dormir. Chaque fois que je ferme les yeux, je revois la scène. J’entends les mots. Comment est-ce possible ? Pourquoi ? Je ne comprends pas. Simon me dit que j’ai peut-être mal compris, mal entendu, mais je sais ce que j’ai entendu.
Je ne peux pas me tromper sur quelque chose d’aussi grave. Le 10 septembre, j’ai observé aujourd’hui pendant le déjeuner. Personne ne remarque rien. Il continue comme si tout était normal. Comment peut-on vivre normalement après avoir fait quelque chose comme ça ? J’ai essayé de croiser son regard mais il m’évite. Il sait. Il sait que je sais.
Henry sent la sueur perlée sur son front. Il Marguerite parle d’un homme qui pas Henry lui-même puisque Marguerite projetait de lui parler. Quelqu’un d’autre ? Quelqu’un qui venait à la maison. quelqu’un de la famille, un ami proche. Le 12 septembre, papa a remarqué que j’étais préoccupé ce soir.
Il m’a demandé si tout allait bien au lycée. J’ai failli tout lui dire à ce moment-là, mais maman et Julien étaient là aussi. Je ne peux pas parler de ça devant tout le monde. Il faut que je sois seul avec papa bientôt, très bientôt, le 15 septembre, dernière nuit avant de tout révéler. J’ai prié pour avoir le courage.
Demain soir, après le dîner, je demanderai à papa si on peut parler seul. Je lui montrerai ce cahier. Je lui expliquerai ce que j’ai découvert. C’est lui qui décidera quoi faire ensuite. Je ne peux plus porter ce poids toute seule. Simon pense que je devrais attendre encore, réfléchir plus longtemps.
Mais qu’ a-t-il à réfléchir ? Un crime a été commis. Les mensonges ont assez duré. Henry sans ses mains se glacer. Un crime. Marguerite avait découvert un crime. Quel crime ? Commis par qui ? Il tourne la page vers la dernière entrée, celle du 16 septembre. Les mots dansent devant ses yeux. 15h30, je viens de parler à Simon au téléphone.
Elle est inquiète pour moi. Elle me supplie d’attendre de ne rien dire ce soir. Mais c’est décidé. Après le dîner, je parlerai. Peut-être que je me trompe sur l’ampleur de la chose. Peut-être qu’il y a une explication. Mais je dois savoir la vérité. Le téléphone a sonné il y a dix minutes. C’était une voix que je ne reconnaissais pas. Une femme.
Elle a dit qu’elle appelait de la part de Simone que mes amis m’attendaient au café. Je lui ai dit que Simon ne m’avait pas parlé de ça cet après-midi. Elle a insisté a dit que c’était une surprise. J’ai accepté d’y aller. Peut-être que ça me fera du bien de sortir un peu avant la grande conversation avec papa. Quand je rentrerai, je le texte s’arrête là au milieu d’une phrase comme si Marguerite avait été interrompu.
Henry fixe la page, le cœur battant, le téléphone, l’appel mystérieux. Ce n’était pas Simone, c’était quelqu’un qui se faisait passer pour elle. Quelqu’un qui a attiré Marguerite hors de la maison. Quelqu’un qui savait qu’elle s’apprêtait à révéler un secret. Henry se lève brusquement, fait les 100 pas dans le salon.
Son cerveau travaille à toute vitesse. Qui savait que Marguerite avait découvert quelque chose ? Elle n’en avait parlé qu’à Simone selon le journal. Simone, il faut qu’il parle à Simone. Il regarde l’horloge. 3h du matin, trop tard pour appeler. Il devra attendre l’aube. Henry retourne au journal, le relie une troisième fois, cherchant le moindre indice supplémentaire.
Mais Marguerite a été prudente. Elle ne nomme personne. Elle ne décrit pas précisément ce qu’elle a entendu, sauf dans la toute dernière page. Henry ne l’avait pas remarqué lors de sa première lecture. C’est une page arrachée à moitié comme si quelqu’un avait essayé de l’enlever puis avait renoncé.
Les mots écrits dessus sont à peine lisibles, griffonnés rapidement, l’ancre bavée par endroit. Mais Henry parvient à déchiffrer. Si quelque chose m’arrive, si je ne reviens pas, cherchez dans les papiers de l’imprimerie. Facture août 78. Faux. Tout est faux. Henry sans le sang quitter son visage. Les papiers de l’imprimerie. Une facture doux 1978. Fausse, qu’est-ce que cela signifie ? Il se précipite vers le bureau, fouille dans les vieux cartons qu’il n’a pas encore jeté, les archives de l’imprimerie. Où sont-elles ? Il met plusieurs minutes à retrouver les bonnes
boîtes. Ses mains tremblent tellement qu’il renverse un carton. Les papiers s’éparpillent sur le sol. Il se met à genou, tri fébrilement les documents. Facture bon de commande relevé bancaire. Août 1978. Voilà un dossier complet du mois d’août. Henri épluche chaque facture. Rien ne lui paraît anormal. des commandes habituelles.
Faire part carte de visite, flyers publicitaires. Puis il tombe sur une facture qu’il fait s’arrêter, une commande importante, 1000 exemplaires de documents officiels pour la mairie payés en espèce. Un montant conséquent, 3000 francs. Henry se souvient de cette commande.
C’était son frère Robert qui travaillait à la mairie de Villeurbane qui la lui avait apporté. Robert, le frère Cadet d’Henry, il ne se parle presque plus depuis des années. Une brouille familiale après la mort de leur mère, une histoire d’héritage mal partagée. Mais à l’époque, en 78, les relations étaient encore cordiales. Robert passait régulièrement à la maison. Il était proche de Marguerite.
Il l’emmenait parfois au cinéma ou à des expositions. Henry examine la facture de plus près. Quelque chose cloche. Le tampon de la mairie semble étrange. L’encre est différente et le numéro de bond de commande ne correspond pas au système de numérotation habituelle des administrations. Henry a produit assez de documents officiels dans sa carrière pour le savoir. C’est une fausse facture.
Robert a commandé des faux documents officiels. 1000 exemplaires pour faire quoi Henry sent la nausée montée des faux papiers. C’est illégal. C’est grave. C’est pour ça que Marguerite voulait lui parler. Elle avait découvert que son oncle utilisait l’imprimerie familiale pour produire des documents frauduleux.
Mais est-ce suffisant pour faire disparaître quelqu’un pour maintenir un silence pendant 22ux ans ? Henry réfléchit. Si Robert a paniqué, s’il a pensé que Marguerite allait le dénoncer, que cela détruirait sa carrière à la mairie, sa réputation, les gens font des choses terribles quand ils ont peur, des choses impensables. Le jour commence à poindre quand Henry termine sa nuit d’insomnie. À cette heure précise, il appelle Simone Lacroix. Elle répond rapidement.
À 39 ans, Simon est devenue psychologue. Elle a épousé un professeur d’université. Elle a deux enfants mais sa voix reste marquée par la culpabilité quand elle parle de Marguerite. Simone, j’ai trouvé le journal intime de Marguerite. Elle y parle d’un secret qu’elle voulait me révéler le soir de sa disparition.
Elle dit qu’elle t’en avait parlé. Qu’est-ce qu’elle t’avait dit exactement ? Un long silence au téléphone, Henry entend la respiration de Simone sacadée, anxieuse. Monsieur Fontaine, je je ne sais pas. Marguerite m’avait dit qu’elle avait entendu quelque chose, mais elle n’a jamais voulu me dire quoi.
Elle disait que c’était trop dangereux, que moins j’en savais, mieux c’était. J’ai essayé de la faire parler, mais elle refusait. Elle répétait juste qu’elle devait en parler à vous, que vous sauriez quoi faire. Elle n’a jamais mentionné mon frère Robert. Robert ? Non, je ne crois pas.
Pourquoi ? Henry lui explique la facture, les faux documents. Simon écoute sans l’interrompre. Mon dieu ! Murmure-elle finalement. Vous pensez que c’est pour ça qu’elle a disparu ? Je ne sais pas, mais je vais le découvrir. À 9 heures, Julien arrive de Paris. Il a pris le TGV du matin. Il n’a presque pas dormi.
Père et fils se retrouvent dans le salon, entouré d’épreuves disposées sur la table. Julien lit le journal de sa sœur, les larmes coulant silencieusement sur ses joues. Quand il a terminé, il regarde son père. Oncle Robert, tu penses vraiment qu’il pourrait avoir “Je ne sais pas ce que je pense, mais nous devons aller à la police avec tout ça maintenant.
” Aux commissariat central de Lyon, ils sont reçus par le commandant Sylvie Dufour, une femme d’une cinquantaine d’années qui a repris l’ancien dossier de Marguerite Fontaine quand il a été informatisé. Elle écoute Henri lui raconter sa découverte, examine les objets, lit des extraits du journal. Son visage reste professionnel, mais Henry voit bien l’excitation dans ses yeux. Après 22 ans, une piste concrète.
Monsieur Fontaine, nous allons rouvrir officiellement l’enquête. Ces éléments sont cruciaux. Je vais faire analyser ces objets par notre laboratoire. S’il y a des traces ADN, des empreintes, nous les trouverons et je vais convoquer votre frère pour l’interroger. Vous pensez qu’il est impliqué ? Le commandant du four choisit ses mots avec précaution.
Je pense qu’il a des questions à répondre. La facture que vous avez trouvé indique clairement une activité illégale. Si votre fille l’a découvert et s’apprêtait à le dénoncer, cela lui donne un mobile. Mais nous devons rester prudents. Il peut y avoir d’autres explications. Les jours suivants sont un tourbillon d’activité.
Le laboratoire confirme que les objets trouvés dans le grenier appartiennent bien à Marguerite. L’ADN sur la veste correspond à celui qu’ils ont dans leur base de données. Mais aucune autre empreinte n’est retrouvée sur le compartiment secret ou sur les objets. Celui qui les a caché là a été prudent. Robert Fontaine est convoqué.
Henry n’est pas autorisé à assister à l’interrogatoire mais le commandant du four le tient informé. Robert ni farouchement toute implication dans la disparition de Marguerite. Oui, il admet avoir commandé des faux documents à l’imprimerie en 7. C’était pour un ami qui avait des problèmes administratifs. Il voulait l’aider, une stupidité de jeunesse. Mais il jure n’avoir jamais fait de mal à sa nièce qu’il aimait comme sa propre fille.
Il a été très convaincant, dit le commandant du four à Henri. Soit il dit la vérité, soit c’est un excellent menteur. Nous n’avons pour l’instant aucune preuve matérielle le liant à la disparition. La facture prouve l’activité illégale, pas le crime.
Et le compartiment secret dans mon grenier ? Qui d’autre que quelqu’un de la famille aurait pu le créer ? Qui d’autre aurait eu accès à la maison pour y cacher les affaires de Marguerite ? Votre frère affirme ne jamais être monté dans votre grenier. Il dit qu’il ne connaissait même pas l’existence de ce compartiment. Henry sent la frustration montée. Ils sont si proches de la vérité, mais elle leur échappe encore.
Il y a un élément manquant, une pièce du puzzle qu’il ne voit pas. C’est Julien qui a l’idée. Un soir, alors qu’il demble dans un silence morose, il pose soudain sa fourchette. Papa, le compartiment dans le grenier lui as dit qu’il était caché derrière une étagère qui n’avait jamais été déplacée. C’est ça. Mais pour créer ce compartiment, il a fallu découper le mur, installer les charnières, poser le panneau. C’est un travail de menuiserie.
Qui aurait pu faire ça sans qu’on le remarque ? Henry réfléchit. La maison a été rénovée plusieurs fois au fil des ans, mais le grenier jamais, sauf il se redresse brusquement. L’été, on a fait réparer le toit. Il y avait eu des infiltrations d’eau pendant l’hiver. Des artisans sont venus. Ils ont passé presque trois semaines à travailler. Julien se lève d’un bon. Tu te souviens du nom de l’entreprise ? Attendez.
Henry fouille dans sa mémoire. Le moine. L’entreprise le moine. Découvreur de villeurbane. C’est Robert qui me les avait recommandé. Les deux hommes se regardent. Robert encore Robert. Ce n’est pas une coïncidence. Le lendemain matin, ils apportent cette information au commandant du Four. L’enquête prend un nouveau tour. L’entreprise Lemoine a fermé ses portes en 1990.
Le propriétaire George Lemoine est décédé 5 ans plus tard. Mais le commandant du four et son équipe retrouvent la trace de deux anciens employés. L’un vit maintenant dans le sud, près de Toulon. L’autre, Marcel Girard, habite toujours la région lyonnaise. Il aixante ans. Il est à la retraite. Marcel Girard est convoqué au commissariat le 18 septembre 2000.
Henry et Julien attendent dans une salle attenante derrière une glace sans teint. Ils observent l’homme qui entre dans la salle d’interrogatoire. Petit, voûté, les cheveux gris clairsemés, Marcel Girard ne ressemble pas à un criminel. Il semble juste fatigué, âgé avant l’heure.
Le commandant du Four commence l’interrogatoire calmement. Elle explique pourquoi Marcel est là. La disparition de Marguerite Fontaine en 1978. Les travaux effectués chez les Fontaines cet été-là, le compartiment secret dans le grenier. Marcel Girard reste silencieux un long moment. Ses mains tremblent légèrement sur la table. Puis d’une voix rôque, presque inaudible, il parle.
Je savais que ce jour viendrait 22 ans. Que je vise avec ça. Henry sentallé. Julien pose une main sur l’épaule de son père. Derrière la glace, ils retiennent leur souffle. Marcel Girard raconte en été, l’entreprise Lemoine travaillait effectivement chez les Fontaines. Lui et deux collègues réparèrent le toit.
Un jour, Robert Fontaine, le frère d’Henry, l’a prise à part. Il lui a proposé un travail supplémentaire, bien payé, mais qui devait rester absolument secret, créer un compartiment caché dans le grenier derrière une étagère. Marcel a accepté. Il avait besoin d’argent. Sa femme était enceinte de leur troisième enfant.
Il a construit le compartiment pendant que les fontaines étaient absents en vacances pour le mois d’août. Robert venait vérifier le travail, donnait des instructions précises. Il voulait que ce soit indétectable. Marcel a fait du bon travail. Quand les fontaines sont rentrées, personne n’a rien remarqué. Mais je ne savais pas à quoi ça servirait, insiste Marcel.
Monsieur Robert m’a dit que c’était pour cacher des documents professionnels confidentiels. Je l’ai cru. Je ne me suis douté de rien. Et ensuite demande le commandant du four, Marcel hésite, ses yeux se remplissent de larmes. En septembre, j’ai appris pour la disparition de la petite. J’ai vu les affiches partout. J’ai lu les journaux et j’ai compris. J’ai compris que j’avais aidé à créer une cachette, mais je ne savais pas quoi faire.
Si je parlais, j’avouais que j’avais construit ce compartiment. J’étais complice. J’avais peur d’aller en prison, de perdre mon travail, ma famille. Alors, je me suis tu. Le commandant du four se penche vers lui. Monsieur Girard, êtes-vous en train de nous dire que Robert Fontaine a utilisé ce compartiment pour cacher les affaires de Marguerite ? Je ne sais pas, je n’ai aucune preuve.
Mais qui d’autre connaissait son existence ? Dans la salle adjacente, Henry et Livid, son propre frère. Son propre frère a fait construire cette cachette. Et quelques semaines plus tard, Marguerite disparaissait et ses affaires se retrouvaient dans cette même cachette. C’est impossible, c’est inconcevable, mais c’est la seule explication logique. Robert Fontaine est de nouveau convoqué. Cette fois, l’interrogatoire est plus dur.
Face au témoignage de Marcel Girard, face aux preuves qui s’accumulent, Robert ne peut plus nier construire le compartiment, mais il maintient qu’il n’a rien à voir avec la disparition de Marguerite. “J’avais besoin d’une cachette pour des documents compromettants”, finit-il par admettre. “les faux papiers que je produisais, ce n’était pas juste pour un ami. C’était une activité régulière. Je gagnais beaucoup d’argent avec ça.
J’utilisais l’imprimerie d’Henry sans qu’il le sache. Je ne pouvais pas garder les preuves chez moi. Ma femme aurait pu les trouver. Alors, j’ai pensé au grenier d’Henry. Il n’y montait jamais. C’était l’endroit parfait. Et Marguerite a découvert votre trafic. Dit le commandant du four. Ce n’est pas une question, c’est une affirmation. Robert baisse la tête.
Oui, elle m’a entendu en parler avec Henri. Enfin, elle croyait parler à Henry. C’était moi dans son bureau ce jour-là. Je discutais avec un client au téléphone. Des détail sur une nouvelle commande de faux documents. Marguerite est rentrée plus tôt que prévu. Elle a entendu. Je l’ai compris à son regard quand elle m’a croisé dans l’escalier. Elle savait.
Qu’avez-vous fait ? J’ai paniqué. Ma carrière, ma réputation, tout était en jeu. Si elle parlait, j’allais en prison. J’ai essayé de lui expliquer, de la raisonner, mais Marguerite était têtue. Elle disait que c’était mal, que c’était illégal, qu’elle devait en parler à son père. Le silence dans la salle d’interrogatoire est pesant. Henry, derrière la glace retient son souffle.
Julien sert le point. J’ai décidé de l’empêcher de parler, continue Robert, la voix brisée. Je savais qu’elle avait prévu de tout raconter à Henry le soir du 16 septembre. J’ai lu son journal quelques jours avant. Je l’ai trouvé dans sa chambre pendant qu’elle était au lycée. J’allais régulièrement dans la maison quand la famille était absente pour accéder au compartiment du grenier pour y déposer ou récupérer des documents.
C’était facile. J’avais fait faire un double des clés. Vous avez lu son journal. Vous saviez qu’elle allait parler. Alors, qu’avez-vous fait ? Robert lève enfin les yeux. Ils sont rouges, gonflés par les larmes. J’ai appelé chez Henry depuis la maison des La Croix. Ils étaient sortis, j’ai profité de leur absence.
Je connaissais la famille, je savais leurs habitudes. J’ai imité une voix féminine au téléphone. J’ai dit à Marguerite que ses amis l’attendaient. Je voulais juste la faire sortir de la maison, l’empêcher de parler à Henry ce soir-là. Je pensais gagner du temps, trouver une solution. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé. Non.
Robert pleure maintenant ouvertement. Quand Marguerite est sortie, je l’attendais dans ma voiture, quelques rues plus loin. Je l’ai suivi. Puis je me suis arrêté à sa hauteur. J’ai baissé la vitre. Je lui ai dit de monter que j’avais à lui parler. Elle a hésité mais j’étais son oncle. Elle me faisait confiance. Elle est montée.
Henry sent les larmes coulées sur son propre visage. À côté de lui, Julien tremble de colère et de chagrin. Nous avons roulé. Je lui ai expliqué la situation. Je l’ai supplié de ne rien dire. J’ai promis d’arrêter mon trafic, de tout arrêter si elle gardait le secret. Mais Marguerite refusait. Elle disait que ce n’était pas juste, que ce n’était pas bien. Elle voulait que je me dénonce.
Elle était si jeune, si idéaliste. Elle ne comprenait pas ce que cela signifierait pour moi, pour ma famille. Où l’avez-vous emmené ? dans un entrepôt abandonné près du port Édouard Hiot, un bâtiment désaffecté où personne ne venait jamais. Je voulais juste je voulais juste la garder là quelques jours, le temps de réfléchir, de trouver une solution, je lui apportais à manger de l’eau. Je lui disais que bientôt elle pourrait rentrer, que nous trouverions un arrangement.
Le commandant du four fronce les sourcils. Vous l’avez séquestré ? Oui, pendant 3 jours, mais Marguerite était de plus en plus désespérée. Elle pleurait, elle me suppliait de la laisser partir. Le troisème soir, le 19 septembre, j’ai apporté son dîner comme d’habitude. Elle était allongée sur le matelas que je lui avais fourni. Elle ne bougeait pas. Je me suis approchée.
Elle ne respirait plus. Un cri étouffé raisonne dans la salle adjacente. C’est Henry. Julien le retient, l’empêche de se précipiter dans la salle d’interrogatoire. Robert continue, la voix mécanique, comme s’il récitait quelque chose qu’il a répété mille fois dans sa tête pendant 22 ans. Je pense que c’était son cœur. Elle avait un souffle au cœur depuis l’enfance. Je m’en souvenais.
Le stress, la peur, l’enfermement, c’était trop pour elle. Je n’ai pas voulu la tuer. Je le jure. Je voulais juste l’empêcher de parler, gagner du temps. Mais elle est morte et tout est devenu irréel. Qu’avez-vous fait du corps ? J’ai paniqué, j’ai attendu la nuit. Puis j’ai emmené j’ai emmené Marguerite loin de Lyon à la campagne dans un endroit isolé que je connaissais près de Bourgambresse, un bois épais où personne ne va jamais.
J’ai creusé, j’ai enterré et puis je suis rentré chez moi, j’ai pris une douche. J’ai brûlé mes vêtements dans la cheminée. Le lendemain, j’ai fait comme si de rien n’était. Et les affaires de Marguerite, je les ai gardé dans ma voiture quelques jours. Puis quand les recherches ont commencé à s’intensifier, j’ai eu peur qu’on les trouve chez moi ou dans ma voiture.
Alors, j’ai attendu un moment où Henry et Claire étaient de sortie. J’ai utilisé mes clés. Je suis monté au grenier et j’ai caché les affaires dans le compartiment que j’avais fait construire. Je me disais que personne ne les trouverait jamais là et pendant 22 ans, personne ne les a trouvé jusqu’à aujourd’hui. Le commandant du four se lève.
Elle est pâle, secouée par cette confession. Même après des années dans la police, certaines histoires la touchent plus que d’autres. Celle-ci est particulièrement cruelle. Un oncle qui cause la mort de sa niè par peur, par lâcheté, par orgueil. Monsieur Fontaine, pouvez-vous nous montrer l’endroit où vous avez enterré Marguerite ? Robert hoche la tête lentement.
Oui, je peux vous montrer. Après toutes ces années, je peux enfin vous montrer. Les jours suivants se déroulent dans une sorte de brouillard irréel pour Henry et Julien. Robert Fontaine guide la police jusqu’à un bois près du village de Vonas, à environ 60 km au nord de Lyon. L’endroit est isolé, caché par une végétation dense. Une équipe de spécialistes commence les fouilles.
Il leur faut de jours pour retrouver les restes. Le 23 septembre 2000, les analyses ADN confirment ce que tout le monde savait déjà. Les ocans retrouvés sont ceux de Marguerite Fontaine. Après ans, elle rentre enfin à la maison, ou du moins ce qu’il reste d’elle. Les funérailles ont lieu le 30 septembre par un samedi pluvieux typique de l’automne lyonnais.
L’église est bondée. Des centaines de personnes sont venues rendre un dernier hommage à Marguerite. Des anciens camarades de classe maintenant dans la quarantaine, les larmes aux yeux. Simone Lacroix, effondré, incapable de retenir ses sanglot.
L’inspecteur marchand venu spécialement du midi, le visage grave et Henri debout près du cercueil blanc, la main de Julien dans la sienne. Le prêtre parle de pardon, de paix, d’âme qui retrouve le repos. Mais Henry entend à peine. Il regarde le cercueil et se demande comment il va vivre avec cette vérité. Son propre frère, l’homme avec qui il a grandi, joué, partagé les joies et les peines de l’enfance.
Cet homme a causé la mort de sa fille. Cet homme a laissé sa famille souffrir pendant 22 ans. Les a laissé chercher désespérément, espérer follement alors qu’il savait. Il savait depuis le début. Robert Fontaine a été arrêté et inculpé de séquestration ayant entraîné la mort sans intention de la donner, dissimulation de cadavre et production de faux documents.
Ses avocats plaident l’absence d’intention homicide, arguant que Marguerite est morte de cause naturelle, aggravée par le stress mais la justice est implacable. En mars 2001, après un procès médiatisé qui déchire la famille Fontaine et choque l’opinion publique lyonnaise, Robert est condamné à 20 ans de réclusion criminelle.
Henry assiste à chaque jour du procès. Il écoute son frère raconter encore et encore cette nuit de septembre 78. Il entend les experts médicaux expliquer comment Marguerite, avec son souffle au cœur congénital, jamais traité, n’a pas supporter le stress extrême de la séquestration.
Il voit les photos de l’entrepôt où sa fille a passé ses trois derniers jours terrifié et seule, et il ne sait pas ce qui est pire. La mort de Marguerite ou la découverte que quelqu’un qu’il aimait et en qui il avait confiance était capable d’une telle cruauté. Les mois passent. Henry emménage finalement dans un appartement plus petit près du Rône.
Il ne pouvait plus vivre dans la maison de la Croix- Rousse trop de souvenirs, trop de douleur. Julien l’aide à s’installer, passe plus de temps avec lui, essaie de reconstruire ce qui peut l’être d’une famille détruite. La tombe de Marguerite au cimetière de la guillottière devient un lieu de paix pour Henri. Il y vient chaque semaine. Pose des fleurs fraîches, parle à sa fille. Il lui raconte sa vie, les petits enfants qu’elle n’a jamais connu, le monde qui a changé depuis qu’elle l’a quitté.
Et il lui demande pardon. Pardon de ne pas avoir été là ce soir-là. Pardon de ne pas avoir su protéger son désir de faire ce qui était juste. Pardon d’avoir mis 22 ans à la retrouver. Simone Lacroix écrit un livre sur l’affaire avec la permission d’Henry et Julien.
Un témoignage psychologique sur l’impact des disparitions sur les familles, sur la culpabilité du survivant, sur le poids des secret. Les bénéfices de la vente sont versés à une association d’aide aux familles de disparu. Marguerite, d’une certaine façon, aide encore les autres, même après sa mort. Julien, lui, se rapproche de ses propres enfants. La disparition et la découverte de la vérité sur le sort de Marguerite lui ont appris la fragilité de la vie.
l’importance de chaque instant passer avec ceux qu’on aime. Il leur parle de leurs tantees qu’ils n’ont jamais connu, de la jeune fille brillante et idéaliste qui a choisi de faire ce qui était juste, même au prix de sa vie. En septembre 2002, quatre ans après la découverte dans le grenier, Henry retourne au bois près de Vonas, à l’endroit exact où Marguerite reposait pendant 22 ans.
La municipalité locale, touchée par l’histoire, a autorisé la plantation d’un arbre à cet endroit. Un cerisier, l’arbre préféré de Marguerite quand elle était petite. Henry le regarde déjà haut de plusieurs mètres, ses branches se déployant vers le ciel. Il pose sa main sur les corce lisse et ferme les yeux.
Il pense à Marguerite, à son courage, à son désir de vérité et de justice. Il pensa clair qui n’a jamais su ce qui était arrivé à leur fille, morte en emportant cette douleur sans réponse. Il pense à Robert vieillissant en prison, portant le poids de ses actes et il pense à lui-même à ces 22 années de recherche qui ont défini sa vie entière.
La vérité finalement découverte ne lui apporte pas la paix qu’il espérait. Elle apporte une forme de clôture certes, mais aussi une douleur nouvelle plus profonde. Savoir est à la fois une bénédiction et une malédiction. Henry aurait-il préféré ne jamais trouver ce compartiment dans le grenier ? Ne jamais découvrir le rôle de son frère, continuer à vivre dans l’ignorance avec l’espoir ténu que peut-être quelque part Marguerite était encore vivante ? Il ne le sait pas. Il ne le saura jamais.
Ce qu’il sait, c’est que Marguerite a été retrouvée, qu’elle a été enterrée dignement, que justice a été rendue d’une certaine manière et que son histoire, aussi tragique soit-elle, rappelle une vérité essentielle. Les secrets les plus sombres finissent toujours par émerger d’une façon ou d’une autre.
Le temps ne les efface pas, il les cache simplement dans des compartiments secrets de nos vies jusqu’à ce qu’un jour quelqu’un déplace l’étagère qui les dissimule. Henry ouvre les yeux. Le soleil d’automne filtre à travers les feuilles du cerisier, projetant des ombres dansentes sur le sol.
Il murmure un dernier au revoir à sa fille, tourne les talons et s’éloigne lentement sur le chemin de terre. Derrière lui, le cerisier continue de grandir, témoin silencieux d’une tragédie que personne n’oubliera jamais. Cette affaire nous montre comment les secrets de famille, même ceux que l’on pense enterrer à jamais, finissent toujours par refaire surface.
La détermination d’Henry Fontaine à ne jamais abandonner pendant 22 années a permis à sa fille de recevoir enfin la sépulture qu’elle méritait et à la vérité d’éclater au grand jour. Mais elle révèle aussi jusqu’où peut aller la peur quand elle s’empare d’un être humain et comment une série de mauvais choix peut détruire des vies entières. Qu’en pensez-vous ? Avez-vous remarqué les indices disséminés tout au long de cette histoire ? Partagez vos réflexions dans les commentaires. Si ce type d’enquête approfondie vous intéresse, n’oubliez pas de vous abonner à la
chaîne et d’activer les notifications pour ne manquer aucun nouveau cas. Laissez un like si cette histoire vous a touché et partagez-la avec quelqu’un qui apprécierait également ce genre de récit.