Disparue à Lyon : Il aura fallu la mort de l’enquêteur pour que son frère découvre enfin la terrifiante vérité, 22 ans plus tard

C’était un matin d’automne comme les autres à Lyon, ce 14 septembre 1998. Sous le ciel gris de la Croix-Rousse, Mathilde Renard, 24 ans, se préparait pour une journée ordinaire. Assistante bibliothécaire passionnée à la Part-Dieu, elle aimait l’ordre, les livres et la tranquillité. Elle avait prévu de déjeuner ce midi-là avec son frère aîné, Thomas, son pilier, son confident. Elle a quitté son appartement, souriante, sans savoir qu’elle entamait les dernières heures de sa vie.
Le rendez-vous manqué
À 12h00, Thomas attendait au “Café de la Place”. 12h15. 12h30. Mathilde, dont la ponctualité était légendaire, n’arrivait pas. Son téléphone basculait inlassablement sur messagerie. L’inquiétude, d’abord diffuse, s’est transformée en une certitude glaciale : quelque chose de grave était arrivé.
L’enquête révélera plus tard une chronologie troublante. À 10h45, Mathilde avait reçu un appel mystérieux à la bibliothèque. Une conversation chuchotée, un visage qui se ferme. À 11h27, elle quittait son poste précipitamment. Les caméras de surveillance perdent sa trace rue du Lac. Mathilde s’est volatilisée.
L’énigme de la Clio bleue
Trois jours plus tard, la voiture de Mathilde est retrouvée dans un parking désaffecté de Villeurbanne, un endroit sinistre qu’elle n’avait aucune raison de fréquenter. À l’intérieur, son sac à main, ses papiers, son imperméable… mais pas de Mathilde. Le véhicule est propre, trop propre. Pourtant, le Luminol révélera l’horreur : des traces de sang infimes dans le coffre.
Le corps de la jeune femme sera découvert le 8 octobre, caché sous des branchages dans un bois près de Givors. Le verdict est brutal : homicide volontaire. Mathilde a été tuée violemment. Mais par qui ? L’homme aperçu dans une cabine téléphonique près de la bibliothèque ? Le conducteur de la voiture sombre dans laquelle un témoin l’a vue monter ? L’enquête piétine, les pistes s’effondrent une à une. Le dossier devient un “Cold Case”.
Une vie d’attente et de douleur
Pendant 22 ans, la famille Renard a vécu dans l’ombre de cette tragédie. Les parents de Mathilde sont morts de chagrin, sans jamais savoir. Thomas, lui, a survécu, hanté par l’absence et les questions sans réponse. Il a fondé une famille, donné le nom de sa sœur à sa fille, mais une partie de lui est restée figée en 1998, attendant un signe.
Ce signe est arrivé le 14 septembre 2020. Vingt-deux ans jour pour jour après la disparition.
Le secret du carnet noir

L’homme au téléphone s’appelait Damien Mercier. Il était le fils du capitaine Arnaud Mercier, l’enquêteur qui avait dirigé les recherches en 1998 et qui était décédé deux ans plus tôt. En triant les affaires de son père, Damien avait trouvé un carnet noir contenant des notes manuscrites datant de 2015.
Le capitaine Mercier avait reçu, cinq ans avant sa mort, une lettre anonyme. Une confession. L’auteur y décrivait avec une précision chirurgicale le scénario du meurtre. Le coupable ? Grégoire Fabre, un entrepreneur lyonnais avec qui Mathilde avait eu une brève liaison, ignorant qu’il était marié. Lorsqu’elle avait voulu rompre, Fabre, obsédé et violent, l’avait piégée.
Sous prétexte de lui rendre des affaires, il l’avait attirée dans sa voiture, conduite dans un entrepôt isolé, et tuée dans un accès de rage avant de déplacer le corps et la voiture avec une minutie diabolique. Fabre était mort dans un accident de la route en 2015, emportant son secret dans la tombe, juste avant que la lettre n’arrive chez le policier.
La paix, enfin
Pourquoi le capitaine n’avait-il rien dit à Thomas en 2015 ? Peut-être pour lui épargner la douleur de savoir que le meurtrier était hors d’atteinte, mort impuni. Mais pour Thomas, cette vérité tardive a été une libération. Sa sœur n’était pas morte par hasard. Elle avait été victime d’un homme qui n’avait pas supporté son refus.
Au cimetière de Villefranche-sur-Saône, une nouvelle plaque orne désormais la tombe de Mathilde : “La vérité a mis 22 ans à émerger, mais elle a fini par triompher.” Thomas a enfin pu cesser de chercher. Il sait. Et Mathilde, dont le souvenir vit à travers sa nièce, peut enfin reposer en paix.