En 1973, une jeune enceinte disparaît — 23 ans plus tard, son fils rend visite à ses grands parents

Le 15 octobre 1996, Henry Bonau ouvre la porte de sa maison aux rues Saint-Vivien à Rouan et se retrouve face à un jeune homme aux yeux verts perçant qui lui ressemble étrangement. “Bonjour, je suis Stéphane Lacroix”, dit le visiteur d’une voix tremblante. “Je crois que je suis le fils de Marie Claire Bonau.
” Le vieil homme s’effondre contre le chambranle. Mariec sa petite fille avait disparu en 197 enceinte de sept mois après une violente dispute familiale. Pendant 23 ans, Henry et sa femme Marguerite avaient vécu avec cette question lancinante. Qu’était-il arrivé à leur petite fille et à l’enfant qu’elle portait ? Comment ce jeune homme pouvait-il connaître des détails que même la police n’avait jamais découvert ? Et surtout, pourquoi avait-il fallu attendre tant d’années pour qu’ils viennent frapper à leur porte ? Avant de continuer avec cette histoire perturbante, si vous appréciez les cas
mystérieux réels comme celui-ci, abonnez-vous à la chaîne et activez les notifications pour ne manquer aucun nouveau cas. Maintenant, découvrons comment tout a commencé. Rouan ! Octobre 1973. La ville normande baigne dans cette atmosphère particulière de l’automne avec ses rues pavés humides et ses façades à colombage qui semble porter le poids des siècles.
Le quartier Saint-Vivien situé sur la rive droite de la scène abrite principalement des familles ouvrières dans des maisons de briques rouges alignées le long de rues étroites. C’est ici que vivent Henry et Marguerite Bonau, lui mécanicien au chantier naval.
Elle couturière à domicile dans une petite maison héritée des parents d’Henry. Les Bonau sont une famille respectée du quartier. Henry, 58 ans, travaille depuis ses 14 ans et n’a jamais manqué une journée. Grand et sec, avec ses cheveux gris toujours impeccablement peignés, il incarne cette génération d’hommes pour qui la parole donné vos contrats.
Marguerite, 55 ans, petite femme au geste précis, confectionne des robes pour les dames du centre-ville. Depuis plus de 20 ans, sa réputation n’est plus à faire. On vient de toute la région pour ses ourets parfaits et ses retouches invisible. Le couple a eu un fils unique, Philippe, né2.
Philippe Bonau était un homme brillant, instituteur dans une école primaire de rouan. En 1952, à 20 ans, il épouse Simone Leclerc, une jeune femme de bonne famille, fille d’un employé de la préfecture. Leur union semblait promise à un avenir paisible jusqu’à ce que la tragédie frappe en 1954. Philippe et Simon périssent dans un accident de la route près de Diep, laissant derrière eux leur fille Marie-Claire.
Alors âgé de seulement un an, Henry et Marguerite, dévasté par la perte de leur fils, trouvent dans l’éducation de leur petite fille une raison de continuer. Marie-Claire grandit dans cette maison de la rue Saint-Vivien, choyée par des grands-parents qui voient en elle la continuation de leur ligné. C’est une enfant vive, aux longs cheveux chatins et aux yeux verts hérités de sa mère qui se distingue à l’école par son intelligence et sa curiosité.
Mais Mariec-Claire porte en elle cette mélancolie particulière des orphelins même aimés. Elle passe des heures dans sa chambre sous les combles à lire des romans ou à regarder par la lucarne les toits de Rouan. À l’adolescence, cette solitude intérieure se transforme en rébellion contre les conventions que ses grands-parents, élevé dans la France catholique du début du siècle tente de lui inculquer.
En 1973, Marie-Claire a 19 ans. Elle travaille comme vendeuse dans une petite librairie de la rue du Grosloge, au cœur historique de Rouan. Ses collègues la décrivent comme une jeune femme réservée mais passionnée de littérature, capable de parler pendant des heures des romans de Françoise Sagan ou de Simone de Beauauvoir.
C’est une époque de changements profonds en France mais 68 a libéré les mœurs. La pilule contraceptive vient d’être légalisée et la jeunesse revendique de nouveaux droits. Cependant, dans les quartiers populaires comme Saint-Vivien, ces transformations sociales pénètrent plus lentement. Les Bonau profondément marqués par leurs valeurs traditionnelles, voient d’un mauvais œil les idées modernes de leur petite fille.
Les tensions s’accumulent au fil des mois. Mariec-Claire rentre tard, sort avec des amis que ses grands-parents jugent peu fréquentabl et remett en question l’autorité familiale avec une émence qui inquiète le couple. La situation se complique davantage lorsque Marie-Claire commence à fréquenter discrètement un homme plus âgé qu’elle.
Ses grands-parents ne connaissent de lui que des bribes d’informations glanées lors de conversations téléphoniques surprises. Il s’appelle Laurent, il a dans les 30 ans et il ne vit pas à Rouan. Mariec-Claire refuse obstinément de le présenter à sa famille, ce qui attent leur soupçon. Au printemps 1973, les signes deviennent évidents.
Marie-Claire souffre de nausée matinales, refuse certains plats et Marguerite, avec l’expérience d’une femme qui a élevé des enfants, comprend rapidement la vérité. Mais elle attend, espérant que sa petite fille lui confiera son secret. Les semaines passent et Marie-Claire dissimule sa grossesse sous des vêtements amples, continuant à travailler comme si de rien n’était.
C’est finalement Henry qui force la confrontation. Un soir de juin, remarquant la silhouette transformée de Marie-Claire, il exige des explications. La jeune femme, acculée, avoue sa grossesse, mais refuse de révéler l’identité du père. Elle annonce simplement qu’elle compte épouser Laurent et partir vivre avec lui. Pour les bonu, c’est un véritable séisme.
Leur petites filles qu’ils ont élevé dans les valeurs chrétiennes, se trouvent enceinte hors mariage et refusent de présenter le père de l’enfant. Les mois d’été 1973 sont marqués par une tension permanente dans la maison de la rue Saint-Vivien. Marguerite oscile entre le soutien à sa petite fille et l’inquiétude pour sa réputation.
Henry, plus intransigent, exige que Mariec-Claire révèle l’identité de Laurent et organise rapidement un mariage. Mais Marie-Claire maintient son silence, affirmant seulement que Laurent arrangera tout en temps voulu. Au mois de septembre, alors que la grossesse de Marie-Claire entre dans son mois et devient impossible à cacher, les voisins commencent à jaser.
Dans un quartier où tout se sait, la situation des Bonau devient le sujet de toutes les conversations. Marguerite, habituée au comérage lors de ses livraisons de couture, remarque les regards et les chuchottements. Henry, de son côté, subit les plaisanteries déplacées de ses collègues au chantier naval.
C’est dans ce contexte de pression sociale croissante que se dessine le drame qui va bouleverser définitivement la vie de la famille Bonau. Marie-Claire, sentant l’étau se resserrer et les reproches de ses grands-parents se faire plus pressant, commence à évoquer son départ imminent. Elle assure qu’elle partira bientôt rejoindre Laurent sans jamais donner de détails précis sur les modalités de ce départ.
Le samedi tr octobre commence comme tous les weekends dans la maison des Bonau. Henry se lève à 6 hees comme à son habitude. Bien qu’il ne travaille pas ce jour-là. Il prépare du café dans la petite cuisine donnant sur la cour arrière et lit le journal régional.
En attendant que les femmes se réveillent, Marguerite descend vers sep heures et commence à préparer le petit- déjeuner. Marie-Claire, désormais dans son sée mois de grossesse, dort plus longtemps et ne rejoint ses grands-parents qu’aux alentours de 9h. Ce matin-là, l’atmosphère est particulièrement tendue. Marie-Claire porte une robe ample de couleur bleue que Marguerite lui a confectionné pour dissimuler sa grossesse, mais son état est devenu impossible à ignorer.
Pendant le petit- déjeuner, elle annonce qu’elle doit se rendre en ville pour régler des affaires importantes. Henry demande immédiatement de quoi il s’agit, mais Mariec-Claire reste évasive, se content de dire qu’elle rencontrera quelqu’un et qu’elle rentrera dans l’après-midi. Vers 10h, Mariec quitte la maison.
Elle porte un manteau beige par-dessus sa robe, un petit sac à main en cuir marron et des chaussures plates noires. Marguerite remarque qu’elle emporte également un sac de voyage de taille moyenne, ce qui l’inquiète immédiatement. Quand elle interroge sa petite fille, Marie-Claire répond simplement qu’elle préfère être préparée à toute éventualité.
Selon les témoignages recueillis plus tard par la police, Mariec prend l’autobus de 10h15 à l’arrêt situé au bout de la rue Saint-Vivien. Madame Leellier, une voisine qui se rendait également en ville, la voit monter dans le bus. Elle remarque que Marie-Claire semble nerveuse et consulte fréquemment sa montre pendant le trajet.
Le bus arrive place du vieux marché vers 10h45. À partir de ce moment, les témoignages deviennent fragmentaires. Un employé de la librairie où travaille Marie-Claire, René Dumont, la croise vers 11h30, rue du Grosloge. Il la salue, mais elle semble pressée et ne s’arrête pas pour discuter. Elle se dirige vers la cathédrale Notre-Dame.
C’est le dernier témoignage fiable de la présence de Marie-Claire en ville. L’après-midi passe sans nouvell. Versette heures an, Henry commence à s’inquiéter. Il n’est pas dans les habitudes de Marie-Claire de rester absente si longtemps sans prévenir, surtout dans son état. Marguerite tente de le rassurer, suggérant que sa petite fille a peut-être rencontré des connaissances et prolongé sa sortie.
Mais quand la nuit tombe et que Marie-Claire n’est toujours pas rentrée, l’inquiétude cède place à l’angoisse. Henry se rend au commissariat de police de Rouan vers 21h l’agent de permanence, habitué aux disparitions temporaires, souvent liées aux disputes familiales, lui conseille d’attendre jusqu’au lendemain avant de déposer une plainte officielle.
Il note néanmoins les informations dans son rapport. Mariecaire Bonau, 19 ans, enceinte de sept mois, disparut depuis le matin du octobre. Le dimanche octobre, toujours sans nouvell, Henry retourne au commissariat et dépose une plainte officielle pour disparition inquiétante. L’enquête est confiée à l’inspecteur Jean-Claude Martel, un homme d’expérience qui a déjà traité plusieurs affaires de disparition dans la région.
Martel commence immédiatement ses investigations en interrogeant les bonau sur les habitudes de Marie-Claire et les circonstances de sa grossesse. Les premiers éléments de l’enquête révèlent rapidement les tensions familiales. Henry et Marguerite, contraint par les questions précises de l’inspecteur, avouent les disputes récurrentes avec leur petite fille au sujet de sa grossesse et du mystérieux Laurent qu’elle refuse de présenter.
Martel comprend qu’il s’agit probablement d’une fugue planifiée, Marie-Claire ayant sans doute rejoint le père de son enfant. Cependant, certains éléments troublent l’enquêteur. Premièrement, Mariec n’a retiré aucun argent de son compte en banque dans les jours précédant sa disparition.
Ces économies, modestes mais suffisantes pour subvenir à ses besoins pendant quelques semaines, sont intactes. Deuxièmement, elle n’a prévenu personne à la librairie de son départ, ce qui est étrange pour quelqu’un qui planifie une nouvelle vie ailleurs. L’inspecteur Martel élargit son enquête en interrogeant les collègues de Marie-Claire.
René Dumont qui l’a croisé le samedi matin confirme qu’elle semblait pressée et préoccupée. La propriétaire de la librairie, Madame Fouert, révèle que Marie-Claire avait demandé ses congés pour la semaine suivante prétextant des affaires personnelles urgentes. Ce détail laisse penser qu’elle avait effectivement planifié quelque chose.
Les recherches s’intensifient. Les gardes rouants sont passés au crible, mais aucun employé ne se souvient d’avoir vu une jeune femme enceinte correspondant au signalement de Marie-Claire. Les chauffeurs de taxi sont interrogés sans résultat. L’hypothèse d’un départ en voiture avec son mystérieux Laurent prend de la consistance.
Parallèlement, l’inspecteur Martel tente de reconstituer l’emploi du temps de Marie-Claire. Le samedi matin, entre sa descente du bus, place du vieux marché à 10h45 et sa rencontre avec René Dumont à 11h30, rue du Gros Horloge, il y a un créneau de 45 minutes dont personne ne peut rendre compte.
Que faisait Marie-Claire pendant ce lapse de temps ? Avait-elle rendez-vous avec Laurent ? Les jours passent et les pistes s’amenuisent. L’enquête révèle que personne dans l’entourage de Marie-Claire ne connaît Laurent. Ses collègues de la librairie confirment qu’elle recevait parfois des appels téléphoniques qu’elle prenait en privé, mais elles n’ont jamais entendu le nom de son correspondant. Mariec-Claire était d’une discrétion absolue concernant sa vie sentimentale.
Une semaine après la disparition, l’inspecteur Martel fait une découverte troublante. En interrogeant les commerçants du centre-ville, il apprend qu’une jeune femme enceinte a été vue vers midi, le samedi 13 octobre, près de la gare routière, semblant attendre quelqu’un.
Le témoin, un marchand de journaux se souvient particulièrement d’elle car elle consultait sans cesse sa montre et paraissait très anxieuse. Cependant, il ne peut pas affirmer formellement qu’il s’agissait de Marie-Claire. Au bout de trois semaines d’enquête, l’inspecteur Martel se trouve dans une impasse. Tous les indices pointent vers une fugue volontaire. Marieclaire avait des raisons de partir. Tension familiale, grossesse hors mariage, pression sociale.
Elle avait préparé un sac de voyage et pris des congés au travail. Mais l’absence totale d’indice sur l’identité et la localisation de Laurent rend impossible la suite de l’investigation. L’affaire est progressivement reléguée au second plan d’autres urgences. Henry et Marguerite Bonau vivent désormais dans l’angoisse permanente, ossillante entre l’espoir de recevoir des nouvelles et la crainte du pire.
Il garde la chambre de Marie-Claire intacte, espérant son retour. Marguerite continue de tricoter de petits vêtements pour l’enfant à naître, comme si ce geste pouvait maintenir le lien avec sa petite fille disparue. Les mois passent, puis les années. L’affaire Marie-Claot s’en lise dans les archives de la police de Rouan, rejoignant la longue liste des disparitions non élucidées.
Henry et Marguerite vieillissent prématurément, rongés par l’incertitude et les regrets. Ils se reprochent leurs paroles dures, leurs exigences, leur intransigence face à une jeune femme qui avait peut-être simplement besoin de compréhension. 23 années s’écoulèrent ainsi marqué par un silence assourdissant et des questions sans réponse.
Henry et Marguerite Bonaot apprirent à vivre avec cette blessure béante, mais jamais ils n’abandonnèrent l’espoir de retrouver leur petite fille et de connaître enfin la vérité. Les premières années furent les plus difficiles. Henry, qui avait toujours été un homme de routine, sombra dans une mélancolie profonde.
Il continuait à travailler au chantier naval, mais ses collègues remarquaient sa distraction croissante et ses silences prolongés. Le soir, il s’installait dans le fauteuil près de la fenêtre du salon et scrutait la rue Saint-Vivien, guettant un retour qui ne venait jamais. Marguerite, de son côté trouvait refuge dans le travail.
Elle acceptait toutes les commandes de couture, travaillant parfois jusqu’à tard dans la nuit pour éviter de penser. En 1975, 2 ans après la disparition, l’inspecteur Martel prit sa retraite. Son remplaçant, l’inspecteur Daniel Lefort, rouvrit brièvement le dossier Marie-Claire Bonau, mais les nouvelles investigations n’apportèrent aucun élément nouveau.
mystérieux Laurent demeurait introuvable comme s’il n’avait jamais existé. Cette théorie commença d’ailleurs à germer dans l’esprit de certains enquêteurs. Et si Marie-Claire avait inventé cette relation pour dissimuler une situation plus complexe, le quartier Saint-Vivien avait progressivement oublié l’affaire.
Les voisins, d’abord compatissants, puis curieux, finirent par éviter le sujet devant les Bonau. Seule, madame Leellier, qui avait vu Marie-Claire monter dans le bus ce fameux samedi continuait parfois à évoquer la disparition avec Marguerite. “Elle reviendra”, disait-elle invariablement. Les jeunes mères finissent toujours par revenir. En 197, Henry et Marguerite prirent une décision douloureuse. Transformer la chambre de Marie-Claire en atelier de couture.
Marguerite avait besoin d’espace pour ses commandes croissantes et la pièce inutilisée pesait sur leur moral. Cependant, ils conservèrent soigneusement toutes les affaires de leur petites filles dans des cartons stockés au grenier.
ses vêtements, ses livres, ses bijoux et surtout son journal intime qu’il n’avait jamais osé ouvrir par respect pour son intimité. Au début des années 1980, un événement vint raviver leurs espoirs. Une femme appela la maison des Bonau affirmant avoir vu Marie-Claire dans une gare de Lyon. Elle décrivait une jeune femme avec un enfant de 6 ou sept ans correspondant au signalement. Henri et Marguerite se rendirent immédiatement à Lyon accompagné de l’inspecteur Lefort.
Ils passèrent trois jours à arpenter les quartiers, montrant la photo de Marie-Claire, interrogeant les commerçants et les habitants. Leurs recherches furent vaines et ils rentrèrent à Rouan le cœur brisé, comprenant qu’il s’agissait probablement d’un cas d’erreur sur la personne.
Cette fausse alerte marqua un tournant dans leur processus de deuil. Henry alors âgé de soixante-cin ans prit sa retraite des chantiers navals. Il développa une passion tardive pour le jardinage, transformant la petite cour arrière de la maison en un potager soigneusement entretenu. “Pour quand elle reviendra”, expliquait-il à Marguerite quand elle lui demandait pourquoi il plantait tant de légumes pour deux personnes.
Marguerite, quant à elle, s’investit davantage dans la paroisse Saint-Jean d’Arc du quartier. Elle organisait des ventes de charité. préparait des repas pour les plus démunis et trouvait dans cette activité bénévole un réconfort que la religion seule ne lui apportait plus.
Le père Beaumont, curé de la paroisse depuis 19, devint un confident précieux pour le couple Bonau. C’était un homme dans la cinquantaine, arrivé d’une paroisse rurale de l’ure qui abordait les questions familiales avec une approche moderne inhabituelle pour l’époque. En 1985, 12 ans après la disparition, Henry et Marguerite reçurent la visite inattendue d’une assistante sociale, mademoiselle Bernadette Rousseau.
Elle venait de la direction départementale des affaires sanitaires et sociales et menait une enquête sur les enfants nés de mèes célibataires dans le département de scène maritime. Son questionnaire portait sur la période 1970-195 et elle souhaitait savoir si les Bonau avaient eu connaissance de la naissance de l’enfant de Marie-Claire. Cette visite remua profondément le couple.
Pour la première fois depuis des années, quelqu’un s’intéressait officiellement au sort de leur petite fille et de son enfant. Mademoiselle Rousseau expliqua que de nombreuses jeunes femmes enceintes de cette époque avaient accouché dans des institutions religieuses ou des maternités discrètes souvent sous de fausses identités. Elle évoqua l’existence de registres tenus par certaines congrégations, mais précisa que l’accès à ces documents était extrêmement restreint.
Henry demanda s’il était possible de consulter ses registres. L’assistante sociale répondit que cela nécessiterait des démarches administratives complexes et l’accord des institutions concerné. Elle promit de transmettre leurs demandes aux services compétents, mais les avertit que les chances d’obtenir des informations étaient mince en raison du secret médical et de la confidentialité de ces établissements. Les mois passèrent sans nouvell de cette démarche.
Henry et Marguerite applairent plusieurs fois les services sociaux mais Mademoiselle Rousseau avait été mutée et ses successeurs ne retrouvaient aucune trace de son enquête dans les dossiers. Cette frustration administrative s’ajouta à leur douleur, renforçant leurs sentiments d’impuissance face à une bureaucratie indifférente.
En 1988, 15 ans après la disparition, Henry développa des problèmes cardiaques. Son médecin, le docteur Flamand, attribua en partie ses troubles au stress chronique lié à l’inquiétude pour Marie-Claire. Marguerite, qui avait maintenant soix-duq ans commença à montrer les premiers signes d’arthrose dans les mains, ce qui compliquait son travail de couture.
Le couple vieillit rapidement, comme si le poids de la tente usait prématurément leur force. C’est à cette époque qu’ils firent la connaissance de M. Gérard Valet, un retraité de l’administration qui venait d’emménager rue Saint-Vivien. Valallety, ancien fonctionnaire de la préfecture, avait travaillé pendant 30 ans dans les services de l’État civil.
Curieux de nature et disposant de temps libre, il s’intéressa à l’histoire de ses nouveaux voisins. Quand Henry lui raconta la disparition de Marie-Claire, Valy proposa ses services pour effectuer des recherches dans les archives départementales. Gérard Valy se révéla un allié précieux. Grâce à ses anciens contacts dans l’administration, il put consulter des documents normalement inaccessibles au public : civil, archives hospitalière, dossier de la préfecture.
Il découvrit que plusieurs maternités de la région avaient effectivement accueilli des filles mères au début des années 1970, en particulier l’institution Sainte-Marie à Diep et la maison Saint-Joseph à Hévreux. Les recherches de vallet révélèrent aussi l’existence d’un réseau informel d’aide aux jeunes femmes enceintes en difficulté organisé par certaines congrégations religieuses.
Ces institutions proposaient un hébergement discret, un accompagnement médical et souvent facilitait l’adoption des enfants par des familles catholiques. palais établit une liste de 15 établissements dans un rayon de 100 km autour de Rouan qui aurait pu accueillir Marie-Claire. Armé de ces informations, Henry et Marguerite entreprirent une série de visites méthodiques.
Chaque weekend, il se rendait dans l’un de ses établissements, muni de la photographie de Marie-Claire et de tous les détails de sa disparition. Certaines institutions avaient fermé, d’autres avaient perdu leurs archives et la plupart invoquaient le secret professionnel pour refuser de communiquer leur registre.
Cependant, à la maison Saint-Joseph d’Evreux, ils rencontrèrent Sœur Agnès, une religieuse âgée qui avait travaillé dans l’établissement depuis les années 1960. Sœur Agnès examina longuement la photographie de Mariec et admit qu’elle lui rappelait vaguement une jeune femme accueillie à l’automne 1973. Mais sans certitude absolue et les registres de cette période ayant été détruits dans un incendie en 1982, elle ne pouvait rien confirmer.
En septembre, 23 ans après la disparition de Marie-Claire, un événement inattendu vint bouleverser la routine des Bonau. Henry, maintenant âgé de 81 ans, fut hospitalisé d’urgence pour un infarctus du myocarde. Marguerite paniquée appela les services d’urgence et accompagna son mari à l’hôpital Charles Nicole de Rouan.
Pendant les trois jours d’hospitalisation d’Henry, Marguerite ne quitta pratiquement pas son chevet. C’est le père Beauaumont qui vint prendre de leurs nouvelles et qui insista pour qu’elle rentre se reposer chez elle. Le mardi soir, épuisé par l’angoisse, Marguerite accepta finalement de rentrer rue Saint-Vivien pour prendre une douche et changer de vêtements. En arrivant dans la maison vide, elle remarqua immédiatement que quelque chose avait changé.
La porte du grenier, habituellement fermée, était entrouverte. Intriguée et légèrement inquiète, elle monta les escaliers étroits menant au comble. Le grenier était en désordre. Plusieurs cartons avaient été déplacés et certains étaient ouverts. Son premier réflexe fut de penser à un cambriolage, mais rien ne semblait avoir été volé.
En examinant les cartons plus attentivement, Marguerite réalisa qu’il s’agissait exclusivement de ceux contenant les affaires de Marie-Claire. Les vêtements avaient été soigneusement sortis puis remis en place. Les livres feuilletés et le journal intime de sa petite fille était ouvert à une page précise.
Quelqu’un avait visiblement fouillé ses souvenirs avec méthode comme s’il cherchait quelque chose de spécifique. Marguerite descendit immédiatement téléphoné à la police. L’agent qui prit sa déposition, le brigadier Morau, lui expliqua qu’il s’agissait probablement d’un cambriolage inhabituel. Certains voleurs s’intéressaient parfois aux objets personnels pour usurper des identités ou rechercher des informations banca.
Il promit d’envoyer une équipe pour relever les empreintes, mais précisa que les chances de retrouver le coupable étaient mince. Le lendemain matin, en attendant l’arrivée de la police scientifique, Marguerite examina plus minutieusement les cartons perturbés. Elle découvrit alors quelque chose d’étrange. Le journal intime de Marie-Claire était ouvert à la page du 10 octobre 1973, soit trois jours avant sa disparition.
Cette page, que Marguerite n’avait jamais lu par respect pour l’intimité de sa petite fille contenait un passage souligné au crayon bleu. L’écriture du soulignement ne correspondait pas à celle de Mariec. Marguerite lut enfin ces lignes qu’elle avait évité pendant ans. Laurent m’a donné rendez-vous samedi près de la cathédrale. Il dit qu’il a trouvé une solution pour nous et le bébé. Je suis inquiète, mais j’ai confiance en lui. Grand-mère et grand-père ne comprennent pas.
Mais bientôt tout sera arrangé. J’espère que nous pourrons revenir les voir avec notre enfant quand la situation se sera calmée. Cette découverte changea radicalement la perception de Marguerite sur la disparition de sa petite fille. Pour la première fois, elle avait la preuve écrite que Marie-Claire avait effectivement rendez-vous avec Laurent le jour de sa disparition et que ce rendez-vous était prémédité.
Mais qui avait souligné ce passage ? Et pourquoi ? qui était venu fouiller leurs souvenirs 23 ans après les faits. La police scientifique releva plusieurs empreintes dans le grenier, mais aucune ne correspondait au fichier criminel. L’enquête de routine sur le cambriolage n’aboutit à aucun résultat concret. Cependant, le brigadier Morau, intrigué par le caractère inhabituel de cette effraction, prit l’initiative de ressortir l’ancien dossier de la disparition de Marie-Claire Bonau.
En consultant les archives, Morau découvrit que l’affaire n’avait jamais été officiellement classée. Techniquement, l’enquête restait ouverte, même si aucune investigation active n’avait été menée depuis des années. Il décida de contacter l’inspecteur Lefort, maintenant retraité pour l’informer de ses nouveaux éléments.
Le Fort, contacté par téléphone, se souvenait parfaitement de l’affaire Bonau. Il avait toujours été frustré par l’impossibilité de retrouver la trace de Laurent et par l’absence totale d’indice sur le devenir de Marie-Claire. Quand Morau lui expliqua la découverte du journal intime et le passage souligné, Le Fort immédiatement à consulter le document original.
La rencontre entre Leerite eut lieu le vendredi suivant dans le salon de la maison rue Saint-Vivien. Henry était rentré de l’hôpital mais resté faible. Aussi Marguerite conduisit-elle seule l’entretien avec l’ancien enquêteur. Le fort examina longuement le journal de Marie-Claire, particulièrement le passage souligné et l’écriture de ce soulignement.
Cette écriture ne correspond pas aux échantillons que nous avions de Marie-Claire à l’époque, confirma le fort. Quelqu’un d’autre a souligner ce passage probablement récemment. La couleur du crayon est encore vive et l’encre n’a pas eu le temps de ternir. Il marqua une pause et regarda Marguerite dans les yeux.
Madame Bona je pense que quelqu’un qui connaissait Marie-Claire, quelqu’un qui savait pour ce journal intime est venu chercher des informations spécifiques. Les révélations de Le Fort plongèrent de Marguerite dans un état de trouble profond. Si quelqu’un avait effectivement fouillé leurs affaires pour retrouver des traces de Marie-Claire, cela signifiait que sa petite fille était peut-être encore vivante, ou du moins que son sort intéressait encore quelqu’un après tant d’années.
Cette perspective, à la fois réconfortante et angoissante, obsédait la vieille femme. Henry, affaiblie par son infarctus, mais galvanisé par ses nouveaux développements, insista pour participer aux discussions avec le fort ensemble. Ils établirent une liste des personnes qui auraient pu connaître l’existence du journal intime de Marie-Claire. Cette liste était étonnamment courte.
Les Bonau eux-mêmes, évidemment quelques proches amis de Marie-Claire qui avaient pu la voir écrire dans son journal et théoriquement Laurent si leur relation avait été suffisamment intime. Le fort proposa de reprendre contact avec les anciens témoins de l’enquête de 1973.
Beaucoup étaient décédés ou introuvables, mais René Dumont, l’employé de la librairie qui avait croisé Marie-Claire le jour de sa disparition, vivait toujours à Rouan. Devenu propriétaire d’une petite librairie d’occasion près de la gare, il accepta de rencontrer Lee fort pour évoquer ses souvenirs. Dumont, maintenant dans la soixantaine, se souvenait parfaitement de Marie-Claire.
C’était une fille intelligente, toujours un livre à la main, raconta-t-il. Elle posait beaucoup de questions sur les auteurs, surtout les femmes écrivains. Simone de Beauauvoir, Françoise Sagan, ce genre d’auteur. Il confirma l’avoir croisé le 13 octobre 1973, mais ajouta un détail qui n’était pas dans le rapport d’époque. Elle n’était pas seule ce jour-là.
Cette révélation fit l’effet d’une bombe. Le fort demanda immédiatement des précisions. Dumont expliqua qu’à l’époque, il n’avait pas jugé important de mentionner ce détail à la police, car la personne qui accompagnait Marie-Claire était restée à distance. C’était un homme d’une trentaine d’années, bien habillé, qui attendait un peu plus loin dans la rue.
Quand j’ai salué Marie-Claire, elle a regarder dans sa direction comme pour lui signaler qu’elle devait y aller. “Pourquoi n’avez-vous jamais mentionné cela à la police ?” demanda le fort. Du baissa les yeux.
“À l’époque, j’ai pensé que c’était peut-être le père de l’enfant qu’elle portait dans les années 70. On ne se mêlait pas de ce genre d’affaires. Et puis l’enquête a vite tourné au rond. Alors, j’ai oublié. Cette nouvelle information changeait complètement la donne. Marie-Claire n’avait pas disparu seule. Elle était effectivement avec Laurent ce fameux samedi. Mais alors, pourquoi Dumont ne l’avait-il pas reconnu quand la police avait diffusé l’avis de recherche ? La réponse de Dumont fut troublante parce qu’aucune description de Laurent n’a jamais été diffusée. La police n’avait aucune information sur lui. Le fort
réalisa soudain une faille majeure dans l’enquête originale. En 1973, les enquêteurs s’étaient concentrés sur la recherche de Marie-Claire sans jamais vraiment chercher à identifier Laurent. Ils avaient supposé que Mariec l’avait rejoint, mais n’avait jamais vérifié l’existence même de cet homme.
“Et si Laurent était un faux nom ?” murmura le fort. De retour chez les Bonau, Le Fortgea ses découvertes et ses nouvelles hypothèses. Il était maintenant convaincu que la clé de l’affaire résidait dans l’identité de Laurent. “Celqu’un qui connaît la vérité sur cette histoire est encore en vie”, affirma-t-il.
et cette personne a récemment éprouvé le besoin de vérifier quelque chose dans les affaires de Marie-Claire. Henry, malgré sa fatigue, insista pour reprendre les recherches. “Si ma petite fille est vivante quelque part, je veux la retrouver avant de mourir”, déclara-t-il avec une détermination qui surprit Marguerite. Le fort accepta de les aider officieusement, précisant qu’il ne pouvait pas rouvrir officiellement l’enquête sans éléments nouveaux plus probants.
Dans ce contexte de tension croissante et d’espoir renaissant que se déroula soirée du 14 octobre 1996, exactement 23 ans après la disparition de Marie-Claire. Henry et Marguerite dînaient en silence, chacun perdu dans ses pensées quand le téléphone sonna vers 20h30. Marguerite décrocha et entendit une voix masculine jeune et hésitante.
Bonsoir madame, je cherche à joindre la famille Bonau qui habite rue Saint-Vivien. C’est nous, répondit Marguerite, le cœur battant. Qui êtes-vous ? Il y eut un long silence au bout du fil, puis l’avoir reprit : “Je m’appelle Stéphane Lacroix. Je pense je pense que je suis le petitfils que vous n’avez jamais connu.” Marguerite faillit lâcher le combiné.
Henry, voyant la paleur de sa femme, se leva péniblement et s’approcha. “Comment, comment pouvez-vous affirmer cela ?” balbucia Marguerite. Stéphane expliqua qu’il avait grandi dans une famille adoptive à Lyon, qu’il avait récemment entrepris des recherches sur ses origines biologiques et qu’il avait des raisons de croire qu’il était le fils de Marie-Claire Bonau. Il demanda s’il pouvait les rencontrer le lendemain pour leur expliquer sa démarche.
Cette nuit-là, Henry et Marguerite ne dormirent pas. Ils passèrent des heures à échafauder des hypothèses oscillantes entre l’espoir fou et la crainte d’une nouvelle désillusion. À l’aube, Henry prit une décision. Même si ce jeune homme n’est pas notre arrière-petitfils, nous devons l’écouter.
Peut-être a-t-il des informations sur Marie-Claire. Le 15 octobre 1996, à 14 ans précise, Stéphane Lacroix sonna à la porte du 47 rue Saint-Vivien. Quand Henri ouvrit, il se figea. Le jeune homme qui se tenait devant lui avait les yeux verts de Marie-Claire et la forme du visage des Bonau. “Bonjour, monsieur”, dit Stéphane d’une voix ému. “Je crois que nous avons beaucoup de choses à nous dire.
” Henry fit entrer Stéphane dans le petit salon où Marguerite attendait, les mains crispées sur son mouchoir brodé. La ressemblance était saisissante. Non seulement Stéphane avait les yeux de Marie-Claire, mais aussi sa façon de pencher légèrement la tête quand il réfléchissait et ce petit pli au coin de la bouche qui apparaissait quand il souriait nerveusement. Marguerite étouffa un sanglot en le voyant.
“Mon Dieu”, murmura-t-elle, “se notre sang !” Stéphane s’assit dans le fauteuil que lui désignait Henry, tenant à la main une sacoche en cuir usée. “Je dois d’abord vous expliquer comment j’ai su que vous existiez”, commença-t-il d’une voix mal assurée. “J’ai grandi dans une famille formidable à Lyon.
Mes parents adoptifs, Claude et Denise Lacroix, ne m’ont jamais caché que j’étais adopté. Ils m’ont toujours dit que ma mère biologique était très jeune et qu’elle n’avait pas pu me garder, mais il ne connaissait pas son nom véritable.” Il ouvrit sa sacoche et en sortit plusieurs documents photocopiés.
Quand j’ai eu 18 ans, j’ai commencé à rechercher mes origine. Mes parents adoptifs m’ont donné tous les papiers qu’ils avaient, l’acte d’adoption, les certificats médicaux et surtout cette attestation de naissance. Il tendit un document Johnny à Henry. Regardez la date, 2 janvier 1974, lieu de naissance, institution Sainte-Marie, Dieep.
Nom de la Marie-Claire B. Henry examina le document, ses mains tremblant légèrement. L’entête de l’institution était authentique, le tampon officiel bien visible. Marguerite se pencha épaule pour lire. “Sainte Marie Adep répéta-t-elle. “Nous y sommes allés il y a des années, mais ils ont dit qu’il n’avait aucun registre de cette époque.
C’est normal qu’il vous ait dit cela”, expliqua Stéphane. L’institution Sainte-Marie était spécialisée dans l’accueil discret de jeunes femmes enceintes. Toutes les naissances étaient enregistrées sous des initiales ou des prénoms d’emprunt pour protéger l’anonymat des mères. Ce n’est qu’en lors de la fermeture définitive de l’établissement qu’une partie des archives a été transféré aux services sociaux de scène maritime. Il sortit un autre document de sa sacoche.
Voici l’autorisation que j’ai obtenue l’année dernière pour consulter mon dossier complet. C’est là que j’ai découvert le nom complet de ma mère. Marie-Claire Bonau née le septembre à Rouan, résidant aux rues Saint-Vivien chez ses grands-parents Henry et Marguerite Bonau. Il regarda les deux vieillards avec émotion.
J’ai mis des mois à rassembler le courage de venir vous voir. Marguerite essuya ses larmes avec son mouchoir. Raconte-nous tout, mon petit, dit-elle d’une voix brisée. Comment était-elle ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Stéphane prit une profonde inspiration. D’après le dossier médical, ma mère est arrivée à l’institution Sainte-Marie le octobre 197, soit quatre jours après sa disparition de Rouan.
Elle était accompagnée d’un homme qui s’est présenté sous le nom de Laurent Dubois. Il a signé tous les papiers comme étant le père de l’enfant et le responsable de la prise en charge financière. Henry se redressa brusquement. Laurent Dubois pas seulement Laurent. Non, Laurent Dubois. L’adresse indiquée sur le dossier était un appartement à Paris dans le quzee arrondissement. J’ai vérifié.
L’immeuble existait bien, mais aucun Laurent du Bois n’y a jamais habité selon les registres que j’ai pu consulter. Stéphane marqua une pause. Je pense que c’était un faux nom. Marguerite serra la main d’Henry. Toutes ces années d’angoisse trouvaient enfin un début d’explication. Mais les révélations de Stéphane soulevaient de nouvelles questions troublantes.
Et Marie-Claire ? Demanda-t-elle. Comment allait-elle ? Était-elle heureuse ? Stéphane consulta ses notes. Le dossier médical indique qu’elle était physiquement en bonne santé mais psychologiquement fragile. Elle était très silencieuse selon les témoignages des religieuses. Sœur Marguerite qui s’occupait d’elle a écrit dans son rapport qu’elle passait beaucoup de temps à écrire des lettres qu’elle ne postait jamais.
Des lettres ? Henry fronça les sourcils. À qui écrivait-elle ? Le dossier ne le précise pas, mais sœur Marguerite a conserver une de ses lettres trouvée dans la chambre après le départ de ma mère. Elle était adressée à grand-père et grand-mère. Stéphane sortit une feuille de papier soigneusement pliée.
Voulez-vous que je vous la lise ? Henry et Marguerite acquiéèrent en silence, se préparant à entendre les mots de Marie-Claire après 23 ans de silence. Stéphane déplia la lettre et commença à lire d’une voix éme. Mes chers grands-parents, si vous lisez cette lettre, c’est que quelque chose de terrible m’est arrivé. Je sais que vous m’en voulez pour ma grossesse et mon départ, mais je veux que vous sachiez que je ne vous ai jamais voulu de mal.
Laurent m’avait promis que nous pourrions nous marier et revenir vous voir avec le bébé, mais les choses ne se passent pas comme prévu. Il y a des gens ici qui veulent que je renonce à mon enfant et Laurent semble d’accord avec eux. J’ai peur. Je ne sais plus qui croire ni quoi faire si je ne reviens pas chercher l’enfant.
Il portera peut-être le nom de la croix. C’est le nom que Laurent veut lui donner. Je vous aime et j’espère que vous me pardonnez. Votre Marie Claire. Le silence qui suivit cette lecture fut lourd d’émotion. Marguerite pleurait ouvertement tandis qu’Henry serrait les points. La colère montant en lui contre ce Laurent qui avait manipulé leur petite fille.
Elle avait peur murmura Marguerite. Notre pauvre petite avait peur et nous n’étions pas là pour la protéger. Stéphane remis soigneusement la lettre dans sa sacoche. Il y a autre chose, dit-il doucement. D’après le dossier de l’institution, ma mère est partie le 15 janvier 197, soit 13 jours après ma naissance. Les religieuses pensaient qu’elles rentraient chez Laurent Dubois, mais elles n’ont plus jamais eu de ses nouvelles. C’est Laurent qui est revenu seul tr semaines plus tard pour finaliser les papiers d’adoption. Henry
sentit un frisson glacé parcourir son échine. Tu veux dire que ta mère a disparu une deuxième fois ? Ce que craignent les religieuses qui ont accepté de me parler. Sœur Agnès que vous avez rencontré à Hévreu il y a quelques années travaillait en fait à Sainte-Marie à l’époque. Elle se souvenait vaguement de ma mère mais n’avait pas osé vous le dire car elle n’était pas certaine et craignait de vous donner de faux espoirs. Marguerite se leva brusquement et commença à faire les 100 pas dans le petit salon. Alors
cet homme, ce Laurent, il a emmené notre marclaire, il l’a convaincu d’abandonner son bébé et ensuite il l’a fait disparaître. Sa voix monté dans l’aigu, trahissant des années de frustration contenue. Je ne sais pas, admit Stéphane, mais j’ai des soupçons. En recherchant mes origines, j’ai découvert l’existence d’un réseau d’adoption irrégulière qui opérait dans les années 70.
Des hommes se faisaient passer pour les paères d’enfants nés de mères célibataires. Ils organisaient des adoptions payantes avec de fausses identités et empochèrent des sommes importantes. Henry s’assit lourdement. Cette révélation dépassait ses pires craintes. Tu penses que Marie-Claire a été victime de ce réseau ? J’en suis presque certain.
Mes parents adoptifs ont payé une somme énorme pour m’adopter, 50 mille francs, ce qui représentait presque une année de salaire en 1964. Il pensait que cet argent servirait à aider la mer biologique, mais maintenant je soupçonne qu’il est allé directement dans les poches de Laurent du Bois et de ses complices.
Stéphane sortit le dernier document de sa sacoche, une photographie en noir et blanc. J’ai aussi ceci. C’est la seule photo de ma mère enceinte. prise à l’institution Sainte-Marie en décembre. Il tendit la photo à Marguerite qui la saisie avec des mains tremblantes. Sur la photographie, Marieclaire était assise dans un jardin enneigé, emmitoufflé dans un manteau sombre.
Elle regardait l’objectif avec une expression mélangée de tristesse et d’appréhension. Ses mains reposaient sur son ventre rond et, malgré son jeune âge, on pouvait lire une maturité forcée dans son regard. Elle était si jeune, murmura Marguerite et si belle même dans cette situation difficile. Henry examina la photo à son tour. Elle a l’air effrayée dit-il simplement.
Notre petite fille avait peur et nous n’avons rien pu faire pour l’aider. Stéphane referma sa sacoche et regarda ses grands-parents avec une détermination nouvelle. Mais nous pouvons peut-être encore faire quelque chose maintenant. J’ai passé des mois à reconstituer le puzzle de mon histoire et je pense savoir ce qui est arrivé à Marie-Claire, mais j’ai besoin de votre aide pour aller jusqu’au bout. Que veux-tu que nous fassions ? Demanda Henry.
D’abord, j’aimerais que vous me parliez de Laurent, tout ce que vous savez sur lui, même les détails qui vous paraissent insignifiants. Ensuite, j’aimerais visiter la chambre de ma mère si vous l’avez conservé. Et enfin, Stéphane hésita. J’aimerais que nous reprenions contact avec la police. J’ai des informations qui pourraient relancer l’enquête. Marguerite échangea un regard avec Henry.
Il pensait tous les deux à l’inspecteur Le Fort et à ses récentes investigations. En fait, dit Henry, nous avons déjà repris contact avec la police. Il s’est passé des choses étranges ces dernières semaines. Stéphane fronça les sourcils. Quel genre de choses étranges ! Henry lui raconta l’effraction mystérieuse dans leur grenier, la découverte du passage soulignée dans le journal de Marie-Claire et les nouvelles révélations de René Dumont sur la présence de Laurent le jour de la disparition. Stéphane écoutait avec une attention croissante, prenant des notes
dans un petit carnet. “Cette effraction n’est pas un hasard”, dit-il finalement. Quelqu’un savait que j’allais vous retrouver. Quelqu’un qui connaît la vérité sur l’histoire de ma mère et qui a voulu vérifier ce qu’elle avait pu laisser comme traces écrites. Mais qui demanda Marguerit.
Qui pourrait savoir que tu allais venir nous voir ? Stéphane réfléchit un moment. Les religieuses de Sainte-Marie savaient que je recherchais ma famille biologique. Les employés des services sociaux qui m’ont donné accès à mon dossier le savaient aussi. Et puis il marqua une pause. Il y a Laurent Dubois lui-même s’il est encore vivant.
Cette dernière hypothèse jeta un froid dans le salon. L’idée que l’homme qui avait fait disparaître Marie-Claire puisse être encore en vie et surveiller ses faits et gestes était terrifiante pour Henry et Marguerite. “Tu penses qu’il pourrait être dangereux ?” demanda Henry.
“Je ne sais pas, mais je pense qu’il a des raisons de s’inquiéter maintenant que j’ai retrouvé votre trace. Si mes soupçons sont correctes, Laurent Dubois a participé à un réseau d’adoption illégale qui a brassé des sommes considérables. S’il est encore vivant, il a sûrement refait sa vie sous une autre identité et mon apparition pourrait compromettre sa tranquillité.
Marguerite frissonna. Alors, nous sommes peut-être en danger. Pas nécessairement, mais nous devons être prudents. Stéphane regarda ses grands-parents avec affection. Je suis désolé de vous apporter toutes ces inquiétudes en plus de la douleur que vous avez déjà enduré, mais je pense que nous avons une chance unique de découvrir enfin la vérité sur le sort de Marie-Claire.
Henry se leva et posa une main sur l’épaule de Stéphane. Mon garçon, tu es tout ce qui nous reste de notre petite fille. Peu importe les risques, nous irons jusqu’au bout avec toi. Marie-Claire mérite que nous découvrions ce qui lui est arrivé. Marguerite acquessa en s’essuyant les yeux. “Montrons-lui la chambre de sa mère”, dit-elle.
“Et ensuite nous appellerons l’inspecteur Le Fort. Il faut que cette histoire finisse enfin. La visite de l’ancienne chambre de Marie-Claire, transformée en atelier de couture depuis 1978 fut un moment chargé d’émotion pour Stéphane. Bien que la pièce ait changée de fonction, Marguerite avait conservé quelques éléments de décoration originaux.
le papier peint à fleurs roses, la petite étagère près de la fenêtre et surtout la vue sur les toits de Rouan que Marie-Claire contemplait des heures durant. Elle s’asseyait là, indiqua Marguerite en désignant l’embrasure de la fenêtre. Elle pouvait passer des après-midis entiers à regarder dehors, à lire ou à écrire dans son journal. Stéphane s’approcha de la fenêtre et resta silencieux un moment, essayant d’imaginer sa mère adolescente dans cette même position. Quand ils redescendirent au salon, Henry téléphona immédiatement à l’inspecteur Lefort.
L’ancien policier accepta de les rencontrer le soir même, intrigué par l’apparition soudaine du petitfils de Marie-Claire. Si ce jeune homme a vraiment des documents de l’institution Sainte-Mie”, dit le fort au téléphone, alors nous tenons enfin une piste sérieuse. À 19 avril, le fort arriva rue Saint-Vivien, accompagné du brigadier Morau qui avait traité l’affaire de l’ffraction.
Les deux policiers examinèrent minutieusement les documents apportés par Stéphane, particulièrement l’acte de naissance et la lettre de Marie-Claire. Le fort fut frappé par la cohérence des informations. Les dates correspondaient parfaitement et le style d’écriture de la lettre était identique à celui du journal intime.
“Cette lettre change tout”, déclara le fort après avoir lu le message de Marie-Claire. Elle prouve que votre petite fille était en danger et qu’elle en était consciente. Le terme si quelque chose de terrible m’arrive suggère qu’elle craignait pour sa sécurité physique. Stéphane sortit alors un dernier document qu’il avait gardé pour la fin.
Une liste manuscrite trouvée dans les archives de Sainte-Marie lors de leur fermeture. “Voici quelque chose qui va vous intéresser”, dit-il en tendant la feuille à Lefort. “C’est la liste des adoptions traitées par Laurent du Bois entre 1972 et 1975. Mon nom y figure, mais il y en a deux autres.” Le fort examina la liste avec attention.
CR enfants adoptés, tous nés de mères célibataires, hébergés dans différentes institutions religieuses de Normandie et de région parisienne. Les sommes indiquées en face de chaque nom étaient considérables pour l’époque, confirmant l’hypothèse d’un trafic d’adoption lucratif.
“Nous vérifier le devenir de ces autres mères”, annonça le fort. Si plusieurs d’entre elles ont également disparu après avoir accouché, nous aurons la preuve d’un réseau criminel organisé. Il se tourna vers Stéphane. Avez-vous tenté de contacter d’autres familles adoptives de cette liste ? J’ai commencé, répondit Stéphane. J’ai retrouvé trois familles. Dans deux cas, les mères biologiques ont également disparu après l’accouchement.
La troisième famille m’a appris quelque chose de très troublant. Il marqua une pause. Laurent Dubois n’était pas seul. Il travaillait avec une femme qui se présentait comme assistante sociale et qui prenait contact avec les jeunes femmes enceintes en difficulté. Cette révélation fit l’effet d’une bombe. Henry se redressa brusquement.
Une femme ? Quelle femme ? Elle utilisait le nom de Bernadette Rousseau. Elle se rendait dans les familles où contactaiit directement les jeunes femmes enceintes, leur proposit des solutions discrètes à leurs problèmes. Elle leur parlait d’institutions spécialisées, de familles adoptives fortunées et surtout de la possibilité de recommencer une nouvelle vie sans que personne ne sache jamais ce qui s’était passé. Marguerite porta la main à sa bouche.
Bernadette Rousseau, mais c’est le nom de l’assistante sociale qui est venue nous voir en 1985. Celle qui menait une enquête sur les enfants nés de mère célibataire. Le silence qui suivit cette déclaration fut stupéfiant. Le fort et moraux échangeèrent un regard entendu.
Vous voulez dire que cette femme est venue chez vous 11ze ans après la disparition de Marie-Claire, se faisant passer pour une assistante sociale officielle ? demanda le fort. Exactement, confirma Henry. Elle posait des questions sur Marie-Claire et son enfant. Elle a même évoqué l’existence de registre tenue par les congrégations religieuses.
Nous avons trouvé cela étrange à l’époque, mais nous espérions que cela nous aiderait à retrouver notre petite fille. Stéphane ouvrit grand les yeux. Elle est venue vérifier que vous n’aviez toujours aucune information sur le sort de Marie-Claire et probablement aussi pour s’assurer que vous n’étiez pas sur la piste du réseau d’adoption. Le fort se leva et commença à faire les 100 pas dans le salon.
Si cette Bernadette Rousseau faisait partie du réseau de Laurent du Bois, cela expliquerait beaucoup de choses. Elle avait accès aux services sociaux officiels, ce qui lui permettait d’identifier les jeunes femmes en difficulté et de leur proposer les services du réseau. Mais alors, dit Marguerite d’une voix tremblante, qu”est-il arrivé à Marie-Claire après qu’elle a quitté l’institution ? Stéphane prit une profonde inspiration.
J’ai ma théorie, mais elle est terrible à entendre. Il regarda ses grands-parents avec compassion. Je pense que Mariec a voulu récupérer son enfant. La lettre qu’elle a écrite montre qu’elle regrettait sa décision et qu’elle se méfiait de Laurent.
Quand elle a menacé de révéler l’existence du réseau ou de reprendre son bébé, ils l’ont fait terre définitivement. Henry ferma les yeux comme si ces mots lui causaient une douleur physique. Tu penses qu’ils l’ont tué ? Je le crain. Les femmes qui acceptaient de jouer le jeu et de disparaître discrètement après l’adoption recevaient probablement une compensation financière.
Mais celle qui menaçait le système, Stéphane ne termina pas sa phrase. Le fort reprit la parole. Nous devons agir rapidement. Si Laurent Dubois et Bernadette Rousseau sont encore vivants, l’apparition de Stéphane et ses recherches vont les inquiéter. Il pourrai prendre des mesures pour protéger leur secret.
Comme s’il avait prévu ces mots, le téléphone se mit à sonner dans le silence du salon. Marguerite décrocha et entendit une voix féminine âgée. Madame Bonau, ici Bernadette Rousseau. Nous nous sommes rencontrés il y a quelques années. J’aimerais vous rendre visite demain pour discuter de développement récent concernant votre petite fille. Marguerite faillit lâcher le combiné.
Le fort qui avait entendu lui fit signe de continuer la conversation normalement. Euh oui, bien sûr, balbuia Marguerite. À quelle heure ? Demain à 14 raisons si cela vous convient. Et madame Bonau, il serait préférable que nous soyons seuls pour cette conversation. Certaines informations sont très délicates. La ligne se coupa. Le fort se tourna immédiatement vers Stéphane.
Cette femme sait que vous êtes ici. Elle vous a probablement surveillé depuis votre arrivée à Rouan. Il réfléchit rapidement. Nous allons tendre un piège. Demain. Madame Bonau recevra Bernadette Rousseau comme convenu, mais nous serons cachés dans la maison pour enregistrer la conversation.
Le lendemain 16 octobre 1996, l’opération fut mise en place avec une précision militaire. Le Fort et Morau s’installèrent dans la cuisine avec du matériel d’enregistrement tandis que Stéphane se cachait dans l’escalier menant au grenier d’où il pouvait entendre sans être vu. Henry, encore fragile après son infarctus, fut évacué chez Gérard Valet pour éviter qu’il ne subisse un stress supplémentaire.
Àes ans précise, Bernadette Rousseau sonna à la porte. Marguerite ouvrit et découvrit une femme d’environ 7x ans élégamment vêtue au sourire affable mais au regard perçant. “Madame Bonau, comme je suis heureuse de vous revoir !” dit-elle en entrant. “J’espère que vous allez bien depuis notre dernière rencontre. Une fois installée au salon, Bernadette Rousseau a la droite au but.
Et j’ai appris qu’un jeune homme prétendant être le petitfils de Marie-Claire était venu vous voir hier. Je suppose qu’il s’agit de Stéphane Lacroix. Marguerite Akiessa troublée par la précision de ces informations. Madame Bonau, ce jeune homme est un escroc.
Il profite de familles enillées pour leur soutirer de l’argent en se faisant passer pour leurs descendants perdus. Nous avons eu plusieurs signalements de ce type d’escroquerie dans la région. Marguerite, suivant les instructions de Le Fort joua le jeu, mais il avait des documents, des preuves, des faux, très certainement. Ces escrocs sont très habiles pour fabriquer de faux papiers.
Bernadette Rousseau se pencha vers Marguerit. Dites-moi, qu’est-ce qu’il vous a raconté exactement ? Marguerite répétaid les révélations de Stéphane, l’institution Sainte Marie, la naissance en janvier 1974. Laurent du Bois. Les documents d’adoption. Au fur et à mesure du récit, elle voyait le visage de Bernadette se crisper imperceptiblement.
Laurent du bois répéta Bernadette, il a mentionné ce nom. Oui, il prétend que c’est le nom du père de l’enfant de Mariec. Bernadette resta silencieuse un long moment puis soupira profondément. Madame Bonau, je vais être franche avec vous. Laurent Dubois a effectivement existé. mais il est mort depuis longtemps. Votre petite fille a eu une liaison malheureuse avec cet homme qu’il a abandonné quand il a appris sa grossesse. Marieclaire était désespérée.
Elle marqua une pause et regarda Marguerite droit dans les yeux. C’est moi qui l’ai aidé. En, j’étais effectivement assistante sociale et j’avais développé un réseau d’aide pour les jeunes femmes enceintes en détresse. Marie-Claire est venue me voir après sa dispute avec vous et je l’ai dirigé vers l’institution Sainte-Marie.
Marguerite sentit son cœur s’emballer. Vous l’avez vu ? Vous avez parlé à Marie-Claire ? Bien sûr, c’était une jeune femme intelligente mais très perturbée. Elle ossillait entre le désir de garder son enfant et la peur du jugement social. Finalement, elle a décidé de le confier à l’adoption et de recommencer sa vie ailleurs.
Mais où est-elle maintenant ? Demanda Marguerite la voix brisée par l’émotion. Bernadette baissa les yeux. Marie-Claire a quitté la France après l’adoption. Elle voulait couper tous les liens avec son passé. La dernière nouvelle que j’ai eu d’elle, c’était une carte postale de Montréal en 197. Elle disait qu’elle allait bien et qu’elle préférait ne plus avoir de contact avec la France.
Cette révélation assomma Marguerite. Pendant 23 ans, elle avait espéré que Mariec reviendrait et voilà qu’elle apprenait que sa petite fille avait volontairement coupé tous les ponts. “Pourquoi ne nous avez-vous rien dit plus tôt ?” demanda-telle d’une voix accusatrice. Parce que Mariec-Claire me l’avait formellement interdit. Elle ne voulait pas que vous sachiez qu’elle avait abandonné son enfant.
Elle préférait que vous pensiez qu’elle avait disparu plutôt que vous la jugiez pour sa décision. Bernadette se leva et posa une main compatissante sur l’épaule de Marguerite. Je suis désolé de vous apporter cette nouvelle après tant d’années d’attente, mais il fallait que vous sachiez la vérité pour ne pas vous laisser abuser par cet escroc.
C’est à ce moment précis que Stéphane descendit l’escalier et entra dans le salon. Bonjour Bernadette, dit-il calmement. Où devrais-je dire bonjour maman ? Bernadette Rousseau se fija le visage vidé de ses couleurs. Qu’est-ce que Qui êtes-vous ? Je suis Stéphane Lacroix, le fils de Marie Clairebonau. Et vous, vous êtes Bernadette Rousseau, complice de Laurent du Bois dans un réseau d’adoption illégale qui a causé la mort de ma mère.
Le fort et mora surgirent de la cuisine, révélant leur présence. Madame Rousseau, annonça le fort. Vous êtes en état d’arrestation pour complicité de meurtre et trafic d’enfants. Bernadette tenta de fuir vers la porte mais Morau l’intercepta. Vous n’avez nulle part où aller madame. Nous avons retrouvé Laurent Dubois ce matin.
Il vit sous le nom de Laurent Mercier dans une villa à Cann et il a avoué sous la pression de nos collègues de la police judiciaire. Cette nouvelle acheva de briser la résistance de Bernadette. Elle s’effondra sur le canapé, le visage dans les mains. “Laurent a tout raconté”, murmura-t-elle. “Tout”, confirma le fort. Le réseau d’adoption, les 13 enfants vendus, les mères qui ont disparu quand elles menaçaient de parler.
Il fit une pause, y compris ce qui est arrivé à Marie-Claire Bonauot le 15 janvier 197. Bernadette releva la tête, les larmes aux yeux. Ce n’était pas prévu comme ça, dit-elle d’une voix brisée. Au début, nous aidions vraiment ces jeunes femmes. Nous leur trouvions des familles adoptives sérieuses. Nous les aidions à recommencer leur vie. Mais Laurent est devenu cupide.
Que s’est-il passé avec Marie-Claire ? Demanda Stéphane la voix tendue. Elle était différente des autres, plus forte, plus déterminée. Après avoir accouché, elle a voulu récupérer son bébé. Elle menaçait de tout révéler si nous ne le lui rendions pas. Laurent a paniqué. Bernadette s’interrompit sanglottant. “Continuez”, ordonna le fort.
Il l’a emmené soi-disant pour récupérer l’enfant, mais en réalité, il l’a conduite dans une carrière abandonnée près de Diep. Il lui a dit que le bébé était déjà parti chez ses parents adoptifs et qu’elle ne le reverrait jamais. Marie-Claire s’est mise en colère. Elle a menacé d’aller à la police. Bernadette prit une profonde inspiration. Laurent l’a poussé, elle est tombée et s’est cogné la tête contre une pierre. Il dit que c’était un accident, mais il ne l’a pas secouru.
Il l’a laissé mourir et a enterré son corps dans la carrière. Le silence qui suivit ses aveux fut accablant. Marguerite pleurait silencieusement, enfin fixée sur le sort de sa petite fille après ans d’incertitude. Stéphane, bouleversé d’apprendre la vérité sur la mort de sa mère, serrait les points. “Où est cette carrière ?” demanda le fort.
“Près du village de Varaneville sur à 10 km de Diep, il y a une vieille carrière de calcaire abandonnée depuis les années 50. Laurent m’a dit qu’il avait enterré le corps sous un amat de pierre près d’un être centenaire. Le fort note soigneusement ses informations. Nous organiserons des recherches dès demain.
Après 22 ans, nous devons retrouver les restes de Marie-Claire pour lui offrir une sépulture digne. Bernadette Rousseau fut emmenée par la police, mene au poignet. Avant de partir, elle se tourna vers Marguerite. “Je suis désolé”, dit-elle simplement. “J’ai gâché tellement de vie. Si je pouvais revenir en arrière.
Deux semaines plus tard, les équipes de police scientifiques retrouvèrent effectivement les ossements de Marie-Claire dans la carrière de Varaneville, exactement à l’endroit indiqué par Bernadette Rousseau. L’expertise médico-légale confirma l’identité grâce au dossier dentaire conservé par le dentiste de la jeune femme. Laurent Dubois et Bernadette Rousseau furent jugés en 1998.
Laurent, reconnu coupable d’homicide involontaire et de trafic d’enfants, fut condamné à quinze, Bernadette, pour complicité et recell reçut 8 ans. Le réseau qu’ils avaient organisé avait causé la disparition de trois autres jeunes mères et permis l’adoption illégale de 13 enfants. Marie Claire Bonau fut enfin inhumée au cimetière de Rouan le 12 novembre 1996 en présence de ses grands-parents, de son fils Stéphane et de nombreux habitants du quartier Saint-Vivien qui avaient gardé le souvenir de la jeune femme. Sur sa tombe, Henry et Marguerite Firtgravé, Marie-Claire Bonau 1954-19,
fille et mère aimée, enfin de retour parmi les siens. Stéphane continua ses recherches et aida plusieurs autres familles victimes du réseau d’adoption illégale à retrouver la trace de leurs proches disparu. Il s’installa définitivement à Rouan pour être près de ses grands-parents qui vivent maintenant leurs dernières années apaisées, sachant enfin ce qui était arrivé à leur petite fille bien-aimée.
Gérard Valallety, le voisin retraité qui avait aidé aux recherches, écrivit un livre sur l’affaire qui devint une référence sur les réseaux d’adoption illégale des années 70 en France. Le livre contribua à faire changer la législation pour mieux protéger les mères célibataires et les enfants adoptés. Cette affaire nous montre comment les secrets de famille peuvent traverser les générations et comment la détermination d’un seul individu peut faire éclater la vérité après des décennies de silence.
Elle révèle aussi les vulnérabilités des jeunes femmes face aux pressions sociales et aux prédateurs qui exploitent leur détresse. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans cette histoire ? Avez-vous remarqué les indices disséminés tout au long du récit qui pointaient vers la vérité ? Partagezer vos réflexions dans les commentaires.
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