Guerre en Ukraine : un cessez-le-feu envisageable pour la première fois, estime le chancelier Merz
Le chancelier allemand Friedrich Merz a salué l’avancée des pourparlers avec les émissaires américains à Berlin, jugeant qu’un cessez-le-feu avant Noël ne dépendait “plus que de la Russie”. Volodymyr Zelensky a évoqué des “progrès”, quand Donald Trump s’est montré très optimiste après s’être entretenu avec le président ukrainien et plusieurs dirigeants européens. De leur côté, les Européens ont avancé la proposition d’une force multinationale. Voici le fil du 15 décembre 2025.
Berlin, Décembre 2025 – C’est une phrase qui résonne comme un coup de tonnerre dans le ciel gris acier de Berlin, et bien au-delà, dans toutes les chancelleries occidentales. Friedrich Merz, le Chancelier allemand que l’on surnommait il y a encore quelques mois le “faucon” de la CDU, l’homme qui avait fait campagne sur la livraison inconditionnelle des missiles Taurus à Kiev, vient de changer le cours de l’histoire. Lors d’une conférence de presse à la gravité palpable, il a prononcé ces mots que personne n’attendait de sa part : “Un cessez-le-feu est envisageable pour la première fois.”
Ce revirement, aussi soudain que spectaculaire, marque peut-être le véritable tournant de ce conflit qui, depuis près de quatre ans, saigne l’Europe aux portes de l’Est. Mais derrière l’espoir d’un silence des armes, se cache une réalité géopolitique complexe, faite de compromis douloureux et d’une lassitude qui ne dit pas son nom.
Le Chancelier “Faucon” change de plumage
Pour comprendre la portée de cette déclaration, il faut remonter le temps. Arrivé au pouvoir en mai dernier, Friedrich Merz avait promis une rupture nette avec l’hésitation chronique de son prédécesseur, Olaf Scholz. Sa ligne était claire : la force, rien que la force, pour contraindre Vladimir Poutine à la table des négociations. Mais l’hiver 2025, particulièrement rigoureux, et l’enlisement du front semblent avoir eu raison des certitudes les plus ancrées.
Ce n’est pas un Merz triomphant qui s’est présenté devant les journalistes, mais un homme d’État pragmatique, visiblement marqué par les récents sommets à huis clos avec les émissaires américains et le président Zelensky. “Nous devons regarder la réalité en face,” a-t-il semblé dire entre les lignes. La réalité, c’est une guerre d’usure qui dévore une génération d’Ukrainiens et épuise les stocks occidentaux, alors même que l’économie allemande peine à retrouver son souffle.
L’annonce ne signifie pas un abandon. Au contraire, Merz insiste sur le fait que cette ouverture diplomatique est le fruit d’une position de force retrouvée grâce à l’unité européenne. Mais pour les observateurs avertis, le message est clair : l’heure n’est plus à la reconquête totale par les armes, mais à la sécurisation de ce qui peut l’être.

Les coulisses d’un sommet décisif
Selon nos informations, ce changement de ton fait suite à 48 heures de négociations intenses à la Chancellerie. Autour de la table : des représentants de la nouvelle administration américaine, des chefs d’État européens et, bien sûr, la délégation ukrainienne. L’ambiance y était décrite comme “grave mais constructive”.
Ce qui a changé la donne ? La proposition d’une force multinationale européenne. C’est le point clé qui aurait permis de fléchir la position de Kiev et de rassurer Berlin. L’idée n’est plus seulement d’envoyer des armes, mais d’envisager, dans le cadre d’un cessez-le-feu, une présence physique européenne pour garantir la sécurité de l’Ukraine. Une ligne rouge est franchie, mais c’est peut-être le prix à payer pour que les canons se taisent.
Merz a évoqué la possibilité d’une trêve pour Noël, un symbole fort, presque désespéré, pour offrir un répit aux civils bombardés. “Il reste un peu d’humanité, espérons-le,” a-t-il lancé, renvoyant la balle dans le camp de Moscou.
L’Europe entre soulagement et inquiétude
La réaction en Europe est un mélange complexe de soulagement et d’angoisse. À Paris, l’Élysée salue une “avancée lucide”, tout en rappelant que rien ne se fera sans des garanties de sécurité “en béton armé” pour l’Ukraine. On sent bien que la France, elle aussi, cherche une porte de sortie honorable à ce conflit qui pèse lourdement sur la stabilité du continent.
À Varsovie et dans les pays Baltes, l’ambiance est plus fébrile. Entendre le chef de la première puissance européenne parler de cessez-le-feu alors que les troupes russes occupent toujours une partie du territoire ukrainien réveille les vieux démons de Munich. La crainte d’un “gel” du conflit qui laisserait à Poutine le temps de se réarmer est omniprésente.
Pourtant, Friedrich Merz l’assure : il ne s’agit pas de capituler. “Ce cessez-le-feu, s’il a lieu, ne sera pas une pause pour l’agresseur, mais le prélude à une paix juste,” martèle-t-il. Mais qu’est-ce qu’une “paix juste” en 2025 ? Est-ce le retour aux frontières de 1991, ou un compromis amer sur les territoires occupés en échange d’une intégration atlantique et européenne blindée ?
Le facteur humain avant tout
Au-delà de la géopolitique, c’est le sort de millions d’Ukrainiens qui est en jeu. Dans les villes privées d’électricité et de chauffage par les frappes incessantes, l’annonce de Merz est accueillie avec une prudence déchirante. On veut croire à la fin des sirènes, mais on a trop souvent été déçu.
Le Chancelier allemand a su trouver les mots pour évoquer cette souffrance, s’éloignant de son image technocratique habituelle. En parlant de “première fois”, il reconnaît implicitement que toutes les tentatives précédentes étaient vouées à l’échec. Aujourd’hui, la convergence des lassitudes et des intérêts politiques — notamment avec la pression de Washington pour clore le dossier — crée une fenêtre de tir unique.
Vers un nouvel ordre européen ?
Si ce cessez-le-feu se concrétise, Friedrich Merz aura réussi là où beaucoup ont échoué. Il aura transformé l’Allemagne, non plus en simple payeur ou fournisseur d’armes hésitant, mais en véritable architecte de la sécurité européenne. L’ironie est mordante : c’est le faucon qui pourrait bien apporter la colombe, ou du moins, faire taire les aigles.
Les prochains jours seront cruciaux. La réponse du Kremlin, habitué à souffler le chaud et le froid, sera le véritable test. Mais une chose est sûre : le tabou est brisé. On ne parle plus seulement de “victoire totale” ou de “guerre jusqu’au bout”, mais d’une fin possible. Et dans l’obscurité de cet hiver 2025, c’est une lueur, aussi pâle soit-elle, que personne ne veut laisser s’éteindre.
Friedrich Merz a pris le risque politique de sa vie. L’histoire jugera s’il a été le visionnaire d’une paix retrouvée ou l’artisan d’une illusion tragique.