Guerre en Ukraine : Zelensky repousse le plan américain, Poutine le salue
C’est un coup de tonnerre diplomatique qui résonne bien au-delà des frontières de l’Europe de l’Est. Alors que l’hiver 2025 s’installe avec sa rigueur habituelle sur les tranchées du Donbas, le sort de l’Ukraine ne se joue plus seulement sur le champ de bataille, mais dans les bureaux feutrés de Washington et de Genève. Un plan de paix américain en 28 points, posé sur la table comme un ultimatum, vient de fracturer l’alliance occidentale et d’offrir à Vladimir Poutine une victoire politique inespérée.
L’atmosphère à Kiev est électrique, presque irrespirable. Ce qui devait être une proposition de soutien s’est transformé en un dilemme existentiel pour Volodymyr Zelensky. Le président ukrainien, les traits tirés par près de quatre années de résistance acharnée, se retrouve face à un choix qu’il qualifie lui-même d’impossible : “choisir entre la perte de notre dignité ou le risque de perdre notre partenaire clé”.
Les 28 Points de la Discorde
Le document, dont les détails ont filtré ce week-end, ressemble à une douche froide pour les espoirs ukrainiens de reconquête totale. Washington, pressé d’en finir avec un conflit qui s’enlise et coûte des milliards, a fixé une date butoir au 27 novembre pour une réponse de Kiev.
Le contenu du plan est brutal. Il exige de l’Ukraine des concessions que beaucoup qualifient déjà de capitulation déguisée. Premièrement, la reconnaissance de facto – sinon de jure – du contrôle russe sur les territoires actuellement occupés, figeant la ligne de front là où elle se trouve. Deuxièmement, une réduction drastique des forces armées ukrainiennes, qui devraient passer de près de 900 000 hommes à seulement 600 000, limitant ainsi toute capacité de contre-offensive future. Enfin, et c’est peut-être la pilule la plus amère, l’abandon des aspirations à rejoindre l’OTAN pour une durée indéterminée, remplacées par des garanties de sécurité jugées floues par Kiev.
En échange ? La promesse d’une paix immédiate, le retour des investissements pour la reconstruction, et l’arrêt des bombardements qui continuent de terroriser les civils, comme en témoigne la récente frappe meurtrière sur Ternopil.
La Colère Froide de Zelensky
Pour Volodymyr Zelensky, accepter ce plan reviendrait à trahir le sacrifice de milliers de soldats et de civils. Sa réaction a été immédiate et sans équivoque. “Je ne trahirai jamais mon serment de fidélité à l’Ukraine”, a-t-il martelé, rejetant l’idée de céder des terres sous la contrainte. Pour le leader ukrainien, ce plan n’est pas une feuille de route pour la paix, mais un “permis de réarmer” offert à la Russie.
Zelensky sait que l’acceptation de telles conditions signerait probablement son arrêt de mort politique, mais plus grave encore, elle briserait le moral d’une nation qui a tout sacrifié pour sa liberté. Il tente désormais de jouer la montre, proposant des “alternatives” et cherchant désespérément le soutien de ses alliés européens, eux-mêmes pris de court par la brutalité de la méthode américaine.
Poutine : Le Triomphe du Cynisme
À Moscou, l’ambiance est radicalement différente. Vladimir Poutine, qui s’est entretenu avec son Conseil de sécurité, a accueilli la proposition américaine avec une satisfaction à peine voilée. Pour le maître du Kremlin, ce plan est une validation de sa stratégie d’usure.
“Ce texte peut servir de base à un règlement final”, a-t-il déclaré, un sourire en coin. Et pour cause : le plan américain lui offre sur un plateau ce que ses chars n’ont pas réussi à prendre totalement par la force. La neutralisation de l’Ukraine, la levée progressive des sanctions et même un retour possible au sein du G8 sont évoqués. Pour Poutine, c’est la preuve que l’Occident a craqué le premier. Il voit dans cette proposition non pas un compromis, mais la reconnaissance implicite de la sphère d’influence russe.
L’Europe au Pied du Mur

L’Europe, quant à elle, regarde ce poker menteur avec effroi. Les dirigeants de l’UE savent que si ce plan est imposé, c’est la crédibilité même de la sécurité européenne qui s’effondre. Accepter que les frontières puissent être redessinées par la force, avec la bénédiction de Washington, créerait un précédent terrifiant pour les pays baltes et la Pologne.
Pourtant, la fatigue est là. Les opinions publiques occidentales s’essoufflent, et les gouvernements peinent à justifier le coût exorbitant d’une guerre sans fin visible. Le “réalisme” froid de la Maison Blanche trouve donc un écho, même silencieux, dans certaines chancelleries.
Vers une Fin de Partie ?
Nous sommes à quelques jours de la date butoir du 27 novembre. Les négociateurs s’activent en coulisses à Genève, mais le fossé semble infranchissable. Zelensky peut-il tenir tête à son principal bailleur de fonds ? Poutine acceptera-t-il de s’arrêter là, ou prendra-t-il ce plan comme un signe de faiblesse pour pousser encore plus loin ?
Une chose est certaine : le plan américain a déjà changé la nature du conflit. Il a brisé le tabou des concessions territoriales et exposé au grand jour les limites du soutien occidental. Pour les Ukrainiens, qui s’apprêtent à passer un nouvel hiver sous les sirènes d’alerte, le sentiment d’abandon est palpable. La paix est peut-être à portée de main, mais elle a un goût de cendres.
Prochaine étape pour vous : Suivez de près notre fil d’actualité le 27 novembre. Nous couvrirons en direct la réponse officielle de Kiev et les conséquences immédiates sur le terrain. Pensez-vous que Zelensky doit plier pour sauver des vies, ou résister pour sauver l’honneur ? Le débat est ouvert.

Depuis l’Afrique du Sud, Emmanuel Macron a annoncé la tenue d’une réunion mardi en visio-conférence des pays de la “Coalition des volontaires”, qui réunit les alliés de l’Ukraine, pour discuter du plan américain pour mettre fin au conflit. “Nous tiendrons une réunion mardi après-midi pour nous coordonner sur ce point et voir les avancées qui se sont faites pendant les négociations des prochains jours à Genève”, a-t-il indiqué lors d’un point de presse au G20 à Johannesburg, déplorant que les Européens aient pour l’heure été exclus des négociations du plan de Donald Trump. Et le chef de l’État d’ajouter : “On sait que s’il n’y a pas des éléments de la dissuasion (dans un plan de paix pour l’Ukraine), les Russes reviendront et trahiront leur promesse”.
RUBIO ET WITKOFF À GENÈVE CE DIMANCHE
Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio et l’émissaire diplomatique de Donald Trump, Steve Witkoff, doivent arriver demain à Genève pour discuter du plan de Trump avec les Ukrainiens, a confirmé à l’AFP un responsable américain, précisant que le secrétaire américain à l’Armée Daniel Driscoll, qui a été reçu jeudi à Kiev par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, était quant lui déjà arrivé dans la ville suisse aujourd’hui.
DES DIRIGEANTS DU G20 SCEPTIQUES SUR LE PLAN DE PAIX EN L’ÉTAT
Réunis au sommet du G20 à Johannesbourg, 11 pays principalement européens ont estimé dans une déclaration que le plan américain “requerra du travail supplémentaire”, craignant qu’il ne laisse l’Ukraine “vulnérable à de futures attaques”.
APPEL DU G20 À “UNE PAIX JUSTE”
Les dirigeants du G20 réunis en sommet à Johannesburg appellent à “une paix juste” et “durable” en Ukraine, mais aussi au Soudan, en République démocratique du Congo et dans “les territoires occupés palestiniens”, dans une déclaration rendue publique samedi par le gouvernement sud-Africain.
“Guidés par les objectifs et les principes de la charte de l’ONU dans son entièreté, nous travaillerons pour une paix juste, complète et durable au Soudan, en République démocratique du Congo, dans les territoires occupés palestiniens, en Ukraine, de même que pour mettre fin à d’autres conflits et guerres autour de la planète”, écrivent-il.
C’est la seule référence à l’Ukraine dans ce texte de 30 pages, alors que le plan américain pour le pays a bousculé l’agenda du sommet et que les Européens y multiplient les consultations pour formuler une contre-proposition.
VERS DES NÉGOCIATIONS KIEV-WASHINGTON
L’Ukraine va mener prochainement des pourparlers en Suisse avec les États-Unis pour discuter du plan de Donald Trump pour mettre fin à la guerre avec la Russie, a annoncé samedi un haut responsable ukrainien.
“Dans les prochains jours, nous lancerons en Suisse des consultations entre de hauts responsables ukrainiens et américains sur les paramètres possibles d’un futur accord de paix”, a indiqué sur Facebook Roustem Oumerov, à la tête du Conseil de sécurité ukrainien. Le président Volodymyr Zelensky a signé de son côté samedi un décret formant la délégation pour les pourparlers avec Washington et Moscou.
“PAS DE PAIX SANS LES UKRAINIENS”, RAPPELLE MACRON
“Il ne peut pas y avoir de paix en Ukraine sans les Ukrainiens et le respect de leur souveraineté”, a rappelé Emmanuel Macron au sommet du G20 en Afrique du Sud.
GRÂCE D’UKRAINIENS EN BIÉLORUSSIE
Selon la télévision d’État biélorusse, 31 citoyens ukrainiens ont été graciés dans le cadre d’un accord entre le président Alexandre Loukachenko et Donald Trump. “Le président a gracié 31 citoyens ukrainiens qui ont commis des infractions pénales sur le territoire de notre pays”, a déclaré la porte-parole du chef d’État, Natalia Eismont, ajoutant qu’ils étaient “actuellement en train d’être remis aux autorités ukrainiennes”.
TRUMP MET LA PRESSION SUR ZELENSKY
L’Ukraine et ses alliés européens s’activent, ce samedi pour trouver dans l’urgence une réponse au plan américain qui vise à mettre fin à près de quatre ans d’invasion russe, Donald Trump sommant Volodymyr Zelensky de l’accepter rapidement.
“Il faudra bien que cela lui plaise, et si cela ne lui plaît pas, alors, vous savez, ils n’auront qu’à continuer à se battre”, a répliqué le président américain face au rejet par Kiev de ses propositions vues par beaucoup en Ukraine comme une capitulation.
BONJOUR À TOUS
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce direct du samedi 22 novembre 2025 consacré à la guerre en Ukraine
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a repoussé vendredi le plan américain visant à mettre fin à près de quatre ans d’invasion russe, salué au contraire par son homologue russe Vladimir Poutine qui a menacé de poursuivre les conquêtes en cas de refus.
Donald Trump a estimé que le 27 novembre, jour de la fête de Thanksgiving, était une date butoir “adéquate”
pour recevoir une réponse sur ce texte de 28 points, qui reprend plusieurs exigences russes et qui est donc perçu par beaucoup à Kiev comme une forme de capitulation.
“Il faudra bien que cela lui plaise, et si cela ne lui plaît pas, alors, vous savez, ils n’auront qu’à continuer à se battre”
, a dit le président américain, interrogé sur le rejet de son projet par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Pendant un échange avec la presse dans le Bureau ovale, alors qu’il recevait le futur maire de New York Zohran Mamdani, Donald Trump a aussi rappelé comment il avait très sèchement lancé à son homologue ukrainien qu’il n’avait “pas les cartes en main”
, pendant une rencontre en février.
“L’Ukraine pourrait être confrontée à un choix très difficile : la perte de dignité ou le risque de perdre un partenaire clé”
, les États-Unis, a déclaré de son côté M. Zelensky dans une adresse vidéo à la nation, estimant que le pays traverse “l’un des moments les plus difficiles de (son) histoire”
.
A Moscou, Vladimir Poutine a lui jugé que le plan américain pouvait “servir de base à un règlement pacifique définitif”
du conflit lancé en 2022. Il s’est dit prêt à une “discussion approfondie de tous les détails”
du texte élaboré par Washington.
En cas de refus ukrainien, “les événements qui se sont produits à Koupiansk se reproduiront inévitablement sur d’autres secteurs clés du front”
, a-t-il menacé, en référence à une ville de l’est de l’Ukraine dont la capture a été revendiqué par son armée jeudi.