Il est mort dans mes bras : la triste mort de Jimmy Cliff racontée par sa femme

Kingston, Jamaïque – Le soleil s’est couché une dernière fois sur la légende.
C’est une nouvelle qui a traversé les océans, figé les ondes et suspendu le temps : Jimmy Cliff, l’âme vibrante du reggae, le poète de la résilience, s’est éteint. Mais loin du tumulte des flashs et des urgences hospitalières, c’est dans la douceur feutrée de sa maison, sur les hauteurs de Kingston, que l’artiste a tiré sa révérence. Le 29 août restera gravé comme la date où la musique a perdu l’un de ses pères fondateurs, mais où un homme a gagné sa paix éternelle.
Un Départ Choisi, Une Fin en Douceur
Selon les confidences émouvantes de son épouse, Jimmy Cliff ne luttait pas contre la mort ; il l’attendait avec la sérénité des sages. Depuis plusieurs semaines, une fatigue nouvelle, presque philosophique, s’était emparée de lui. « Il me disait que le corps réclamait du repos », confie-t-elle. Refusant l’acharnement thérapeutique et la froideur des cliniques, l’interprète de Many Rivers to Cross avait formulé un dernier vœu : partir chez lui, entouré de l’amour des siens.
« Si je dois partir, je veux le faire ici. » Ces mots, prononcés comme une prophétie, ont dicté ses derniers jours. Loin de l’image de la star mondiale, c’est un homme simple qui s’est préparé au grand voyage, passant ses journées à contempler la mer depuis sa terrasse, comme s’il scrutait déjà un horizon invisible.
La Dernière Soirée : Entre Adieux et Sérénité
La nuit du drame n’avait pourtant rien d’un drame. Elle avait la saveur des souvenirs et la douceur des brises caribéennes. Ce soir-là, Jimmy a demandé à dîner dehors. Un repas simple, du poisson grillé, du thé, et surtout, de la musique. Pas la sienne, mais celle du vieux blues qu’il chérissait dans sa jeunesse.
Son épouse raconte, la voix encore tremblante d’émotion, ces instants suspendus où il a évoqué ses débuts, ses joies et ses peines. « Il riait, il plaisantait. C’était comme s’il voulait me rassurer, graver en moi l’image d’un homme heureux. » Mais dans ses yeux brillait une lucidité nouvelle. Lorsqu’il lui a pris la main pour regarder le crépuscule, le silence entre eux était plus éloquent que tous les discours. Il savait.
« J’ai eu une belle vie »
C’est en regagnant sa chambre, soutenu par sa femme, que Jimmy Cliff a prononcé ses derniers mots lucides. S’arrêtant devant les photos de sa carrière accrochées au mur, il a murmuré : « J’ai eu une belle vie. » Une phrase simple, terrible et magnifique, qui résume l’existence d’un homme qui a tout donné à son art et à son public.
La fin est arrivée peu après, à 23h17. Alors qu’elle l’aidait à s’allonger, elle a senti ce changement imperceptible que seuls ceux qui aiment savent reconnaître. « Il m’a regardée une dernière fois et j’ai compris qu’il partait. » Pas de cris, pas de panique. Juste un dernier souffle rendu dans les bras de celle qu’il aimait, tandis que le médecin, impuissant face à l’inévitable, ne pouvait que constater le décès. « Il est mort dans mes bras, oui, mais il vit encore dans mon cœur », souffle-t-elle aujourd’hui.
Une Onde de Choc Mondiale

L’annonce de sa disparition a déclenché une vague d’émotion planétaire. De Times Square illuminé de son portrait aux rues de Kingston envahies par des foules chantant The Harder They Come, le monde entier a communié dans le deuil. Les hommages ont afflué de toutes parts : les héritiers de Bob Marley, Ziggy et les autres, mais aussi Sting, Bono, et des chefs d’État ont salué la mémoire d’un « patrimoine universel ».
L’UNESCO a rendu hommage à un homme de paix, tandis que le gouvernement jamaïcain décrétait trois jours de deuil national. Mais au-delà des cérémonies officielles, c’est l’image de ce peuple chantant dans les rues, transformant les larmes en mélodies, qui restera le plus bel hommage à celui qui voulait « chanter la guérison ».
Un Héritage Immortel
Jimmy Cliff laisse derrière lui bien plus que des chansons. Il laisse une philosophie. Son épouse a d’ores et déjà annoncé la création d’une fondation pour l’éducation musicale, fidèle au désir de l’artiste d’aider les jeunes défavorisés. Des écrits personnels, journaux intimes et poèmes, seront bientôt partagés, révélant la profondeur spirituelle de celui qui écrivait : « L’amour est la seule chanson qu’on ne finit jamais. »

En 2025, alors que le monde semble plus que jamais en quête de repères, la voix de Jimmy Cliff résonne avec une force intacte. Il n’est pas seulement mort ; il est devenu éternel. Comme le dit si bien sa femme, regardant la mer depuis cette terrasse désormais vide mais habitée par son souvenir : « Il n’est pas parti, il est partout. »
Jimmy Cliff a traversé de nombreuses rivières, mais il a finalement atteint l’autre rive, celle de la paix absolue. Et si le silence a remplacé sa voix, son écho, lui, ne s’éteindra jamais. Adieu, l’artiste. Et merci.