“J’avais dix longueurs d’avance”, David Hallyday en concert à Montpellier

“J’avais dix longueurs d’avance”, David Hallyday en concert à Montpellier

L’énergie et la sueur durant les concerts de David Hallyday.

En reprenant la route avec le “Requiem Tour”, David Hallyday prolonge un album qui revisite ses propres chansons et celles de son père Johnny, entre hommage, transmission familiale et modernisation.

Vous reprenez la route avec le Requiem Tour, une tournée qui prolonge un album mêlant vos chansons et celles de votre père. Pouvez-vous revenir brièvement sur la genèse de ce projet si particulier ?

Oui. À l’origine, je m’apprêtais à composer un nouvel album studio. J’ai commencé par revisiter mes anciens titres personnels, comme High ou Tu ne m’as pas laissé le temps. L’exercice m’a beaucoup amusé. Je me suis alors dit : pourquoi ne pas reprendre aussi des chansons que j’ai composées pour les autres, y compris pour mon père ? J’ai commencé à travailler sur Vivre pour le meilleur, puis, de fil en aiguille, j’ai décidé de piocher davantage dans nos deux répertoires. Ce sont des chansons qui font intrinsèquement partie de mon ADN, que j’ai entendues chez moi et qui ont vécu avec moi. Finalement, à travers cet album, j’ai voulu raconter l’histoire de la transmission au sein de notre famille. C’est une famille un peu atypique, avec des générations d’artistes qui se sont succédé : pas seulement mes parents, moi et mes enfants, mais aussi ceux d’avant. Nous avons eu des peintres incroyables, des sculpteurs, des musiciens de jazz. C’est cette genèse que je raconte. Le projet est né petit à petit, à mesure que je retravaillais les titres.

Il est des soirs où la musique dépasse le simple cadre du divertissement pour toucher à quelque chose de plus sacré, de plus viscéral. Le concert de David Hallyday à Montpellier restera gravé dans les mémoires comme l’un de ces moments suspendus, où l’histoire d’une famille, la puissance du rock et la sensibilité d’un homme se sont rencontrées dans une collision magnifique.

Dans une salle comble, vibrant d’une impatience palpable, David Hallyday n’est pas simplement venu chanter. Il est venu raconter une histoire, la sienne, indissociable de celle de ce géant qu’était son père, Johnny. Mais au milieu des riffs de guitare et des frappes lourdes sur la batterie, une phrase a claqué comme un coup de tonnerre, résumant à elle seule l’état d’esprit du chanteur : “J’avais dix longueurs d’avance”.

Une phrase énigmatique et lourde de sens

Prononcée avec cette humilité teintée d’une assurance nouvelle, cette phrase a immédiatement capté l’attention du public montpelliérain. Que voulait dire David ? Parlait-il de sa vision artistique ? De sa préparation pour cette tournée titanesque baptisée “Requiem pour un fou” ? Ou bien faisait-il référence à cette relation si particulière, faite de pudeur et de musique, qu’il entretenait avec son père ?

En réalité, cette “avance” semble être celle de la maturité et de la clairvoyance. Là où beaucoup l’ont longtemps cantonné au rôle de “fils de”, attendant de voir s’il trébucherait sous le poids de la couronne, David, lui, savait. Il savait qu’un jour, il serait prêt à endosser cet héritage sans s’y brûler les ailes. Il avait anticipé ce moment où il pourrait revisiter l’œuvre du Taulier non pas comme un imitateur, mais comme un continuateur légitime, un architecte sonore capable de moderniser le mythe sans le trahir. À Montpellier, il a prouvé qu’il n’était pas en retard sur son destin, mais bel et bien en avance sur ceux qui doutaient encore de sa stature.

La fusion du sang et du son

Les chansons préférées de... David Hallyday : "Le rock doit revenir dans le  mainstream" - ICI

Dès les premières notes, l’ambiance à Montpellier a basculé. Ce spectacle est une prouesse d’équilibriste. Comment chanter Johnny sans imiter Johnny ? David a trouvé la réponse : en étant David à 200 %. Il ne cherche pas à reproduire la voix de son père, ce timbre de basse qui faisait trembler les stades. Il apporte sa propre texture, plus mélodique, plus pop-rock anglo-saxonne, tout en gardant cette énergie féroce, notamment lorsqu’il s’installe derrière sa batterie.

Les spectateurs ont été témoins d’une véritable osmose. Lorsque les premières mesures de “Sang pour Sang” ont résonné — cet album culte qu’ils ont composé et chanté ensemble, le plus vendu de la carrière de Johnny — l’émotion était palpable, presque physique. C’était comme si, le temps d’une chanson, le père et le fils étaient de nouveau réunis sur scène. La scénographie, jouant habilement avec des images d’archives et des jeux de lumière spectraux, renforçait cette impression de dialogue par-delà la mort. Mais jamais le spectacle ne sombre dans le pathétique ou la nostalgie morbide. Au contraire, c’est une célébration de la vie et de la transmission.

Un artiste au sommet de son art

Ce qui frappe dans cette performance à Montpellier, c’est la polyvalence de David Hallyday. On oublie souvent qu’il est un musicien complet, multi-instrumentiste doué. Le voir passer du piano à la batterie avec une aisance déconcertante rappelle qu’il a construit sa carrière à la force de son travail, loin des facilités que son nom aurait pu lui offrir.

L’arrangement des titres est d’une modernité cinglante. Les classiques de Johnny sont “re-liftés”, dynamités par des sonorités actuelles, prouvant que ces chansons sont intemporelles. Et au milieu de ce répertoire titanesque, les propres tubes de David, comme “Tu ne m’as pas laissé le temps”, trouvent une résonance nouvelle. Ce titre, qui parlait déjà d’absence et de regrets, prend aujourd’hui une dimension universelle qui arrache des larmes aux plus endurcis des spectateurs.

L’énergie qu’il déploie sur scène est stupéfiante. À plus de 50 ans, David Hallyday affiche une forme olympique, une présence scénique qui n’a rien à envier aux plus grandes bêtes de scène. Il harangue la foule, partage des regards complices, se livre sans filtre. “J’avais dix longueurs d’avance”, disait-il. Peut-être voulait-il dire qu’il avait vu avant tout le monde que ce répertoire pouvait être une source de joie et de renouveau, et non un fardeau.

La communion avec le public montpelliérain

EN IMAGES. David ravive la flamme Hallyday au Mans

Le public du Sud est réputé pour sa chaleur, mais aussi pour son exigence. À Montpellier, la connexion a été immédiate. Ce n’était pas un public de fans passifs, mais une foule active, chantant à tue-tête, portant l’artiste autant qu’il les portait. Il y a quelque chose de thérapeutique dans cette tournée. Pour les fans de Johnny, orphelins depuis 2017, voir David reprendre le flambeau avec autant de respect et de talent est une consolation immense. Ils ne voient pas un remplaçant, mais un gardien du temple qui a décidé d’ouvrir grand les portes et les fenêtres pour laisser entrer la lumière.

Les témoignages à la sortie du concert étaient unanimes. “On a retrouvé l’âme de Johnny, mais avec le cœur de David”, confiait une spectatrice, les yeux encore humides. “Il a une classe folle, il ne triche pas”, renchérissait un autre. C’est peut-être ça, le secret de ces “dix longueurs d’avance” : la sincérité absolue.

Conclusion : L’avènement d’un “Fils de” devenu Roi

Si cette soirée à Montpellier a prouvé une chose, c’est que David Hallyday a définitivement clos le chapitre de la comparaison. Il n’est plus en compétition avec la légende paternelle. Il l’a intégrée, digérée, et sublimée. En déclarant avoir eu de l’avance, il nous rappelle que le travail de l’ombre, la composition, la réflexion artistique, paient toujours.

Ce concert n’était pas un adieu au passé, mais une promesse pour l’avenir. David Hallyday est là, bien présent, puissant, maître de son art et de son destin. Et si son père le regarde de là-haut, il y a fort à parier qu’il pense, lui aussi, que son fils a pris une sacrée avance. Pour ceux qui n’ont pas encore vu ce spectacle, courrez-y. Ce n’est pas seulement de la musique, c’est une leçon de vie.

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