La Fille De Guy Williams Confirme Enfin Ce Que Nous Pensions Depuis Le Début

Il est le visage de la justice, l’homme qui signait son nom à la pointe de l’épée. Pour des millions de téléspectateurs à travers le monde, Guy Williams est et restera à jamais Zorro. Mais lorsque les caméras s’éteignaient, le cavalier noir laissait place à Armando Catalano, un homme complexe, hanté par le besoin de reconnaissance et blessé par la cruauté d’Hollywood. De son ascension fulgurante à son exil volontaire en Argentine, voici l’histoire bouleversante d’une star qui a préféré la liberté à la gloire factice.
Le Masque de l’Américain Parfait
Né dans la pauvreté du quartier de Washington Heights à New York, Armando Joseph Catalano n’était pas prédestiné à devenir l’icône de l’Amérique. Fils d’immigrés italiens, il grandit en voyant son père, courtier en assurance, lutter pour joindre les deux bouts. Mais Armando a un atout : un physique avantageux, un charisme magnétique et une ambition dévorante.
Pourtant, Hollywood dans les années 50 n’est pas tendre avec les “exotiques”. “C’était acceptable d’être sexy et sombre, mais pas de paraître non-américain”, souligne l’historien Geoffrey Mark. Sur les conseils de son agent, Armando doit tuer son identité. Il abandonne son nom, jugé trop ethnique, pour devenir Guy Williams. Une concession douloureuse, une première blessure narcissique pour celui qui voulait simplement être aimé pour son talent.
Zorro : La Bénédiction et la Malédiction
C’est en 1957 que le destin frappe à sa porte. Walt Disney cherche son Zorro. Guy auditionne, accentue son côté latin, et décroche le rôle qui va changer sa vie. Le succès est immédiat, planétaire. Avec son sourire ravageur et sa maîtrise de l’escrime, il incarne la perfection. Les femmes l’adorent, les enfants veulent être lui.
Mais la médaille a un revers sombre. Guy Williams devient prisonnier de son propre succès. Le public ne voit plus l’acteur, il ne voit que le masque. “Quand je ne suis pas Zorro, je suis Diego. C’est comme travailler dans un film que vous ne finissez jamais”, confiera-t-il, amer. Pire encore, il réalise lui-même la plupart de ses cascades, frôlant la catastrophe. Un accident de cheval l’avait déjà marqué à vie, lui laissant une cicatrice à l’épaule gauche qu’il cachera soigneusement toute sa carrière. Zorro lui a tout donné, mais Zorro a commencé à le dévorer.
L’Humiliation de “Perdus dans l’Espace”

Après l’annulation brutale de Zorro suite à un conflit financier entre Disney et ABC, Guy pense rebondir avec une nouvelle série de science-fiction : Lost in Space (Perdus dans l’espace). Il est engagé pour être le héros, le professeur John Robinson, le chef de famille courageux.
Ce devait être son grand retour. Ce sera son plus grand cauchemar professionnel. Au fil des épisodes, les scénaristes, guidés par les retours des fans, délaissent son personnage au profit du Dr Smith, le méchant comique joué par Jonathan Harris. Guy Williams, la star, l’homme d’action, se retrouve relégué au rang de décor. Imaginez l’humiliation : être le “lead” sur le papier, mais n’avoir que trois répliques par épisode.
D’autres auraient explosé, auraient claqué la porte. Pas Guy. Avec une intelligence financière redoutable, il encaisse les chèques, investit en bourse et prépare sa sortie. Il a compris que Hollywood ne l’aimait pas autant qu’il le méritait. Alors, il a décidé de prendre l’argent et de partir.
L’Exil Argentin : Le Dernier Refuge
C’est en 1973 que tout bascule. Invité en Argentine, pays où Zorro est une véritable religion, il est accueilli par une foule en délire. Des milliers de personnes l’attendent à l’aéroport. Pour la première fois depuis longtemps, il se sent vu, admiré, respecté.
Le contraste est saisissant : oublié aux États-Unis, il est un dieu vivant à Buenos Aires. Il tombe amoureux du pays, de sa culture, de son peuple. Il y trouve la paix que Hollywood lui refusait. Il finit par s’y installer définitivement, laissant derrière lui sa femme Janis et ses enfants aux USA. Une séparation physique, mais pas de cœur, diront certains, bien que la solitude de ses dernières années pose question.
Il vit à Recoleta, un quartier huppé de Buenos Aires, profitant de sa fortune, loin des projecteurs, refusant même d’aider l’armée américaine pendant la guerre des Malouines, se proposant plutôt comme ambulancier volontaire pour l’Argentine ! Un geste fort qui prouve son attachement viscéral à sa terre d’adoption.
Une Fin Solitaire et Mystérieuse

La fin de l’histoire est tragique, digne d’un tango mélancolique. En mai 1989, les voisins s’inquiètent de ne plus voir l’acteur. La police découvre son corps sans vie dans son appartement. Guy Williams est mort seul, d’un anévrisme cérébral, et personne ne s’en est rendu compte pendant plusieurs jours.
Il avait 65 ans. L’homme qui avait été entouré de millions de fans, qui avait fait rêver des générations entières, est parti dans le silence le plus total. Ses cendres seront dispersées au-dessus de l’océan Pacifique et des montagnes californiennes, bouclant la boucle d’une vie d’errance et de passion.
Aujourd’hui, que reste-t-il de Guy Williams ? Une étoile sur le Walk of Fame, certes, mais surtout le souvenir impérissable d’un homme qui a refusé d’être une marionnette. Il a prouvé que la vraie réussite n’est pas d’être en haut de l’affiche, mais d’être maître de son destin. Adios, Don Diego.