La Solitude Dorée de Biyouna : Révélations sur sa Mort Silencieuse, sa Fortune Cachée et l’Impardonnable Oubli Officiel

Le 18 novembre 2025, le vent s’engouffrait doucement à travers les volets d’une vieille bâtisse coloniale du quartier de Belouizdad (ex-Belcourt), à Alger. C’est là, dans ce lieu chargé d’histoire et de souvenirs d’enfance, que le rideau est tombé définitivement sur Baya Bouzar, l’immense Biyouna. Retrouvée sans vie par sa fille cadette après plusieurs appels restés muets, la diva s’est éteinte à 73 ans. Mais ce n’est pas le bruit de sa mort qui frappe aujourd’hui les esprits ; c’est le silence assourdissant qui l’a suivie. Une fin de partie jouée à huis clos pour celle qui avait pourtant passé sa vie à faire du tapage.
Une Mort en “Quarantaine” Médiatique
“Elle a tout donné et on ne lui donne même pas une chanson d’adieu.” Ce cri du cœur, lâché par un fan sur les réseaux sociaux, résume le sentiment d’injustice qui traverse les deux rives de la Méditerranée. Ni la France, qui l’a pourtant encensée sur les plateaux de Vivement Dimanche et dans les salles de l’Olympia, ni l’Algérie, dont elle incarnait l’âme rebelle et populaire, n’ont décrété d’hommage national.
Pas d’édition spéciale, pas de bandeau noir sur les chaînes d’info. Juste un communiqué laconique du ministère de la Culture algérien, publié comme on expédie une affaire courante. Biyouna, la “grande gueule”, la provocatrice, l’insoumise, gênait-elle encore, même dans la mort ? Trop libre pour les conservateurs, trop “incontrôlable” pour les élites parisiennes, elle semble avoir payé le prix fort de son indépendance : l’oubli institutionnel.
Elle est partie à cause d’une insuffisance respiratoire, aggravée par une bronchite chronique. Elle avait refusé les soins intensifs, préférant mourir chez elle, dans son lit, loin des bips froids des hôpitaux. Un dernier acte de souveraineté sur son propre corps, une décision que certains jugent courageuse, d’autres désespérée, témoignant d’une solitude que les paillettes ne parvenaient plus à masquer.
La Révélation du “Trésor” de Belouizdad

Pourtant, si Biyouna est morte seule, elle n’est pas morte pauvre. C’est l’autre révélation choc qui émerge de ce drame. Loin des clichés de l’artiste bohème finissant dans la misère, Biyouna était à la tête d’un véritable petit empire. Sa fortune, estimée aujourd’hui entre 2 et 3 millions d’euros, force le respect et réécrit son histoire.
Ce patrimoine est le fruit de 40 ans de labeur acharné. Il y a d’abord cette maison à Belouizdad, estimée à prix d’or, qu’elle avait rénovée pour en faire son refuge. Il y a aussi cet appartement secret en France, d’une valeur de 300 000 à 400 000 euros, son pied-à-terre lors des tournées, dont l’adresse n’a jamais filtré. Et surtout, il y a les droits artistiques. Depuis l’annonce de son décès, les compteurs s’affolent : Délice Paloma, Le Harem de Madame Osman, ou son album culte Blonde dans la Casbah connaissent une seconde vie sur les plateformes de streaming, générant des royalties substantielles.
Une Succession Exemplaire et un Projet d’Avenir
Contrairement aux sagas familiales déchirantes qui suivent souvent la mort des stars, la succession de Biyouna est limpide. Ses deux filles, héritières à parts égales, gèrent cet héritage avec une dignité qui honore la mémoire de leur mère. Pas de guerre des clans, mais un projet noble : transformer la maison familiale de Belouizdad en un lieu de mémoire, peut-être un centre culturel. Si les institutions ne veulent pas construire de monument à Biyouna, ses filles le feront elles-mêmes, avec les pierres de sa propre maison.
L’Adieu du Peuple face au Silence de l’État
Les obsèques, qui se sont tenues au cimetière d’El Kettar, furent à l’image de ce paradoxe : une intimité stricte, presque secrète, contrastant avec l’amour immense du peuple. La photo virale de ses filles, seules au milieu des tombes blanches, tenant les portraits de leur mère, restera comme l’acte d’accusation muet d’un système ingrat.
Mais le véritable hommage, c’est la rue qui le rend. À Marseille, Paris, Alger, les fans organisent des veillées spontanées. On réécoute sa voix rauque, on partage ses répliques cultes. “Elle avait une gueule, une voix, une histoire”, disait l’humoriste Fary sur France Inter. Biyouna n’avait pas besoin de médailles officielles ; elle avait l’adhésion des cœurs.
En mourant comme elle a vécu, sans demander la permission, Biyouna nous laisse une dernière leçon : la véritable reconnaissance ne se décrète pas par décret présidentiel. Elle se gagne à la sueur du front, au prix d’une liberté farouche. Elle est partie riche de millions, certes, mais surtout riche d’une intégrité que la mort elle-même ne pourra pas lui ravir. Adieu l’artiste, et merci pour ce dernier silence qui fait tant de bruit.