Près de 100 tracteurs bloquent l’A75 dans les deux sens de circulation pour dénoncer un abattage sanitaire

L’A75 est bloquée ce jeudi soir en Lozère, dans les deux sens de circulation.
100 tracteurs
Environ cent tracteurs occupent les deux voies de l’autoroute, assure la radio sur son site internet. Cette mobilisation, lancée par la Coordination rurale 48 et les Jeunes agriculteurs du département, a débuté en fin d’après-midi.

Parallèlement, en Ariège, plusieurs centaines d’agriculteurs sont mobilisés ce jeudi soir pour empêcher l’abattage de 200 bovins dans une ferme, après la découverte mardi d’un cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) dans un élevage au pied des Pyrénées.
Une mobilisation agricole d’ampleur a paralysé l’autoroute A75 ce mardi matin, où près de 100 tracteurs ont été déployés par des éleveurs en colère pour bloquer totalement la circulation dans les deux sens. Cette action coup de poing vise à dénoncer un abattage sanitaire jugé injustifié et brutal, décidé par les autorités à la suite de la détection d’un foyer sanitaire dans un élevage de la région. Dès l’aube, les agriculteurs ont convergé vers un point stratégique de l’axe routier, provoquant d’importants embouteillages et contraignant les automobilistes à de longues heures d’attente, sous la surveillance des forces de l’ordre.

À l’origine de cette mobilisation, la décision administrative d’ordonner l’abattage préventif de plusieurs centaines de têtes de bétail afin d’éviter la propagation d’une maladie animale. Une mesure que les éleveurs concernés, soutenus par leurs collègues, estiment disproportionnée, dénonçant un manque de concertation, de transparence et de solutions alternatives. Selon eux, les protocoles sanitaires auraient pu être renforcés sans aller jusqu’à la destruction totale des cheptels, mettant en péril des exploitations déjà fragilisées par la hausse des coûts de production et la baisse des revenus agricoles.
Sur place, les manifestants ont exprimé leur détresse et leur colère, certains parlant d’un véritable « drame humain ». Pour de nombreux éleveurs, l’abattage sanitaire ne représente pas seulement une perte économique, mais aussi un choc moral profond, tant le lien avec les animaux est au cœur de leur métier. Plusieurs d’entre eux affirment avoir investi des années de travail dans la constitution de leur cheptel, aujourd’hui menacé par une décision qu’ils jugent déconnectée de la réalité du terrain.
La colère est également alimentée par les conditions d’indemnisation annoncées par l’État, jugées insuffisantes et tardives. Les agriculteurs craignent de ne pas être dédommagés à la hauteur des pertes subies, ni pour les animaux abattus, ni pour les conséquences à long terme sur la viabilité de leurs exploitations. Certains redoutent même de devoir cesser leur activité, faute de trésorerie et de perspectives claires pour la reconstitution de leur cheptel.

Face à cette situation, les syndicats agricoles appellent à une révision des procédures sanitaires et à une meilleure prise en compte des réalités économiques et psychologiques des éleveurs. Ils demandent notamment la mise en place d’expertises indépendantes, un dialogue renforcé avec les services de l’État et des mesures d’accompagnement plus ambitieuses pour les exploitations touchées. « On ne peut pas continuer à gérer les crises sanitaires uniquement par l’abattage systématique », martèlent plusieurs représentants syndicaux présents sur les lieux du blocage.
Du côté des autorités, la préfecture rappelle que ces décisions sont prises dans un objectif de protection de la filière agricole et de la santé animale à l’échelle nationale, voire européenne. Elle souligne que l’abattage sanitaire reste, dans certains cas, le seul moyen efficace d’éviter une propagation incontrôlée de la maladie, aux conséquences potentiellement encore plus graves pour l’ensemble des éleveurs. Un dispositif de déviation a été mis en place pour limiter l’impact du blocage sur la circulation, tandis que des négociations ont été engagées avec les représentants des manifestants.
En fin de matinée, la situation restait tendue sur l’A75, sans perspective immédiate de levée du blocage. Les agriculteurs ont annoncé leur intention de maintenir la pression tant qu’aucune réponse concrète et satisfaisante ne leur serait apportée. Cette mobilisation illustre une nouvelle fois le malaise profond qui traverse le monde agricole, confronté à des crises sanitaires répétées, à une réglementation jugée de plus en plus contraignante et à un sentiment d’abandon croissant face aux décisions prises à distance du terrain.