Michel Onfray : “Macron n’est pas un chef d’État, c’est un vague sous-secrétaire !”

C’est un Michel Onfray plus incisif que jamais qui s’est présenté ce week-end face à Laurence Ferrari sur CNews et Europe 1. Dans une France en proie aux doutes, secouée par une crise politique sans fin et une violence quotidienne qui ne dit plus son nom, le philosophe n’est pas venu pour faire de la figuration. Avec la verve qu’on lui connaît, il a dressé le portrait sombre mais lucide d’un pays où l’autorité s’effrite, où la justice semble avoir perdu le Nord, et où le sommet de l’État paraît flotter dans une réalité parallèle.

Un État sans Chef, un navire sans cap

L’attaque est frontale, chirurgicale. Alors que l’Assemblée nationale patine sur un budget devenu le symbole de notre impuissance politique, Michel Onfray ne mâche pas ses mots concernant le locataire de l’Élysée. Pour lui, la fonction présidentielle s’est évaporée. « Macron n’est pas un chef d’État, c’est un vague sous-secrétaire ! » lance-t-il, dénonçant un homme qui « ne fait pas ce qu’il dit et ne dit pas ce qu’il fait ».

Ce constat amer dépasse la simple critique politicienne. Il pointe du doigt une classe dirigeante obsédée par une seule chose : l’élection présidentielle de 2027. Pendant que le pays s’enfonce dans la crise budgétaire et sociale, les regards de nos élites sont tournés vers les urnes, ignorant superbement le présent. « Ils se servent de la politique plutôt qu’ils ne servent la politique », assène le philosophe. Une phrase qui résume à elle seule le fossé grandissant, abyssal, qui sépare désormais le peuple de ses représentants.

Dans ce théâtre d’ombres, le Premier ministre est qualifié de « très pompidolien, très matois », un bricoleur de la politique qui tente de colmater les brèches d’un navire prenant l’eau de toutes parts. Mais pour Onfray, le mal est plus profond : c’est tout le système de la Ve République, dévoyé, qui tourne à vide.

La Justice : quand l’institution humilie les victimes

Mais le moment le plus poignant, et sans doute le plus révoltant de cet entretien, concerne l’état de notre justice. Michel Onfray revient sur le témoignage bouleversant de Stéphanie Bonhomme, mère du jeune Élias, 14 ans, sauvagement tué à coups de machette par des récidivistes. Au lieu de trouver écoute et compassion auprès de l’institution judiciaire, cette mère endeuillée s’est vue accusée par des magistrats de mener une « croisade » et d’être « populiste ».

Ces mots, d’une violence inouïe, ont fait bondir le philosophe. « Si vous n’acceptez pas d’être tué sans rien dire, vous êtes un populiste ? » s’insurge-t-il. Pour Onfray, c’est la preuve éclatante d’une inversion des valeurs. Une idéologie mortifère a pénétré les tribunaux, transformant les bourreaux en victimes sociales et les victimes réelles en gêneurs réactionnaires.

Il dénonce une « magistrature politisée » qui exerce son pouvoir non plus au nom du peuple français, mais au nom d’une doctrine déconnectée du réel. L’impunité devient la norme, et la responsabilité individuelle s’efface derrière des excuses sociologiques. « On ne sait pas qui sont ces juges d’application des peines qui remettent des monstres en liberté », rappelle-t-il, plaidant pour une véritable responsabilité des magistrats devant les citoyens.

Narcotrafic : la guerre perdue d’avance ?

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Le constat n’est pas plus brillant du côté de la sécurité. Face à la montée en puissance du narcotrafic, qui agit désormais comme un véritable « contre-État », la République semble désarmée. Michel Onfray décrit une situation où la police, malgré son courage et ses prises de risques, se heurte au mur d’une justice laxiste et de lois inadaptées.

L’anecdote est cruelle : un grand narcotrafiquant, censé être incarcéré jusqu’en 2029, bénéficie d’une permission de sortie… pour un projet de réinsertion. « On lui offre la cavale sur un plateau ! » ironise tristement Onfray. Cette faiblesse coupable de l’État face aux barons de la drogue n’est pas seulement une question de moyens, mais de volonté.

Pour le philosophe, nous sommes face à un ennemi intérieur puissant, riche et violent, qui n’a que faire des règles démocratiques. Et pendant ce temps, une partie de la gauche intellectuelle et politique continue de « cracher sur l’armée et la police », se rendant complice, selon lui, de la destruction du pays. « C’est de l’intelligence avec l’ennemi », tranche-t-il sans détour.

Le mirage du Service National Universel

Interrogé sur le souhait d’Emmanuel Macron de relancer un service national volontaire, Onfray balaie l’idée d’un revers de main. Pour lui, c’est une mesurette cosmétique, un « effet d’annonce ». Le volontariat signifie que seuls les jeunes déjà intégrés et patriotes s’y rendront. Ceux qui posent problème, les guetteurs des cités, les délinquants, n’iront évidemment pas apprendre le garde-à-vous et la Marseillaise de leur plein gré.

Il regrette l’abandon d’une véritable conscription, seule capable de brasser les classes sociales et d’inculquer le sens du devoir, mais reconnaît qu’il est sans doute trop tard. L’armée n’a plus les moyens d’encadrer toute une génération, et l’esprit de défense nationale a été trop longtemps dénigré par ceux-là mêmes qui nous gouvernent ou nous instruisent.

Conclusion : Le retour au réel ou le chaos

Au fil de cet entretien, une ligne de force se dégage : le besoin urgent de revenir au réel. Que ce soit en politique, en justice ou en géopolitique, la France paie le prix de décennies de déni.

Onfray termine sur une note philosophique avec Descartes, rappelant la nécessité de « penser par soi-même » et de bâtir des certitudes sur la raison plutôt que sur les croyances ou les idéologies. Un appel à la lucidité qui résonne comme un avertissement.

Face à un pouvoir qui semble naviguer à vue, obsédé par sa propre survie politique, la parole de Michel Onfray agit comme un électrochoc. Elle nous rappelle que la démocratie n’est pas un acquis éternel, mais un combat permanent. Et que si le peuple ne reprend pas la main sur son destin, d’autres forces, bien moins bienveillantes, se chargeront de combler le vide laissé par un État démissionnaire.

La France est à la croisée des chemins. Et comme le suggère le philosophe, il est grand temps d’arrêter de « préparer la guerre » des petites phrases pour enfin « préparer la paix » civile, en rétablissant l’ordre, la justice et la dignité des victimes. Un vaste programme pour un pays qui semble, pour l’instant, marcher sur la tête.

Michel Onfray : “Macron n’est pas un chef d’État, c’est un vague sous-secrétaire !”

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