Nana Mouskouri : Le Crépuscule Douloureux d’une Icône, Entre Cancer Secret et Regrets Maternels Déchirants

Derrière les Lunettes Noires : La Fragilité d’un Mythe
C’est une silhouette que l’on pensait immuable. Une voix cristalline qui a traversé les décennies, un visage encadré par ces éternelles montures noires qui sont devenues sa signature. Nana Mouskouri, la légende grecque aux 400 millions d’albums vendus, vient de franchir le cap des 90 ans. Mais derrière les paillettes et les ovations mondiales, le rideau se lève sur une réalité bien plus sombre et mélancolique. Loin des projecteurs qui l’ont brûlée autant qu’ils l’ont éclairée, la chanteuse affronte aujourd’hui le combat le plus difficile de sa vie : celui contre le temps, la maladie et les fantômes du passé.
Le Face-à-Face avec la Mort : “Tout s’effondrait”
On l’imagine souvent à l’abri de tout, protégée par sa fortune et sa renommée. Pourtant, la dernière décennie a été un véritable calvaire médical pour la star. En 2015, le verdict tombe, glacial et terrifiant : cancer du pancréas. Une maladie sournoise, souvent fatale, qui a emporté tant de géants. Pour Nana, le choc est total. “J’ai vraiment eu peur. On aurait dit que tout s’effondrait”, a-t-elle confessé, hantée par la disparition récente de David Bowie à l’époque.
Dans le plus grand secret, elle a subi chimiothérapies et opérations, luttant avec une résilience insoupçonnée pour survivre. Mais le sort s’acharne. En 2019, c’est une péritonite sévère qui la terrasse, l’envoyant aux urgences entre la vie et la mort. Aujourd’hui, à 90 ans, elle ne cache plus sa fragilité. “Je ne peux plus marcher aussi vite, je me sens extrêmement fatiguée”, avoue-t-elle. Son corps, autrefois instrument infatigable de son art, lui rappelle désormais chaque jour que l’éternité n’appartient qu’à ses chansons, pas à sa chair.
Le Cœur Brisé d’une Mère : “Ils m’appelaient Maman, mais c’est elle qui les élevait”
Si la douleur physique s’apaise parfois, les blessures de l’âme, elles, restent vives. Le plus grand drame de Nana Mouskouri ne se joue pas dans les hôpitaux, mais dans sa mémoire. Mère de deux enfants, Nicolas et Hélène, nés de son premier mariage avec Georgios Petsilas, elle a sacrifié sa vie de famille sur l’autel de la gloire. Toujours en tournée, toujours ailleurs, elle a dû confier ce qu’elle avait de plus cher à une nourrice, “Féfé”.

Les confidences de son fils Nicolas sont d’une tristesse infinie : il raconte ce vide immense, cette mère qu’on voit à la télévision mais qui n’est jamais là pour border le soir. “À un moment donné, nous appelions Féfé ‘maman'”, a avoué sa fille Hélène. Une phrase qui résonne comme un coup de poignard pour Nana. En 2016, sur le célèbre “Divan”, elle a craqué, admettant sa culpabilité rongente : “Je n’étais pas proche de mes enfants et ils étaient en colère contre moi.” Aujourd’hui, même si les relations se sont apaisées, la distance géographique (l’un à Montréal, l’autre à Munich) et le temps perdu ne se rattrapent jamais vraiment. Elle voit peu ses petits-enfants, et ce silence dans sa grande maison résonne comme le prix exorbitant de son succès planétaire.
L’Amour comme Ultime Refuge
Heureusement, dans ce tableau clair-obscur, une lumière brille encore. André Chapelle. Son producteur de toujours, devenu son mari en 2003, est son roc, son “âme sœur”. C’est lui qui la soutient quand les jambes flanchent, lui qui la rassure quand les angoisses nocturnes surgissent. “Quand il est avec moi, je me sens en paix. Je crains de le perdre”, murmure-t-elle. C’est grâce à cet amour tardif mais inconditionnel qu’elle trouve la force de sourire encore.
Conclusion : La Femme derrière la Légende

Nana Mouskouri n’est plus seulement cette voix divine qui chantait “Je chante avec toi liberté”. Elle est devenue une femme de 90 ans, vulnérable, qui regarde son passé avec lucidité. Son histoire nous rappelle brutalement que la réussite professionnelle ne comble pas les vides affectifs et que la santé est un trésor précaire.
Alors qu’elle prépare doucement ses adieux à la scène, elle nous laisse une leçon poignante : la gloire est éphémère, mais l’amour et la famille sont les seuls véritables piliers quand la lumière baisse. Souhaitons à cette immense dame de trouver enfin la paix intérieure qu’elle a tant chantée pour les autres, mais qu’elle a parfois eu tant de mal à trouver pour elle-même.