Représenter « la DZ » : le propos choc d’un élu LFI
C’est une séquence politique qui laisse un goût amer et soulève des questions fondamentales sur la responsabilité de nos élus. En l’espace de quelques jours, deux figures de La France Insoumise (LFI), Sébastien Delogu et Ersilia Soudais, se sont illustrées par des déclarations qui, loin d’être de simples « petites phrases », révèlent une fracture idéologique profonde avec la réalité vécue par de nombreux Français. Entre revendication communautaire ambiguë et minimisation des violences, retour sur une semaine où le dogme semble avoir pris le pas sur le réel.
Le cas Delogu : « La DZ », ou l’ambiguïté coupable
Tout commence par une interrogation simple : qui représentez-vous et à qui appartient Marseille ? À cette question, Sébastien Delogu, député de la Nation et prétendant à la mairie de la deuxième ville de France, a offert une réponse aussi brève que explosive : « La DZ ».
Pour le grand public, et particulièrement dans le contexte marseillais actuel, ces deux lettres résonnent de manière sinistre. « DZ », dans l’imaginaire collectif récent nourri par l’actualité tragique, évoque immédiatement la « DZ Mafia », ce clan de narcotrafiquants ultra-violent qui se livre une guerre sans merci pour le contrôle du territoire. En revendiquant représenter « la DZ », Sébastien Delogu joue-t-il la carte de la provocation ultime ?
Ses défenseurs plaident le malentendu. Pour eux, et c’est l’explication sémantique classique, « DZ » signifie « Djazair », soit l’Algérie. Mais cette défense, loin d’éteindre l’incendie, ne fait que déplacer le problème sur un terrain tout aussi glissant. Charlotte d’Ornellas, dans son analyse percutante, pointe du doigt le cœur du scandale : est-il acceptable qu’un député français, arborant l’écharpe tricolore, affirme que Marseille « appartient » à l’Algérie et qu’il en est le représentant ?
Cette sortie n’est pas anodine. Elle s’inscrit dans une dérive où le clientélisme électoral semble justifier toutes les compromissions, même celles qui ébranlent les fondements de l’unité nationale. Le malaise est palpable jusque dans les rangs de son propre parti. Interrogé par Apolline de Malherbe, Manuel Bompard, coordinateur de LFI, a peiné à masquer sa gêne, tentant maladroitement de balayer la polémique d’un revers de main, la qualifiant de ridicule pour ne pas avoir à en commenter le fond. Pourtant, le symbole est là : l’addition des nationalismes étrangers au sein d’un mouvement qui, paradoxalement, semble de plus en plus mal à l’aise avec les symboles nationaux français.
Ersilia Soudais et le viol « anecdotique » : le déni par les chiffres
Si la sortie de Sébastien Delogu touche aux symboles, celle d’Ersilia Soudais heurte directement la souffrance des victimes. En réaction aux actions du collectif féministe identitaire Némésis, la députée a qualifié d’« anecdotique » la part des violences sexuelles commises par des étrangers.
Le mot choque. Selon le dictionnaire, « anecdotique » désigne ce qui ne présente pas d’intérêt général, ce qui est accessoire. Peut-on qualifier de la sorte des crimes, aussi minoritaires soient-ils statistiquement ? Mais au-delà de l’indécence lexicale, c’est l’argumentation factuelle qui pose problème. Ersilia Soudais s’appuie sur une donnée réelle : 90 % des femmes victimes de viol connaissent leur agresseur. C’est un fait. Mais ce fait sert ici d’écran de fumée pour occulter une autre réalité statistique, tout aussi tangible.
Les chiffres du ministère de l’Intérieur sont pourtant clairs et méritent d’être cités sans passion mais avec lucidité. En 2023, 87 % des mis en cause pour viols étaient de nationalité française. Cela signifie donc, mathématiquement, que 13 % étaient étrangers. Or, les étrangers ne représentent qu’environ 8 % de la population générale. Il y a donc bien une surreprésentation statistique.
Le constat est encore plus alarmant lorsqu’on se penche sur des zones ou des types de délits spécifiques. Un rapport de 2020 sur la délinquance dans les transports en commun en Île-de-France révélait que 62 % des auteurs présumés de violences sexuelles étaient de nationalité étrangère, alors qu’ils ne représentent que 14 % de la population francilienne.
Qualifier ces données d’« anecdotiques » relève d’une cécité volontaire. Pourquoi une telle disproportion devrait-elle être tue ? Dans n’importe quel autre domaine de la santé publique ou de la sécurité, une telle surreprésentation déclencherait des plans d’urgence, des études sociologiques, des mesures ciblées. Mais ici, le silence est de mise, verrouillé par la peur de l’amalgame.
L’idéologie contre la protection des femmes

C’est ici que l’analyse de la séquence devient cruelle pour La France Insoumise. Le parti se veut le champion de la lutte contre les violences faites aux femmes. Pourtant, il semble prêt à sacrifier une partie de ce combat sur l’autel de son dogme migratoire.
Il n’y a pourtant aucune contradiction à admettre deux réalités simultanées :
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La majorité des viols sont commis par des proches, des hommes français, souvent dans la sphère familiale. C’est un fléau qui doit être combattu par l’éducation et la loi.
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Il existe une problématique spécifique liée à une délinquance étrangère, notamment dans l’espace public, qui nécessite une réponse politique adaptée (maîtrise des frontières, expulsions, politique pénale).
Refuser de voir le second point sous prétexte que le premier existe est une faute politique. Comme le souligne Charlotte d’Ornellas, personne ne crie à la stigmatisation des hommes en général lorsqu’on dit que la quasi-totalité des violeurs sont des hommes. On cherche à comprendre, à éduquer, à corriger des comportements. Pourquoi cette démarche rationnelle devient-elle impossible dès qu’il s’agit de l’origine des mis en cause ?
Le deux poids, deux mesures du discours politique
Cette séquence met en lumière un « deux poids, deux mesures » constant. Ersilia Soudais et ses collègues ne trouvent rien à redire lorsqu’il s’agit d’accueillir, au titre du droit d’asile, des femmes fuyant des cultures patriarcales oppressives. Ils reconnaissent donc implicitement que certains modèles culturels étrangers peuvent être dangereux pour les femmes. Pourquoi devient-il alors interdit de souligner que l’importation de ces mêmes modèles culturels sur le sol français peut poser un problème de sécurité pour les femmes d’ici ?
Il y a là une incohérence majeure. L’immigration semble être devenue, pour une partie de la gauche, un dogme intouchable, une vache sacrée qui ne souffre aucune critique, même lorsque la sécurité des plus vulnérables est en jeu.
Au final, ces polémiques, qu’il s’agisse de la « DZ » de Delogu ou des statistiques « anecdotiques » de Soudais, ne sont pas des dérapages isolés. Elles sont les symptômes d’un système de pensée qui, à force de vouloir plier le réel à son idéologie, finit par se couper des préoccupations légitimes des Français. La sécurité n’est pas un concept de droite ou de gauche, c’est la première des libertés. Et les victimes, elles, ne sont jamais anecdotiques.