Sœurs disparues dans le Vercors — 3 mois plus tard retrouvées ligotées à un arbre, inconscientes

Sœurs disparues dans le Vercors — 3 mois plus tard retrouvées ligotées à un arbre, inconscientes

Quand Marc de LO, biologiste forestier de l’Office national des forêts découvrit les deux silhouettes attachées à l’arbre matin glacial du 14 décembre 2021, son premier réflexe ne fut pas de crier ou d’appeler les secours, mais de rester parfaitement immobile, comme si son cerveau refusait d’accepter ce que ses yeux venaient de voir.

Il était 9h17, la température ossillait autour de -3° Celsius et une fine couche de givre recouvrait le sol de cette clairrière perdue au cœur du massif du vercorp à plus de 2 km de la moindre trace de sentier balisé. Les deux femmes, les bras tirés en arrière autour du tron d’un être centenaire, étaient maintenu par des cordes de nylon orange qui s’enfonçaient profondément dans la chair de leur poignet.

Leurs vêtements, déchirés et couverts de bout séché pendaient en lambeau sur leurs corps et massiers. Mais ce qui terrifia véritablement de l’ormes, ce qui le figea sur place pendant ces quelques secondes qui lui parurent durer une éternité, ce fut de constater que l’une d’elles venait de bouger imperceptiblement la tête. De l’Orme, spécialiste de la faune forestière depuis ans, avait parcouru des milliers d’hctares de forêts françaises au cours de sa carrière, documentant des populations de serr, de sangliers, de lynx réintroduit dans les Alpes.

Il avait déjà découvert des carcasses d’animaux, des campements abandonnés, de randonneurs imprudents, même une fois les restes d’un parapentiste qui s’était écrasé contre une paroi rocheuse. Rien, absolument rien dans son expérience ne l’avait préparé à cette scène.

Il se trouvait dans le secteur sud-ouest du massif, près des gorges des écouges, une zone particulièrement escarpée et isolée que même les randonneurs expérimentés évitaient en raison de son terrain accidenté et de l’absence totale de balisage. Il effectuait ce jour-là un recensement hivernal des populations de Tetracel, ces oiseaux de montagnes discrets qui nichent dans les zones les plus reculées.

Sa mission l’avait conduit hors des sentiers habituels, équipé de son matériel d’observation, de son GPS professionnel et de sa radio VHF réglementaire. Ses mains tremblaient lorsqu’il parvint enfin à saisir sa radio pour contacter la brigade de gendarmerie de Villard Lance. Sa voix, qu’il tenta de contrôler sans y parvenir complètement raisonna dans l’appareil à 9hures précisément, selon les enregistrements officiels qui seraient plus tard vers au dossier d’instruction.

Le brigadier chef Thomas Mercier, qui assurait la permanence ce matin-là à la caserne, nota immédiatement l’urgence inhabituelle dans le ton du biologiste qu’il connaissait pourtant comme un homme particulièrement calme et méthodique. De l’orme décrivit la scène avec une précision clinique, comme si la distance professionnelle pouvait le protéger de l’horreur de ce qu’il observait.

Il indiqua ses coordonnées GPS, précisa l’état apparent des deux femmes, insista sur le fait que l’une d’elles semblait encore vivante et conclut en demandant l’intervention immédiate du PGHM, le peloton de gendarmerie de haute montagne basé à Grenoble. Ce qui rendit cette découverte particulièrement bouleversante pour les enquêteurs qui arrivèrent sur place dans les heures suivantes, ce ne fut pas seulement l’état physique catastrophique des deux victimes ou la cruauté évidente de leur séquestration, mais la certitude progressive et terrifiante que ces deux femmes correspondaient exactement au signalement de Léa et Chloé Bertrand.

Les deux sœurs grenobloises porttaient disparues depuis exactement jours. Cette affaire qui avait mobilisé des centaines de bénévoles, des dizaines de gendarmes, trois hélicoptères de la sécurité civile et occupés la une des journaux régionaux pendant des semaines, semblait avoir trouvé son dénouement dans cette clairrière glacée où personne n’avait pensé à chercher.

Si cette histoire vous interpelle et que vous souhaitez comprendre comment une telle tragédie a pu se produire au cœur de nos montagnes, n’hésitez pas à vous abonner à la chaîne et à partager cette enquête avec vos proches, car ce que révélera l’investigation dépasse tout ce que l’on pourrait imaginer.

Le capitaine Sophie Arnaud, ans, commandant la section de recherche de la gendarmerie de l’Iser, fut la première officière de haut rang à atteindre le lieu de découverte et porté depuis Grenoble à 10h52. Spécialiste des disparitions en milieu montagnard avec quinze ans d’expérience dans les Alpes, Arnaud avait personnellement supervisé les recherches initiales de Léa et Chloé Bertrand en septembre, coordonnant les équipes au sol, les maîtres chiens, les plongeurs qui avaient sondé les lacs glaciaires du massif.

Elle avait rencontré leur mère à plusieurs reprises, lui avait expliqué les statistiques implacables des disparitions en montagne, la probabilité décroissante de retrouver des survivants après les premières 48 heures. Elle avait fini par classer l’affaire comme une disparition présumée accidentelle, convaincue que les deux sœurs avaient fait une chute mortelle dans l’un des innombrables ravins qui lacèrent le vert corps et que la forêt dense avait simplement dissimulé leur corps aux équipes de secours.

Lorsqu’elle se pencha au-dessus de Léa Bertrand, celle qui avait bougé la tête et dont le pou faible mais régulier fut confirmé par le médecin urgentiste du PGHM, Arnaud dut faire appel à toute sa formation professionnelle pour ne pas laisser transparaître son émotion devant l’équipe qui l’entourait.

La jeune femme avait perdu environ tr kges selon les estimations médicales ultérieures. Sa peau présentait des lésions multiples, des brûlures de frottement aux poignais et aux chevilles, des équimoses à divers stades de cicatrisation sur tout le corps. Ses cheveux qu’elle portait long selon les photos fournies par sa famille en septembre avaient été grossièrement coupée à hauteur des épaules avec ce qui semblait être un outil tranchant non professionnel, peut-être un couteau de chasse.

Ses lèvres étaient craquelées, asséchées au point de saigner par endroit et ses yeux, lorsqu’elles parvintent à les entrouvrir brièvement sous la lumière du jour, étaient profondément enfoncé dans leurs orbites, donnant à son visage une apparence squelettique qui contrastait violemment avec les photographies de la jeune infirmière souriante que les médias avaient diffusé pendant les recherches.

Sa sœur Chloé, attachée à quelques centimètres d’elle sur le même arbre, ne montrait aucun signe vital apparent. Son corps était affessé contre le tron, maintenu en position semi-verticale uniquement par les cordes qui en serraient ses poignets. Le médecin urgentiste, le docteur Antoine Rousell, 44 ans, vétéran de 15 ans au sein du PGHM et habitué au traumatismes les plus graves en montagne, tenta néanmoins de détecter un pou carotidien, pratiqua un massage cardiaque d’urgence, administra de l’adrénaline par voie intracardiaque selon les protocoles d’intervention en hypothermie sévère.

Mais à 27 minutes d’efforts acharnés de réanimation, il dut constater officiellement le décès de Chloé Bertrand, probablement survenu selon ses premières estimations entre 12 et 24 heures avant la découverte du site. La scène que les techniciens en identification criminelle de la gendarmerie commencèrent à documenter méthodiquement à partir de 12h15 présentait des caractéristiques qui dépassaient largement le cadre d’une simple agression ou d’un enlèvement opportuniste.

La clairrière d’environ 35 m de diamètre était entouré d’une végétation dense composée principalement de être, de sapins et de buissons épineux qui formaient une muraille naturelle presque impénétrable. Le sol, couvert d’un épais tapis de feuilles mortes et d’aiguilles et de conniifè avait été partiellement dégagé sur une zone d’environ 6 mètres carrés autour de l’arbre central, révélant la terre nue et compactée par un piétinement répété.

Les techniciens relevèrent la présence de trois types d’empreintes de chaussures distinctes, dont deux correspondaient aux chaussures de randonnée que portaient encore Léa et Chloé et une troisième plus grande, laissée par une semelle de type militaire ou de rangers de travail, pointure estimée à 44 ou 45. À 4 m de l’arbre principal, dissimulé sous un amas de branches soigneusement disposé, les enquêteurs découvrirent ce qui s’apparentait à un campement rudimentaire mais organisé.

Une bâche en plastique verte de type militaire d’environ tr mtres sur quatre était tendu entre quatre arbres à environ 1,50 du sol, créant un abri sommaire mais efficace contre la pluie et le vent. Sous cette bâche, sur un tapis de fougère séché qui servait manifestement de couchage se trouvaient trois sacs de couchage de qualité moyenne, deux d’entre eux encore tachés de bou et d’humidité. Le troisième roulé et sanglé avec un soin méticuleux.

À proximité immédiate, les gendarmes inventorièrent un réchaud à gaz de camping avec deux cartouches pleines et une vide, une batterie de cuisine composée de trois gamelles en aluminium, une gourde militaire en plastique vert contenant encore environ 1 demil litre d’eau et un sac en toile contenant des denrées alimentaires non périssables comprenant du riz en sachet, des pâtes, des conserves de légumes, des barres énergétiques et des sachets de soupe déshydraté. Ce qui glaça véritablement le des enquêteurs ne fut pas tant l’existence de ce campement qui aurait pu appartenir à n’importe quel randonneur pratiquant le bivoak sauvage mais la présence d’objets qui ne laissait aucun doute sur la préméditation et la nature des intentions de celui qui avait installé ce site.

À l’intérieur d’un sac à dos de grandes randonnées de marque d’écathlon de couleur kaki, les techniciens retrouvèrent sep rouleaux supplémentairire de corde en nylon, identique à celle utilisée pour attacher les deux sœurs. Chaque rouleau mesurant environ 25 m et présentant des traces d’utilisation partielle. Ils découvrirent également six cadnas à combinaison neuf encore dans leur emballage. Une sc à métaau avec sa lame légèrement rouillée.

Trois couteaux de chasse de taille différentes dont les lames portaient des traces de nettoyage récents mais pas assez minutieux pour éliminer complètement les résidus organiques que les analyses révéleraient plus tard. Et surtout élément qui prit une signification particulièrement sinistre aux yeux des enquêteurs : un carnet à spiral de format A5 rempli de notes manuscrites sur une cinquantaine de pages.

Le capitaine Arnaud, qui supervisa personnellement l’ouverture et l’examen préliminaire de ce carnet sur place, comprit immédiatement qu’elle ne se trouvait pas face aux conséquences d’un acte criminel impulsif ou d’une agression qui aurait mal tourné, mais devant les traces documentées d’une obsession méthodique et profondément perturbée.

Les premières pages du carnet daté de juin 2019 selon les annotations manuscrites contenaient ce qui ressemblait à des observations naturalistes banal comprenant des descriptions de la faune locale, des notes sur les cycles de végétation et des croquis approximatif de champignons et de plantes.

Mais à partir de la 20e page environ, le ton et le contenu changeaient radicalement. L’auteur commençait à consigner des réflexions de plus en plus dérangeantes sur ce qu’il appelait les limites de la résistance humaine, la capacité d’adaptation du corps face aux privations extrêmes, la frontière floue entre la survie et la décomposition organique.

Ces observations théoriques laissaient progressivement place à des plans détaillés, des schémas à noter, montrant différentes configurations de campement isolés, des calculs sur les rations alimentaires minimales nécessaires pour maintenir un être humain en vie pendant des périodes prolongées. Des réflexions sur les méthodes de contention les plus efficaces pour prévenir toute tentative de fuite.

Les pages les plus récentes du carnet daté des semaines précédant immédiatement la disparition des sœurs Bertrand en septembre 2021 révélait une escalade inquiétante dans les projets de l’auteur. Il y décrivait avec une précision maniaque l’emplacement idéal qu’il avait identifié dans le massif du vercorp. Cette claère suffisamment éloignée de tout passage pour garantir une isolation totale mais assez accessible pour permettre un approvisionnement régulier en vivre et en matériel.

Il y détaillait également ce qu’il appelait son protocole d’observation, une série d’étapes visant à documenter les réactions physiologiques et psychologiques, de sujets humains soumis à des conditions de stress extrême et de privation prolongée. La dernière entrée du carnet datée du 17 septembre 2021, soit la veille de la disparition des deux sœurs, contenait une phrase qui allait hanter les enquêteurs pendant des mois et qui serait citée dans tous les médias nationaux lorsque l’affaire éclaterait au grand jour. L’auteur y avait simplement écrit d’une écriture soignée et parfaitement lisible que le moment était enfin venu de passer de la théorie à la pratique et que la forêt lui fournirait bientôt les sujets dont il avait besoin pour mener à bien son expérience.

Pendant que les techniciens poursuivaient leur travail de documentation de la scène de crime, établissant des relevés topographiques photographiant chaque détail sous tous les angles, prélevant des échantillons de sol, de fibres textiles et de matériel biologique, l’équipe médicale se concentrait sur la stabilisation de Léa Bertrand en vue de son évacuation d’urgence vers le centre hospitalier universitaire de Grenoble.

Le docteur Roussell et son équipe avaient installé une perfusion intraveineuse pour réhydrater la jeune femme, l’avait enveloppé dans des couvertures de survie thermique pour combattre l’hypothermie modérée dont elle souffrait et lui avait administré des analgésiques pour atténuer la douleur intense causée par ses multiples blessures.

Mais ce qui préoccupait le plus l’équipe médicale n’était pas tant son état physique aussi critique fut-il que son état mental apparent. Léa demeurait dans un état de semi-conscience, les yeux ouverts, mais ne fixant rien de précis, ne répondant à aucune stimulation verbale, ne montrant aucune réaction émotionnelle visible, même lorsque les secouristes lui expliquaient qu’elle était en sécurité et qu’on allait la ramener auprès de sa famille.

L’hélicoptère du PGHM décolla de la clairrière à 13h47, transportant Léa Bertrand vers le service de réanimation du CHU tandis qu’un second appareil attendait l’autorisation du procureur de la République pour évacuer le corps de Chloé vers l’institut médico-légal de Grenoble où l’autopsie serait pratiquée dans les 48 heures suivantes.

Le capitaine Arnaud resta sur place avec son équipe pour superviser la poursuite des investigations, sachant que chaque minute comptait désormais pour retrouver l’homme dont les empreintes et les affaires personnelles jonchaient cette clairrière.

Les chiens pisteurs de la gendarmerie, arrivés sur les lieux à 14h20, furent mis sur la piste des empreintes de Rangers qui s’éloignait de la clairrière en direction du nord-est vers une zone encore plus reculée du massif où les cartes topographiques n’indiquaient aucune habitation. aucun refuge, aucune trace de présence humaine permanente sur un rayon de plusieurs kilomètres.

Pour comprendre l’ampleur du cauchemar que Léa Bertrand avait traversé pendant ses jours de captivité, il fallait remonter au samedi 18 septembre 2021, jour où elle et sa sœur Chloé avèrent quitté leur appartement de la rue Félix Poula à Grenoble pour ce qui devait être un simple weekend de randonnée dans le vert ce matin-là à 7h15 précisément selon les données de géolocalisation extraites de leur téléphone portable lors de l’enquête les deux jeunes femmes avaient chargé leur sac à dos dans la Peugeot 208 grise de Léa et prit la direction du Sud-Ouest, empruntant la D531 puis la D31A en direction de Villard de Lance.

Léa, 26 ans, infirmière diplômée depuis 4 ans et travaillant au service des urgences du CHU de Grenoble, avait planifié cette sortie avec le soin méticuleux qu’elle apportait à tous les aspects de sa vie. Chloé ans, étudiante en master de biologie à l’université Grenoble- Halpe, l’avait accompagné avec l’enthousiasme d’une jeune femme qui adorait la nature et la photographie animalière.

Leur mère, Martine Bertrand, 54 ans, professeur de mathématiques au lycée Champaon, les avait appelé la veille au soir pour s’assurer qu’elles avaient bien vérifié les prévisions météorologiques et qu’elles emportaient suffisamment de provision. Les deux sœurs l’avaient rassuré en lui détaillant leur itinéraire prévu.

Une boucle de randonnée relativement classique partant du parking des écouges, longeant les gorges pendant environ 8 kilomètres, puis bifurquant vers un plateau boisé où elles comptaient installer leur tente pour la nuit avant de redescendre le dimanche après-midi.

Elles avaient promis de l’appeler dès leur retour à Grenoble le dimanche soir vers 19 heures ou 20 heures au plus tard. Martine leur avait fait remarquer, comme elle le faisait toujours, qu’il valait mieux être prudente dans ses zones isolées, qu’elle devait rester sur les sentiers balisés et ne pas s’aventurer dans les secteurs trop escarpés.

Léa lui avait répondu avec cette assurance tranquille qui la caractérisait qu’elle connaissait bien le massif pour y avoir déjà randonné plusieurs fois et que de toute façon elles emportaient leur matériel de premier secours, leur téléphone chargés et une lampe frontale chacune. Les images des caméras de surveillance de la mairie de Villard de Lance, visionné par les enquêteurs dans les jours suivants la disparition, montraient la Peugeot 208 de l’éa, traversant le centre-ville à 8h42, puis s’engageant sur la route forestière menante au parking des gorges des Écouges.

Le dernier signal GPS émis par le téléphone de Léa fut enregistré à 9h3 depuis le parking lui-même. Un espace en gravier pouvant accueillir une vingtaine de véhicules et qui servait de points de départ à plusieurs sentiers de randonnées dans le secteur.

À ce moment-là, selon les reconstitutions effectuées par les gendarmes, quatre autres voitures étaient garées sur le parking, appartenant à des randonneurs qui seraient tous interrogés par la suite et dont les témoignages confirmeraient avoir aperçu deux jeunes femmes équipées de sac à dos se diriger vers le sentier principal, marqué par des traits jaunes peints sur les arbres.

L’un de ses randonneurs, Philippe Garnier, ans, retraité de l’éducation nationale habitant Grenoble, se souviendrait même avoir échangé quelques mots avec les deux sœurs vers 9hures leur demandant si elles connaissaient bien le secteur et leur recommandant de faire attention au passages glissant près des cascades où la roche calcaire devient très tresse après la pluie.

Ce que personne ne pouvait savoir ce matin-là, ce que les enquêteurs ne découvriraient que bien plus tard en recoupant minutieusement tous les éléments du dossier, c’est qu’à environ 2 km en amont du parking, dissimulé derrière un rideau d’arbre dans une zone où aucun sentier balisé ne passait, un homme observait les allées est venu sur le parking depuis plusieurs heures déjà.

Cet homme dont l’identité serait établie dans les jours suivants la découverte des deux sœurs s’appelait Étienne Delveau, 47 ans, sans domicile fixe officiel, sans emploi déclarés depuis plus de 6 ans et vivant de manière semi-nomade dans le massif du vert corps depuis au moins 2018, selon les témoignages ultérieurs de gardes forestiers et de bergers qu’il avait occasionnellement croisé.

Delvau, ancien ingénieur agronome ayant travaillé pour l’Institut national de la recherche agronomique jusqu’en 2015 avait progressivement rompu tous les liens avec la société conventionnelle suite à une série d’événements personnels traumatisants dont les détails émergeraient au fil de l’enquête psychiatrique ordonné par le juge d’instruction.

Les premières heures de la randonnée de Léa et Chloé se déroulèrent sans incidents apparents. Elles progressèrent le long du sentier des gorges, s’arrêtant régulièrement pour admirer les cascades qui dévalaient les parois rocheuses, photographiant les paysages spectaculaires de ces falaises calcaires qui s’élevaient parfois à plus de 200 m de hauteur de chaque côté du torrent.

Chloé, passionné de botanique dans le cadre de ses études, identifiait avec enthousiasme les différentes espèces de fougères et de mousses qui prospéraient dans l’humidité constante des gorges. Selon les données extraites de l’appareil photon numérique de Chloé, retrouvé dans son sac à dos lors de la découverte en décembre, la dernière photo prise sur le sentier balisé portait l’ura d’attage de 11h37, montrant Léa souriante, devant une cascade particulièrement impressionnante.

Les 23 photos suivantes, prises entre 11h52 et 12h34, montraient un changement progressif de décor, les deux sœurs ayant manifestement quitté le sentier principal pour s’aventurer dans une zone plus sauvage où la végétation devenait plus dense et où les traces de passage humain se faisaient de plus en plus rares. Ce qui avait motivé cette déviation par rapport à leur itinéraire prévu demeurerait partiellement obscur.

Léa n’ayant jamais été en mesure de fournir aux enquêteurs un récit détaillé et cohérent de ces heures cruciales en raison du traumatisme profond qu’elle avait subi. Les psychiatres qui la suivraient pendant les mois suivants son sauvetage évoqueraient une possible amnésie post-traumatique concernant certains segments de son calvaire.

Néanmoins, les éléments tangibles collectés par l’enquête permettaient de reconstituer avec une certaine précision la chronologie des événements. Les photos de l’appareil de Chloé montraient qu’aux alentours de midi, les deux sœurs avaient repéré ce qui leur semblait être un sentier secondaire prometteur, peut-être attiré par la perspective d’explorer une zone moins fréquentée et de découvrir des points de vue originaux sur les gorges.

Cette décision, parfaitement compréhensible pour des randonneuses expérimentées, cherchant à sortir des circuits touristiques classiques, les conduisit progressivement vers le secteur isolé où Étienne Delveau avait établi son campement principal.

La rencontre initiale entre les deux sœurs et Delveau se produisit selon toute vraissemblance aux environs de 13 heures dans une clairrière située à environ 3 km du sentier balisé le plus proche. Les enquêteurs reconstituèrent cette rencontre en s’appuyant sur les rares bribes de souvenirs que Léa parvint à exprimer lors de ses premiers interrogatoires à l’hôpital sur les éléments matériels retrouvés sur la scène de crime et sur les notes consignées dans le carnet de Delau lui-même.

Ce dernier avait décrit dans son journal, avec une froideur clinique qui glaça les enquêteurs, comment il avait repéré les deux jeunes femmes, progressant maladroitement dans la végétation dense, manifestement désorienté et cherchant à retrouver leur chemin vers le sentier principal.

Il avait d’abord observé leur approche depuis un poste d’observation qu’il s’était aménagé dans un arbre, attendant le moment optimal pour intervenir, puis calculant qu’elles étaient suffisamment éloignées de toute zone fréquentée pour que leurs appels à l’aide éventuelle ne puissent être entendus, il était descendu de son perchoir et s’était présenté à elle comme un garde forestier effectuant une patrouille de routine dans le secteur.

Léa et Chloé, soulagé de rencontrer quelqu’un qui semblait connaître parfaitement les lieux et qui pouvait les aider à retrouver leur itinéraire, n’avait aucune raison de se méfier de cet homme d’apparence ordinaire, vêtu d’habits de randonné et équipé d’un sac à dos qui ne le distinguait en rien des nombreux marcheurs qui sillonnaient le massif.

Delvauxu leur avait proposé de les guider vers un sentier qu’il prétendaient connaître et qui leur permettrait de rejoindre rapidement le circuit des gorge. Les deux sœurs l’avaient suivi, marchant derrière lui pendant environ quatre minutes à travers une succession de passage difficile où il fallait parfois se frayer un chemin entre les ronces et enjamber des trons d’arbres tombés progressivement.

Alors que la végétation se faisait de plus en plus dense et que le terrain devenait de plus en plus accidenté, Léa commença à éprouver un sentiment de malaise diffus, une intuition que quelque chose n’allait pas dans la direction qu’il prenait. Elle fit remarquer à leurs guide que le soleil qu’elle apercevait par intermittence entre les cimes des arbres semblait indiquer qu’il se dirigeait vers le nord-ouest plutôt que vers le sud-est où aurait dû se trouver le sentier principal des gorges.

Ce fut à ce moment précis selon le récit fragmentaire que Léa parvint à livrer aux enquêteurs que la situation bascula brutalement de l’inconfort à l’horreur. Delot se retourna vers elle dans une petite clairrière où il les avait conduites et sans dire un mot sortit de sa poche un pistolet paralysant de type taser qu’il appliqua contre le coup de Chloé avant qu’elle nait le temps de comprendre ce qui se passait.

La jeune femme s’effondra instantanément ses muscles tétanisés par la décharge électrique de 50000 volts qui traversa son système nerveux. Léa tenta de fuir, faisant trois ou quatre pas en arrière avant de trébucher sur une racine et de tomber lourdement sur le dos. Avant qu’elle ne puisse se relever, Delveau était déjà sur elle, appliquant le taser contre son abdomen et la plongeant à son tour dans un état d’incapacité totale.

Les minutes qui suivirent demeurèrent flou dans la mémoire de Léa, un mélange confus de douleur, de terreur et d’incompréhension. Elle se souvenait vaguement d’avoir été ligotée avec des cordes en nylon, les mains attachées dans le dos, puis d’avoir été forcé à marcher pendant ce qui lui sembla être des heures, d’elleau la poussant devant lui tout en tirant Chloé, elle aussi ligotée et manifestement encore sous le choc de la première décharge électrique.

Lorsqu’elles arrivèrent finalement au campement que Delveau avait établi dans cette clairrière isolée qui deviendrait leur prison pendant près de 3 mois, il était approximativement 16h30. selon les estimations ultérieures basées sur la position du soleil visible sur certaines photographies prises par Delveau lui-même et retrouvé dans son appareil numérique. Le campement, protégé par la densité de la végétation environnante est situé à une distance telle de tout sentier qu’aucun randonneur normal n’aurait pu y parvenir par hasard avait manifestement été préparé depuis des semaines.

La bâche militaire tendue entre les arbres, les provisions soigneusement stockées, les rouleaux de cordes neufs, les cadenas, tout indiquait une planification méticuleuse. Delu attacha les deux sœurs au grand être qui allaient devenir le centre de leur calvaire, utilisant une technique de contention qu’il avait visiblement étudié et qui permettait de maintenir ses victimes dans une position semi-debout inconfortable, mais qui ne provoquait pas d’asphyxie immédiate.

Les premières heures de captivité furent marquées par l’incrédulité et la terreur. Léa et Chloé, encore sous le choc de l’agression et incapable de comprendre les motivations de leur ravisseurs, tentèrent d’abord de raisonner avec lui, de le supplier de les libérer, de comprendre ce qu’il voulait d’elle. Delveau demeura silencieux pendant ses premières heures, se contentant d’observer ses deux captives avec une attention clinique qui ajoutait une dimension supplémentaire d’horreur à la situation.

Il installait méthodiquement son campement, vérifiait la solidité des nœuds qui maintenaient les deux femmes, préparaient un repas sommaire sur son réchaud à gaz. Ce n’est que lorsque la nuit commença à tomber vers 19h30 qu’il s’adressa enfin à elle pour la première fois depuis l’agression. Sa voix était calme, presque douce, totalement dissociée de la violence de ses actes.

Il leur expliqua qu’elles allaient participer à une expérience importante, que leur contribution permettrait de mieux comprendre les limites de la résistance humaine, que tout cela avait un sens et une finalité scientifique. Léa tenta de lui faire comprendre que ce qu’il faisait était de la folie, que leur famille les chercherait, que la police finirait par les retrouver.

Delveau secou doucement la tête et répondit que personne ne viendrait les chercher ici, que le vert corps était immense et que cette clairrière était son secret depuis des années. La première nuit fut interminable. Attachés à l’arbre dans une position qui ne leur permettait ni de s’asseoir ni de s’allonger, Léa et Chloé alternèrent entre phase d’épuisement où leurs jambes menaçaient de se dérober sous elle et moment de panique où elles tiraient désespérément sur leur lien en s’écorchant les poignets.

Delu dormait sous sa bâche à quelques mètres d’elle, apparemment indifférent à leurs supplications et à leur pleurs. Au lev du jour le dimanche 19 septembre, il leur apporta de l’eau dans une gourde et une barre énergétique qu’il partagea entre elles en petits morceau, les forçant à manger alors même qu’elle n’avait aucun appétit.

C’est à ce moment que commença véritablement leur calvaire, cette routine quotidienne de privation calculée, d’humiliation systématique et d’observations obsessionnelles que Delveau documenterait méticuleusement dans son carnet pendant les semaines suivantes. Les jours suivants s’installèrent dans une routine cauchemardesque que Delveau orchestrait avec une précision méthodique qui démontrait à quel point il avait planifié chaque aspect de ce qu’il appelait son expérience.

Chaque matin, aux premières lueurs de l’aube, il détachait l’une des deux sœurs pendant exactement quinze minutes, lui permettant de s’asseoir sur le sol, de masser ses membres engourdis par des heures passées dans la même position et de se soulager derrière un arbre sous sa surveillance constante avant de la rattacher à nouveau au être central.

Cette brève pause quotidienne, aussi dérisoire futelle, devint rapidement le seul moment que Léa et Chloé attendaient avec une impatience désespérée, le seul répit dans un océan de souffrance ininterrompu. Delu alternait chaque jour entre les deux captives, accordant ce privilège à Léa le lundi, à Chloé le mardi et ainsi de suite, établissant sans jamais le formuler explicitement une dynamique perverse où chaque sœur ne pouvait obtenir un soulagement minimal qu’aupris de savoir que l’autre demeurait dans la torture de l’immobilité forcée.

L’alimentation que Delveau leur fournissait suivait également un protocole rigoureux qu’il avait manifestement calculé avec soin. Deux fois par jour, à 8h du matin et à 18h le soir, selon une ponctualité obsessionnelle, il leur apportait ce qu’il appelait leur ration.

Cette ration consistait invariablement en une demi-arre énergétique par personne le matin accompagnée de quelques gorgées d’eau versé directement dans leur bouche depuis sa gourde militaire et le soir en une portion de soupe déshydratée reconstituée avec de l’eau chauffée sur son réchaud à gaz qu’il leur faisait ingurgiter cuillère par cuillère comme on nourrirait des enfants incapables de se débrouiller seul.

Ces quantités, calculé pour maintenir ses victimes en vie, tout en les affaiblissant progressivement, représentait à peine un tiers des besoins caloriques quotidiens d’un adulte en bonne santé. Delveau notait scrupuleusement dans son carnet la quantité exacte de nourriture distribué chaque jour, les réactions physiques observables de ses captives, leurs poids estimés qui diminuaient semaine après semaine, la détérioration progressive de leur état général.

Ce qui rendait cette situation encore plus insupportable pour Léa et Chloé était la présence constante de provision abondante dans le campement de Delveau. Elle pouvait voir à quelques mètres d’elle le sac en toile contenant des conserves, des pâtes, du riz, des barres énergétiques par dizaine. Elle regardait d’elleau préparer ses propres repas trois fois par jour, des portions généreuses qu’il consommait tranquillement, assis sur une souche face à elle, mastiquant lentement tout en les observant avec cette attention clinique qui ne faiblissait jamais.

Lorsque Léa, poussé par un désespoir grandissant après une semaine de ce régime de famine contrôlée, le supplia de leur donner ne serait-ce qu’un peu plus de nourriture, expliquant que leur corps ne pourraient pas tenir longtemps à ce rythme. Delu répondit avec un calme détaché que c’était précisément l’objectif de l’expérience, observé jusqu’où le corps humain pouvait être poussé avant d’atteindre le point de non retour.

Les nuits dans la forêt du Vercorp, même en septembre, pouvaient être étonnamment froide. La température descendant régulièrement en dessous de dix Celsius dans ces zones d’altitude où l’humidité ambiante amplifiait la sensation de froid. Delu, confortablement installé sous sa bâche avec ses trois sacs de couchage qu’il superposait pour créer une isolation thermique optimale dormait paisiblement tandis que Léa et Chloé grelotaient attachés à leur arbres, vêtus des mêmes habits de randonnée qu’elle portaient le jour de leur enlèvement et qui s’alourdissaient progressivement de l’humidité de la rosée nocturne.

Les premières nuits, elles tentèrent de lutter contre le froid en contractant leurs muscles, en se collant l’une contre l’autre autant que leur lien le permettait, en essayant de générer un peu de chaleur corporelle. Mais à mesure que les jours passaient et que la sous-alimentation chronique affaiblissait leurs organismes, elles perdirent progressivement cette capacité de thermorégulation, sombrant dans des états de semi-conscience où leur corps tremblait de manière incontrôlable pendant des heures.

Vers la fin du mois de septembre, après environ deux semaines de captivité, un événement se produisit qui allait marquer un tournant dans la dynamique déjà horrible de leur situation. Chloé, dont la constitution physique était légèrement plus frêle que celle de sa sœur aînée, commença à montrer des signes de détresse médicale sérieuse. Sa peau prit une teinte jaunâtre caractéristique. Sa respiration devint laborieuse et sifflante. Elle développa une fièvre qui la faisait délirer par intermittence.

Léa, qui grâce à sa formation d’infirmière pouvait identifier ses symptômes, supplia d’au de détacher sa sœur, expliquant qu’elle développait probablement une infection respiratoire sévère qui pouvait dégénérer en pneumonie si elle n’était pas traitée rapidement. Elle lui fit remarquer que si Chloé mourrait, son expérience serait terminée prématurément, que ses observations n’auraient plus aucune valeur scientifique.

Cet argument pragmatique sembla toucher quelque chose chez Delveau, qui pour la première fois depuis leur enlèvement montra une forme d’hésitation dans sa conduite méthodique de l’expérience. Le lendemain matin, Delveau quitta le campement en emportant son sac à dos, laissant les deux sœurs seules pour la première fois depuis leur capture. Il revint six heures plus tard avec un sachet en plastique contenant des antibiotiques, du paracétamol et une solution de réhydratation orale qu’il avait manifestement acheté dans une pharmacie de Villard de Lance ou d’un village environnant.

Pendant les jours suivants, il administra ses médicaments à Chloé selon une posologie qu’il semblait avoir consulté sur l’emballage, tout en augmentant légèrement sa ration alimentaire et en lui donnant davantage d’eau. Cette intervention, aussi minimale et calculée fut-elle, sauva probablement la vie de Chloé à ce moment-là.

Sa fièvre diminua progressivement, sa respiration redevint plus régulière. Les teintes jaunâtres de sa peau s’estompèrent lentement. Mais cet épisode eut pour effet pervers de conforter d’elleau dans l’illusion qu’il contrôlait parfaitement les paramètres de son expérience, qu’il pouvait pousser ses sujets au bord de la mort puis les ramener en arrière selon sa volonté.

Le mois d’octobre apporta avec lui une détérioration marquée des conditions météorologiques. Les pluies devinrent plus fréquentes, transformant le sol de la clairrière en une boue visqueuse dans laquelle Léa et Chloé restaient debout jour et nuit. Leurs pieds s’enfonçant progressivement dans cette terre détrempée qui aspirait leurs chaussures de randonnée devenues informes.

Delu pragmatique renforça son abri en ajoutant une seconde bâche au-dessus de la première créant une isolation supplémentaire contre l’humidité. Mais il ne modifia en rien la situation de ses captives qui demeuraient exposées aux intempéries sans aucune protection. La pluie coulait sur leur visage, trempait leurs vêtements qui ne séchaient jamais complètement, s’infiltraient dans leurs chaussures jusqu’à ce que leurs pieds développe des infections fongiques douloureuses que Léa pouvait sentir progresser mais qu’elle était impuissante à traiter.

Leurs cheveux qu’elle n’avaient évidemment aucun moyen de laver ou de démêler devinrent des masses emmêlées et poisseuses qui collaient à leur nuque et attirèrent les insectes. C’est durant cette période que Delveau commença à manifester un intérêt nouveau et particulièrement perturbant pour l’aspect psychologique de son expérience.

Jusqu’alors il s’était principalement concentré sur les observations physiologiques, notant dans son carnet les signes visibles de dégradation physique, estimant la perte de poids de ses victimes, documentant l’évolution de leurs blessures aux poignets et aux chevilles causées par les cordes. Mais à partir de la mi-octobre, il commença à leur poser des questions, à initier ce qui ressemblait à des conversations, mais qui étaiit en réalité des interrogatoires méthodiques sur leur état mental.

Il voulaient savoir à quel moment exactement elles avaient abandonné l’espoir d’être secourues, si elles ressentaient encore de la colère envers lui ou si cette émotion avait été remplacée par autre chose, comment elles occupaient leurs pensées pendant les longues heures d’immobilité forcées.

Léa refusa initialement de répondre à ces questions, détournant le regard chaque fois que Delveau s’approchait d’elle avec son carnet et son crayon. Mais Chloé, dont la résistance psychologique s’érodait plus rapidement que celle de sa sœur, finit par commencer à lui parler, non pas par collaboration volontaire, mais par un épuisement mental qui l’empêchait de maintenir le silence.

Les conversations que Delve consignait dans son carnet avec une retranscription quasi sténographique révélait la descente progressive de Chloé dans un état de dissociation psychologique. Elle lui décrivait comment elle avait commencé à se détacher mentalement de son corps, à observer sa propre souffrance comme si elle appartenait à quelqu’un d’autre. Une technique de survie psychologique que son cerveau avait développé spontanément face à un trauma insurmontable.

Elle lui racontait les rêves éveillés qu’elle construisaient pendant des heures, s’imaginant dans leur appartement de Grenoble ou dans la cuisine de leur mère en train de préparer le dîner du dimanche des fantasmes de normalité qui devenaient paradoxalement plus réel pour elle que la réalité cauchemardesque de la clairrière.

Delveau notait tout cela avec une fascination évidente, posant des questions de suivi, encourageant Chloé à développer ses description comme un chercheur recueillant des données précieuses pour une étude universitaire. Léa observait ses échanges avec un mélange de rage et de désespoir impuissant.

Elle comprenait que sa sœur n’avait pas choisi de collaborer avec leur torsionnaires, que ces conversations étaient simplement une manifestation supplémentaire de la destruction psychologique que Delveau leur infligeait systématiquement. Mais elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une forme de trahison, un sentiment irrationnel que Chloé l’abandonnait en établissant ce dialogue avec l’homme qui les maintenait dans cet enfer.

Cette tension entre les deux sœurs, cette fissure dans leur solidarité qui avait été jusqu’alors leur unique source de réconfort constituait peut-être la cruauté la plus raffinée de toute l’expérience de Delvveau. Il avait réussi, sans même le planifier explicitement, à introduire une dynamique toxique entre ces deux victimes, créant une distance émotionnelle, là où l’union aurait dû être absolue.

Le mois de novembre marqua l’entrée dans une phase encore plus sombre de leur captivité. Les températures chutèrent brutalement lors de la première semaine du mois, descendant régulièrement en dessous de 0°gr la nuit. La neige fit sa première apparition le 7 novembre au matin, d’abord sous forme de flocon léger qui fondait au contact du sol encore relativement tiède, puis progressivement en une couche persistante qui recouvrit la clairrière d’un manteau blanc d’une beauté cruelle.

Léa et Chloé, dont les vêtements étaient depuis longtemps inadaptés à ces conditions hivernales, commencèrent à développer des gelures aux extrémités. Leurs doigts prenaient une coloration bleutée inquiétante. Leurs orteils perdaient toute sensibilité pendant des heures avant de se réveiller dans des élancements de douleurs insupportables lorsqu’un semblant de circulation sanguine y revenait sporadiquement.

Delu sembla réaliser à ce moment que ces sujets risquaient de ne pas survivre à l’hiver s’il neit pas certains paramètres de l’expérience. Il commença à les détacher plus fréquemment, leur permettant de marcher en cercle autour de la clairrière pendant 10 minutes chaque matin pour activer leur circulation. sous sa surveillance armée bien entendu.

Il leur donna également une couverture de survie en aluminium argenté qu’elle devait partager drapé sur leurs épaules pendant les nuits les plus froides. Une concession minimale qui ne suffisait évidemment pas à les protéger véritablement du froid mais qui leur évitait peut-être l’hypothermie létale.

Ces ajustements n’étaient pas motivés par une quelconque compassion émergente, mais par le calcul pragmatique qu’une mort prématurée de ces sujet ruinerait des mois d’observation méticuleuse. Les premières semaines de décembre 2021 marquèrent paradoxalement à la fois le point le plus bas de l’épreuve que traversaient Léa et Chloé Bertrand et le début de la séquence d’événements qui conduirait finalement à leur découverte.

Le 3 décembre, alors que la température était descendue à -8° Celsius pendant la nuit, Chloé cessa complètement de réagir aux sollicitations de sa sœur. Léa, attaché à quelques centimètres d’elle sur le même tron d’arbre, l’appelait désespérément par son prénom. Tentait de la réveiller en frottant son épaule contre la sienne, mais n’obtenait aucune réponse.

Chloé restait immobile, la tête penché en avant, les yeux micos, sa respiration réduite à un souffle presque imperceptible qui se manifestait par de minuscules nuages de vapeur dans l’air glaciale du petit matin. Lorsque Del émergea de son abri vers 7h30 pour effectuer sa routine matinale habituelle, Léa parvint à articuler avec une voix rque qu’elle n’avait presque plus utilisé depuis des semaines, que Chloé était en train de mourir, que son corps ne pouvait plus supporter ses conditions, que si quelque chose en lui possédait encore une once d’humanité, il devait faire quelque chose immédiatement.

Pour la première fois depuis le début de sa captivité, Léa vit une expression qu’elle interpréta comme de l’inquiétude, traverser brièvement le visage de Delveau. Il s’approchalloé, posa deux doigts contre sa carotide pour vérifier son pou, souleva l’une de ses paupières pour examiner la réactivité de sa pupille. Puis, sans dire un mot, il la détacha de l’arbre et la transporta jusqu’à son abri où il l’enveloppa dans ses trois sacs de couchage superposés. une mesure d’urgence pour combattre l’hypothermie sévère dans laquelle elle avait sombré.

Il alluma son réchaud et prépara une boisson chaude sucrée qu’il tenta de lui faire ingurgiter goutte par goutte, inclinant sa tête en arrière et versant le liquide dans sa bouche avec une patience qui contrastait cruellement avec la brutalité systématique dont il avait fait preuve pendant des mois.

Léa, toujours attachée à l’arbre et grelotante dans le froid matinal, observait cette scène avec un mélange de soulagement que sa sœur reçoiv enfin des soins et de rages face à l’absurdité monstrueuse de voir leur torsionnaire jouer maintenant le rôle du sauveteur. Pendant les trois jours suivants, Delve consacra l’essentiel de son attention à maintenir Chloé en vie.

Il doubla ses rations alimentaires, lui donna accès constant à l’eau, la garda au chaud dans son propre abri pendant que Léa demeurait attaché à l’arbre seul dans le froid, se demandant avec une amertume désespérée si elle devait-elle aussi frôler la mort pour mériter une hon. Chloé récupéra suffisamment pour retrouver un niveau minimal de conscience, mais quelque chose en elle semblait s’être brisé de manière irrémédiable.

Lorsque Delu la rattacha à l’arbre le six décembre au soir, estimant probablement que son état s’était suffisamment stabilisé, elle ne manifesta aucune protestation, aucune émotion, se contentant de fixer le vide avec des yeux qui ne semblaient plus rien enregistrer du monde extérieur. Léa tenta de lui parler, de la ramener à la réalité, de maintenir ce lien fragile qui les avait tenus en vie pendant ses mois d’horreur.

Chloé ne répondait plus comme si son esprit avait choisi de se retirer définitivement dans un endroit où la souffrance ne pouvait plus l’atteindre. Ce que ni Léa, ni Chloé, ni Delu lui-même ne pouvait savoir à ce moment, c’est que les événements qui allèrent conduire à leur découverte étaient déjà en mouvement. Marc DeOmme, le biologiste forestier de l’Office national des forêts, avait commencé sa mission de recensement des thétrliir dans le secteur sud-ouest du Vercor le 10 décembre.

Son protocole d’observation l’obligeait à couvrir systématiquement une zone d’environ 50 kilomètres carrés en explorant méthodiquement chaque secteur selon un quadriage précis établi sur ses cartes topographiques. Le 14 décembre au matin, son itinéraire le conduisit dans une zone qu’il n’avait jamais exploré auparavant, un secteur particulièrement dense et accidenté où aucun sentier balisé n’existait et où même les chasseurs locaux ne s’aventuraient que rarement.

Il progressait lentement à travers la végétation, s’arrêtant régulièrement pour noter ses observations ornitologiques lorsqu’il perçut ce qu’il prit d’abord pour une anomalie dans le paysage sonore habituel de la forêt, une sorte de gémissement faible et intermittent qui ne correspondait à aucun cri d’animal qu’il connaissait.

Intrigué par ce son inhabituel, de l’orme modifia légèrement sa trajectoire pour en identifier la source. Il progressa pendant environ dix minutes dans la direction d’où semblait provenir le gémissement, écartant les branches basses et contournant les obstacle naturel jusqu’à ce qu’il débouche dans la clairrière où se trouvaient Léa et Chloé.

La suite, la découverte proprement dite, l’appel d’urgence à la gendarmerie, l’arrivée des secours, tout cela avait été décrit en détail dans le premier chapitre de cette enquête. Mais ce qui mérite d’être souligné ici, c’est l’extraordinaire hasard statistique qui avait permis cette découverte.

Si Deorme avait effectué son recensement une semaine plus tôt ou une semaine plus tard, si son protocole d’observation l’avait conduit à explorer un secteur différent ce jour-là, si les conditions météorologiques avaient été autres et l’avaient dissuadé de sortir, Léa et Chloé seraient probablement mortes dans cette clairrière sans que personne ne retrouve jamais leur corps.

L’enquête qui se déploya dans les heures et les jours suivant la découverte mobilisa des moyens considérables. Plus de 50 gendarmes furent affectés à la recherche d’Étien d’Elveau, dont l’identité fut rapidement établie grâce aux empreintes digitales relevées sur les objets trouvés dans son campement.

Les bases de données de la gendarmerie révélèrent que Delu avait un casier judiciaire vierge. Aucune condamnation antérieure, aucun signalement pour comportement inquiétant. Son dernier domicile connu était un appartement à Valence qu’il avait quitté en 2018 sans laisser d’adresse de réexpédition. Ses anciens collègues de l’Institut national de la recherche agronomique, interrogés par les enquêteurs, décrivirent un homme discret, compétent dans son travail, sans amis proches, mais sans ennemis non plus, quelqu’un qui était progressivement devenu de plus en plus solitaire et introverti dans les années précédents sa démission.

Personne parmi ses connaissances ne pouvait imaginer qu’il soit capable des actes qui lui étaient maintenant imputés. Les chiens pisteurs suiviront les traces de Delveau depuis la clairrière jusqu’à un second campement situé à environ 5 kilomètres au nord-est dans une zone encore plus isolée que la première. Ce campement découvert le 15 décembre à 16h40 présentait tous les signes d’un départ précipité récent. Le réchaud était encore tiède. Des provisions avaient été abandonnées sur place. Un sac de couchage gisait en boule à même le sol.

Les enquêteurs en conclurent que Delveau, avait quitté ce site dans les heures précédant immédiatement sa découverte par les forces de l’ordre, probablement alerté par le bruit des hélicoptères qui avaient survolé la zone pour évacuer les a. Les recherches se poursuivirent pendant deux jours supplémentaires, mobilisant des moyens aériens équipés de caméras thermiques pour détecter toute présence humaine dans le massif.

Mais Delveau, semblait avoir complètement disparu, avalé par cette forêt qu’il connaissait manifestement mieux que quiconque. Le dénouement survint le 17 décembre à 11h23 dans des circonstances qui surprirent tous les enquêteurs, Delveau se présenta de lui-même à la brigade de gendarmerie de D, une petite ville située à une trentaine de kilomètres au sud du Vercor.

Il entra calmement dans le bâtiment, s’adressa au gendarme de permanence et déclara simplement qu’il était la personne recherchée dans l’affaire des deux jeunes femmes retrouvé dans la forêt. Le brigadier stupéfait lui demanda de répéter ce qu’il venait de dire. Delve oéra avec la même voix calme et posée, ajoutant qu’il souhaitait coopérer pleinement avec l’enquête et qu’il était prêt à fournir toutes les explications nécessaires.

Il fut immédiatement placé en garde à vue, menoté et transféré vers les locaux de la section de recherche de Grenoble où le capitaine Sophie Arnaud l’attendait pour ce qui allait devenir l’un des interrogatoires les plus glaçants de sa carrière. Pendant les quarante-hu heures que dura sa garde à vue, Telvau répondit à toutes les questions qui lui furent posées avec une franchise déconcertante qui semblait dépourvue de toute conscience de la gravité morale de ces actes.

Il décrivit en détail comment il avait planifié l’enlèvement des deux sœurs, comment il avait observé le parking des écouges pendant plusieurs semaines en attendant l’opportunité idéale, comment il avait méthodiquement organisé leur captivité selon ce qu’il appelait son protocole expérimental.

Il expliqua qu’il avait toujours eu l’intention de les relâcher une fois son expérience terminée. Affirmation que les enquêteurs accueillirent avec un scepticisme total étant donné qu’il n’avait pris aucune mesure pour dissimuler son identité et que les deux jeunes femmes auraient évidemment pu le dénoncer immédiatement après leur libération.

Lorsque le capitaine Arnaud lui fit remarquer cette incohérence flagrante, Delveau resta silencieux pendant plusieurs minutes, comme s’il réalisait pour la première fois la contradiction fondamentale de son raisonnement. Puis il se contenta de hausser les épaules et de dire qu’il n’avait pas vraiment réfléchi à cette dimension du problème.

L’expertise psychiatrique ordonnée par le juge d’instruction, menée par le docteur François Lemire, psychiatre expert près la cour d’appel de Grenoble avec 25 ans d’expérience, conclut que Delu présentait un profil psychologique extrêmement complexe, associant des traits de personnalité schizoïdes, une dissociation émotionnelle marquée et une forme d’obsessionnalité pathologique qui l’avait conduit à construire progressivement un système de pensée délirant autour de concept pseudocientifique concernant les limites de la résistance humaine.

L’expert nota également que Delvo ne manifestait aucune empathie discernable envers ses victimes, qu’il continuait à parler de Léa et Chloé comme de sujets expérimentaux plutôt que comme d’êtres humains et qu’il semblaient incapable de comprendre véritablement la dimension traumatique de ce qu’il leur avait infligé.

Néanmoins, l’expertise conclut que Delveau avait conservé son discernement au moment des faits et qu’il était pénalement responsable de ses actes, écartant ainsi toute possibilité d’irresponsabilité pour cause de trouble mental. Léa Bertrand passa 3 semaines en réanimation au CHU de Grenoble, luttant contre les multiples complications médicales résultant de ses 87 jours de captivité.

Au-delà de la dénutrition sévère, de la déshydratation chronique et des multiples infections qui avaient colonisé son organisme affaibli, elle souffrait de lésions rénales importantes causées par la position debout prolongée et l’exposition répétée au froid, de gelures aux extrémités qui nécessiteraient plusieurs mois de soin pour guérir complètement et d’un syndrome de stress post-traumatique d’une intensité que les psychiatres qui la suivaient décrivaient comme l’un des cas les plus sévères qu’ils avaient rencontré dans leur pratique.

Elle fit plusieurs cauchemars chaque nuit pendant des mois, se réveillant en hurlant avec la sensation que les cordes en serrait encore ses poignées, refusant catégoriquement de dormir dans l’obscurité totale et exigeant qu’une lumière reste allumée en permanence dans sa chambre d’hôpital, puis plus tard dans son appartement.

Les funérailles de Chloé Bertrand furent célébrés le 23 décembre dans l’église Saint-Louis de Grenoble en présence de plusieurs centaines de personnes venues rendre hommage à la jeune femme dont la vie avait été si brutalement interrompue.

Léa, encore extrêmement faible physiquement et sous surveillance médicale constante, insista pour y assister malgré les réticences des médecins qui estimaient qu’elle n’était pas en état de supporter cette épreuve supplémentaire.

Elle fut amenée en fauteuil roulant, accompagnée de sa mère Martine, dont le visage ravagé par le chagrin et l’insomnie, reflétait les trois mois d’angoisse qu’elle avait traversé, sans savoir si elle reverrait un jour ses filles vivantes. Pendant la cérémonie, Léa resta silencieuse, les yeux fixés sur le cercueil de sa sœur, incapable de pleurer comme si son système émotionnel avait été tellement éprouvé qu’il ne pouvait plus produire les réactions normales face au deuil.

Le procès d’Étienne d’Ellevau s’ouvrit devant la cour d’assise de Lisser le 15 septembre, presque exactement deux ans après l’enlèvement des deux sœurs. Il fut inculpé de séquestration aggravée, torture et actes de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner et tentative de meurtre concernant Léa.

Le procès dura deux semaines au cours desquelles les jurés durent entendre des témoignages d’une violence psychologique extrême, examiner les photographies insoutenable de la scène de crime, écouter les enregistrements des interrogatoires où Delu décrivait froidement les souffrances qu’il avait méthodiquement infligées à ses victimes.

Léa fut appelée à témoigner le 5e jour du procès. Elle monta à la barre avec difficulté, soutenue par un accompagnateur, et durant 45 minutes, elle raconta avec une voix à peine audible des fragments de ce qu’elle avait vécu, s’interrompant régulièrement pour reprendre son souffle et contenir les crises de panique qui la submergeaient dès qu’elle devait verbaliser certains détails.

Le 29 septembre 2023, après 7 heures de délibération, le jury rendit son verdict. Étienne Delvea fut reconnu coupable de tous les chefs d’accusation et condamné à 30 ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté de 20 ans, la peine maximale possible compte tenu de l’absence de préméditation meurtrière établie.

Le président de la cour d’assise dans ses attendus souligna la gravité exceptionnelle des faits que la cruauté méthodique dont l’accusé avait fait preuve et le traumatisme irrémédiable causé aux victimes et à leur famille. Delveau écouta le verdict sans manifester la moindre émotion, comme il l’avait fait tout au long du procès, confirmant l’impression générale qu’il demeurait fondamentalement incapable de saisir la dimension humaine de ce qu’il avait fait.

Léa Bertrand, aujourd’hui âgé de 29 ans, vit à Grenoble, mais n’a jamais pu reprendre son travail d’infirmière. Elle suit une thérapie intensive et a témoigné dans plusieurs interviews accordées aux médias nationaux de son long chemin vers la reconstruction. Un processus qu’elle décrit comme interminable et dont l’issue reste incertaine.

Elle a créé une association de soutien aux victimes de séquestration et de torture, transformant son traumatisme en une forme d’activisme qui donne un sens à ce qu’elle a traversé. Dans une interview accordée au journal Le Monde en mars elle déclara que chaque jour restait un combat pour ne pas se laisser définir uniquement par ses 87 jours d’horreur pour se rappeler qu’elle existait avant cette épreuve et qu’elle continuerait d’exister après, même si une partie d’elle-même était restée à jamais attachée à cet arbre dans la forêt du Vercorp.

Aujourd’hui, plus de tr ans après sa libération, Léa Bertrand continue de porter en elle les cicatrices invisibles de ces 87 jours qui ont changé à jamais le cours de son existence. Chaque matin, lorsqu’elle ouvre les yeux dans son appartement de Grenoble, elle doit consciemment se rappeler qu’elle est en sécurité, que les murs qui l’entourent sont ceux de son foyer et non les arbres d’une clairrière hostile que personne ne viendra l’attacher et la priver de sa liberté de mouvement.

Cette reconquête quotidienne de la normalité, cette bataille permanente contre les flashbacks et les crises d’angoisse qui surgissent sans prévenir constitue désormais le combat principal de sa vie. Un combat qu’elle mène avec une détermination qui force l’admiration de tous ceux qui l’entourent.

L’association qu’elle a créé baptisée écho de survie accompagne aujourd’hui une cinquantaine de victimes de séquestration et de torture à travers toute la France. L consacre l’essentiel de son temps et de son énergie, organisant des groupes de paroles coordonnant le soutien psychologique, militant pour une meilleure reconnaissance juridique des traumatismes complexes que subissent les survivants de ce type de crime.

Dans ce travail, elle a trouvé non pas un remède à sa propre souffrance, mais une manière de transformer cette souffrance en quelque chose qui pourrait aider d’autres personnes à traverser leur propre enfer. Elle dit souvent que si son histoire peut servir à quelque chose, c’est à briser le silence qui entoure trop souvent ses tragédies, à montrer qu’il est possible de survivre même après avoir été brisé de l’intérieur, même si cette survie ne ressemble jamais à ce qu’on imaginait avant.

Martine Bertrand, la mère des deux sœurs, a pour sa part quitté son poste d’enseignante en 2022, incapable de retrouver la concentration et l’énergie nécessaire pour continuer à transmettre des connaissances à des adolescents alors que son propre monde s’était effondré. Elle vit aujourd’hui dans une petite maison à la périphérie de Grenoble, entourée de photos de Chloé qui figent à jamais le sourire de sa fille cadette.

Dans un temps d’avant l’horreur, elle rend visite à Léa plusieurs fois par semaine, apportant des plats cuisinés que sa fille aînée n’a souvent pas la force de préparer elle-même, s’asseyant simplement à ses côtés dans un silence partagé qui dit mieux que tous les mots la profondeur de leur lien et de leur deuil commun.

Entre elles deux subsiste cette culpabilité mutuelle et indiscible, ce sentiment irrationnel que chacune aurait peut-être dû faire quelque chose différemment ce matin, du septembre. Même si elles savent intellectuellement qu’aucune d’elles ne pouvait prévoir l’imprévisible.

L’affaire Bertrand, comme les médias l’ont baptisé, a suscité un débat national sur la surveillance des personnes vivants de manière marginale dans les zones forestières isolées. Plusieurs parlementaires ont proposé des législations visant à renforcer les patrouilles dans les massifs montagneux, à créer des registres des personnes pratiquant le bivoac de longue durée, à obligé les gardes forestiers à signaler toute présence humaine suspecte dans les zones reculées.

Ces propositions ont été vivement contestées par les associations de défense des libertés individuelles et par les organisations de randonneur qui voient une atteinte disproportionnée à la liberté de circuler et de vivre selon ses propres choix, soulignant que l’immense majorité des personnes qui choisissent une vie en marge de la société ne présentent aucun danger pour autrui.

Ce débat qui oppose sécurité collective et libertés individuelles reste aujourd’hui largement non résolu et continue d’alimenter les discussions dans les médias et au sein de l’opinion publique. Le massif du Vercor lui-même porte désormais l’ombre de cette tragédie. Les randonneurs qui empruntent les sentiers des gorges des écouges savent maintenant qu’à quelques kilomètres de là, dans une clairrière que la plupart ne verront jamais, deux jeunes femmes ont vécu un calvaire qui dépasse l’imagination.

Certains visiteurs évitent désormais complètement ce secteur, incapable de séparer la beauté naturelle des lieux de l’horreur qui s’y est déroulée. D’autres, au contraire, s’y rendent spécifiquement mus par une forme de curiosité morbide que les autorités locales tentent de décourager sans grand succès.

La commune de Villard de Lance a installé une plaque commémorative au parking des écouges sobre et discrète qui rappelle simplement que Chloé Bertrand a perdu la vie dans ses montagnes en 2021 et que sa mémoire mérite d’être honorée.

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Les professionnels de la santé mentale qui ont suivi Léa depuis sa libération s’accordent pour dire qu’elle a accompli un parcours de reconstruction remarquable, même si ce parcours reste semé d’embûes et de rechutes périodiques. Le docteur Isabelle Morau, psychiatre spécialisé dans les traumatismes complexes qui accompagne l’É depuis décembre 2021 explique que les survivants de séquestration prolongée traversent un processus de reconstruction qui peut durer des décennies et qui ne suit jamais une trajectoire linéaire.

Il y a des jours où Léa parvient à fonctionner presque normalement, à sortir de chez elle, à rencontrer des amis, à participer à des activités de son association et il y a d’autres jours où elle ne peut pas sortir de son lit. Paralysée par l’angoisse, assailli par des souvenirs sensoriels de sa captivité qui la submergent avec une intensité telle qu’elle a l’impression de se retrouver instantanément dans cette clairrière du Vercorp.

Étienne Delveau, incarcéré à la maison centrale de Saint-Mu sa condamnation, n’a jamais exprimé le moindre remord pour ses actes. Dans les rares entretiens qu’il a accordé à des psychiatres pénitentiaires dans le cadre de son suivi obligatoire, il continue de parler de son expérience comme d’une démarche de recherche qui aurait simplement été incomprise par une société trop conformiste pour accepter les explorations aux limites de l’expérience humaine.

Cette absence totale d’empathie et de conscience morale a conduit les experts à considérer qu’il présente un risque de récidive extrêmement élevé si jamais il devait être libéré un jour, ce qui renforce la détermination des autorités pénitentiaires à s’assurer qu’il purge l’intégralité de sa peine de sûreté de 20 ans avant que sa situation ne soit réévaluée.

L’impact de cette affaire a également touché profondément les professionnels qui sont intervenus dans l’enquête et le sauvetage. Marc de LO, le biologiste qui a découvert les deux sœurs, a dû bénéficier lui-même d’un suivi psychologique pour traiter le traumatisme vicarien causé par cette découverte. Il a expliqué dans une interview accordée à France Trois Alpes en tw qu’il ne pouvait plus exercer son métier de la même manière depuis ce jour de décembre que chaque fois qu’il s’aventurait dans une zone isolée de forêt, une partie de son esprit restait en alerte, craignant de tomber sur une autre scène d’horreur similaire.

Le capitaine Sophie Arnaud qui a dirigé l’enquête a également confié à ses collègues que cette affaire représentait le cas le plus difficile de toute sa carrière, non pas d’un point de vue technique ou procédural, mais d’un point de vue émotionnel et humain.

Les témoignages des autres randonneurs qui se trouvait sur le parking des écouges le matin du 18 septembre 2021 révèlent à quel point la frontière entre le quotidien et l’extraordinaire peut être ténue. Philippe Garnier, ce retraité qui avait échangé quelques mots avec Léa et Chloé avant qu’elle ne s’engage sur le sentier, a déclaré aux enquêteurs qu’il n’avait rien remarqué d’inhabituel ce jour-là, que les deux jeunes femmes lui avaient assemblé parfaitement normal, bien équipée, confiantes dans leur projet de randonnée.

Il a ajouté qu’il se demandait constamment depuis lors s’il aurait pu faire ou dire quelque chose qui aurait pu changer le cours des événements, même s’il sait rationnellement qu’il n’avait aucun moyen de deviner ce qui allait se produire quelques heures plus tard.

Cette histoire soulève également des questions plus larges sur notre rapport à la nature et aux espaces sauvages. Le vert corps, comme de nombreux massifs montagneux français, est perçu depuis des décennies comme un espace de liberté, de ressourcement, de connexion avec un environnement naturel préservé. L’idée qu’un tel espace puisse abriter des dangers autres que ceux inhérents au terrain lui-même, l’idée qu’un être humain puisse transformer un lieu de beauté en théâtre de torture bouleverse profondément notre conception collective de ces territoires.

Certains psychologues spécialisés dans les relations entre l’humain et l’environnement naturel ont suggéré que cette affaire a créé une forme de traumatisme collectif chez les habitants de la région grenobloise modifiant durablement leur perception des montagnes qui les entourent.

Les médias ont joué un rôle complexe et parfois problématique dans la couverture de cette affaire. Pendant les trois mois de recherche infructueuse entre septembre et décembre, la disparition des sœurs Bertrand a fait l’objet d’une attention médiatique intense avec des articles quotidiens, des émissions spéciales, des appels à témoins largement diffusés. Cette couverture a contribué à maintenir la pression sur les autorités pour qu’elles poursuivent les recherches, même après que les délais statistiques habituels pour retrouver des survivants en montagne furent largement dépassés.

Mais après la découverte en décembre, certains médias ont versé dans un sensationnalisme qui a ajouté à la souffrance de Léa et de sa famille, publiant des détails sordides de sa captivité, spéculant sur les aspects les plus intimes de son calvaire, transformant une tragédie humaine en spectacle médiatique.

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L’évolution de la jurisprudence française en matière de séquestration et de torture suite à cette affaire mérite également d’être souligné. Le procès d’LEV a établi plusieurs précédents importants concernant la qualification juridique des faits lorsqu’une séquestration se prolonge sur plusieurs mois et implique des privations systématiques constituant de la torture psychologique autant que physique.

Les avocats de Léa ont plaidé avec succès pour que soit reconnu le concept de torture continue, arguant que chaque jour de captivité dans ces conditions constituait un acte de torture distincte plutôt qu’une seule séquestration prolongée. Cette approche juridique a permis d’obtenir une peine plus lourde que celle qui aurait été prononcée sous la seule qualification de séquestration, même aggravée.

Les associations de victimes et les professionnels de santé mentale ont également utilisé cette affaire comme catalyseur pour réclamer une meilleure reconnaissance et une meilleure prise en charge du syndrome de stress post-traumatique complexe. Cette forme particulière de traumatisme qui résulte d’exposition prolongée et répétée à des situations de terreur et d’impuissance.

Léa Bertrand est devenue malgré elle une porte-parole de cette cause, acceptant de témoigner devant des commissions parlementaires, de participer à des conférences médicales, de prêter sa voix à des campagnes de sensibilisation. Elle a expliqué dans plusieurs interviews que si elle devait de toute façon vivre avec ce traumatisme pour le reste de sa vie, autant que cette souffrance serve au moins à améliorer la situation d’autres survivants.

La question de la réparation financière a également occupé une place importante dans les suites de cette affaire. Étienne Delveau, ne possédant pratiquement aucun bien et aucune source de revenu, l’indemnisation de l’É devait passer par le fond de garantie des victimes, des actes de terrorisme et d’autres infractions.

Un organisme public qui prend en charge l’indemnisation des victimes lorsque l’auteur est insollevable. Les montants accordés, bien que significatifs selon les standards habituels, restent dérisoire par rapport à l’ampleur du préjudice subi. Comme l’a fait remarquer l’avocat de Léa lors d’une conférence de presse suivant le jugement au civil, aucune somme d’argent ne pourra jamais compenser la perte de sa sœur, les 87 jours de torture et l’impossibilité de reprendre une vie normale.

Mais cette reconnaissance financière constitue au moins une forme de validation officielle de l’ampleur du préjudice. L’impact psychologique sur la communauté locale de Grenoble et des environs ne doit pas être sous-estimé. Pendant les trois mois où les sœurs Bertrand étaient portées disparues, des centaines de bénévoles avaient participé aux recherches, battu les forêts, distribué des tractes, organiser des collectes de fonds pour financer des moyens de recherche supplémentaire.

Ces personnes qui avaient investi leur temps, leur énergie et leur espoir dans la possibilité de retrouver les deux jeunes femmes saines et sauves, ont dû faire face à la révélation que pendant tout ce temps, elles souffraient à quelques kilomètres seulement des zones fouillées dans un endroit où personne n’avait pensé à chercher.

Plusieurs bénévoles ont témoigné d’un sentiment de culpabilité persistant se demandant s’ils auraient pu faire quelque chose différemment. Explorer un secteur supplémentaire, insister pour que les recherches se poursuivent dans des zones plus reculées. Les familles d’autres personnes disparues en montagne à travers la France ont également été profondément affecté par cette affaire.

L’histoire des sœurs Bertrand a ravivé leurs propres espoirs et leurs propres angoisses, démontrant qu’il était possible de survivre pendant des mois dans des conditions extrêmes, mais aussi que cette survie pouvait s’accompagner d’une souffrance inimaginable. Plusieurs associations de familles de disparu ont contacté Martine Bertrand pour lui exprimer leur solidarité et aussi pour lui demander conseil sur la manière de maintenir l’espoir tout en se préparant au pire.

Ces échanges ont créé une communauté informelle de personnes liées par l’expérience commune de l’attente insupportable, de l’oscillation permanente entre l’espoir et le désespoir qui caractérise la vie de ceux qui cherchent un proche disparu. La transformation de l’éa au fil des trois années qui ont suivi sa libération témoigne de la résilience extraordinaire dont peuvent faire preuve les êtres humains face aux pires adversités.

La jeune femme qui a été extraite de cette clairrière en décembre est maciée, traumatisée, à peine capable de parler ou de réagir au stimuli extérieur, a progressivement réappris à vivre. Même si cette vie ressemble peu à celle qu’elle avait avant, elle a dû réapprendre des gestes aussi basiques que manger normalement, dormir pendant plus de quelques heures d’affilé, sortir de chez elle sans être submergée par l’angoisse.

Chaque petite victoire dans ce processus de reconstruction, aussi modeste soit-elle, représente un acte de résistance contre ce que Delveau a tenté de lui faire, une affirmation de son humanité et de sa détermination à ne pas laisser ces 87 jours définir l’intégralité de son existence.

Nous espérons que cette enquête approfondie vous aura permis de mieux comprendre non seulement les faits de cette affaire tragique, mais aussi les implications plus larges qu’elle soulève sur notre société. notre système judiciaire et notre capacité collective à accompagner les survivants de traumatismes extrêmes.

Si ce travail d’investigation vous semble important, nous vous encourageons à le faire connaître autour de vous, à en discuter avec vos proches et à soutenir ce type de journalisme qui prend le temps d’explorer en profondeur des histoires complexes plutôt que de se contenter de titres accrocheurs et d’analyses superficielles.

Votre engagement actif avec ce contenu constitue la meilleure manière de nous aider à continuer ce travail essentiel. L’histoire de Léa et Chloé Bertrand continuera de raisonner longtemps dans la mémoire collective française, non seulement comme un rappel des dangers qui peuvent se cacher, même dans les endroits les plus familiers, mais surtout comme un témoignage de la capacité de l’esprit humain à endurer l’inimaginable et à trouver malgré tout un chemin vers la survie et peut-être un jour vers une forme de paix.

Chloé n’a pas survécu à cette épreuve et son absence demeure une blessure ouverte pour tous ceux qui l’ont connu et aimé. Mais Léa porte en elle la mémoire de sa sœur et dans son combat quotidien pour reconstruire sa vie, elle honore non seulement sa propre résilience mais aussi le lien qui l’unissait à Chloé et qui transcende même la mort et l’horreur qu’elles ont traversé ensemble. Yeah.

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