«Tout va être fait pour ne voir ni Jordan Bardella, ni Marine Le Pen à l’Elysée», analyse Franck Tapiro
«Tout va être fait pour ne voir ni Jordan Bardella, ni Marine Le Pen à l’Elysée», a analysé Franck Tapiro, alors qu’un sondage indique que le président du RN serait le vainqueur de la présidentielle pour 2027. Le communicant a poursuivi en émettant des doutes : «On considère qu’il y aura un nouveau front républicain contre Jean-Luc Mélenchon. Moi je fais le pari inverse», a-t-il conclu.
C’est une phrase courte, incisive, presque chirurgicale, mais qui porte en elle le poids d’une sentence politique irrévocable. « Tout va être fait pour ne voir ni Jordan Bardella, ni Marine Le Pen à l’Elysée ». Ces mots ne sont pas ceux d’un militant désabusé ou d’un opposant politique en campagne, mais l’analyse froide et distanciée de Franck Tapiro, expert reconnu en communication et observateur avisé des arcanes du pouvoir.
Alors que la France traverse une période de turbulences politiques sans précédent, marquée par des tensions sociales exacerbées et une Assemblée nationale morcelée, cette déclaration résonne comme un avertissement. Elle jette une lumière crue sur les manœuvres en coulisses, suggérant que le combat pour 2027 ne se jouera pas uniquement dans les urnes, mais sur un terrain beaucoup plus glissant : celui de la survie judiciaire et institutionnelle.
La mécanique d’une élimination programmée
Pour comprendre la portée de l’analyse de Franck Tapiro, il faut la replacer dans le contexte brûlant de l’actualité. Les réquisitions du parquet dans l’affaire des assistants parlementaires européens, demandant cinq ans de prison (dont deux ferme aménageables) et, surtout, cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire à l’encontre de Marine Le Pen, ont agi comme un détonateur.
Pour Tapiro, ce n’est pas un hasard du calendrier. C’est la manifestation visible d’une volonté systémique. L’idée que « tout va être fait » implique une convergence des luttes au sommet de l’État et des sphères d’influence pour empêcher l’alternance incarnée par le Rassemblement National. L’expert pointe ici du doigt une stratégie de “terre brûlée” : si on ne peut pas les battre sur le terrain des idées ou de la popularité – les sondages plaçant régulièrement le RN en tête – il faut les disqualifier techniquement.
Cette lecture des événements accrédite la thèse, très répandue chez les électeurs du RN, d’une justice instrumentalisée à des fins politiques. L’objectif ne serait plus de rendre la justice au nom du peuple français, mais de protéger le “cercle de la raison” contre ce qu’ils considèrent comme un péril populiste.
Le duo Bardella-Le Pen : Une cible à deux têtes
L’intelligence de l’analyse de Tapiro réside dans l’inclusion de Jordan Bardella dans cette équation d’exclusion. Longtemps, on a pu penser que si Marine Le Pen tombait, son jeune dauphin reprendrait le flambeau sans encombre. Or, la phrase de Tapiro balaie cet espoir : « ni Jordan Bardella, ni Marine Le Pen ».
Cela signifie que le “système” identifie désormais le danger non plus comme une personne, mais comme un mouvement. Jordan Bardella, malgré sa popularité galopante et son image plus lisse, n’échappera pas au barrage. Si Marine Le Pen est rendue inéligible, la stratégie de l’endiguement se reportera instantanément et avec la même violence sur le président du parti.
Les attaques se multiplieront, les dossiers seront exhumés, la pression médiatique s’intensifiera. L’idée est de créer un plafond de verre non plus électoral, mais moral et juridique. C’est une guerre d’usure psychologique destinée à montrer aux Français que voter pour ce duo est une impasse, un vote inutile car voué à être annulé par les institutions.
La communication de crise : Victimisation ou réalité ?
Franck Tapiro, en tant que communicant, sait pertinemment que cette situation est à double tranchant. D’un côté, elle risque de briser la dynamique du RN en le privant de sa candidate naturelle. De l’autre, elle offre au parti une tribune inespérée pour crier au complot.
Cependant, son analyse suggère que le pouvoir en place a fait son calcul : mieux vaut un RN victimisé qui crie au scandale dans l’opposition, qu’un RN aux portes du pouvoir. Le risque de transformer Marine Le Pen en “martyre” de la politique semble avoir été accepté par ses adversaires comme un mal nécessaire pour éviter le scénario de son élection.
Cette stratégie du “tout sauf eux” est risquée. Elle peut radicaliser une partie de l’électorat qui se sentira méprisée, volée de son choix démocratique. Quand un expert comme Tapiro affirme que tout sera mis en œuvre pour les bloquer, il valide implicitement le sentiment de millions de Français qui pensent que les dés sont pipés.
L’impasse démocratique
Au-delà des stratégies partisanes, l’analyse de Franck Tapiro soulève une question vertigineuse pour notre démocratie. Si l’issue de l’élection présidentielle est déterminée par des décisions de justice ou des barrages institutionnels plutôt que par le vote souverain, quelle légitimité restera-t-il au futur élu ?
Empêcher Marine Le Pen ou Jordan Bardella de se présenter, ou tout faire pour rendre leur candidature impossible, c’est prendre le risque de créer une fracture irréparable dans le pays. C’est dire à 11 millions d’électeurs (score du second tour de 2022) que leur voix ne compte pas, ou qu’elle est dangereuse.
La phrase de Tapiro, dans sa simplicité brutale, nous met face à un miroir. Elle décrit une démocratie défensive, fébrile, qui semble avoir peur de son propre peuple. Plutôt que de convaincre, on cherche à contraindre. Plutôt que de débattre, on cherche à interdire.
Vers une tension maximale jusqu’en 2027

Si l’on en croit Franck Tapiro, nous ne sommes qu’au début des hostilités. La séquence actuelle n’est que les prémices d’une longue bataille de tranchées qui va durer jusqu’à la prochaine présidentielle. Chaque faux pas sera exploité, chaque virgule de la loi sera utilisée.
Pour le duo Le Pen-Bardella, le défi est immense. Ils doivent non seulement mener campagne sur le terrain, proposer un projet crédible, mais aussi survivre à une guérilla juridique et médiatique de tous les instants. Ils doivent prouver qu’ils sont prêts à gouverner, tout en se défendant d’accusations qui visent à les disqualifier moralement.
L’avertissement est lancé. Les Français sont prévenus. Ce qui se joue sous nos yeux dépasse la simple rivalité gauche-droite. C’est un affrontement systémique dont l’issue déterminera le visage de la France pour les décennies à venir. Et comme le souligne si bien Franck Tapiro, dans cette guerre pour l’Élysée, il ne faut s’attendre à aucun cadeau, aucune trêve, et surtout, aucune pitié.