Dans le tumulte incessant du show-business, où les ruptures sont souvent synonymes de guerres médiatiques et de règlements de comptes publics, certaines voix s’élèvent parfois pour nous rappeler que l’amour, même conjugué au passé, peut se transformer en un respect éternel. C’est cette leçon magistrale d’humanité que nous a offerte Biyouna, la diva incontestée de la scène algérienne, dans une séquence vidéo qui, aujourd’hui plus que jamais, résonne avec une intensité particulière.
Alors que l’Algérie et le monde francophone pleurent encore la disparition récente de cette immense figure culturelle, survenue fin novembre 2025, les archives s’ouvrent et laissent échapper des perles de vérité. Parmi elles, un court extrait d’une interview télévisée sur Ennahar TV, où l’on découvre une Baya Bouzar – son vrai nom – dépouillée de ses artifices de comédienne, livrant une confession poignante sur son ex-mari.

Au-delà du personnage : la femme derrière le rire
Nous connaissons tous Biyouna la rebelle, la voix rauque qui n’hésitait pas à remettre à leur place les bien-pensants, l’actrice qui a incarné la liberté dans des films comme Délice Paloma ou La Source des femmes. Elle était cette force de la nature, capable de transformer chaque apparition en un one-woman-show hilarant. Pourtant, la vidéo qui circule aujourd’hui nous dévoile une autre facette : celle d’une femme apaisée, reconnaissante et profondément maternelle.
Interrogée sur son passé conjugal, alors que l’on s’attendait peut-être à une pique humoristique ou à une diatribe sur les hommes, Biyouna a surpris tout le monde. Le visage s’adoucit, le regard se perd un instant dans le vide des souvenirs, et les mots qui sortent sont d’une douceur inattendue : “Que Dieu le bénisse, le père de mes enfants”.
Cette phrase, simple en apparence, porte en elle le poids d’une vie entière. Elle ne parle pas d’un ennemi, ni d’un obstacle, mais du père de sa progéniture. En une seconde, elle balaie les clichés de la femme divorcée amère pour ériger la stature de la matriarche digne.
“Il m’a beaucoup aidée” : La reconnaissance comme héritage
Le moment le plus fort de cet échange réside sans doute dans l’aveu de sa vulnérabilité passée. “Il m’a beaucoup aidée”, confie-t-elle. Dans une société où la femme artiste doit souvent se battre deux fois plus fort pour exister, reconnaître le soutien d’un ex-conjoint est un acte de courage. Biyouna admet ici que sa réussite, ou du moins sa survie dans ce milieu féroce, n’a pas été un voyage solitaire.
Elle évoque une collaboration implicite, une époque où cet homme a été un pilier. Ce “Rabi yahnih” (Que Dieu lui donne la paix/le bénisse) prononcé avec une sincérité désarmante est une prière. C’est la preuve ultime que l’on peut tourner la page sans déchirer le livre. Pour ses fans, habitués à ses rôles de femmes fortes et indépendantes, cet aveu est un rappel que l’indépendance n’exclut pas la gratitude.
Le mystère des enfants : un jardin secret farouchement gardé
L’interview effleure également un sujet que Biyouna a protégé avec la férocité d’une lionne tout au long de sa carrière : ses enfants. Dans l’extrait, elle mentionne “mes enfants, inchallah”, une invocation pour leur bien-être. On perçoit dans sa voix la brisure de l’éloignement lorsqu’elle laisse entendre que c’est leur père qui veille sur eux, ou qu’elle ne les voit pas autant qu’elle le voudrait.

Cette distance, qu’elle soit physique ou émotionnelle, semble être le prix qu’elle a payé pour sa liberté et sa carrière. Pourtant, il n’y a aucune accusation envers le père. Au contraire, elle semble soulagée de savoir qu’ils ont ce repère paternel. C’est une forme d’amour maternel altruiste : accepter que l’autre parent prenne le relais pour le bien de l’enfant. Cette dynamique de co-parentalité, évoquée avec tant de pudeur, contraste violemment avec les drames familiaux souvent étalés sur la place publique. Biyouna nous enseigne que protéger ses enfants, c’est aussi respecter leur père, quoi qu’il se soit passé entre les adultes.
Une leçon de dignité pour la nouvelle génération
Pourquoi ce message est-il si vital aujourd’hui ? À l’heure des réseaux sociaux où le “bashing” d’ex-conjoints est devenu un sport national, la classe de Biyouna détonne. Elle aurait pu utiliser sa tribune pour se plaindre, pour jouer la victime. Elle a choisi la hauteur.
En disant “C’est le père de mes enfants”, elle rappelle un lien indissoluble et sacré. Elle nous montre que la réussite d’une vie ne se mesure pas seulement aux applaudissements ou aux entrées au cinéma, mais aussi à la capacité de maintenir la paix dans son cœur vis-à-vis de ceux qui ont partagé notre route.
Cette vidéo n’est pas seulement un souvenir télévisuel ; c’est un testament moral. Biyouna n’était pas seulement une grande artiste parce qu’elle savait nous faire rire, mais parce qu’elle avait compris quelque chose d’essentiel sur la nature humaine : la rancune est un fardeau trop lourd pour ceux qui veulent voler haut.
L’écho d’une voix qui ne s’éteindra jamais
En rejouant ces images, on ne peut s’empêcher de ressentir un pincement au cœur. Biyouna nous a quittés, mais elle nous laisse ces fragments de sagesse populaire. Son ex-mari, cet homme resté dans l’ombre, reçoit ici le plus beau des hommages publics : la bénédiction d’une femme qui est devenue une légende.
Alors que les hommages affluent du monde entier, célébrant l’actrice, la chanteuse, la danseuse, n’oublions pas de célébrer la femme qui, face à la caméra, a su mettre son ego de côté pour dire merci. “Il m’a aidée”. Trois mots. Une histoire. Une légende.
Au revoir, Biyouna. Et merci de nous avoir rappelé que même après la fin de l’amour, il reste l’humain. Que ton âme repose en paix, et que ta bénédiction continue de veiller sur ceux que tu as aimés, dans l’ombre comme dans la lumière.