C’est une rencontre qui restera gravée dans les annales de la télévision et dans le cœur des millions de fans à travers le Maghreb et la France. Biyouna, l’icône incontestée de l’art algérien, cette force de la nature au rire tonitruant et à la voix rocailleuse, a tombé l’armure. Invitée sur le plateau d’Echorouk TV, la diva a offert bien plus qu’une simple interview : elle nous a offert son âme, brute, sans fard et bouleversante d’humanité.
La Solitude au Sommet : “Je n’ai pas de gardes du corps”
Loin des clichés de la star intouchable enfermée dans sa tour d’ivoire, Biyouna revendique une simplicité désarmante qui contraste violemment avec son statut de légende. “Je n’ai pas de gardes du corps, je n’ai personne”, confie-t-elle avec une franchise qui force le respect. Pour elle, la véritable protection ne vient pas d’hommes en costume noir, mais de la proximité avec les gens simples, ses voisins, ceux qui la voient comme une humaine avant de la voir comme une star.

Cette déclaration n’est pas anodine. Elle révèle le paradoxe cruel de la célébrité : être connu de tous, mais se sentir souvent seul. Biyouna a choisi son camp. Elle a choisi la vie réelle, celle des quartiers populaires, refusant de se laisser dévorer par le personnage public qu’elle a créé. C’est un choix de vie radical, une résistance face à un système qui tend à isoler ceux qu’il glorifie.
La “Guerre” du Show-Business : Jalousie et Trahisons
Si le public ne lui offre que de l’amour, les coulisses du métier, elles, sont un champ de bataille. Avec une amertume à peine voilée, Biyouna évoque la “guerre”, la jalousie (le “Hassad”) et l’envie qui rongent le milieu artistique. “La célébrité est une bonne chose, mais l’envie et la jalousie… c’est une guerre”, lâche-t-elle.
Ces mots résonnent comme un avertissement. Derrière les paillettes et les sourires de façade, Biyouna a dû se battre, souvent seule, pour maintenir sa place sans perdre son intégrité. Elle décrit un environnement toxique où le succès des uns attise la haine des autres. Pourtant, elle reste debout, inébranlable, portée par une foi inébranlable et une résilience forgée dans les épreuves. Elle refuse d’entrer dans ce jeu destructeur, préférant laisser le destin et “Dieu” (Rabi) juger les actes de chacun.
L’Amour, le Mariage et le Sacrifice
L’un des moments les plus poignants de l’entretien survient lorsque Biyouna aborde sa vie sentimentale. Avec une lucidité tranchante, elle analyse l’échec des relations dans le milieu du show-business. “Le mariage entre célébrités, c’est du feu… ça ne réussit pas”, affirme-t-elle. Elle évoque les difficultés de concilier une carrière dévorante avec une vie de couple traditionnelle.
Il y a dans ses propos une forme de renoncement, mais aussi de libération. Elle semble avoir accepté que son grand amour, celui qui ne la trahira jamais, n’est pas un homme, mais son public. “Le peuple m’aime”, répète-t-elle comme un mantra, une consolation face aux vides de l’existence. Elle parle de ses fans comme de sa véritable famille, ceux pour qui elle continue de se lever le matin, ceux pour qui elle a tout sacrifié.
Un Hommage aux Disparus et à l’Authenticité
L’entretien prend des allures de mémorial lorsqu’elle évoque les grandes figures disparues, ces géants de l’art qui, comme elle, ont marqué l’histoire. Elle se positionne en gardienne d’une époque révolue, celle où le talent primait sur le buzz, où l’art était une mission sacrée.

Biyouna ne joue pas. Elle est cette femme qui peut rire aux éclats une seconde et avoir les larmes aux yeux la suivante en évoquant sa solitude ou l’amour de Dieu. Elle est cette artiste qui refuse d’être une marionnette entre les mains des réalisateurs ou des producteurs, imposant sa vision, son rythme, sa vérité.
Conclusion : La Leçon de Vie d’une Grande Dame
Au final, que retient-on de cette confession magistrale ? Que Biyouna est bien plus qu’une actrice ou une chanteuse. Elle est un miroir de notre société, reflétant nos joies, nos peines et nos contradictions. Son refus des artifices, sa connexion viscérale avec le “vrai” peuple et sa capacité à transformer sa douleur en art font d’elle une figure maternelle et héroïque.
Cet entretien n’était pas une promotion, c’était une thérapie collective. Biyouna nous rappelle que la gloire est éphémère, que l’argent ne comble pas le vide, et que la seule richesse qui vaille est celle du cœur et de la conscience tranquille. En nous ouvrant les portes de son intimité, elle nous a donné une leçon d’humilité inoubliable. Merci, Madame Biyouna, d’être restée vous-même dans un monde qui passe son temps à faire semblant.