Découvrez l’exécution brutale d’Anouar el-Sadate – le président qui a défié le monde arabe

1 - L'assassinat du président égyptien Anouar el-Sadate - La marche du monde

C’était une journée baignée de soleil au Caire, ce 6 octobre 1981. Le ciel bleu azur de l’Égypte semblait promettre une célébration grandiose. Anwar Al Sadat, le président charismatique et controversé, le “Héros de la Traversée”, était assis fièrement dans la tribune d’honneur. Il était là pour commémorer l’anniversaire de l’opération Badr de 1973, le moment où l’armée égyptienne avait franchi le canal de Suez, restaurant la fierté nationale.

Entouré de dignitaires étrangers, de son vice-président Hosni Moubarak et de l’élite militaire, Sadat semblait détendu, confiant. Il fumait sa pipe, ajustait ses lunettes de soleil, savourant ce qu’il considérait comme l’apogée de sa carrière. Il ne savait pas que, dans quelques minutes, cette tribune de gloire se transformerait en un abattoir à ciel ouvert, diffusé en direct sur les télévisions du monde entier.

Le Poids d’une Signature

Pour comprendre la brutalité de ce qui allait se passer, il faut remonter quelques années en arrière. Sadat n’était pas un dirigeant ordinaire. Il avait commis l’impensable aux yeux du monde arabe : il avait fait la paix avec Israël. En signant les accords de Camp David en 1978 et le traité de paix en 1979, il avait récupéré le Sinaï pour l’Égypte, mais il avait aussi signé son arrêt de mort auprès des factions islamistes radicales.

Pour l’Occident, il était un visionnaire, un homme de paix lauréat du prix Nobel. Pour ses assassins, membres du Jihad islamique égyptien infiltrés dans l’armée, il était un traître à la cause, un “Pharaon” moderne qu’il fallait abattre pour purifier la nation. La tension était palpable dans le pays, mais Sadat, fort de sa légitimité militaire, se croyait intouchable, surtout au sein de sa propre armée. Une erreur de jugement fatale.

La Diversion Parfaite

Le défilé suivait son cours avec une précision millimétrée. Les chars passaient, la poussière volait, les fanfares jouaient. Vers 13h00, l’attention de la foule et de la sécurité s’est portée vers le ciel. Une formation de jets Mirage effectuait un survol bruyant, lâchant des fumigènes colorés. Le rugissement des moteurs était assourdissant, couvrant tout autre bruit au sol. Les têtes étaient levées, les yeux rivés sur les acrobaties aériennes.

L'assassinat d'Anouar El-Sadate en 1981 – Histoire d'Afrique et des Peuples  Noirs

C’est à ce moment précis, profitant de la distraction parfaite, qu’un camion militaire tractant un canon d’artillerie s’est arrêté brusquement devant la tribune présidentielle. Ce n’était pas prévu dans le protocole.

Le lieutenant Khalid Isambouli, l’instigateur du complot, était assis à l’avant. Il a sauté du véhicule.

“Mes fils, que se passe-t-il ?”

Ce qui s’est passé ensuite défie l’entendement par sa rapidité et sa violence. Isambouli s’est approché de la tribune. Sadat, voyant le soldat s’avancer, s’est levé. Les témoins raconteront plus tard qu’il pensait que l’officier venait lui rendre un salut militaire personnel. Toujours le père de la nation, Sadat se tenait droit, prêt à recevoir l’hommage.

Mais au lieu d’un salut, Isambouli a dégainé des grenades. La première a rebondi sans exploser, la seconde a explosé court. Immédiatement, trois autres complices ont sauté de l’arrière du camion, armés de fusils d’assaut AK-47. Ils n’ont pas cherché à se mettre à couvert. Ils ont foncé, en courant, vers la tribune, arrosant la zone de balles.

C’était le chaos absolu. Les chaises volaient, les dignitaires plongeaient au sol pour se protéger. Mais Sadat est resté debout un instant de trop, une cible parfaite dans son uniforme de maréchal. Il a été touché à de multiples reprises, s’effondrant sur le sol de la tribune.

6 octobre 1981 : l'assassinat d'Anouar el Sadate | France Inter

L’attaque a duré moins de deux minutes, mais elle a semblé durer une éternité. Les assaillants, dans une frénésie meurtrière, se sont approchés à bout portant pour s’assurer que le président était bien mort. Ils criaient “Gloire à l’Égypte !” et des slogans religieux tout en tirant.

Une Fin Tragique et un Héritage Ensanglanté

Onze autres personnes ont été tuées ce jour-là, dont un ambassadeur cubain et un général omanais, et vingt-huit ont été blessées. Sadat a été transporté d’urgence à l’hôpital militaire de Maadi par hélicoptère, mais il était déjà trop tard. Son décès a été prononcé quelques heures plus tard.

L’image de l’assassinat de Sadat reste l’une des plus choquantes du XXe siècle. Elle ne montre pas seulement la mort d’un homme, mais la fragilité extrême du pouvoir et de la paix dans une région tourmentée. Hosni Moubarak, assis à côté de Sadat et légèrement blessé à la main, deviendra le nouveau président, instaurant un état d’urgence qui durera des décennies.

Égypte : l'assassinat d'Anouar El Sadate le 6 octobre 1981

Anwar Al Sadat avait défié le statu quo. Il avait regardé ses ennemis dans les yeux et leur avait tendu la main. En fin de compte, ce n’est pas sur un champ de bataille étranger qu’il est tombé, mais chez lui, tué par les balles de ses propres soldats, lors d’une fête célébrant sa plus grande victoire. Une ironie tragique pour un homme qui voulait écrire l’histoire, et qui l’a fait, jusqu’à son dernier souffle.

Aujourd’hui, alors que nous regardons en arrière, cet événement brutal nous rappelle que le courage politique a souvent un prix terrible. La paix, si belle sur le papier, est parfois payée avec le sang des braves. Sadat est mort, mais la question qu’il a laissée derrière lui résonne encore : jusqu’où un leader doit-il aller pour garantir l’avenir de son peuple, même si cela signifie signer son propre arrêt de mort ?

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