Dans les archives poussiéreuses de l’histoire américaine, nous tombons parfois sur des images qui ne se contentent pas de documenter le passé, mais qui murmurent des secrets terrifiants, défiant toute explication rationnelle. Aujourd’hui, nous rouvrons le dossier de l’une des photographies les plus obsédantes jamais prises au début du XXe siècle. Un portrait de famille apparemment banal de 1906, qui dissimule pourtant un détail si macabre qu’il a contraint tous ceux qui y étaient liés au silence pendant plus d’un siècle.
Le Début du Cauchemar
L’histoire refait surface en 2019, lors d’une vente aux enchères de biens immobiliers à Providence, dans le Rhode Island. Margaret Chen, une collectionneuse passionnée de photographies anciennes, triait une boîte de photos non cataloguées lorsqu’elle fit la découverte : un portrait formel, typique de ceux que les familles faisaient réaliser en studio au début des années 1900.
L’image, aux tons sépia, montre une femme assise sur une chaise en bois richement sculpté, vêtue d’une robe victorienne sombre et impeccable, le visage empreint d’une sérénité étrange, presque dérangeante. Dans ses bras, elle tient un nourrisson enveloppé dans une robe de baptême d’un blanc immaculé. Au premier regard, Margaret faillit passer à la photo suivante. Mais quelque chose dans la position de la main de la mère et les ombres bizarres sur les langes attira son attention.

En examinant la photo sous la lumière de l’après-midi, Margaret réalisa une vérité effroyable : la mère sur la photo ne tenait pas qu’un seul enfant. Blotti dans le creux de son bras gauche, partiellement caché par les plis de sa robe, se trouvait un autre “objet”. Quelque chose qui n’aurait pas dû être là.
Au dos de la photo, une inscription à l’encre brune délavée indiquait : “Mme Catherine Hartwell et ses enfants, Studio Providence, mars 1906.” Le mot “enfants” était au pluriel. Pourtant, les archives historiques que Margaret allait consulter plus tard racontaient une histoire radicalement différente.
La Tragédie de la Famille Hartwell
Catherine Hartwell, née Morrison, avait épousé Thomas Hartwell en 1902. Ils menaient une existence modeste dans un quartier ouvrier de Providence. Les registres du recensement de 1905 indiquent qu’ils avaient une fille nommée Mary. Aucun autre enfant n’était mentionné.
Cependant, un entrefilet dans le journal Providence Journal de février 1906 – un mois seulement avant la prise de la photo – révélait le drame : “Le fils nouveau-né de M. et Mme Thomas Hartwell est décédé le 12 février des suites d’une brève maladie.”
Un enfant mort quatre semaines avant que la photo ne soit prise. L’enfant dans les bras de Catherine était-il le sujet d’une photographie “post-mortem” – une coutume courante à l’époque pour conserver un souvenir des défunts ? Les experts en photographie sont formels : non. L’enfant tenu dans le bras droit de Catherine semble bien vivant. C’est l’enfant – ou plutôt “l’objet” – dans son bras gauche qui suscite la controverse et l’horreur.
La véritable clé du mystère provient du journal intime d’une certaine Eleanor Pritchard, une descendante de Catherine, retrouvé dans une maison de retraite du Vermont. Ce journal a révélé des détails glaçants que l’histoire officielle avait oubliés.
Selon les écrits, la nuit de la mort présumée de son fils James, Catherine s’était réveillée pour découvrir que l’enfant dans le berceau “n’était plus James”. Bien que l’apparence physique fût identique, la mère percevait une anomalie dans le regard, dans les pleurs – comme si quelque chose essayait d’imiter un humain sans comprendre ce qu’était l’humanité. Catherine était persuadée que son fils avait été “échangé”. En fouillant la maison, elle découvrit un “paquet” dans un coin sombre de la cave. C’était une chose à la forme grotesque, façonnée pour ressembler vaguement à un nourrisson.

Lorsque Catherine présenta “la chose” à son mari, Thomas, pris de panique, la jeta immédiatement dans la cheminée. Mais Catherine, dans un accès de folie ou peut-être de lucidité terrifiante, se précipita pour sauver ce qui restait du “paquet” en train de se consumer.
La Photo de la Vérité
La photo de 1906 n’était pas un simple portrait de famille. C’était la tentative désespérée de Catherine de montrer au monde ce qu’elle voyait. Elle paya le triple du tarif habituel au photographe Albert Fletcher pour qu’il prenne en photo les deux “enfants” : l’un étant “l’imposteur” vivant (le bébé dans le bras droit), et l’autre étant la “preuve” calcinée, soigneusement emmaillotée (l’objet dans le bras gauche).
Une lettre d’adieu du photographe Fletcher, retrouvée bien plus tard, confirme l’horreur de la séance : “Je n’aurais jamais dû prendre cette photo… Lorsque j’ai écarté le tissu pour arranger la pose, j’ai vu… Je suis un homme de science, mais il y a des choses que la raison ne peut expliquer. Ce qui était dans ce paquet n’avait aucune origine naturelle.” Peu après la séance, Fletcher ferma son studio et fuit la ville.
Catherine fut internée par la suite à l’hôpital psychiatrique Butler, diagnostiquée comme souffrant de mélancolie et de paranoïa. Elle passa le reste de sa vie à affirmer que l’enfant qui grandissait dans la maison Hartwell n’était pas son fils. Et, fait troublant, cet enfant mourut également en 1911, à l’âge de 5 ans, d’une maladie soudaine, exactement comme son “prédécesseur”. Thomas Hartwell, le mari, mourut rongé par la culpabilité et le remords en 1918.
Science ou Surnaturel ?
Cette histoire aurait pu rester une légende urbaine sans l’intervention de la science moderne. En 2023, Margaret a soumis la photo à une analyse médico-légale numérique. Les résultats furent stupéfiants : aucune trace de retouche photo n’a été détectée. Cependant, les experts en matériaux et en éclairage ont souligné une anomalie majeure.
La lumière se reflétant sur l’enfant dans le bras droit est tout à fait naturelle. Mais pour l’objet dans le bras gauche, la lumière interagit de manière anormale, comme si le matériau sous le tissu possédait des propriétés optiques ne correspondant à aucun textile connu. Une artiste spécialisée en reconstruction 3D a tenté de modéliser la forme sous les langes en se basant sur les plis du tissu, mais a échoué. Elle a conclu : “C’est comme un escalier d’Escher. Cela semble correct en deux dimensions, mais c’est physiquement impossible à exister dans un espace tridimensionnel.”
Conclusion
La photographie de Catherine Hartwell n’est pas seulement un vieux cliché ; c’est une fenêtre ouverte sur un abîme de douleur et de mystères non résolus. Catherine n’était-elle qu’une mère dont le chagrin avait fait basculer la raison ? Ou a-t-elle réellement été confrontée à une force surnaturelle, au phénomène du “changelin” (enfant échangé par des créatures féeriques ou démoniaques) que le folklore du monde entier mentionne avec crainte ?
Aujourd’hui, la photo repose toujours dans la collection de Margaret, conservée avec une précaution extrême. De nombreuses personnes ayant vu l’image ont rapporté des sensations de nausée, de vertige et des cauchemars peuplés d’enfants aux visages vides. Quelle que soit la vérité, le regard de Catherine Hartwell sur la photo continue de traverser l’objectif, traversant 119 années, comme pour nous dire une seule chose : Il y a des choses dans l’obscurité que l’humanité ferait mieux d’ignorer.