Depuis plus de trente ans, Florent Pagny partage sa vie entre deux continents, deux cultures et deux pays : la France, où il est une figure incontournable de la chanson populaire, et l’Argentine, où il réside une grande partie de l’année. Une double identité qui influence aussi son regard sur le monde, y compris sur la politique. Invité vendredi dernier sur le plateau de Quotidien, sur TMC, le chanteur a surpris — et gêné — son hôte Yann Barthès en tenant un discours très élogieux à l’égard du président argentin Javier Milei, figure controversée de l’extrême droite libertarienne. Une séquence qui n’a pas tardé à enflammer les réseaux sociaux.
Un artiste qui s’est éloigné des urnes françaises

Florent Pagny n’a jamais fait mystère de sa distance avec la politique française. Depuis plusieurs années, il affirme ne plus voter. Déjà en 2012, lors de l’élection présidentielle opposant Nicolas Sarkozy à François Hollande, il déclarait publiquement qu’il ne participerait pas au scrutin, estimant ne se reconnaître pleinement dans aucun des deux candidats. Il avait néanmoins laissé entendre qu’il jugeait Nicolas Sarkozy « plus efficace », un propos interprété à l’époque comme un soutien implicite au président sortant.
Depuis, le chanteur est resté discret sur ses opinions politiques en France. Installé en grande partie en Argentine, il semble avoir déplacé son centre d’intérêt politique vers son pays d’adoption, où l’actualité est particulièrement mouvementée depuis l’arrivée au pouvoir de Javier Milei.
Une invitation promotionnelle qui vire au débat politique
C’est dans un contexte a priori anodin que Florent Pagny s’est retrouvé face à Yann Barthès. L’artiste était invité sur Quotidien pour assurer la promotion de ses projets, comme il le fait régulièrement sur les plateaux de télévision. Mais la conversation a rapidement pris une tournure inattendue lorsque le sujet de la politique argentine a été abordé.
Face à l’animateur, le coach emblématique de The Voice n’a pas hésité à exprimer son intérêt, voire son admiration, pour Javier Milei, président de l’Argentine depuis près de deux ans. Un positionnement qui tranche avec la ligne éditoriale habituellement critique de l’émission à l’égard des figures d’extrême droite, en France comme à l’étranger.
Javier Milei vu par Florent Pagny : efficacité avant tout
Pour Florent Pagny, le constat est clair : malgré ses excès, Javier Milei serait un « très bon président ». Une affirmation qui a immédiatement mis Yann Barthès dans une position inconfortable. Tentant de nuancer, l’animateur glisse : « Il a fait beaucoup de conneries quand même », visiblement soucieux de rééquilibrer le débat. Mais le chanteur ne se démonte pas.
« Il fait des conneries, sauf qu’il a réussi à stabiliser un petit peu l’inflation », répond-il, avant d’ajouter un argument qui fera particulièrement réagir : « Et surtout, il a viré la moitié des gnocchis. »
La métaphore des “gnocchis” et la lutte contre les emplois fictifs
Florent Pagny prend alors le temps d’expliquer ce qu’il entend par cette expression typiquement argentine. Le « 29 du mois », explique-t-il, est traditionnellement le jour où l’on mange des gnocchis en Argentine. Par extension, le terme désigne les employés publics qui ne se présentent au travail que pour toucher leur salaire en fin de mois.
Selon le chanteur, Javier Milei aurait décidé de mettre fin à ces pratiques en licenciant massivement dans la fonction publique. « Il y avait des employés publics qui venaient prendre le salaire, mais qui ne venaient pas bosser. Donc, il en a viré », affirme-t-il sans détour.
Florent Pagny poursuit en dressant le portrait d’un président austéritaire et autoritaire, mais qu’il juge cohérent : réduction drastique du nombre de ministères, passé de 70 à seulement 9, suppression des privilèges liés aux fonctions gouvernementales, fin des voitures de fonction et des voyages en première classe. « Il leur a dit : vous allez prendre le bus ou le métro et vous allez bosser », raconte le chanteur, manifestement admiratif.
Une politique d’austérité assumée
Toujours selon Florent Pagny, Javier Milei aurait été très clair dès son arrivée au pouvoir : l’Argentine est en crise, l’argent manque, et l’État doit commencer par se serrer la ceinture lui-même. Une logique que le chanteur semble approuver, y voyant une forme de courage politique.
Sur le plateau, Yann Barthès choisit finalement de ne pas relancer le débat et passe rapidement à un autre sujet, laissant les propos de son invité sans véritable contradiction. Une décision qui sera largement commentée par la suite.
Une séquence qui embrase les réseaux sociaux
Il n’en fallait pas plus pour déclencher un véritable buzz sur X (anciennement Twitter). Rapidement, la séquence est extraite, partagée et commentée des milliers de fois. De nombreux comptes proches de l’extrême droite se réjouissent du malaise visible sur le plateau de Quotidien.
« Silence de cathédrale sur le plateau de Quotidien », ironise l’un d’eux, hilare face à l’embarras de Yann Barthès. D’autres parlent carrément de « drame » en direct, à l’image du compte très suivi @destinationcine, géré par un cadre du groupe Canal+. Pour ces internautes, Florent Pagny aurait mis en difficulté une émission souvent perçue comme moralisatrice.
Une polarisation assumée

Cette prise de position publique confirme en tout cas une chose : Florent Pagny n’a jamais été un artiste consensuel. Depuis le début de sa carrière, il revendique une liberté de ton et de pensée, quitte à provoquer. En s’exprimant ouvertement sur Javier Milei, il assume une vision politique qui choque une partie du public français, tout en séduisant une autre frange, ravie de voir une personnalité médiatique tenir un discours à contre-courant.
Ce samedi matin encore, les noms de Yann Barthès et Florent Pagny figuraient parmi les tendances sur X, preuve que la séquence a durablement marqué les esprits. Entre soutien assumé, indignation et ironie, chacun y est allé de son interprétation.
Une séquence révélatrice de l’époque
Au-delà du cas Pagny, cet épisode illustre la difficulté croissante à aborder la politique sur les plateaux de divertissement, surtout lorsqu’elle touche à des figures clivantes. Il révèle aussi combien les prises de parole d’artistes peuvent encore provoquer des débats passionnés, à l’heure des réseaux sociaux et de la polarisation extrême des opinions.
Florent Pagny, lui, n’a pas réagi publiquement depuis. Mais une chose est sûre : en quelques minutes sur le plateau de Quotidien, il a réussi à déplacer le débat bien au-delà de la promotion musicale, et à rappeler que, même loin des urnes françaises, ses opinions continuent de faire du bruit.