Un mois de novembre noir et un silence assourdissant
Le football, ce sport roi, est parfois d’une cruauté telle qu’on peut ressentir la douleur à travers chaque soupir des supporters. Le mois de novembre qui vient de s’écouler n’a pas été simplement une fausse note pour la Maison Blanche ; il a sonné comme le glas de la stabilité dont le Real Madrid était si fier. Fini les excuses, fini les rideaux de fumée. Riles, voix influente et passionnée de la communauté madrilène, a dû prononcer des mots amers mais d’une authenticité déchirante : le Real Madrid ne fait pas que perdre, il est en train “d’exploser en plein vol”.
Et Madrid n’est pas seul. Le géant catalan, le FC Barcelone, bien qu’il semble voler haut au classement, n’échappe pas à une analyse critique. Mais aujourd’hui, l’épicentre du séisme se trouve bien au Santiago Bernabéu, là où les problèmes ne sont plus dans les jambes, mais ancrés dans les têtes et les égos des plus grandes stars de la planète.
“La cassure interne” : Quand les étoiles entrent en collision
Il y a une vérité que Carlo Ancelotti tente peut-être de dissimuler, mais que les observateurs avertis ont saisie : le Real Madrid a changé depuis l’après-Clásico. Mais pas en bien. C’est ce que l’on appelle une “cassure en interne”.
Imaginez un instant un alignement comprenant Vinicius Jr, Kylian Mbappé et Jude Bellingham. Sur le papier, c’est le cauchemar de toute défense européenne. Dans la réalité ? C’est un chaos tactique. Riles a mis le doigt sur un point névralgique : nous avons trop de “statuts” dans une seule équipe.
Le problème n’est pas le talent, c’est la coexistence. Jude Bellingham, l’homme providentiel de la saison passée, semble aujourd’hui perdu sur le pré. Il n’est plus le centre de gravité. L’arrivée de Mbappé et le statut intouchable de Vinicius ont repoussé le prodige anglais dans des zones où il ne peut exprimer sa pleine mesure, et pire encore, où il ne semble plus heureux.
“On ne peut pas faire un rond avec des bâtons,” illustre Riles avec une justesse cinglante. Ancelotti tente d’assembler des pièces qui ne s’emboîtent pas. Il a l’autorité, certes, mais a-t-il la “liberté” réelle de froisser les égos ? Quand Bellingham doit reculer pour laisser la lumière aux autres, quand Rodrygo se sent délaissé, et quand Vinicius joue selon son propre rythme, le collectif se meurt. La fluidité a disparu, remplacée par des actions individuelles de joueurs qui pensent d’abord à “leur tronche”.
L’indigestion de trophées : La différence avec la génération Ramos
C’est peut-être la partie la plus douloureuse de l’analyse. Nous, qui avons été habitués à un Real Madrid qui se bat jusqu’au dernier souffle, qui avons vu Sergio Ramos, Luka Modric ou Cristiano Ronaldo conquérir trois, quatre Ligues des Champions d’affilée tout en gardant cette faim insatiable. Mais qu’en est-il de la génération actuelle ?

Le constat est brutal : “Ils ont trop mangé.” Ils ont gagné trop vite, trop tôt. Riles souligne un changement de mentalité inquiétant. Là où les anciens servaient le club jusqu’à l’épuisement, certains nouveaux cadres semblent dire : “J’ai bien mangé, maintenant je pense à moi.”
Cette satiété précoce est un poison. Elle empêche la remise en question nécessaire après une défaite. Elle crée une équipe qui choisit ses matchs, qui refuse l’effort défensif, et qui s’attend à ce que le talent pur suffise à écraser des équipes comme Chelsea ou Arsenal – des équipes qui, elles, ont faim et courent ensemble. Le professionnalisme extrême des années 2010 a laissé place à une forme de suffisance dangereuse.
Le dilemme du coach : Gérer des égos ou bâtir une équipe ?
Xabi Alonso est sur toutes les lèvres pour l’avenir, mais le problème dépasse la simple figure de l’entraîneur. Aujourd’hui, être coach au Real Madrid, ce n’est plus seulement de la tactique, c’est de la diplomatie de haut vol.
Comment développer des pépites comme Arda Güler ou Endrick quand les “tôliers” occupent tout l’espace ? Riles s’inquiète pour ces jeunes talents. Mettre Güler sur le terrain signifie souvent éteindre Bellingham ou déséquilibrer encore plus l’équipe. C’est un cercle vicieux. Le Real s’est enfermé dans une prison dorée construite par ses propres recrutements galactiques.
L’équipe ne grandit plus ensemble. Elle est devenue une somme d’individualités brillantes mais déconnectées. Là où des équipes comme le PSG (avec Vitinha, Barcola) ou Arsenal grandissent organiquement, le Real Madrid semble stagner, piégé par l’obligation de faire jouer ses stars, qu’importe l’équilibre sportif.
Real vs Barça : La bataille des “malades”

Et le rival éternel dans tout ça ? Si le FC Barcelone semble avoir pris l’ascendant, l’analyse reste nuancée. C’est une bataille entre deux équipes convalescentes. Le Barça possède une assurance technique, une base de jeu que le Real a perdue, mais il reste friable face aux très grands d’Europe.
Cependant, la différence est fondamentale : le Barça a un fond de jeu. Le Real Madrid, lui, navigue à vue. Le Real a perdu sa capacité à créer, son milieu de terrain – autrefois le meilleur du monde avec Kroos et Modric – est aujourd’hui un chantier en ruine incapable d’alimenter ses attaquants vedettes.
Conclusion : L’heure de vérité
La saison est loin d’être terminée, mais les signaux sont au rouge vif. Ce n’est pas seulement une mauvaise passe, c’est un problème structurel. Pour que le Real Madrid redevienne le roi, il faudra peut-être que tout “pète” une bonne fois pour toutes, comme le suggère Riles, peut-être face à un géant comme Manchester City.
Parfois, il faut toucher le fond pour mieux remonter. Mais pour l’instant, au Santiago Bernabéu, les étoiles ne brillent plus ; elles se consument dans une guerre d’égos et une indigestion de gloire passée. Le réveil sera-t-il brutal ou héroïque ? Seul l’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : le statu quo n’est plus une option.