Pourquoi Bayouna refuse-t-elle de révéler le nombre exact de ses maris ? Qu’est-ce qu’elle cache derrière chaque divorce, et pourquoi chaque rupture semble encore plus mystérieuse que la précédente ?

Dans le paysage culturel algérien et au-delà, peu de figures possèdent l’aura incandescente, la voix rauque inimitable et la franchise désarmante de Biyouna. Véritable monument de la scène artistique, Baya Bouzar, de son vrai nom, a toujours vécu sa vie comme elle l’entendait : sans filtre, sans concession et avec une liberté farouche. Récemment, un extrait d’une interview accordée à la chaîne El Hayat TV a refait surface, provoquant une onde de choc et d’admiration sur les réseaux sociaux. Dans cet échange, qui oscille entre l’humour caustique et la confession douloureuse, Biyouna aborde un sujet qui a souvent alimenté les rumeurs les plus folles : sa vie conjugale tumultueuse et ses multiples divorces.

Photo : Biyouna et Tex - L'association Citestars fait son cabaret et fête  ses 20 ans lors de l'élection de Miss Beauté nationale à l'hôtel  InterContinental à Paris le 18 novembre 2018. ©

Mais loin des colonnes de potins, ce que l’icône nous livre ici est une véritable leçon de sociologie, un manifeste sur la condition de la femme artiste dans une société patriarcale.

Le Jeu du Chat et de la Souris : “J’ai peur de toi”

L’échange commence sur un ton léger, presque théâtral, que Biyouna maîtrise à la perfection. Lorsque l’animateur, curieux et insistant, lui demande de révéler le nombre exact de ses mariages, la réaction de l’artiste est immédiate. Elle esquive, plaisante, et lance avec un demi-sourire : “Je ne te le dis pas, j’ai peur… tu caches quelque chose, j’ai peur de toi !”

Cette répartie, bien que formulée sous le couvert de la plaisanterie, trahit une réalité plus profonde. Refuser de donner un chiffre, c’est refuser d’être cataloguée, jugée ou réduite à une statistique d’échecs amoureux. Biyouna sait que dans l’inconscient collectif, une femme qui accumule les divorces est souvent pointée du doigt. En tournant la question en dérision, elle reprend le contrôle de la narration. Elle ne subit pas l’interrogatoire ; elle le dirige. C’est une stratégie de défense classique chez elle : utiliser l’humour comme un bouclier pour protéger son jardin secret, tout en gardant le public captif de son charisme.

Au-delà du “Mektoub” : La Lucidité d’une Femme Moderne

L’animateur tente alors de rationaliser ces ruptures en invoquant le destin (“Mektoub”) ou l’absence d’amour. C’est ici que l’interview bascule du divertissement à l’analyse sociale poignante. Biyouna rejette poliment mais fermement ces explications fatalistes.

Littérature : Biyouna apporte le soleil d'Alger au Marathon des mots -  ladepeche.fr

“Non, non, regarde… Mon travail ne me permet pas de rester fixe,” déclare-t-elle.

En une phrase, elle balaie les excuses romantiques ou mystiques. Ce n’est pas une question de malchance, c’est une question d’incompatibilité structurelle entre son mode de vie et les attentes traditionnelles du mariage. Biyouna place son métier, sa passion, au centre de son existence. Elle reconnaît que la stabilité domestique, telle qu’elle est traditionnellement conçue (“rester fixe”), est antinomique avec la vie de bohème, de tournées et de créativité qu’elle mène. C’est un aveu de priorité : l’art passe avant le foyer, une déclaration audacieuse qui brise le mythe de la femme dont l’accomplissement ultime serait le mariage.

Le Syndrome de “L’Artiste Voilée”

Le point d’orgue de cette confession réside dans l’analyse psychologique que Biyouna fait de ses ex-maris. Elle met en lumière un paradoxe masculin cruel et répandu :

“Au premier abord, ils se marient avec une artiste… et après, ils veulent me mettre le voile [m’enfermer/me cacher].”

L'actrice et chanteuse algérienne Biyouna Baya Bouzar et le réalisateur  français Radu Mihaileanu à Lille pour la projection de leur dernier film  "la source des femmes", 04 octobre 2011. Photo de Sylvain

Cette phrase est d’une puissance dévastatrice. Elle décrit le mécanisme toxique de la séduction où l’homme est attiré par la lumière de la star, par sa liberté, son exubérance et son statut public. Mais une fois la conquête assurée, cette même lumière devient une menace pour l’ego masculin ou l’honneur familial. L’homme cherche alors à éteindre ce qui l’a initialement attiré, à transformer l’oiseau de paradis en femme d’intérieur docile.

Biyouna utilise le terme “voiler” (ou “me cacher”) non seulement au sens littéral, mais surtout au sens figuré. Il s’agit de voiler son talent, de restreindre sa parole, de limiter ses mouvements. C’est la tragédie de nombreuses femmes brillantes qui découvrent que leur partenaire n’aime pas leur force, mais le défi de la dompter. Biyouna, avec son instinct de survie légendaire, a toujours refusé cette domestication. Chaque divorce n’est donc pas un échec, mais un acte de résistance. C’est le refus de se laisser “voiler”, le refus de disparaître.

Une Leçon d’Intégrité

Ce que nous retenons de cet extrait vidéo, c’est l’intégrité absolue de Biyouna. Là où d’autres auraient pu feindre le regret ou jouer les victimes, elle assume pleinement la responsabilité de sa liberté. Elle explique clairement que c’est son identité intrinsèque – celle d’une artiste qui ne peut pas “s’asseoir” et attendre – qui fait fuir ou rend fous les hommes qui partagent sa vie.

Elle ne blâme pas l’amour, elle analyse la possession. En refusant de changer pour plaire à un époux, Biyouna a payé le prix fort : celui de la solitude conjugale, peut-être, mais jamais celui de la solitude de l’âme. Elle est restée fidèle à elle-même, à son public et à son art.

Conclusion : L’Héritage d’une Insoumise
وفاة الفنانة الجزائرية بيونة - La mort de l'artiste algérienne Biyouna... |  TikTok

Cette vidéo est bien plus qu’un simple moment de télévision. C’est un testament de force. Biyouna nous rappelle que l’amour ne doit jamais être une cage. Pour les femmes, et particulièrement celles qui brillent dans la sphère publique, le mariage devient souvent un champ de bataille pour préserver son identité.

En partageant cette vérité crue, Biyouna offre une voix à toutes celles qui ont dû choisir entre leur passion et leur partenaire. Elle nous dit que le “Mektoub” a bon dos, mais que la véritable destinée, c’est celle que l’on se forge en refusant de se soumettre. Ses maris voulaient une épouse “fixe” ; ils ont eu une comète. Et c’est précisément parce qu’elle a refusé de s’arrêter de briller que Biyouna restera, pour toujours, une légende vivante dans nos cœurs. Son message résonne comme un appel à la liberté : ne laissez jamais personne éteindre votre lumière, pas même au nom de l’amour.

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