Qu’est-il advenu des corps après les exécutions de Nuremberg ?

Dans les annales de la justice internationale, peu d’événements portent un poids aussi lourd et macabre que les procès de Nuremberg. Entre le 20 novembre 1945 et le 1er octobre 1946, le monde a retenu son souffle alors que les architectes de la terreur nazie répondaient de leurs crimes. Mais si les verdicts sont inscrits dans l’histoire, ce qui s’est passé ensuite — dans l’obscurité d’un gymnase de prison et dans le secret d’un crématorium de Munich — reste un récit d’horreur, d’incompétence et de mystère que peu connaissent vraiment.

Ce n’était pas simplement la fin d’une guerre ; c’était l’épilogue sanglant du Troisième Reich. Et comme vous allez le découvrir, la mort de ces hommes fut tout sauf paisible.

Le Verdict de l’Histoire

Au cœur de la ville en ruines de Nuremberg, le Tribunal militaire international a rendu son jugement final sur 22 des plus hauts dignitaires nazis. Le verdict fut impitoyable : douze condamnations à mort par pendaison. Parmi les condamnés figuraient des noms qui avaient fait trembler l’Europe : Joachim von Ribbentrop, le ministre des Affaires étrangères ; Wilhelm Keitel, le chef du commandement suprême ; et bien sûr, Hermann Göring, le successeur désigné d’Hitler et fondateur de la Gestapo.

L’objectif des Alliés était clair : briser le mythe nazi, punir les coupables de crimes contre l’humanité et offrir une forme de clôture aux millions de victimes. Mais l’exécution de cette justice allait se heurter à des imprévus dramatiques qui transformeraient la nuit du 16 octobre 1946 en un chaos morbide.

Le Dernier Tour de Göring

Le drame a commencé avant même que le premier nœud coulant ne soit serré. Hermann Göring, l’homme le plus gradé du procès, avait une dernière carte à jouer. Refusant l’humiliation de la pendaison — qu’il considérait indigne d’un soldat — il avait demandé à être fusillé. Le tribunal a refusé.

À 22h45, alors que les gardes surveillaient sa cellule, Göring a déjoué la vigilance de ses geôliers. Dans un ultime acte de défiance, il a avalé une capsule de cyanure de potassium, choisissant le suicide comme l’avait fait son rival Heinrich Himmler des mois plus tôt. La nouvelle a secoué la prison. Comment avait-il obtenu le poison ?

Les théories abondent encore aujourd’hui. Certains pointent du doigt le lieutenant américain Jack G. Wheelis, qui aurait pu échanger la pilule contre des effets personnels de Göring, comme sa montre en or. D’autres, comme le soldat Herbert Lee Stivers en 2005, ont avoué avoir fait passer des “médicaments” cachés dans un stylo-plume, manipulés par une femme allemande. Quelle que soit la vérité, Göring gisait mort, un sourire sardonique figé sur le visage, ayant volé aux Alliés leur plus grand trophée d’exécution.

L’Horreur dans le Gymnase

Avec Göring mort, Joachim von Ribbentrop est devenu le premier à monter sur l’échafaud à 1h11 du matin. Le lieu choisi était le gymnase de la prison de Nuremberg, un endroit banal transformé en chambre de mort. Trois échafauds en bois noir, sinistres et imposants, attendaient les condamnés.

Photography and the Holocaust: The Nuremberg Trials | Journal on Images and  Culture

Ce qui a suivi fut une série d’exécutions que beaucoup ont qualifiées de “bâclées”. Le bourreau principal, le sergent-chef John C. Woods, assisté de Joseph Malta, a utilisé la méthode de la chute standard. En théorie, cela devait briser le cou du condamné instantanément. En pratique, ce fut une torture.

Des rapports ultérieurs ont révélé que la longueur de la corde avait été mal calculée pour plusieurs hommes. Au lieu d’une mort rapide, certains ont agonisé pendant 14 à 28 minutes, mourant lentement par strangulation. Pire encore, la trappe était trop petite. En tombant, plusieurs condamnés, dont le maréchal Keitel, ont heurté les bords de la trappe avec une violence inouïe, se fracassant le visage et ensanglantant leur dernière descente.

Les Derniers Mots de la Haine

L’atmosphère dans le gymnase était électrique. Chaque homme a eu l’occasion de prononcer ses derniers mots. Ribbentrop a appelé à la paix entre l’Est et l’Ouest, souhaitant que l’Allemagne retrouve son unité. Keitel et Jodl ont exprimé leur amour pour l’Allemagne. Alfred Rosenberg, l’idéologue du parti, est resté le seul à ne rien dire, murmurant simplement un “non” final.

Mais c’est Julius Streicher, l’éditeur du journal antisémite Der Stürmer, qui a offert le spectacle le plus grotesque. Jusqu’au bout, il est resté impénitent. En montant les marches, il a hurlé “Heil Hitler !” et a crié aux témoins : “Les bolcheviks vous pendront tous un jour !”. Juste avant que la cagoule ne soit placée sur sa tête, il a lancé une référence obscure : “Fête de Pourim 1946”, liant son sort à la fête juive commémorant la délivrance du peuple juif d’un massacre. Sa mort fut particulièrement brutale, les témoins rapportant des gémissements provenant de sous l’échafaud bien après la chute.

Le Secret des Cendres

Une fois les dix hommes pendus, et le corps de Göring amené pour être exposé symboliquement sous la potence, la question cruciale se posait : que faire des corps ? Les Alliés étaient obsédés par une crainte : que les tombes de ces hommes ne deviennent des lieux de pèlerinage pour les néo-nazis.
Nuremberg trials | Summary, Significance, Defendants, History, Judges,  Sentences, & Why They Happened | Britannica

La solution fut une opération de dissimulation totale. Les corps, encore vêtus de leurs derniers habits, furent enveloppés dans des matelas et placés dans des cercueils scellés. Un convoi militaire, lourdement armé et sous haute tension, a quitté Nuremberg avant l’aube, direction Munich.

À leur arrivée, le convoi s’est dirigé vers un crématorium privé en périphérie de la ville. Le bâtiment a été encerclé par des soldats et des chars, les communications coupées. Personne n’avait le droit d’entrer ou de sortir. Toute la journée, les fours ont brûlé. Les officiers alliés présents ont vérifié chaque identité avant que les flammes ne fassent leur œuvre.

Mais l’acte final devait être encore plus définitif. Le soir venu, les cendres ont été collectées dans un conteneur. Dans le plus grand secret, elles ont été transportées vers la rivière Isar. Là, sous le couvert de l’obscurité, les restes des hommes qui avaient voulu dominer le monde ont été dispersés dans l’eau glacée ou, selon d’autres rapports, jetés au vent.

Une Fin sans Trace

Il ne reste rien d’eux. Pas de pierre tombale, pas de mémorial, pas d’ossements. Cette disparition totale était le but ultime du Tribunal de Nuremberg : effacer physiquement ceux qui avaient tenté d’effacer des peuples entiers.

Bien que les procès de Nuremberg aient été critiqués par certains comme étant la “justice des vainqueurs”, remettant en question la légitimité de juges soviétiques dont le propre régime commettait des atrocités, ils ont marqué un tournant. Ils ont établi que les dirigeants ne pouvaient plus se cacher derrière l’immunité de l’État.

La nuit du 16 octobre 1946 reste un moment charnière de l’histoire humaine. Elle nous rappelle que la justice, même imparfaite et parfois brutale dans son exécution, est inévitable. Les corps ont peut-être disparu dans les eaux de l’Isar, mais le souvenir de leurs crimes et de leur châtiment reste gravé à jamais dans la mémoire collective de l’humanité.

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