« Contre un Budget Catastrophe, Nous Allons Renverser Macron » : Manuel Bompard Dévoile la Stratégie Explosive de LFI

L’Offensive Totale : Manuel Bompard Défie Macron et l’Extrême Droite
L’atmosphère politique française est électrique. Entre la bataille pour le budget de la nation, les débats brûlants sur l’indépendance des médias et les tensions identitaires, chaque intervention publique d’un leader de l’opposition devient une déclaration de guerre. Invité sur le plateau de BFMTV, Manuel Bompard, député des Bouches-du-Rhône et figure centrale de La France Insoumise (LFI), a livré une analyse sans concession et a exposé une stratégie offensive claire : provoquer la censure du gouvernement et exiger un changement de cap radical, au-delà de la seule arithmétique parlementaire. Le ton est donné : l’heure n’est plus au compromis, mais à l’affrontement idéologique et politique.
Le Budget 2026 : un « Désaccord Total » et l’Ombre du 49.3
Le point de départ de l’interview est la discussion du budget de la Sécurité sociale et le budget de l’État pour 2026, dont la deuxième lecture s’ouvre à l’Assemblée Nationale. Pour Manuel Bompard, le constat est sans appel : il est « difficilement concevable » que ces budgets trouvent une majorité. Il anticipe donc l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution par le gouvernement, un recours qu’il dénonce avec force, notamment en critiquant l’hypocrisie de ceux, y compris certains députés socialistes, qui avaient célébré la fin du 49.3 pour le réclamer aujourd’hui.
L’opposition de LFI n’est pas uniquement une question de procédure, mais de fond. Bompard détaille les conséquences concrètes et délétères de ces budgets pour les Français. Il pointe du doigt les « plusieurs milliards d’euros d’économie sur les dépenses de santé », à un moment où le système de santé est déjà fragilisé, et le gel des budgets de ministères clés comme celui de la Transition écologique.
Mais c’est l’impact sur le pouvoir d’achat qui alimente le plus sa ferveur. Le député souligne plusieurs mesures qui, selon lui, pénaliseront directement les citoyens :
-
La croissance du pays serait divisée par deux.
-
Des centaines de milliers de personnes paieraient davantage d’impôts sur le revenu.
-
Les retraites ne seraient pas intégralement réindexées sur l’inflation, ce qui signifierait une perte sèche de pouvoir d’achat pour les retraités.
-
La prime de Noël pour les allocataires du RSA serait divisée par deux, une mesure qu’il qualifie de très concrète et inacceptable.
Face à ces enjeux, Bompard assène sa position sans ambages : il souhaite que ce budget soit battu. Pour lui, la seule solution pour avoir « un autre budget » est qu’il y ait « un autre gouvernement ». Il réaffirme sa position de longue date : « Il ne peut pas y avoir de changement de politique dans ce pays sans départ du président de la République. » L’utilisation éventuelle du 49.3 par le ministre Sébastien Lecornu serait ainsi un signal pour la dépose immédiate d’une motion de censure, dans l’espoir, clairement affiché, de renverser le gouvernement.
L’Information, Pilier de la Démocratie : Une Critique Franche de l’ARCOM et de Macron
Le débat s’est ensuite orienté vers les médias, un terrain particulièrement sensible pour La France Insoumise. Interrogé sur la volonté d’Emmanuel Macron de labelliser des médias pour leur respect de la déontologie, Manuel Bompard rejette cette méthode, tout en reconnaissant le problème réel des campagnes de désinformation massives et des « deep fake » qui prolifèrent, y compris les vidéos mensongères dont il a lui-même été victime.
Il propose une alternative : la création d’un Conseil de déontologie dans les médias. Ce conseil devrait être saisi par n’importe quel citoyen témoin d’une pratique non conforme à l’éthique journalistique. Bompard insiste pour que cet organe reste totalement indépendant du gouvernement. Il devrait être composé de professionnels de l’information, de syndicalistes et de représentants de citoyens (élus ou tirés au sort), et il aurait le pouvoir non seulement d’imposer des rectificatifs pour les informations fausses, mais aussi de prendre des mesures de sanction.
Poursuivant sa critique, il cible l’ARCOM (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique). Il se dit « stupéfait du manque d’action » et reproche à l’institution son « manque de courage » face aux multiples dérives, notamment en ce qui concerne la couverture d’une chaîne d’information concurrente. Il rappelle que les chaînes de télévision privées bénéficient d’un canal d’émission en échange du respect d’un cahier des charges, et que ce respect doit être sanctuarisé.
Il qualifie de « scandaleux » les propos de Marine Le Pen suggérant que les chaînes privées ne devraient pas avoir d’obligation de neutralité puisqu’elles sont financées par de l’argent privé. Bompard rappelle avec force que l’information est un des deux piliers de la République, avec l’école, pour former des citoyens éclairés. Il craint qu’une telle logique ne mène la France vers un modèle comme celui des États-Unis, où « ceux qui ont beaucoup d’argent » peuvent s’assurer d’avoir des chaînes valorisant leur point de vue, marginalisant les autres. Enfin, il plaide pour un renforcement de l’indépendance du service public, proposant que ses dirigeants soient élus par les citoyens plutôt que nommés par le pouvoir politique.
L’Antiracisme comme ADN : Réfuter la Diabolisation de LFI

Le moment le plus tendu de l’interview concerne les accusations d’antisémitisme portées contre La France Insoumise, notamment par l’avocat Richard Malka. Celui-ci affirme que LFI aurait une stratégie électorale consistant à « vendre son âme au diable pour conquérir le vote des banlieues » en affichant une « haine des juifs devenue cool et décomplexée. »
Manuel Bompard a balayé ces accusations d’un revers de main, les qualifiant d’« outrance » sans fondement. Il a dénoncé l’implication qu’elles contiennent : l’idée que pour s’adresser à des électeurs de confession musulmane, il faudrait nécessairement faire preuve d’ambiguïté avec l’antisémitisme. Pour le député, cela révèle un « préjugé qui est un préjugé raciste ».
Sur le fond, Bompard rappelle la constance de LFI : le mouvement est fondamentalement antiraciste et lutte « contre toutes les formes de racisme. » Il insiste pour que l’antisémitisme, qu’il qualifie de « fléau » à combattre, soit mis au même niveau que les autres formes de racisme, notamment l’islamophobie, qu’il juge « grandissante ». Il réfute l’idée que l’antisémitisme soit « résiduel » en France, tout en soulignant, chiffres à l’appui, que selon les rapports, ce fléau est « essentiellement représenté à droite et à l’extrême droite de l’échiquier politique. » Il insiste sur le fait que « Personne à la France Insoumise n’a jamais été condamné sur ce sujet », et qu’aucun candidat n’a eu de propos antisémite, soulignant qu’ils seraient immédiatement exclus si c’était le cas.
Violences Politiques : Des Œufs et des Colis Piégés
Abordant le thème de la violence politique, Manuel Bompard a été interrogé sur l’incident de l’œuf jeté sur Jordan Bardella. S’il a d’abord condamné l’acte, affirmant préférer « qu’on combatte l’extrême droite avec des bulletins de vote qu’avec des Å“ufs », il a rapidement recadré le débat en dénonçant l’« indignation à géométrie variable » de l’extrême droite.
Le député LFI a refusé l’idée que « toutes les violences se valent » en rappelant des faits graves : « l’extrême droite, elle tue ». Il a cité des exemples comme l’assassinat d’Isem Mirawoui dans le Var ou de Monsieur Ben Jabala dans le nord, tous deux perpétrés par des militants d’extrême droite. En contrepoint, il a rappelé des menaces plus graves subies par des responsables insoumis – lui-même cible d’un colis piégé à son domicile et le cambriolage du domicile personnel de Jean-Luc Mélenchon – qui n’ont pas suscité la même vague d’indignation chez le Rassemblement National. L’objectif est clair : dénoncer une tentative de dédiabolisation de l’extrême droite par la victimisation, tout en diabolisant les Insoumis.
La Bataille de Paris : La Gauche Face à son Dilemme
Enfin, le député a abordé la question des élections municipales, notamment à Paris. Alors que le Parti Socialiste a clairement exclu toute alliance avec LFI, y compris au second tour, Manuel Bompard a exposé la stratégie de La France Insoumise. Il a rappelé que l’objectif n’est pas de faire perdre le PS, mais de gagner un maximum de villes pour transformer la vie des gens.
Concernant le second tour, il a précisé la marche à suivre en deux temps, insistant sur le principe d’un rassemblement de la gauche :
-
Si LFI arrive en tête de la gauche au soir du premier tour (avec Sophia Chikirou à Paris), le mouvement proposera à toutes les autres listes de gauche de fusionner pour battre la droite et l’extrême droite.
-
Dans les autres configurations, si une autre liste de gauche (socialiste) est en tête, il lui appartiendra de proposer la fusion avec La France Insoumise.
En soulignant que le PS parisien a pour l’heure rejeté toute alliance, Bompard renvoie la responsabilité de la division potentielle sur leurs adversaires à gauche, tout en réaffirmant le principe démocratique que la gauche doit se rassembler au second tour pour l’emporter. L’interview de Manuel Bompard confirme ainsi une ligne politique offensive et sans concession, visant à déstabiliser le pouvoir sur le budget tout en martelant l’identité antiraciste de LFI face à ses critiques et aux manÅ“uvres de l’extrême droite.