855 femmes noires contre Hitler et leur propre armée — L’opération que personne ne devait connaître

Ce témoignage a été écrit par Charity Adams Early entre 2000 et 2001, un an avant sa mort. Pendant 55 ans, elle a garder le silence sur ce qu’elle a vécu en Europe entre février et mai 1945. Voici son histoire. Mon nom est Charity Adams Early. J’ai deux ans et j’écris ceci parce que je sais qu’il ne me reste plus beaucoup de temps.
Pendant 55 ans, j’ai garder ma bouche fermée sur ce qui s’est réellement passé en Europe entre février et mai pas par honte, pas par peur, mais parce qu’on me l’a ordonné. Comme si une femme noire avait besoin d’une raison de plus pour disparaître de l’histoire. Maintenant, avant qu’il ne soit trop tard, je dois raconter parce que nous cinq femmes noires du sept à 96e bataillon postal avons mené deux guerres simultanément.


Une contre Hitler et une autre contre les généraux américains blancs qui priaient pour nous voir échouer. Et personne, absolument personne n’aurait dû savoir que nous existions. Mais nous avons gagné les deux. Ceci est l’opération qu’ils ont tenté d’effacer et ceci est ma voix avant qu’elle ne se perde à jamais. Je suis née en Kitrel en Caroline du Nord dans une maison en bois où le vent sifflait à travers les planches chaque hiver.
Mon père était pasteur méthodiste, ma mère institutrice. Ils m’ont appris que l’éducation était la seule arme qu’on ne pourrait jamais m’arracher. À 22 ans, j’avais déjà un diplôme universitaire et enseignait dans une école pour enfants noirs à Columbia. Je portais des robes propres et repassées. Je marchais la tête haute dans les rues de Birmingham.
Malgré les regards, je croyais que si je travaillais deux fois plus dure, si je me tenais trois fois plus droite, peut-être que ce pays finirait par me voir comme un être humain. Quelle naïveté ! En 1942, quand l’armée a ouvert le Women’s Army Auxiliary Corp aux femmes noires, j’ai vu une opportunité, pas de servir mon pays.
Je n’étais pas assez stupide pour croire qu’il me considérait comme sienne. Mais de prouver quelque chose, de forcer les portes. Je me suis engagé en août 1942 et dès le premier jour au fort des Moines à Iowa, j’ai compris que je m’étais trompé. L’armée américaine n’était pas différente du reste de l’Amérique. Elle était juste l’Amérique avec des uniformes et des armes.
Le 12 février 1945, j’avais 26 ans et le grade de Major, la première femme noire à atteindre ce rang. On m’a convoqué dans un bureau gris du Pentagone où trois colonels blancs m’attendaient le visage fermé comme des porte d’acier. Ils m’ont expliqué le problème. En Europe, le système postal militaire s’était effondré.
Des millions de lettres s’accumulaient dans des hangars, des entrepôts, des écoles abandonnées. Les soldats sur le front ne recevaient plus de nouvelles de leur famille depuis des mois. Le moral s’effondrait, les désertions augmentaient et l’armée, dans son infinie sagesse raciste, avait décidé que 855 noires, toutes affectées à des postes administratifs minables aux États-Unis, allaient être envoyé en Europe pour résoudre ce chaos.
Pourquoi nous ? Parce que personne ne s’attendait à ce que nous réussissions. Parce que si nous échouons, cela prouverait ce qu’il croyait déjà, que les noirs étaient inférieurs. Et si par miracle nous réussissions, il pourrait toujours garder l’opération secrète et s’attribuer le mérite. [Musique] Le colonel Sturdivan, un homme du Kentucky aux yeux comme des éclats de glace, m’a dit en me regardant droit dans les yeux : “Major Adams, je vous donne 6 mois pour traiter un arriéré de dir.
Les hommes blancs ont échoué. Montrez-nous ce que vous pouvez faire.” Son sourire disait clairement qu’il espérait me voir rampé en suppliant d’être renvoyé chez moi. Le 15 février 1945, nous avons embarqué sur un transport militaire depuis le port de New York. femmes noires, la plupart entre et ans, venu de tous les coins du sud sécrégué, Alabama, Georgie, Mississippi, Louisiane.
Il y avait Noël Cambell de la Nouvelle-Orléand qui avait trois frères au front et qui triait les lettres plus vite que quiconque. Il y avait Lena King de Savanna qui avait été domestique chez une famille blanche et qui avait appris à sourire en serrant les dents. Il y avait Dové Johnson de Charlotte qui avait 19x ans et qui pleurait chaque nuit les trois premières semaines.
Et il y avait moi, leur commandante, celle qui devait prétendre savoir ce qu’elle faisait alors que je tremblais à l’intérieur. La traversée de l’Atlantique a duré 11ze jours. Nous dormions dans des couchettes entassées, l’odeur de vomi et de sueur imprégnant chaque centimètre. Les marins blancs nous regardaient comme si nous étions des animaux de cirque.
Certains crachaient sur notre passage, d’autres faisaient des gestes obsènes. J’ai dû imposer un couvre-feu strict. Personne ne sortait seul jamais parce que je savais, nous savions toutes, que pour ces hommes, une femme noire était une proie avant d’être un soldat. Nous sommes arrivés à Birmingham en Angleterre le 26 février 1945.
L’Europe était un continent en ruine. Les villes bombardées ressemblaient à des bouches et dentées. Les bâtiments éventrés exposaient leurs intérieurs comme des cadavres ouverts. L’air sentait la cendre, le métal brûlé et quelque chose de plus profond, la mort elle-même imprégnée dans le sol. On nous a conduite dans un ancien dépôt ferroviaire converti en centre de tripostal.
un bâtiment immense et glacial où notre souffle formait des nuages blancs. Et là, j’ai vu l’impossible. des montagnes de sacs postaux, des pyramides de lettrre entassées jusqu’au plafond, des couloirs entiers bloqués par des milliers de colis non triés, trois ans d’arriéré, 17 millions de lettres, aucun système de classement cohérent, des adresses illisibles, des soldats morts dont les lettres continuaient d’arriver, des régiments entiers déplacés sans que personne ne mette à jour les registres et on nous donnait 6 mois pour démêler
ce cauchemar. Le major blanc qui nous a accueilli, un certain Philips de Pennsylvanie, nous a regardé avec un mélange de mépris et de pitié. Il nous a montré les installations. Pas de chauffage fonctionnel, des toilettes délabrées, des baraquements humides où l’eau suintait des murs. Les unités masculines blanches avaient des poils, des lits décents, des rations complètes.
Nous avions des couvertures trouées et de la soupe froide. Quand j’ai protesté, Philips a haussé les épaules. Vous vouliez l’égalité, major ? Bienvenue à la guerre. Cette nuit-là, j’ai réuniquin femmes dans ce hangar glacial. Leur visage, fatigué, me regardait, attendant que je leur dise quoi faire. J’ai pris une profonde inspiration et j’ai dit la vérité.
Ils veulent que nous échouillons. Ils ont parié sur notre échec. Alors, nous allons leur prouver qu’il se trompe pas pour l’armée, pas pour l’Amérique, pour nous, pour prouver à nous-mêmes ce que nous valons vraiment. Nous avons commencé le travail le lendemain matin à cœur.
J’ai divisé les femmes en équipe de huit, assigné des section spécifiques, créer un système de rotation pour que personne ne s’effondre d’épuisement. Nous travaillons par shift de 18h. Trier, classer, vérifier, rediriger. Mes mains se couvraient de coupures de papier qui ne guérissaient jamais. Mes yeux brûlaient à force de lire des adresses manuscrites sous des lampes faibles.
Mon dos hurlait de douleur chaque soir, mais le pire, ce n’était pas le travail lui-même, c’était l’hostilité constante. Les soldats blancs américains stationnés à proximité nous appelaient ces de la poste. Il sabotaient notre travail, renversait des sacs triés, volaient notre équipement, déconnectait notre chauffage en pleine nuit.
Un soir de mars, six d’entre eux, ivres, ont tenté de forcer l’entrée de nos baraquements. J’ai dû me poster devant la porte avec mon pistolet de service pendant que Lena King allait chercher la police militaire. Les MP blancs sont arrivés une heure plus tard, ont rit avec les agresseurs et sont repartis sans faire de rapport.
J’ai compris ce soir-là que personne ne nous protègerait. Nous étions seuls. Alors, j’ai armé mes femmes. J’ai distribué des matraques improvisées, organisé des patrouilles nocturnes, enseigner les techniques de combat rapproché que j’avais apprise à Fort des Moines. Nous sommes devenus une forteresse et le message est passé. Touché à l’une de nous, vous affrontez les cinqu.
Les lettres elles-mêmes étaient notre propre torture. Chaque enveloppe contenait une vie, un espoir, une prière. Je lisais des mères suppliant leurs fils de rentrer vivants, des épouses annonçant des naissances à des pères qui ne verraient jamais leurs enfants. Des fiancés écrivant à des hommes déjà morts dont les noms apparaissaient sur mes listes de pertes.
Un jour d’avril, Dov Johnson s’est effondré en sanglot en tenant une lettre. L’adresse correspondait à son propre cousin tué à Bastogne troix mois plus tôt. La lettre venait de sa grand-mère, lui promettant un gâteau pour son retour. Dov a dû la renvoyer avec le tampon officiel décédé au combat. Je l’ai trouvé cette nuit-là, assise seule dans le hangar vide, fixant la lettre.
Elle m’a regardé et a dit : “Comment est-ce qu’on continue après ça ? Je n’avais pas de réponse. Je lui ai juste pris la main et je suis restée assise avec elle dans le silence. Mais nous avons continuer parce que c’est ce que nous faisions. Les femmes noires de ce bataillon traitaient en moyenne soixante lettres par jour. Nous avons établi un système de classification révolutionnaire basé sur des codes de couleur que l’armée a ensuite copié pour tout le théâtre européen.
Nous avons retrouvé des milliers de soldats disparus dont les lettres erraient depuis des mois. Nous avons rétabli la communication entre le front et l’arrière. Et lentement, très lentement, les montagnes de sac ont commencé à diminuer. En trois mois, nous avions traité 7 millions de lettres. L’impossible devenait réel.
Et c’est là que les problèmes ont vraiment commencé parce que notre succès était une humiliation pour chaque homme blanc qui avait parié sur notre échec et il n’allait moins pas nous laisser gagner sans se battre. Le deux mai sept jours avant la fin de la guerre en Europe, j’ai reçu un ordre écrit du général de brigade Walter Stanard White, commandant des communications de la zone.
Il exigeait que nous doublions notre production immédiatement, tout en réduisant nos équipes de moitié. C’était mathématiquement impossible et c’était exactement le but. nous mettre en situation d’échec inévitable pour pouvoir dire vous voyez, elles ne peuvent pas suivre. J’ai refusé. J’ai écrit une réponse formelle expliquant que son ordre violerait les protocoles de sécurité et mettrait en danger la santé de mes soldates.
J’ai cité les réglementations militaires. J’ai utilisé son propre jargon contre lui et puis j’ai attendu. La réponse est venue le c mai. Le général White est venu en personne accompagné de quatre MP et du colonel Sturdivan. Ils sont entrés dans le hangar pendant que nous travaillions et White a hurlé hurlé pour que je vienne immédiatement.
Toutes mes femmes se sont arrêtées. Le silence est tombé comme une pierre. J’ai marché vers lui lentement mon uniforme impeccable, mes bottes cirées, ma posture militaire parfaite. Je me suis mise au garde à vous et j’ai salué. Il n’a pas rendu mon salut. White avait le visage rouge de rage. Il m’a dit, et je me souviens de chaque mot comme si c’était hier.
Major Adams, votre insubordination est une honte pour cette uniforme. Vous allez exécuter mes ordre où vous serez traduite en cours martial, vous et toutes vos avec vous. Il a craché le mot comme un poison. Mes huit5 regardaient. Le moment était suspendu comme une lame au-dessus de ma tête. Si je cédais, nous perdions tout.
Si je résistais, il pouvait détruire nos carrières, nous emprisonner, effacer tout ce que nous avions accompli. J’ai senti mes mains trembler, mais ma voix quand elle est sortie était de l’acier pur. Mon général, j’ai dit en le regardant droit dans les yeux, avec tout le respect dû à votre rang, je ne peux pas exécuter un ordre qui met en danger mes soldates et compromet la mission.
Si vous souhaitez me traduire en cours martial pour avoir protégé l’efficacité opérationnelle du simil titon 9e bataillon, je suis prête à accepter les conséquences, mais je ne reculerai pas. Le silence qui a suivi était assourdissant. White est devenu violet. Ses mains se sont serrées en point. Je voyais les MP se rédir, prêt à m’arrêter et puis quelque chose d’extraordinaire s’est produit.
Noël Campbell a fait trois pas en avant et s’est mise à côté de moi au garde à vous puis Lena King, puis Dovy Johnson. Une par une, toutes mes hundante cinquante cinq femmes ont quitté leur poste et se sont alignes derrière moi en formation parfaite, silencieuse, immobile, solidaire. Nous formions un mur noir et fier au milieu de ce hangar glacial.
Et White a compris qu’il ne pouvait pas nous briser, pas sans créer un scandale qui détruirait sa propre carrière. Il est resté là pendant ce qui m’a semblé une éternité, sa mâchoire contractée. Puis il a craché sur le sol à mes pieds et il est parti sans un mot. Le colonel Sturdivan nous a regardé avec quelque chose qui ressemblait presque à du respect ou peut-être juste de la surprise avant de suivre White dehors.
Nous avons gagné mais nous savions toutes que cette victoire aurait un prix. Le mai l’Allemagne a capitulé. La guerre en Europe était terminée. Les soldats blancs célébraient dans les rues, buvant, dansant, embrassant des filles britanniques. Le Simeka Ie bataillon postal a reçu un ordre écrit de continuer le travail sans interruption.
Pas de célébration pour nous, pas de repos, juste plus de lettres. plus de sacs, plus de nom de morts à traiter. Nous avons travaillé toute la nuit du mai pendant que les feux d’artifice éclatit au-dessus de Birmingham. Le lendemain matin, nous avions terminé dix millions de lettres triées et livrées. 3 mois au lieu de 6.
Mission accomplie contre tous les pronostics. J’ai écrit mon rapport final documentant nos méthodes, nos résultats, nos innovations. J’ai recommandé que le système que nous avions développé soit adopté comme standard et puis j’ai attendu la reconnaissance qui devait venir. Elle n’est jamais venue. En juin 1945, le lucing 88e bataillon a été discrètement transféré en France.
puis renvoyé aux États-Unis en février pas de cérémonies, pas de médailles, pas de mention dans les rapports officiels. On nous a dit que notre service était classifié pour des raisons de sécurité nationale. On nous a ordonné de ne jamais parler publiquement de ce que nous avions fait. Quand je suis rentrée à Birmingham à Bama, je portais toujours mon uniforme de major, ma poitrine couverte de ruban de service.
J’ai dû m’asseoir à l’arrière du bus comme n’importe quelle autre négresse. Un homme blanc m’a craché dessus en me disant de retourner à ma place. J’avais commandé 855 en zone de guerre. J’avais tenu tête à des généraux blancs. J’avais résolu un problème logistique que des hommes avaient déclaré impossible.
Et chez moi, je n’étais toujours rien. C’est ce moment-là qui m’a brisé. Pas la guerre, pas les lettres des morts, pas les menaces ou l’hostilité, mais se cracha sur mon uniforme dans un bus de Birmingham. J’ai gardé le silence pendant cinq ans, pas parce que on me l’avait ordonné. Je me fichais de leurs ordres après être rentré.
Mais parce que raconter cette histoire sans reconnaissance officielle semblait inutile, qui me croirait ? Qui croirait que cinquante femmes noires avaient gagné une guerre invisible pendant que les hommes blancs recevaient les lauriers ? Mes propres enfants ne savaient presque rien. Mon mari respectait mon silence.
J’ai vécu une vie normale, enseignante, mère, grand-mère. J’ai participé au mouvement des droits civiques dans les années 60. J’ai vu le mur de Berlin tomber. J’ai vu le nouveau millénaire arriver et chaque nuit avant de m’endormir, je revoyais ce hangar glacial de Birmingham. Mesent cinquante sœurs debout derrière moi face au général White, je revoyais leur visage.
Noël Campbell est morte en 1987 d’un cancer. Lena King en 1995 d’une crise cardiaque, Dovy Johnson vit encore quelque part en Caroline du Nord avec ses propres souvenirs qu’elle garde pour elle. Nous nous sommes dispersés dans l’Amérique d’après-guerre, retournant à nos vies séparées, portant nos secrets comme des pierres invisibles.
Il y a quelques années, un ensemble de dossiers longtemps oubliés du Sisimi 97e bataillon postal a finalement été ouvert par l’armée américaine. Un historien, en les consultant a retrouvé mon nom et m’a téléphoné. Il voulait savoir si c’était vrai, si nous avions vraiment existé, si nous avions réellement accompli ce que ces document laissait entendre. J’ai ri.
Un rire amer qui m’a fait mal à la poitrine et je lui ai dit oui. Tout était vrai, chaque mot. Alors, j’ai commencé à écrire. pas pour la gloire, pas pour la reconnaissance qui arrive trop tard pour avoir de l’importance, mais pour mes 854 sœurs, pour que quelqu’un quelque part sache que nous étions là, que nous étions réels, que nous avons combattu deux guerres et gagné les deux, même si l’histoire a préféré l’oublier.


J’écris ceci à 82 ans. Mes mains arthritiques tenant difficilement le stylo, mes yeux fatigués, lisant à peine mes propres mots. Le cancer avance en moi comme une armée lente et inexorable. Je n’ai plus beaucoup de temps. Mais avant de partir, je veux que vous sachiez quelque chose. Le courage n’est pas ce que les films montrent.
Ce n’est pas un héros blanc chargeant avec un drapeau. C’est cinquante femmes noires triant des lettres dieteur par jour dans un hangar glacial pendant que tout le monde prie pour leur échec. C’est tenir bon quand chaque système est conçu pour vous écraser. C’est se lever chaque matin, sachant que votre succès ne sera jamais reconnu et le faire quand même.
C’est refuser de disparaître même quand on vous ordonne de ne jamais avoir existé. Nous étions là le bataillon postal de femmes noires. Nous avons gagné une guerre que personne ne voulait que nous gagnions. Et je jure sur les tombes de mes sœurs tombées que tant qu’il restera quelqu’un pour lire ces mots, nous ne serons pas oubliés.
Ceci est ma voix. Ceci est notre histoire et elle est enfin libre. Yeah.

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