« 9 minutes » — Le temps que le soldat allemand avait avec chaque prisonnière française en chambre 6

J’avais 20 ans lorsque j’ai appris que le corps humain pouvait être réduit à un chronomètre. Je ne parle pas de métaphore, je parle de quelque chose de littéral, mesuré, répété avec une précision mécanique. 9 minutes. C’était le temps accordé à chaque soldat allemand avant que la suivante ne soit appelée.


Il n’y avait pas d’horloge accroché au mur de la chambre six, aucun cadrant visible. Et pourtant, nous savions toutes avec une exactitude terrible quand ces minutes s’achevaient. Le corps apprend à compter le temps lorsque l’esprit a déjà renoncé à penser. Mon nom est Élise Martilleux. J’ai aujourd’hui ans et c’est la première fois que j’accepte de parler de ce qui s’est réellement passé dans ce bâtiment administratif reconverti en secteur de détention aux abords de CompiNigne entre avril et août 1943.
Presque aucun registre officiel ne mentionne cet endroit. Les rares documents qui en parlent ment. Ils disent qu’il s’agissait simplement d’un centre de tri, un point de passage temporaire vers des camps plus importants. Mais nous, celles qui y avons été, nous savons ce qui se passait vraiment derrière ces murs gris. J’étais une jeune fille ordinaire, fille d’un forgeron et d’une couturière née et élevée à Saintlis, une petite ville située au nord-est de Paris.
Mon père est mort en 1940 pendant la débacle française, écrasé quelque part sur une route bondée de réfugiés. Ma mère et moi avons survécu en cousant des uniformes pour les officiers allemands, pas par choix, mais parce que c’était cela ou mourir de faim dans un pays occupé où chaque morceau de pain se négociait contre sa dignité. J’avais des cheveux chatins qui tombaient jusqu’aux épaules, des mains petites et habiles et je croyais encore avec cette naïveté propre à la jeunesse, que si je gardais la tête baissée, si je ne me faisais pas remarquer, la guerre
passerait à côté de moi sans vraiment me toucher. Mais le 12 avril 1943, trois soldats de la Verre Marte ont frappé à notre porte au petit matin. Le soleil n’était pas encore levé. Ils ont dit que ma mère avait été dénoncée pour avoir caché un poste de radio clandestin. Ce n’était pas vrai. Nous n’avions jamais possédé radio.
Mais la vérité en ces jours sombres n’avait plus aucune importance. Ils m’ont emmené aussi simplement parce que j’étais là, parce que j’avais l’âge, parce que mon nom figurait sur une liste que quelqu’un quelque part avait rédigé dans un bureau froid et anonyme. Nous avons été transportés dans un camion de marchandise avec huit autres femmes. Personne ne parlait.
Le moteur rugissait comme une bête mécanique. La route cauteuse nous secouait sans pitié. Et je tenais la main de ma mère comme si nous étions encore capables de nous protéger l’une l’autre. Nous sommes arrivés au bâtiment vers 10 heures du matin. C’était un édifice gris de trois étages avec des fenêtres étroites et hautes. Une façade qui avait dû être élégante avant la guerre.
Maintenant, elle n’était plus que froide, impersonnelle, vidée de toute humanité. Ils nous ont séparé dès l’entrée. Ma mère a été conduite au deuxième étage, moi au rez-de-chaussée. Je ne l’ai jamais revu. J’ai appris plus tard par une prisonnière qui avait survécu plus longtemps qu’elle était morte du tyus tr semaines après notre arrivée dans une cellule sans ventilation où l’air lui-même semblait putréfié.
Mais à ce moment-là, tandis que la porte se refermait entre nous et que son visage disparaissait derrière le bois sombre, je croyais encore que nous nous retrouverions. Je croyais encore que ce cauchemar prendrait fin. Si vous écoutez cette histoire en ce moment, peu importe l’endroit du monde où vous vous trouvez, sachez qu’elle avait été enterrée pendant plus de six décennies.
Élise n’a parlé qu’une seule fois et c’était pour que nous aujourd’hui puissions enfin entendre ce que les archives officielles ont effacé. Si ce témoignage vous touche, laissez un like, commentez d’où vous regardez ce documentaire. Des histoires comme celle-ci ne survivent que lorsque quelqu’un décide qu’elle mérite d’être rappelée. On m’a placé dans une salle avec 12 autres jeunes femmes. Toutes avaient entre 18 et 25 ans.
Aucune de nous ne savait exactement pourquoi nous étions là, quel crime nous avions prétendument commis pour mériter ce traitement. Certaines avaient été prises avec des tractes de la résistance caché sous leurs manteaux. D’autres, comme moi, se trouvaient simplement au mauvais endroit, au mauvais moment, avec le mauvais nom sur la mauvaise liste.
Une d’entre elles, Marguerite, n’avait que 17 ans à peine. Elle pleurait sans interruption, des sanglots silencieux qui secouaient tout son corps et une femme plus âgée nommée Thérèse essayait de la calmer en murmurant que nous serions bientôt libérés, que ce n’était qu’un malentendu administratif qui serait rapidement résolu, mais Thérèse mentait.
ou peut-être avait-elle simplement besoin de croire elle-même à ce mensonge pour ne pas sombrer dans la folie. En fin d’après-midi, un officier allemand est entré dans la salle. Il n’a pas crié. Il n’en avait pas besoin. Sa voix était calme, presque administrative lorsqu’il nous a expliqué les nouvelles règles avec une froideur bureaucratique glaçante. Il a dit que ce bâtiment servait de point d’appui logistique pour les troupes en transit, que des soldats passaient ici avant de partir vers le front oriental. Ces hommes épuisés qui avaient besoin de repos et de soutien moral avant de retourner dans l’enfer de
la guerre. Il a utilisé exactement ces mots soutien moral. Puis il a précisé que nous les prisonnières serions désignés pour remplir cette fonction. Personne n’a posé de questions. Personne n’a demandé ce que cela signifiait exactement. Mais nous avons tout compris instantanément. Il a continué d’une voix monocorde.
Il a dit qu’il y aurait des rotations, que chaque soldat aurait droit à exactement minutes, que la salle désignée pour cela était la chambre 6 située tout au fond du couloir du rez-de-chaussée. Que toute forme de résistance serait punie par un transfert immédiat vers Ravensbruck, ce nom que nous connaissions toutes, ce camp de concentration pour femmes dont les rumeurs circulaient déjà dans toute la France occupée.
Puis il est sorti, nous laissant seul avec ce silence lourd, suffoquant, étouffant où même l’air semblait avoir peur de circuler. Marguerite a vomi sur le sol de pierres froide. Thérèse a fermé les yeux et s’est mise à prier à voix basse, ses lèvres tremblant sur des mots que je ne pouvais pas entendre. Moi, je suis restée immobile, fixant la porte par laquelle l’officier venait de sortir.
J’essayais de comprendre comment c’était possible, comment le monde avait pu en arriver là, comment des hommes avaient pu décider dans un bureau quelque part que 9 minutes était un temps suffisant pour détruire quelqu’un, pour réduire un être humain à un simple rouage dans une machine de déshumanisation systématique ? Cette nuit-là, aucune de nous n’a dormi.
Nous restions allongés sur nos paillasses, les yeux ouverts dans l’obscurité, écoutant les respirations sacadées des autres, essayant de nous préparer mentalement à ce qui nous attendait. Mais comment peut-on se préparer à l’imp ? Le lendemain matin, les appels ont commencé. Si cette histoire vous bouleverse, sachez qu’elle est l’une des milliers de voix qui ont été réduites au silence. Élise a choisi de parler pour que nous n’oublions jamais.
Avant de continuer, prenez un instant pour réfléchir. Combien d’autres histoires n’ont jamais été racontées ? Combien de femmes sont mortes sans que personne ne connaisse leur nom, leur visage, leurs souffrances ? Ce documentaire existe pour briser ce silence. Ne le laissez pas s’éteindre. La première fois que j’ai entendu mon nom appeler, c’était un mardi matin.
Je me souviens parce que le soleil entrait par une fente dans le mur et je me suis dit comment peut-il encore y avoir du soleil dans un endroit comme celui-ci ? Un garde est venu me chercher. Il m’a fait signe de le suivre sans un mot. Mes jambes tremblaient tellement que j’ai dû m’appuyer contre le mur pour avancer. Les autres filles me regardaient.
Certaines détournaient les yeux, d’autres me fixaient comme si elles essayaient de mémoriser mon visage au cas où je ne reviendrai pas. Le couloir était long, étroit et sentait l’humidité et la sueur froide. Il y avait six portes. La dernière au fond était la chambre 6. Elle était peinte en gris avec une poignée en cuivre usée.
Rien de spécial, rien qui laissait deviner ce qui se passait derrière. Le garde a ouvert la porte et m’a poussé à l’intérieur. Puis il a refermé derrière moi. La pièce était petite, peut-être 3 m sur qu Il y avait un lit de fer étroit contre le mur, une chaise en bois et une fenêtre haute condamnée par des planches. L’odeur L’odeur était ce qui restait le plus longtemps.
Un mélange de transpiration, de peur et de quelque chose de plus ancien, de plus profond. quelque chose que je ne peux toujours pas nommer. Un soldat était déjà là. Il devait avoir 25 ans, peut-être tr blond, le visage marqué par la fatigue. Il ne m’a pas regardé dans les yeux. Il a simplement dit en français approximatif, “Déshabille-toi.” Je ne pouvais pas bouger. Mon corps avait cessé de m’appartenir.
C’était comme si j’étais dehors, en train de me regarder depuis le plafond, en train de voir cette jeune fille de 20 ans qui ne comprenait toujours pas comment elle était arrivée là. Il a répété : “Plus fort cette fois ! Et j’ai obéi. Je ne vais pas décrire ce qui s’est passé ensuite, pas parce que je ne m’en souviens pas.
Je m’en souviens avec une précision qui me hanente encore aujourd’hui, mais parce que certaines choses n’ont pas besoin d’être dites pour être comprise. Ce que je peux dire, c’est que les 9 minutes n’étaient pas une estimation. C’était une règle stricte.
Un autre garde frappait à la porte quand le temps était écoulé et le soldat partait sans un mot, sans un regard en arrière. Je suis restée allongée sur ce lit pendant plusieurs minutes après son départ. Je fixais le plafond. Il y avait une fissure qui ressemblait à une rivière. Je me suis concentrée sur cette fissure pour ne pas penser à ce qui venait de se passer, pour ne pas sentir mon propre corps. Puis la porte s’est rouverte, un autre garde, un autre soldat.
9 minutes encore et encore. Ce jour-là, j’ai compté sep fois. Sep soldats. 7 fois 9 minutes, 63 minutes au total. Mais pour moi, ça a duré une éternité. Quand ils m’ont ramené dans la salle commune, je ne pouvais plus marcher correctement. Thérèse m’a aidé à m’allonger. Elle m’a donné de l’eau. Elle n’a rien dit.
Qu’est-ce qu’elle aurait pu dire ? Marguerite, la plus jeune, a été appelée l’après-midi même. Quand elle est revenue, elle ne parlait plus. Elle s’est assise dans un coin et a fixé le mur pendant des heures. Personne n’a essayé de lui parler. On savait qu’il n’y avait pas de mots pour ça. Les jours suivants se sont fondus les uns dans les autres.
Il n’y avait plus de différence entre le matin et le soir. Juste des appels, des portes qui s’ouvraient, des pas dans le couloir. Et ce nombre neuf. Certaines filles essayèrent de compter combien de fois elles avaient été appelées. D’autres refusèrent de compter. Moi, je comptais pas par choix, mais parce que mon esprit s’accrochait à n’importe quoi qui ressemblait encore à une logique, à un ordre, à quelque chose de mesurable.
Comme si en comptant, je pouvais garder un semblant de contrôle. Mais il y avait quelque chose de pire que les minutes elles-mêmes. C’était la tente. Ne pas savoir quand ton nom serait appelé, entendre les pas dans le couloir et se demander est-ce pour moi cette fois ? voir la porte s’ouvrir et sentir ton cœur s’arrêter jusqu’à ce que tu entendes un autre nom.
Et puis, quand ce n’était pas toi, il y avait cette honte, cette honte terrible de ressentir du soulagement parce que c’était quelqu’un d’autre, parce que tu avais encore quelques heures de répis, quelques heures où ton corps t’appartenait encore. C’est ça, je crois, ce qu’il voulait détruire en nous. pas seulement notre dignité, mais notre humanité elle-même.
Il voulait que nous nous voyons comme des objets, comme des numéros, comme des minutes sur une horloge invisible. Un soir, Thérèse a parlé. Elle a dit qu’elle avait lu avant la guerre qu’il existait des méthodes de torture psychologique où les bourreaux ne touchaient même pas leurs victimes. Ils se contentaient de créer un système où les victimes elles-mêmes finissaient par se détruire.
Elle a dit que c’était ce qu’il faisait avec nous, que la chambre six n’était pas seulement un lieu de violence physique, c’était un lieu de démolition psychologique. Et elle avait raison. Mais ce qu’elle ne savait pas encore, ce qu’aucune de nous ne savait, c’est que même dans un endroit conçu pour nous briser, certaines d’entre nous allaient trouver un moyen de résister.
pas de manière héroïque, pas de manière spectaculaire, mais de manière silencieuse, invisible et pourtant absolue. Il y avait une fille dans notre groupe qui s’appelait Simone. Elle avait 23 ans, des cheveux noirs coupés courts à la garçonne et un regard qui ne cédait jamais, même dans les pires moments. Avant la guerre, elle étudiait la philosophie à la Sorbonne à Paris.
Elle avait été arrêtée en février pour avoir distribué des tractes appelantes à la résistance passive dans les rues du quartier latin. Les autorités allemandes l’avaient interrogé pendant 3 jours avant de la transférer ici dans ce bâtiment gris aux abords de Compi Simon ne parlait pas beaucoup au début.


Elle restait souvent dans son coin, les bras croisés, observant tout avec une attention presque scientifique. Mais un soir, après que nous avons toutes été ramené dans la salle commune, épuisée, brisé, certaines d’entre nous, incapables même de pleurer tant nous étions vidé, Simone s’est levée et s’est assise au centre de la pièce. Elle a attendu que le silence s’installe.
Puis elle a dit quelque chose qui m’a marqué pour toujours, quelque chose qui allait changer la manière dont nous survivrions aux semaines suivante. Elle a dit, “Ils peuvent prendre nos corps, ils peuvent nous enfermer, nous briser, nous utiliser comme des objets. Mais il y a une chose qu’ils ne peuvent pas prendre, ce que nous choisissons de garder à l’intérieur de nous.
” Au début, je n’ai pas compris ce qu’elle voulait dire. J’étais trop épuisée, trop détruite. Mon esprit était engourdi comme si une partie de moi s’était détachée pour ne plus avoir à ressentir la douleur. Mais Simone a continué.
Elle a dit que tant que nous restions capables de nous souvenir de qui nous étions avant cet endroit, tant que nous gardions en nous un fragment de notre identité, de nos rêves, de nos souvenirs, de nos amours, tant que nous refusions de devenir uniquement ce qu’il voulait que nous soyons, il ne pouvaiit pas nous détruire complètement. Elle a dit “Chaque soir, nous allons nous raconter nos vies, pas celle d’ici, pas celle de la chambre six, mais nos vraies vies, celles qu’ils ne connaîtront jamais.
” Et c’est exactement ce que nous avons fait chaque soir quand les gardes nous laissaient enfin tranquilles, quand les pas lourds dans le couloir s’éloignait et que la porte de la salle commune se refermait avec ce bruit métallique sinistre, nous nous rassemblions en cercle sur le sol froid. Certaines s’asseyaient sur leurs paillasses minces, d’autres directement sur les pierres et chacune racontait quelque chose.
Un souvenir d’enfance, un moment de bonheur, un rêve qu’elle avait eu, un livre qu’elle avait aimé, un plat que sa mère ou sa grand-mère préparait le dimanche, une chanson qu’elle freedonnait en travaillant, n’importe quoi. tant que c’était à nous, tant que c’était quelque chose qu’il ne pouvait pas nous enlever, quelque chose qui existait en dehors de ces murs. Marguerite, la plus jeune d’entre nous, celle qui avait 17 ans à peine et qui pleurait encore parfois la nuit en appelant sa mère dans son sommeil, a raconté comment elle avait appris à nager dans la rivière près de son
village en Bretagne. Elle nous a décrit l’eau froide sur sa peau, le soleil de juillet qui faisait briller la surface comme des milliers de diamants. Le rire de son frère aîné qui lui criait des encouragements depuis la berge. Pendant qu’elle parlait, ses yeux s’illuminaient.
Pour un instant, elle n’était plus cette fille terrorisée et brisée. Elle était redevenue l’enfant insouciante qui jouait dans l’eau claire. Thérèse, la femme plus âgée qui priait constamment, a parlé de son mari, un instituteur de village qui lui lisait des poèmes de Verline et de Rimbot le soir à la lumière d’une lampe à huile. Elle nous a récité des verses entiers qu’elle connaissait par cœur et sa voix tremblait d’émotion en prononçant ces mots qui lui rappelaient un temps où l’amour existait encore, où la beauté était possible.
Une autre fille, Louise, qui avait les mains abîmées par le travail dans les champs et qui venait d’un village près de Rouan, a chanter une berceuse que sa grand-mère lui chantait quand elle était petite. Sa voix était douce, fragile, presque cassée, mais elle a chanté jusqu’au bout. Et quand elle a terminé, nous avions toutes les larmes aux yeux.
pas de tristesse, mais de quelque chose de plus profond, de gratitude, peut-être pour ce moment de beauté au milieu de l’horreur. Et moi, moi, j’ai raconté la forge de mon père. Mon père était forgeron à Saintlis. Il avait un petit atelier à l’arrière de notre maison, un espace rempli d’outils qui brillaient dans la lumière du feu avec une enclume massive au centre et un soufflet qui ronflait comme un animal vivant.
Quand j’étais petite, avant que la guerre ne vienne tout détruire, mon père m’emmenait souvent avec lui dans la forge. Il me laissait m’asseoir sur un petit tabouret en bois près du feu pendant qu’il travaillait. J’adorais regarder le métal rougir sous la chaleur intense, se transformer progressivement, devenir malléable, prêt à être façonné. Mon père prenait le métal incandescent avec ses pinces, le posait sur l’enclume et frappait avec son marteau dans un rythme régulier, précis, presque musical.
Chaque coup raisonnait dans l’atelier et peu à peu, le métal prenait forme. Il devenait une grille, un fer à cheval, une serrure, un outil. Mon père me disait toujours avec ce sourire patient qu’il avait Ét facilement. Il plie sous la pression. Il résiste. Il se déforme parfois mais il ne se brise pas. Et même quand il semble complètement détruit, même quand il est tordu et inutilisable, on peut toujours le reforger.
On peut lui redonner une forme, le faire à une mémoire. Tu vois, il se souvient de ce qu’il était avant. À l’époque, je ne comprenais pas vraiment ce qu’il voulait dire. J’étais trop jeune. Je hochais simplement la tête et je continuais à regarder les flammes danser. Mais dans cette salle, au milieu de ses filles brisées, de ses corps meurtris et de ses âmes déchirées, j’ai enfin compris. Nous étions comme ce faire.
On nous frappait, on nous tordait, on nous déformait, mais nous ne cassions pas complètement. Pas tant que nous gardions en nous cette mémoire de ce que nous avions été. Pas tant que nous refusions d’oublier. Les semaines ont passé et nos cercles du soir sont devenus notre rituel sacré.
C’était la seule chose qui nous appartenait vraiment dans ce lieu où tout nous avait été arraché. Nos vêtements, notre dignité, notre liberté. Tout cela il l’avait pris. Mais nos histoires, nos souvenirs, nos voix, cela restait nôtre. Simon qui avait lancé cette tradition nous racontait souvent des passages de livres qu’elle avait lu. Elle avait une mémoire extraordinaire. Elle pouvait réciter des pages entières de Camu, de Sartre, de Beauvoir.
Elle nous parlait de philosophie, d’existentialisme, de la liberté intérieure qui existe même quand la liberté physique a disparu. Un soir, elle nous a parlé du mythe de Cisif. Elle nous a expliqué comment cisif, condamné par les dieux à pousser éternellement un rocher en haut d’une montagne pour le voir redescendre à chaque fois trouvait quand même un sens à son existence.
Elle a dit : Camu écrit qu’il faut imaginer cisif heureux. Pas parce que sa tâche a un sens, mais parce qu’il choisit d’y trouver un sens, parce qu’il refuse de laisser les dieux lui voler sa dignité intérieure. Je me souviens avoir pensé que nous étions comme cisifs. Chaque jour, nous montions cette montagne impossible.
Chaque jour, le rocher redescendait. Mais chaque soir, dans ce cercle, nous choisissions de nous souvenir que nous étions plus que nos souffrances. Un jour, quelque chose d’étrange et de profondément troublant s’est produit. Un soldat est entré dans la chambre six comme d’habitude.
J’étais allongé sur le lit de fer étroit, le corps tendu, l’esprit déjà détaché, prête à m’envoler mentalement vers un autre endroit pendant ces 9u minutes interminables. Mais cette fois, il n’a rien fait. Il ne s’est pas approché. Il ne m’a pas touché. Il s’est simplement assis sur la chaise en bois dans le coin de la pièce et il a gardé le silence. Je ne comprenais pas.
Mon cœur battait à tout rompre. J’avais peur, plus peur peut-être que lorsque les choses suivaient leur cours habituel. Parce que je ne savais pas ce que cela signifiait. Était-ce un jeu cruel ? Allait-il être pire ensuite ? Allait-il me punir pour quelque chose que j’ignorais ? Mais il est resté assis. Il regardait le mur ou peut-être le plafond. Je ne sais pas.
Lesu minutes se sont écoulées dans un silence presque insoutenable. Puis le garde a frappé à la porte et le soldat est sorti sans un mot, sans un regard vers moi. J’étais confuse, terrifiée. Je ne savais pas quoi penser. Mais il est revenu le lendemain et encore le surlendemain. À chaque fois la même chose.
Il entrait, il s’asseyait, il restait silencieux. Puis il partait quand le temps était écoulé. Au troisième jour, j’ai osé lever les yeux vers lui. Je l’ai vraiment regardé pour la première fois. Il devait avoir 25 ans, peut-être 26, des cheveux blonds coupés courts, un visage marqué par la fatigue et par quelque chose d’autre.
Une sorte de tristesse profonde qui creusait ses traits. Ses mains tremblaient légèrement. Au 5ème jour, il a parlé. D’abord en allemand, des mots que je ne comprenais pas. Puis il s’est repris et a essayé en français. avec un accent lourd et des phrases hésitantes. Il a dit, “Je suis désolé.” Je n’ai pas répondu.
Qu’est-ce que j’aurais pu dire ? Qu’est-ce que des excuses pouvaient changer à ce qui se passait ici, à ce que tous ces autres hommes faisaient à nous toutes jour après jour ? Il a continué, malgré mon silence. Il a dit qu’il avait une sœur qui avait mon âge, qu’elle vivait près de Munich, qu’il pensait à elle chaque fois qu’il entrait dans cette pièce, qu’il ne savait pas comment il était devenu ce genre d’homme, comment il avait pu accepter de participer à ce système monstrueux.
Il a dit qu’il avait été envoyé sur le front oriental, qu’il avait vu des choses terribles là-bas, que la guerre transformait les hommes en monstres. Je l’ai écouté sans rien dire. Une partie de moi voulait hurler. voulait lui cracher au visage, voulait lui dire que ses excuses ne valaient rien, qu’il était complice, qu’il aurait pu refuser, qu’il aurait pu faire quelque chose.
Mais une autre partie de moi, une autre partie voyait un être humain brisé devant moi, pas brisé comme nous l’étions, pas de la même manière, pas avec la même souffrance, mais brisé quand même. Pris au piège dans un système qui le dépassait, qui nous dépassait tous. Je ne l’ai jamais pardonné. Je veux que ce soit absolument clair.
Ce qu’il a fait, ce que tous ces hommes ont fait était impardonnable. Rien ne peut justifier ce qui s’est passé dans cette chambre, dans ce bâtiment, dans tous ces lieux à travers l’Europe où des femmes ont été réduites à des objets pour le soutien moral de soldats.
Mais ce jour-là, en le regardant vraiment pour la première fois, j’ai compris quelque chose d’important, quelque chose qui m’a pris des décennies à accepter pleinement. Ils étaient eux aussi pris dans un système, un système immense, bureaucratique, déshumanisant qui transformait des êtres humains en machines, en numéro, en minutes, en rouage d’une mécanique de destruction massive.
Et ce système ce système était plus grand, plus puissant, plus dangereux que n’importe lequel d’entre nous. Dans nos cercles du soir, j’ai fini par raconter cet épisode aux autres filles. Simon m’a écouté attentivement, puis elle a dit quelque chose que je n’oublierai jamais. Elle a dit, “C’est exactement ce que Anna Harent appellerait la banalité du mal. Ce ne sont pas toujours des monstres qui commettent les pires atrocités.
Ce sont des gens ordinaires qui obéissent à des ordres, qui cessent de penser par eux-mêmes, qui se laissent transformer en instrument d’un système qui les dépasse. Thérèse a secoué la tête. Elle a dit qu’elle ne pouvait pas accepter ça, que chaque homme avait une conscience, un choix, une responsabilité. Et je comprenais son point de vue aussi. La vérité, je crois, se trouve quelque part entre les deux.
Oui, chaque personne a une responsabilité individuelle, mais les systèmes totalites sont conçus précisément pour écraser cette responsabilité, pour la diluer dans une chaîne de commandement où personne ne se sent vraiment coupable parce que chacun ne fait que obéir aux ordres. C’est la leçon la plus terrible que j’ai apprise dans ce bâtiment.
Que l’horreur n’a pas toujours besoin de monstres pour exister. Elle a juste besoin de gens ordinaires qui regardent ailleurs, qui obéissent, qui se taisent. En juin 1943, quelque chose a commencé à changer. Les appels sont devenus moins fréquents.
Les troupes allemandes se déplaçaient massivement vers l’est, vers le front russe qui était en train de se transformer en un gouffre dévoreur d’homme. Le bâtiment perdait progressivement son importance stratégique. Certaines filles ont été transférées ailleurs vers des camps de travail ou vers des destinations inconnues.
D’autres, comme la pauvre Marguerite sont mortes de maladie, de malnutrition ou simplement d’avoir abandonné toute volonté de vivre. Mais même dans ces dernières semaines, nous avons continué nos cercles. Même quand nous n’étions plus que sept, puis c puis trois, nous avons continué à nous raconter nos histoires, à garder vivante cette flamme intérieure qui était tout ce qui nous restait.
Simon disait que c’était notre acte de résistance le plus puissant. Pas de la résistance armée, pas de la résistance spectaculaire, mais de la résistance existentielle. Refuser d’être réduite à ce qu’il voulait que nous soyons. Maintenir notre humanité intacte au cœur même de la déshumanisation. Et elle avait raison.
Dans la chambre 6, pendant ces 9 minutes répétées à l’infini, ils essayaient de nous détruire. Mais dans nos cercles du soir, nous nous reconstruisions minute après minute, histoire après histoire, souvenir après souvenir. Nous étions le faire de mon père, frappé, tordu, déformé, mais pas brisé, jamais complètement brisé parce que nous nous souvenions, parce que nous refusions d’oublier qui nous étions vraiment.
Et c’est cette mémoire-là qu’il ne pouvait pas nous prendre. Après la libération, je suis retournée à Saintlis. Mais ce n’était plus ma maison. Ce n’était plus rien de ce que j’avais connu avant la guerre. Ma mère était morte. Mon père aussi depuis longtemps déjà, emporté en 1940 pendant la débacle française.
La petite maison où j’avais grandi avec son jardin à l’arrière et la forge de mon père dans la pentille avait été pillée. Les meubles avaient disparus. Les outils de forgeron avaient été volés, même les photos de famille accrochées au mur, ses précieux souvenirs en noir et blanc avaient été arraché. Il ne restait rien, absolument rien de ma vie d’avant. Je me souviens d’être resté debout devant cette maison vide pendant une heure entière.
J’étais incapable de bouger, incapable de pleurer même. Mon corps était là, physiquement présent, mais mon esprit était encore ailleurs. Une partie de moi était restée dans ce couloir gris, dans cette chambre avec le lit de fer. Dans ces 9 minutes qui ne finissaient jamais vraiment, une voisine âgée, madame Rousseau, m’a vu et m’a invité à entrer chez elle. Elle m’a donné du thé chaud et du pain racis.
Elle m’a regardé avec cette pitié que je verrais tant de fois par la suite dans les yeux des gens. Cette pitié mêlée de malaise parce qu’il ne savait pas quoi dire, parce qu’il ne pouvait pas comprendre ce que nous avions vécu. Elle m’a demandé où j’avais été. J’ai dit à Compiègne dans un bâtiment.
Elle a hoché la tête comme si elle comprenait. Mais je voyais bien qu’elle ne comprenait rien. Comment aurait-elle pu ? J’ai vécu chez ma tante Jeun Viè pendant quelques mois. Elle habitait dans un village voisin. Ma tante était gentille mais distante. Elle ne savait pas comment me parler.
Elle marchait autour de moi comme si j’étais fragile, comme si j’allais me briser au moindre mots. Les nuits étaient les pires. Je ne dormais presque jamais. Quand je fermais les yeux, je revoyais tout. le couloir, la porte grise, les visages des soldats et surtout je revoyais les autres filles. Marguerite qui pleurait, Thérèse qui priait, Simone qui parlait de résistance. Toutes ces voix raisonnaient encore dans ma tête. Je me réveillais en sueur, le cœur battant.
Parfois, je criais, ma tante accourait et me trouvait recroquevillée dans un coin tremblante. Elle ne m’a jamais demandé ce qui s’était passé et je ne lui ai jamais dit. En 1946, j’ai trouvé du travail dans une usine textile. Je cousais des vêtements du matin au soir dans un atelier bruyant. Le travail m’aidait.
Tant que mes mains bougeient, je n’avais pas à penser. C’était une manière de tenir la folie à distance. Les autres ouvrières parlèent parfois de la guerre. Elles racontaient où elles avaient été, ce qu’elles avaient aperdu. Mais moi, je ne parlais jamais. Quand elles me posèrent des questions, je répondais vaguement. J’étais dans un centre de détention.
Personne n’insistait. Certaines choses étaient trop douloureuses pour être dites. En 1947, j’ai rencontré Henry. Il travaillait comme mécanicien dans un garage. C’était un homme calme avec des mains habiles et un regard doux. Nous nous sommes rencontrés dans une boulangerie. Il m’a souri. J’ai souri en retour.
Un sourire hésitant comme si j’avais oublié comment faire. Nous avons commencé à nous voir. Il m’emmenait marcher dans les vieilles ruelles de Sley. Il ne posait jamais de questions sur mon passé. Et moi, je ne posais jamais de questions sur le sien. Nous étions deux rescapés qui essayant de reconstruire quelque chose sur des fondations brisées.
Henry était patient, terriblement patient. Quand je me réveillais en pleine nuit en criant, il me prenait dans ses bras et attendait que les tremblements s’arrêtent. Il ne demandait jamais pourquoi. Il restait juste là, présent, solide. Nous nous sommes mariés en mai dans une petite cérémonie à la mairie. Pas de grande fête, pas de musique, juste une signature et un baiser timide sur les marches.
Nous avons eu deux enfants. Marie est née en 1950 et Jacques en 1953. Je les ai aimé. Mon Dieu, je les ai aimé avec une intensité qui me faisait parfois peur. Quand j’ai tenu Marie pour la première fois, j’ai pleuré. Pas de tristesse mais de soulagement. Cette petite vie innocente était la preuve que quelque chose de beau pouvait encore exister, que malgré toute l’horreur, il était possible de créer de l’amour, de l’espoir. J’ai été une bonne mère.
Du moins, j’ai essayé. Je les ai nourris, habillé, éduqué. J’ai chanté des berceuses. J’ai fait tout ce qu’une mère est censée faire. Mais il y avait toujours cette distance, cette barrière invisible entre moi et le reste du monde. Une partie de moi était restée dans ce couloir et elle ne revenait jamais complètement.
Marie, à quinze m’a demandé un jour : “Maman, pourquoi tu ne souris jamais vraiment ?” J’ai été incapable de répondre. Comment expliquer que le sourire authentique avait été arraché de moi il y a des années dans un endroit dont elle ne connaîtrait jamais l’existence ? Henry est mort en 1989, Cancer du poumon.
Pendant les dernières semaines, il m’a demandé si j’avais été heureuse avec lui. J’ai dit oui. Et ce n’était pas un mensonge, mais ce n’était pas toute la vérité non plus. Henry avait été bon. Il m’avait donné une maison, des enfants, une vie stable. Mais le bonheur, le vrai bonheur que j’avais connu avant, celui-là ne m’était jamais revenu.
Comment expliquer que vous avez passé toute votre vie à essayer d’oublier quelque chose que votre corps refuse d’oublier ? Que même dans les moments les plus doux, il y avait toujours une ombre. Toujours ce chiffre 9. Après la mort d’Henry, je me suis retrouvée seule. Mes enfants étaient adultes, mariés, avec leur propre vie. Je vivais dans un petit appartement au centre de Senley.
De ma fenêtre, je voyais la cathédrale et les vieilles ruelles où j’avais grandi. Les années ont passé dans une sorte de brouillard. Je me levais, je faisais mes courses, je regardais la télévision, des gestes quotidiens rassurants dans leur banalités. Mais la nuit, les rêves revenaient toujours. Le couloir, la porte, les minutes.
Même à ans, même à 80 ans, mon corps se souvenait. Pendant toutes ces décennies, je n’ai parlé à personne de ce qui s’était réellement passé. Pas à mes enfants, pas à Henry. Je pensais que si je n’en parlais pas, ça finirait par disparaître. Mais le temps n’efface rien. Le temps enterre, il recouvre. Mais il ne guérit pas. Les blessures restent là sous la surface.
Un simple bruit, une porte qui claque. Et soudain, j’avais à nouveau 20 ans. En 2009, 66 ans après ma libération, une jeune historienne est venue me voir. Elle s’appelait Claire Dufren elle faisait des recherches sur les centres de détention improvisés pendant l’occupation. Elle avait trouvé mon nom dans un registre incomplet aux archives nationales. Elle voulait savoir si j’accepterai de témoigner.
J’ai d’abord refusé. J’avais 84 ans. Mes mains tremblaient. Pourquoi rouvrir cette plaie après avoir passé toute ma vie à essayer de la fermer ? Mais Claire est revenue. Elle m’a dit “Si vous ne parlez pas, personne ne saura. Et si personne ne sait, c’est comme si ça n’avait jamais existé.
Ces femmes méritent qu’on se souvienne d’elle. Et j’ai réalisé qu’elle avait raison. Marguerite, Thérèse, Simone, Louise. Toutes ces filles méritaient d’être rappelées. Elles méritait que quelqu’un dise “Ellelles étaient là, elles ont existé, elles ont souffert, elles ont résisté. Alors, j’ai accepté.” L’entretien a eu lieu dans mon petit appartement à Slis sur deux après-midis de novembre 2009.
Claire a installé une caméra sur un trépied. Elle m’a posé des questions et pour la première fois en 64 ans, j’ai parlé. Je lui ai raconté la chambre, les minutes, les visages des filles, les noms que j’avais essayé de ne pas oublier.
Je lui ai parlé de Simone et de ses cercles de récit, de Marguerite qui ne parlait plus, de Thérèse qui priait même quand elle ne croyait plus en rien. Et je lui ai parlé de ce soldat, celui qui s’asseyait en silence, celui qui avait dit “Je suis désolé.” Claire m’a demandé si je lui avais pardonné. J’ai répondu non parce que pardonner pour moi aurait signifié accepter que ce qui s’était passé pouvait être effacé.
Et ça ne peut pas, ça ne doit pas. Mais j’ai aussi dit que je comprenais quelque chose de plus large maintenant, que la guerre ne transforme pas seulement les victimes, elle transforme aussi les bourreaux. et que tant que nous, en tant qu’humanité, continuerons à construire des systèmes où des êtres humains peuvent être réduits à des chiffres, à des minutes, à des objets, rien ne changera vraiment.
4 ans après cet entretien, je suis tombée malade. Cancer des eaux. Les médecins m’ont dit que je n’avais plus beaucoup de temps, quelques mois, peut-être un an. Marie, ma fille, est venue me voir à l’hôpital. Elle pleurait. Elle m’a demandé pourquoi je ne lui avais jamais parlé de tout ça, pourquoi j’avais porté ce fardeau seul pendant si longtemps.
Je lui ai dit que je ne voulais pas qu’elle grandisse avec cette ombre, que je voulais qu’elle connaisse un monde où ces choses appartenaient au passé. Mais maintenant, j’ai compris que le silence ne protège personne, que le silence, en fait, permet à ces choses de se reproduire. Je suis morte le 18 mars 2013 dans une petite chambre d’hôpital. à Compienne, pas loin de l’endroit où tout avait commencé soit ans plus tôt.
Mais avant de partir, j’ai fait une demande à claire. Je lui ai demandé de s’assurer que cet enregistrement ne disparaisse pas, que quelqu’un quelque part l’écoute, que les 9u minutes de la chambre 6 ne soient pas effacé de l’histoire.
Aujourd’hui, si vous écoutez ce témoignage, c’est parce que Claire a tenu sa promesse, parce qu’elle a refusé de laisser nos voix se perdre. Je ne sais pas ce que vous ressentirez en entendant cette histoire. Peut-être de la colère, peut-être de la tristesse, peut-être même de l’incrédulité. Comment des êtres humains ont-ils pu faire ça à d’autres êtres humains ? Mais si je peux vous laisser avec une seule chose, c’est ceci. Nous ne sommes pas que ce qui nous arrive.
Nous sommes aussi ce que nous choisissons de garder, ce que nous choisissons de transmettre, ce que nous refusons d’oublier. Dans la chambre 6, pendant 9 minutes à la fois, ils ont essayé de nous réduire à rien. Mais nous avons gardé nos noms, nos histoires, nos souvenirs et maintenant des décennies plus tard, vous les entendez. Ça, il ne pouvait pas nous le prendre. Ça, personne ne pourra jamais nous le prendre.
Cette histoire n’est pas qu’un témoignage du passé, c’est un avertissement pour l’avenir. Élise Martrieux a porté le poids de 9 minutes pendant 64 ans. Un fardeau si lourd qu’elle a préféré le silence plutôt que de revivre cette douleur.
Mais avant de partir, elle a choisi de briser ce silence, pas pour elle, mais pour toutes celles qui n’ont jamais eu cette chance. Pour Marguerite, morte à dix ans, pour Thérèse qui priait jusqu’au dernier souffle. Pour Simone qui refusait d’abandonner son humanité. Leur voix ne peut raisonner aujourd’hui que si vous acceptez de les écouter, de les porter, de les transmettre.
Si cette histoire vous a touché, si elle a éveillé en vous quelque chose, de la colère, de la tristesse, de la révolte, fait ou simplement une prise de conscience. Alors, ne laissez pas mourir ici. Abonnez-vous à cette chaîne pour que d’autres témoignages comme celui-ci puissent continuer à exister. Activez la cloche pour ne manquer aucun documentaire. Laissez un like si vous pensez que ces histoires méritent d’être racontées et surtout prenez un instant pour écrire dans les commentaires d’où regardez-vous ce documentaire ? Qu’est-ce que l’histoire d’Élise a réveillé en vous ?
Quelles leçons gardez-vous de ces minutes qui ont marqué une vie entière ? Nous vivons dans un monde où il est facile d’oublier, où l’histoire se dissou dans le bruit constant de l’actualité, où les souffrances du passé deviennent des statistiques froides dans des livres poussiéreux. Mais Élise n’était pas une statistique.
Elle était une jeune fille de 20 ans qui aimait regarder son père forger le métal. Elle était une mère qui a chanté des berceuses à ses enfants. Elle était une femme qui a survécu à l’impensable et qui a choisi au crépuscule de sa vie de confier sa vérité au monde. Ce choix n’a de sens que si chacun décide de l’honorer.
Alors, partagez cette vidéo, parlez-en autour de vous, écrivez un commentaire même court, même simple, parce que chaque voix qui se lève pour dire “Je me souviens” est une victoire contre l’oubli. Et l’oubli, c’est exactement ce qu’il voulait. Que ces femmes disparaissent, que leurs neuf minutes s’effacent de l’histoire.
Mais tant qu’il y aura des gens pour écouter, pour se souvenir, pour transmettre, elles resteront vivantes.

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