« Criminel économique tellement lâche » : La fureur anti-Hollande et le chaos de l’Assemblée sur la nationalisation d’ArcelorMittal

« Criminel économique tellement lâche » : La fureur anti-Hollande et le chaos de l’Assemblée sur la nationalisation d’ArcelorMittal


Le Parlement, Champ de Bataille de la Souveraineté Industrielle

 

L’enceinte de l’Assemblée nationale, lieu de la souveraineté populaire, a récemment été le théâtre d’une confrontation politique d’une violence rare, éclipsant le débat de fond sur l’avenir industriel de la France. Le sujet, pourtant crucial – la proposition de loi visant à la nationalisation de l’aciériste ArcelorMittal – a rapidement dégénéré en un règlement de comptes spectaculaire, illustrant la fracture idéologique et la rancœur historique qui minent le pays. Entre les invectives cinglantes, les accusations de trahison et la panique des dogmatiques, le sort des ouvriers est devenu l’otage d’un « vieux théâtre vraiment minable », selon les termes mêmes des critiques. Ce qui se jouait là n’était pas seulement le cas d’une entreprise, mais la question fondamentale du modèle économique national : doit-on faire confiance au marché ou reprendre « la main sur notre destin » ?

L’Attaque Ad Hominem : Hollande, le « Criminel Économique » de Florange

 

Le moment le plus incandescent de la séance fut sans conteste l’intervention du député Jean-Philippe Tanguy, dont les paroles se sont abattues comme un couperet sur l’opposition. Visant directement les socialistes et, par extension, l’aile libérale du pouvoir, Tanguy a déterré le souvenir encore brûlant de la trahison de Florange, survenue il y a seulement dix ans.

C’est l’ancien Président François Hollande qui fut la cible d’une attaque ad hominem d’une gravité exceptionnelle, qualifié de « criminel tellement lâche » et de « criminel économique » pour avoir menti aux ouvriers et laissé fermer des hauts fourneaux. Cette accusation, qui dépasse le simple désaccord politique pour atteindre l’injure pénale, a immédiatement provoqué une riposte indignée. Des collègues ont jugé ces propos « indignes » de l’institution républicaine et une « honte » pour la représentation nationale.

Au-delà de l’outrage, cette violence verbale cristallise la rancune tenace du monde industriel face à l’abandon. Tanguy a souligné que l’ancien président, « un criminel économique tellement lâche », n’osait même pas revenir « sur les lieux de son crime ». Pour une partie de l’opposition, ce sont les socialistes, qui ont pourtant été réélus (en grande partie grâce aux voix qui portent aujourd’hui la nationalisation), qui ont trahi les ouvriers en offrant ArcelorMittal à des intérêts étrangers. Pour ces intervenants, il est essentiel d’« oublier la misquinerie, la violence, le misérabilisme » de leurs opposants pour ne penser qu’au « bien de la France et aux mérites des ouvriers ». Cette rhétorique place les nationalistes et les Insoumis en sauveurs autoproclamés de la cause ouvrière, face à des « socialistes de gauche » et à des « socialistes du RN » (selon le Ministre) qui se feraient concurrence sur le terrain populiste.

La Panique des Néolibéraux : La Nationalisation, un « Miroir aux Alouettes »

 

De l’autre côté de l’hémicycle, la proposition de nationalisation a été accueillie avec un mélange de panique et de mépris, notamment de la part de l’exécutif et de la majorité. Les opposants à la nationalisation ont dénoncé un « bal des faux-c… » et une « surenchère » entre des forces politiques qu’ils qualifient de « socialistes de gauche » et de « socialistes du RN », jouant sur les peurs et les espoirs des travailleurs.

Pour les néolibéraux « les plus dogmatiques de cette Assemblée nationale », la nationalisation d’ArcelorMittal n’est qu’un « miroir aux alouettes », une « vieille pièce de théâtre minable » qui ment aux salariés. Leur argumentaire, qui se veut rationnel et économique, est sans appel :

  • Absence de solution économique : La nationalisation ne va pas magiquement « augmenter la demande intérieure en acier », ni « régler les problèmes de concurrence déloyale » ou « booster l’investissement ».

  • Coûts et inefficacité : L’État ne peut pas résoudre les problèmes structurels de l’entreprise par un simple changement de propriété. Les enjeux sont globaux (coûts énergétiques, concurrence internationale, nécessité de décarbonation) et dépassent la portée d’un décret de nationalisation.

  • Accusation de cynisme : Les tenants du marché accusent leurs adversaires de « surfer sur le malheur des salariés » et de les prendre pour des « idiots » en leur promettant un salut magique.

Le Ministre, interpellé sur sa légitimité, a répliqué en se défendant d’être moins connu que ses adversaires qui passent leur temps sur les plateaux télévisés, vantant son bilan concret – neuf usines sortant de terre dans sa circonscription – face à l’inaction des élus du Rassemblement National. Cette défense met en opposition l’action concrète du pouvoir central face au « délire de persécution » et aux « ingérences » de l’opposition.

Le Projet de Reprise en Main : Contre le « Péché Originel » Industriel

 

Face à cette critique acerbe, les partisans de la nationalisation, menés par des figures du Rassemblement National et de La France Insoumise, ont défendu un projet d’une tout autre nature, centré sur la souveraineté industrielle et la dignité ouvrière. Leur riposte est à la fois idéologique et factuelle.

Premièrement, ils soulignent que la nationalisation est une proposition portée non par les partis, mais par les travailleurs eux-mêmes depuis plus de deux ans. Leurs propositions ne sont donc pas un mensonge, mais l’écho du cri des ouvriers.

Deuxièmement, ils dénoncent la politique libérale du pouvoir en place depuis huit ans comme la seule responsable du « désastre industriel » français : « la chute des investissements productifs, la destruction de l’acier […] c’est le pouvoir qui est là depuis huit ans qui a entraîné tout cela ». Ils accusent le bloc central d’avoir « détruit l’emploi industriel » et « appauvri les travailleurs », augmentant le nombre de salariés au SMIC.

Pour eux, la nationalisation est une nécessité vitale :

  • Protection sociale : Elle permettrait d’éviter le coût social de la destruction de potentiellement 80 000 emplois liés à la filière.

  • Indépendance nationale : Elle mettrait fin à la perte de l’indépendance et de la souveraineté industrielle.

  • Maîtrise financière : Elle stopperait le versement de « plusieurs centaines de millions d’euros d’aides publiques par an » à fonds perdu, sans aucune maîtrise stratégique.

Le débat s’est ensuite tourné vers un « péché originel » de la politique industrielle française : le démantèlement de la Compagnie Générale d’Électricité dans les années 80. Cet acte symbolique est considéré comme l’effondrement de la confiance accordée aux ouvriers au profit de la seule logique de marché. Le modèle à suivre n’est pas celui des « oligarchies » ou des figures libérales étrangères, mais la « reprise en main de notre destin » par ceux qui ont « les mains propres mais qui n’ont pas de main », à savoir ceux qui préfèrent « raisonner » plutôt que de « décider ».

Au-Delà des Affrontements Symboliques

 

La virulence des échanges, rythmée par les accusations de corruption, de trahison et d’inaptitude, masque mal un malaise plus profond : l’incapacité collective de la France à définir une stratégie industrielle cohérente et durable.

Ce débat met en évidence une polarisation croissante : d’un côté, ceux qui prônent l’interventionnisme assumé pour sécuriser les secteurs vitaux, et de l’autre, les défenseurs de l’approche néolibérale qui mise sur les règles du marché. Les dirigeants d’ArcelorMittal eux-mêmes déplorent d’ailleurs l’absence de « barrières commerciales efficaces » et le retard de l’Europe en matière de clauses miroirs, rejoignant, sur ce point précis, la critique de l’opposition.

La souveraineté industrielle ne se résume pas à une décision ponctuelle ou à une posture idéologique. Elle exige une vision de long terme alliant investissement massif, innovation, coopération européenne, et une réflexion stratégique sur la place de la France dans la compétition mondiale. Si la scène parlementaire a été « dingue » par sa violence, c’est parce que les enjeux sont vitaux. La tâche des décideurs est désormais de dépasser ces affrontements symboliques pour construire un cadre économique stable et crédible, capable de répondre aux attentes des citoyens sans sacrifier les exigences de l’époque.

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