Crise Énergétique, Ukraine, 49.3 : Manuel Bompard Déclare la Guerre Totale au Gouvernement et au Marché Européen

Crise Énergétique, Ukraine, 49.3 : Manuel Bompard Déclare la Guerre Totale au Gouvernement et au Marché Européen
Le débat politique national et international a trouvé un point de focalisation incandescent dans les déclarations de Manuel Bompard. Le coordinateur national de La France Insoumise (LFI) et député des Bouches-du-Rhône a livré une charge d’une rare intensité, couvrant les négociations de paix en Ukraine, la crise sociale provoquée par l’explosion des prix de l’énergie, le vote crucial du budget de la sécurité sociale, et les enjeux des prochaines élections municipales. Adoptant une posture de rupture frontale, Bompard positionne son mouvement comme la seule force capable de dire non à un système politique qu’il qualifie de « tartuferie » et d’« impuissance » généralisées.
Le Piège Diplomatique Ukrainien : L’Europe Condamnée à Courir après Washington
L’imminente visite de Volodimir Zelensky à Paris, dans un contexte de négociations entre Américains et Russes, a été le point de départ d’une critique acerbe de la diplomatie française. Manuel Bompard a réitéré la position constante de LFI : il est urgent de sortir de l’illusion d’une issue militaire au conflit. Depuis des mois, selon lui, la France Insoumise plaide pour une solution exclusivement diplomatique, regretant amèrement que l’Europe doive désormais « courir derrière les initiatives » des États-Unis et de Donald Trump.
Pour le député, Emmanuel Macron a échoué à prendre « de longue date aucune initiative » capable d’ouvrir la voie d’un accord de paix crédible. La conséquence de cette passivité est dramatique : un plan américain qui « exclut l’Ukraine de la table des négociations » et ne prend pas en compte les intérêts de la France et des Européens. Bompard insiste sur la nécessité d’une paix durable, rejetant l’idée d’une trêve précaire qui engendrerait un nouveau conflit à brève échéance.
La Question de la Légitimité et des Territoires
L’enjeu démocratique en Ukraine est également au centre des préoccupations de LFI. Pointant du doigt que le mandat du président Zelensky est arrivé à expiration, Bompard affirme que l’organisation de nouvelles élections doit être une condition sine qua non, incluse dans tout accord de paix. Si la guerre rendait l’organisation d’un scrutin impossible, la paix doit impérativement restaurer la souveraineté du peuple ukrainien à choisir librement ses représentants. Cette position est renforcée par l’évocation d’un récent scandale de corruption ayant frappé un proche de Zelensky. Pour LFI, c’est au peuple ukrainien de « décider librement » de son avenir politique.
Par ailleurs, LFI défend une ligne intransigeante sur le respect des populations. L’idée de « sessions de territoire sans aucune consultation des populations concernées », présente dans les propositions américaines et même dans les contre-plans européens, est considérée comme inacceptable et va à l’encontre des intérêts fondamentaux des Ukrainiens et Ukrainiennes. LFI se positionne ainsi comme un défenseur plus respectueux de la démocratie et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes que les puissances actuellement à la manœuvre.
Palestine : L’Exigence d’une Reconnaissance qui Sauve des Vies
Abordant la situation au Moyen-Orient, marquée par une manifestation à Paris en soutien aux habitants de Gaza et la reconnaissance récente de l’État de Palestine par la France, Manuel Bompard a délivré un message de colère et d’urgence. Pour le coordinateur de LFI, cette reconnaissance est « sans aucun sens ou aucun intérêt » si elle n’est pas assortie de mesures concrètes pour mettre fin aux massacres qui, depuis le 7 octobre 2023, ont coûté la vie à des dizaines de milliers de Palestiniens.
Les actions immédiates que la France doit prendre sont claires et non négociables : l’arrêt des livraisons d’armes et de composants militaires à l’armée israélienne, une pratique jugée « tout à fait hallucinante », et la suspension des coopérations économiques, notamment l’accord entre l’Union européenne et l’État d’Israël. Bompard appelle à utiliser « tous les leviers à notre disposition » pour faire pression et mettre fin à des actes qu’il qualifie d’« assassinat » ciblant des Palestiniens, soulignant l’horreur des images qui circulent.
Le Choc Énergétique et le Bal des “Tartufes”
C’est sur le front intérieur que la critique de Bompard atteint son paroxysme. L’augmentation des factures d’énergie est vécue comme une véritable catastrophe sociale et économique. Alors que les Français s’inquiètent de la hausse du prix du carburant (4 à 6 centimes par litre à venir) et de l’envolée des factures d’électricité (parfois +80€ en un an), le Premier ministre a décidé d’aggraver la situation en augmentant par décret les taxes sur le carburant, le fioul, le gaz et l’électricité.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 36 % des ménages français ont souffert du froid l’hiver dernier faute de pouvoir payer le chauffage, tandis que les PME (boulangers, restaurateurs) voient leurs factures multipliées par deux ou trois, menaçant leur survie. Manuel Bompard dénonce le « bal des tartufes » du gouvernement qui, d’un côté, prétend financer la transition écologique (pompes à chaleur, rénovations) en demandant une contribution aux groupes énergétiques, mais qui, de l’autre, permet à ces mêmes groupes de répercuter la hausse des taxes sur le consommateur. Il fustige une politique où l’électricité française, majoritairement nucléaire, se retrouve plus taxée que le gaz fossile importé, un « contresens économique comme écologique ».
La Solution Radicale de La France Insoumise
Face à l’urgence, la LFI propose une solution radicale et immédiate :
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Le blocage des prix de l’électricité et le rétablissement de tarifs réglementés pour les particuliers et les petites et moyennes entreprises.
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La sortie pure et simple du marché européen de l’électricité. Bompard affirme que cette mesure permettrait de diviser le prix de l’électricité par deux et dénonce la responsabilité de toute la droite et de l’extrême droite (citant M. Bardella) qui, au Parlement européen, ont refusé de sortir de ce mécanisme jugé absurde.
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L’instauration d’une taxe sur les superprofits des énergéticiens, mais avec la condition absolue de bloquer les prix afin que cette contribution ne soit pas répercutée sur les Françaises et les Français.
Le Budget Social et le Pari de la Censure

Le prochain vote du budget de la Sécurité Sociale (PLFSS) est l’occasion d’un nouveau bras de fer. Manuel Bompard confirme que LFI votera « certainement pas » en faveur de ce texte, dénonçant un ensemble de mesures inacceptables qui visent à « faire peser l’effort sur les plus faibles » : le gel de pensions de retraite et de prestations sociales, ou encore les attaques contre les personnes atteintes d’affections de longue durée (ALD) et les apprentis. Le report de l’âge de la retraite à 64 ans est minimisé face à l’ampleur des reculs sociaux.
Le député appelle les socialistes et les écologistes à la fidélité. Alors que le Parti Socialiste hésite entre voter le budget ou s’abstenir, Bompard constate que le PS a « changé d’alliance » et « jeté ce programme » du Nouveau Front Populaire, se rapprochant du gouvernement. LFI maintient sa ligne et promet une motion de censure en réponse à l’utilisation éventuelle de l’article 49.3 par le gouvernement Basu-Lecornu. Devant l’impossibilité de dégager une majorité, Bompard conclut que l’impasse est totale, et que le Président de la République devrait en « prendre acte » en convoquant des élections présidentielles anticipées pour sortir le pays de l’« impuissance » politique.
La Nationalisation et la Souveraineté Industrielle
Autre victoire symbolique pour la LFI, le vote à l’Assemblée Nationale de sa proposition de nationalisation d’ArcelorMittal. Face aux dénonciations du ministre de l’Économie, Roland Liscur, qui a qualifié la démarche de « populiste », et au refus du patron d’ArcelorMittal en France, Bompard ne lâche rien.
Il demande au gouvernement d’inscrire la proposition de loi à l’ordre du jour du Sénat pour que le processus législatif se poursuive. L’enjeu est clair : il s’agit d’une question de souveraineté nationale. Avec l’échéance européenne de 2030 pour la décarbonation de l’acier et le délai de quatre ans pour la réalisation des travaux, l’inaction de l’industriel privé menace de fermer des capacités de production essentielles. Pour LFI, l’État doit « reprendre la main » pour sauver les ouvriers et l’industrie française, car la méthode du gouvernement a « échoué ».
Les Municipales : Un “Galop d’Essai” Contre l’Hypocrisie de l’Union
Enfin, Manuel Bompard a défendu avec véhémence la nouvelle stratégie d’implantation locale de la France Insoumise, avec plus de 500 listes annoncées pour les prochaines élections municipales, impliquant une quinzaine de députés comme candidats. Cette campagne est clairement présentée comme un « galop d’essai » en vue de l’élection présidentielle à venir.
Face aux accusations de « division » de la gauche formulées par des socialistes comme Olivier Faure, Bompard dénonce une « hypocrisie » totale. Il souligne que la LFI présente des listes contre des maires de droite (Toulouse, Évry) et surtout contre des maires socialistes ou écologistes sortants en raison de leurs « bilans mauvais ». Il cite en exemple la restriction du droit de grève à Marseille par la municipalité socialiste et la fermeture de centres jeunesse à Saint-Denis, justifiant la nécessité d’une rupture locale.
Concernant le second tour, la stratégie de LFI est assumée : l’union sera proposée à toutes les autres listes de gauche, mais uniquement si la liste insoumise arrive en tête au premier tour. Cette condition, tout en appelant au rassemblement, met la pression sur les partenaires et souligne la volonté de LFI de s’imposer comme la force dominante et la locomotive du bloc progressiste.
L’intervention de Manuel Bompard a ainsi dessiné le contour d’une force politique en pleine offensive, prête à toutes les batailles, de l’hémicycle aux urnes, réaffirmant son identité de rupture face aux compromissions d’un système qu’elle juge à bout de souffle.