“Idiots Utiles” et Piège Constitutionnel : Manuel Bompard Dénonce la Farce du Budget et Exige le Départ de Macron

“Idiots Utiles” et Piège Constitutionnel : Manuel Bompard Dénonce la Farce du Budget et Exige le Départ de Macron


Preview

“Idiots Utiles” et Piège Constitutionnel : Manuel Bompard Dénonce la Farce du Budget et Exige le Départ de Macron

Le plateau de LCI est devenu, le temps d’une interview, une arène où le député et coordinateur de La France Insoumise (LFI), Manuel Bompard, a livré un réquisitoire implacable contre la stratégie du nouveau gouvernement, l’immobilisme du président et la naïveté qu’il attribue à une partie de l’opposition de gauche. Avec une fermeté et une clarté désarmantes, Bompard a exposé les rouages d’un système qu’il juge cadenassé, dénonçant un débat budgétaire inutile et des promesses gouvernementales qui ne seraient qu’un “piège” tendu à ses adversaires. Son message est sans appel : seule une “respiration démocratique” – via une élection présidentielle anticipée – peut sortir la France d’un “jour sans fin” de blocage politique.


Le Piège Constitutionnel : Le 49.3, la Façade des Illusions

L’élément central de la confrontation a tourné autour de la promesse faite par le gouvernement de ne pas recourir à l’article 49.3 pour faire passer le budget. Alors que les commentateurs politiques y voient une ouverture, Manuel Bompard a balayé cette concession d’un revers de main, la qualifiant d’illusion pure. Pour lui, le retrait du 49.3 ne change rien à l’intention réelle du pouvoir.

Le gouvernement, même en se privant volontairement de cet outil, dispose d’un arsenal constitutionnel suffisant pour imposer sa volonté et contourner le débat parlementaire. M. Bompard évoque notamment deux mécanismes peu médiatisés, mais redoutablement efficaces, prouvant que le gouvernement peut continuer d’“imposer sa politique” :

Le “Vote Bloqué” en Plein Débat Au milieu des discussions, la Constitution permet au gouvernement de dire : « Je prends les amendements qui m’intéressent, les autres, je les balaie. » Il propose ensuite aux députés de voter pour un « paquet complet », c’est-à-dire le texte original fusionné avec les seules modifications retenues par l’exécutif. L’ensemble des amendements déposés par l’opposition pourrait ainsi être écarté de l’examen, réduisant la participation parlementaire à une simple chambre d’enregistrement des désirs du gouvernement. Bompard pointe ainsi que le débat est inutile si l’on ne peut pas garantir qu’il vivra jusqu’à la fin du processus.

La Commission Mixte Paritaire (CMP) et le Sénat Majoritaire Un second verrou constitutionnel réside dans le principe des deux Chambres. M. Bompard imagine même l’hypothèse où l’Assemblée Nationale, sous l’impulsion de l’opposition, parviendrait à adopter un « budget de rêve ». À la fin du processus, la Commission Mixte Paritaire (une réunion de députés et de sénateurs) pourrait réintroduire, par le jeu de la majorité sénatoriale acquise par le pouvoir, le budget initial du gouvernement.

« Il ne faut pas prendre les gens pour des imbéciles », assène le député. Cette connaissance affûtée des arcanes institutionnels lui permet d’affirmer qu’il n’a « aucune confiance » en la bonne foi de Sébastien Lecornu et de son équipe. La manœuvre du retrait du 49.3 est, selon Bompard, un calcul cynique visant à neutraliser le Parti socialiste et à masquer la continuité de la politique macroniste.


LFI Contre la Gauche “Naïve” : L’Humiliation des Socialistes

La stratégie de Sébastien Lecornu a été particulièrement efficace, selon l’analyse de LFI, pour piéger le Parti socialiste (PS). Manuel Bompard n’a pas hésité à employer des termes cinglants pour qualifier ses potentiels alliés de gauche.

Le piège est simple : le PS s’était imprudemment avancé en déclarant qu’il ne censurerait pas le gouvernement si celui-ci s’engageait à ne pas utiliser le 49.3 – une erreur stratégique, selon Bompard. Le gouvernement leur a tendu la perche, laissant maintenant le PS « bien embêté ». Le député LFI a alors désigné le PS comme les « idiots utiles du macronisme », leur reprochant d’avoir, à six reprises, refusé de censurer le gouvernement précédent. Bompard rappelle que l’opposition socialiste est « comptable » du budget mis en place précédemment par M. Baou.

Pire encore, alors que LFI annonce le dépôt d’une motion de censure – qu’elle souhaite voir co-signée par l’ensemble de la gauche pour présenter un front uni – le député a appris par voie de presse qu’Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, envisagerait de déposer sa propre motion. M. Bompard s’est dit totalement opposé à cette idée, la qualifiant de « motion de censure de division ». Il lance un appel à l’unité, insistant sur le fait que l’objectif est de renverser le gouvernement, et non de mener une querelle interne. Cependant, il affirme que si le PS dépose la sienne, LFI votera la sienne et celle des socialistes. L’enjeu mathématique est clair : il faut qu’une majorité de députés – incluant le Rassemblement National – vote l’une ou l’autre des motions pour que le gouvernement soit renversé.


Un Budget de Continuité : La “Plaisanterie Totale” de Lecornu

Sur le fond, l’analyse de Manuel Bompard concernant le contenu du budget est tout aussi critique. Alors que l’exécutif, par la voix de M. Lecornu, a tenté de donner un signal de rupture avec la politique d’Emmanuel Macron, le député LFI n’y voit qu’une « plaisanterie totale » et une simple reconduction des vieilles recettes.

Parmi les mesures présentées comme novatrices, M. Bompard liste l’apparition de la “Prime Macron”, la poursuite de la suppression de la CVAE et la défiscalisation des heures supplémentaires, qu’il qualifie de proposition de l’ère Sarkozy. Il minimise toute idée de changement réel : « Honnêtement, comme rupture avec Emmanuel Macron, c’est quand même assez amusant. »

Le peu de concessions faites en matière de justice fiscale est perçu comme une simple tentative d’apaisement. Bompard dénonce la nouvelle “microtaxe” sur les revenus du patrimoine des plus riches, présentée comme un geste social. Il qualifie cette mesure de « bricolage » qui, selon ses chiffres, rapporterait à peine 1,5 milliard d’euros. Ce chiffre est mis en balance avec le montant des coupes budgétaires prévues : 7 milliards d’euros d’économies sur la santé et le gel des prestations sociales.

Le verdict est sans appel : « L’équilibre entre des petits éléments parce qu’il a compris qu’il fallait qu’il fasse semblant de donner un signal et la réalité des sacrifices qui vont être demandés aux Françaises et aux Français est totalement du côté des sacrifices. »

Preview


La Censure, Seul Chemin vers la “Respiration Démocratique”

Au-delà de la question budgétaire, le débat a rapidement glissé vers l’état de la démocratie française. Manuel Bompard a réaffirmé qu’il est impossible de déposer un amendement visant à l’abrogation de la réforme des retraites dans le cadre du budget de la sécurité sociale, en vertu de l’article 40 de la Constitution qui interdit de créer une charge financière. Il rappelle que LFI a déjà tenté de déposer cette proposition de loi dans les niches parlementaires, mais qu’elle a été bloquée par l’obstruction des macronistes.

L’objectif de la censure n’est donc pas d’abroger la réforme des retraites par miracle, mais de provoquer un séisme politique.

Le député dénonce un “jour sans fin” de crise institutionnelle où le Président de la République, ayant perdu les élections législatives, continue de nommer des Premiers ministres (Barnier, puis Baou, maintenant Lecornu) qui sont systématiquement censurés ou menacés de l’être. Pour lui, la responsabilité de cette situation de blocage revient entièrement à l’exécutif : « Les gens, ils ont voté pour un changement de politique et vous me demandez d’être d’accord avec la continuité de la politique d’Emmanuel Macron. Je ne peux pas être d’accord avec ça. »

Bompard met en garde le Rassemblement National, l’interpellant publiquement : le vote de la censure sera un « moment d’éclairage politique » où le RN apparaîtra soit comme la « béquille de la continuité de la politique macroniste en France », soit comme un parti d’opposition fidèle à ses électeurs.

La solution est radicale : « Ce moment de respiration démocratique dans le pays, il passe de mon point de vue par l’organisation d’une élection présidentielle anticipée et par le départ du président de la République ». Seul le peuple, par les urnes, doit avoir le dernier mot. Il réfute l’inquiétude de la journaliste concernant l’absence de budget au 31 décembre en cas de censure, affirmant que des règles constitutionnelles et un travail parlementaire en trois mois permettraient d’élaborer un nouveau budget ou de recourir à une loi spéciale pour renouveler les crédits.


La Guerre des Mots : LFI Face aux Polémiques et au Front Républicain

Enfin, Manuel Bompard a dû défendre son parti face aux polémiques montées par ses adversaires.

Interrogé sur la visite de son collègue Thomas Portes au Liban, qui se serait recueilli sur la tombe d’un organisateur du massacre de Munich de 1972, M. Bompard a fustigé la diffusion de « choses fausses » et de « polémiques ». Il a catégoriquement démenti l’information, affirmant que Thomas Portes s’est rendu dans un cimetière de la solidarité palestinienne, et non pour rendre hommage à une tombe spécifique. Il a invité les journalistes à vérifier leurs sources et à ne pas servir de relais à la désinformation.

Concernant la dérive idéologique reprochée à LFI par un ancien conseiller régional, Cédric Brun, Bompard a balayé l’accusation en la jugeant vide de preuves, un mensonge, et a prédit une manœuvre politique : l’ancien élu se retrouvera « sans doute dans une autre formation politique » prochainement.

Malgré l’exigence de voter ensemble la censure, Manuel Bompard a réaffirmé sans ambiguïté sa position sur le Front Républicain. Quand la question lui a été posée de savoir s’il se retirerait encore pour faire élire des personnalités comme l’ancienne Première Ministre, il a rétorqué : « Moi, j’ai toujours dit que au deuxième tour d’une élection, oui, je faisais tout ce qu’il fallait faire pour empêcher l’extrême droite de s’emparer du pouvoir. »

Manuel Bompard se positionne ainsi en chef de file d’une opposition intransigeante, qui refuse les compromis constitutionnels perçus comme des pièges et qui est prête à forcer le blocage institutionnel pour remettre le pouvoir entre les mains des Français. La motion de censure à venir n’est plus un simple outil parlementaire, mais un acte de défi contre la continuité d’une politique jugée illégitime et un appel pressant à la restauration de la démocratie.

Related Posts

Our Privacy policy

https://cgnewslite.com - © 2025 News