L’ARCOM Dément les Accusations de Biais : Le “Naufrage” de France 2 Face à Pascal Praud

L’ARCOM Dément les Accusations de Biais : Le “Naufrage” de France 2 Face à Pascal Praud
L’affrontement entre CNews et une partie de l’audiovisuel public a atteint un sommet d’intensité médiatique, mais le dénouement s’est révélé un coup de théâtre inattendu. Alors que l’émission phare d’enquête de France 2, Complément d’enquête, diffusait un reportage accusateur à l’encontre de la chaîne d’information continue, s’appuyant largement sur les travaux de Reporters Sans Frontières (RSF), le verdict est tombé de manière fracassante. L’Autorité de Régulation de la Communication Audiovisuelle et Numérique (ARCOM), le gendarme incontestable du secteur, a publiquement déclaré qu’« aucune entorse au pluralisme politique n’a été commise par CNews ».
Sur son plateau, Pascal Praud a saisi l’occasion d’une « journée sombre pour France 2 » pour livrer une analyse sans concession, transformant sa réaction en un réquisitoire cinglant contre ce qu’il qualifie de militantisme et de manque de rigueur journalistique. Pour l’animateur, la décision de l’ARCOM ne constitue pas seulement une victoire pour CNews, mais surtout un « naufrage » retentissant pour ses accusateurs. L’affaire, symptomatique des tensions idéologiques qui traversent le paysage médiatique français, soulève des questions fondamentales sur le rôle des institutions, l’indépendance des journalistes et l’honnêteté du débat public.
L’Effondrement du Récit : Le Démenti Catégorique de l’ARCOM
Le cœur de l’argumentation du Complément d’enquête et de RSF reposait sur l’idée que CNews contournait les règles d’équilibre du temps de parole et du pluralisme politique. Or, l’ARCOM, par sa mission de contrôle et de régulation, est l’instance suprême en la matière. Le démenti de l’autorité, rendu public au moment même où l’émission était diffusée ou largement reprise dans la presse, a fait l’effet d’une bombe.
Pascal Praud a souligné l’ironie et le tragique de la situation : l’étude de RSF, considérée comme la « base de l’argumentation » par les journalistes de France Télévisions, s’est vue purement et simplement invalidée par l’autorité dont la mission est justement de garantir l’équité de traitement. L’animateur y voit la preuve que l’enquête, dont la préparation a nécessité des mois de travail, a été réalisée « pour rien », car son socle factuel reposait sur une fondation réfutée.
Ce démenti ne vient pas seulement disculper CNews sur un point technique crucial ; il permet à Pascal Praud d’élargir sa critique à l’ensemble du processus, transformant l’attaque subie en une contre-attaque victorieuse.
La Presse comme “Moutons de Panurge” : Un Biais Idéologique Révélé
Fort de l’invalidation de l’étude RSF, Pascal Praud a pointé du doigt ce qu’il nomme un « biais idéologique » au sein de la presse française. Il a dressé une revue de titres (Le Nouvel Obs, Le Monde, Libération, Télérama, L’Humanité) ayant repris en chœur, et sans vérification, les conclusions de RSF. « Regardez-les, regardez-les, panurge, les petits moutons, ils répètent tous la même chose », a-t-il lancé, exhortant ses « chers confrères » à « vérifier » et à « travailler » davantage.
Pour Praud, la raison de cette négligence est politique : RSF est considéré comme une « ONG de gauche ». L’idée sous-jacente est que, puisque l’accusation émane d’un milieu idéologiquement bien-pensant, l’information est considérée comme « forcément vraie » sans nécessiter de vérification. Cet aveuglement par la connivence idéologique a conduit, selon lui, à un cas d’école de « l’arroseur arrosé », où la presse militante s’est décrédibilisée elle-même en manquant de rigueur.
Ce phénomène illustre, aux yeux de Praud, un grave manquement à l’éthique journalistique, car l’absence de vérification est le plus grand péché du métier. Il dénonce une forme de journalisme qui, au lieu de s’appuyer sur les faits, se fonde sur la posture, le dogme et la volonté de nuire à un concurrent.
Le Contre-Feu Dévastateur : La Rigueur Imposée par l’ARCOM aux Accusateurs
L’ironie du sort a été double pour France 2. Non seulement l’ARCOM a blanchi CNews, mais l’autorité de régulation a également infligé une mise en garde à France Télévisions (et par extension au journaliste Tristan Waleckx) pour d’autres reportages. Cette mise en garde portait spécifiquement sur la nécessité de « faire preuve de rigueur et d’honnêteté dans la présentation et le traitement de l’information », ainsi que de « mesure dans l’évocation des procédures judiciaires en cours ». Cette sanction fait suite à des accusations graves formulées sans conditionnel ni mise en perspective, notamment à l’encontre d’un sénateur, soulevant des questions de diffamation.
Pascal Praud a qualifié cet enchaînement de « strike » et de « feu d’artifice » pour la concurrence, soulignant que les pourfendeurs de la rigueur ont été rattrapés par leur propre manque de professionnalisme. Le gendarme de l’audiovisuel est intervenu des deux côtés, mais l’effet cumulé est dévastateur pour l’image des accusateurs, qui se retrouvent eux-mêmes pointés du doigt pour les manquements mêmes qu’ils prétendaient dénoncer.

Militantisme, Coût Public et Attaques Personnelles
Manuel Bompard a également profité de l’occasion pour livrer des attaques plus personnelles et élargir sa critique à la nature du journalisme public.
-
Attaques Contre les Personnalités : L’animateur a notamment ciblé le journaliste Edwy Plenel, le qualifiant de « militant » et d’« icône » des jeunes journalistes, tout en rappelant des épisodes controversés de sa carrière (l’affaire Baudis, 1972) pour remettre en cause sa légitimité à donner des leçons. De même, Tristan Waleckx est accusé de rechercher des « prix » (comme le Prix Albert Londres) en s’attaquant à des cibles jugées faciles et idéologiquement rentables, comme Vincent Bolloré, au détriment d’un journalisme d’investigation neutre.
-
Le Coût et la Gabegie du Service Public : Pascal Praud a rappelé sans détour le coût pharaonique de France Télévisions pour le contribuable : 4 milliards d’euros. Il a ainsi transformé l’échec du Complément d’enquête en une question d’ordre public et de gabegie financière. Il a critiqué l’opacité du fonctionnement, suggérant que la PDG de France Télévisions, Delphine Ernotte, serait impuissante face à des journalistes qui se proclament « indépendants » au point de ne pas répondre à l’autorité de leur direction.
-
La Philosophie du Contrôle : En fin d’intervention, Praud a réitéré une de ses convictions profondes : sa défiance face à l’excès de contrôle administratif et des autorités indépendantes en France. Il déplore l’existence d’un « pays de contrôle et de contrôleur » et de la montée en puissance de l’administratif (comme les administrateurs de l’Assemblée Nationale), appelant à ce que « le politique reprenne le pouvoir ». Pour l’animateur, la liberté journalistique doit primer sur la régulation excessive, surtout quand cette dernière est utilisée à des fins militantes.
Cette séquence aura marqué les esprits, se transformant en une victoire éclatante et symbolique pour CNews face à la coalition de ses critiques. Pour Pascal Praud, la meilleure réponse à toutes les tentatives de le faire taire est de continuer à faire son métier, avec l’élégance du détachement et le sourire, comme l’enseigne la maxime qu’il a citée : « Castigat ridendo mores » (On corrige les mœurs en riant). La guerre des médias est loin d’être terminée, mais ce round a été remporté par ceux qui, malgré les coups, sont encore « vivants » et « là ».